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VINGT-CINQUIEME SOTTISE DE NONOTTE, SUR LA SAINT-BARTHELEMI.

MALHEUREUX! avez-vous été aidé dans votre libelle par l'auteur de l'apologie de la Saint-Barthelemi? Il paraît que vous excufez ces maffacres. Vous dites qu'ils ne furent jamais prémédités; lifez donc Mézerai, qui avoue que dès la fin de l'année 1570, on continuait dans le grand deffein d'attirer les huguenots dans le piége, page 156, tome V, édition d'Amfterdam. Votre Daniel ne dit-il pas que Charles IX joua bien fon rôlet? et n'avait-il pas copié ces paroles de l'hiftoriographe Matthieu ? quel rôlet, grand Dieu! et dans combien de mémoires ne trouve-t-on pas cette funeste vérité?

Un critique qui se trompe n'est que méprifable: mais un homme qui excuserait la SaintBarthelemi ferait un coquin punifsable. Vous jouez, Nonotte, un indigne rôlet.

VINGT-SIXIEME SOTTISE DE NONOTTE, SUR LE DỤC DE GUISE, ET LES BARRICADES.

Voici les propres paroles de Nonotte: Quant à la défenfe que Henri III fit au duc de Guife de venir à Paris, l'auteur de l'Essai fur

les mœurs dit que le roi fut obligé de lui écrire par la pofte, parce qu'il n'avait point d'argent pour payer un courrier.

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Pauvre libellifte! citez mieux. Il y a dans le texte Il écrit deux lettres, ordonne qu'on dépêche deux courriers; il ne fe trouve point d'argent dans l'épargne pour " cette dépense nécessaire : on met les lettres " à la pofte, et le duc de Guife vient à Paris, " ayant pour excuse apparente qu'il n'a point " reçu l'ordre.,,

Voulez-vous favoir maintenant d'où eft tirée cette anecdote? des mémoires de Nevers, et d'un journal de l'Etoile. Vous traitez cet auteur de petit bourgeois : l'Etoile était d'une ancienne nobleffe; mais qu'il ait été bourgeois ou fils d'un crocheteur de Befançon, voici fes paroles, page 95, tome II.

"Il y avait cependant une négociation " entamée à Soiffons, entre le duc de Guife " et Bellièvre, qui devait dans trois jours lui "apporter des furetés de la part du roi. Des

affaires plus prèffées empêchèrent Bellièvre d'aller finir la commiffion; il écrivit néan,, moins au duc de Guife pour l'avertir de ,, fon retard; mais le commis de l'épargne, "c'eft-à-dire du tréfor royal, refufa de donner " vingt-cinq écus pour faire partir les deux " courriers qu'on envoyait à Soiffons : l'on

" mit les deux paquets à la pofle, et ils

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arrivèrent trop tard, parce que le duc de Guife, preffé par les ligueurs de fe rendre » à Paris, partit de Soiffons au bout de trois " jours. ››

VINGT-SEPTIEME SOTTISE DE NONOTTE

SUR LE PRETENDU SUPPLICE DE MARIE
D'ARRAGON.

I eft utile de détruire tous les contes ridicules dont les romanciers, foit moines, foit féculiers, ont inondé le moyen âge. Un Geofroi de Viterbe s'avifa d'écrire, à la fin du douzième fiècle, une chronique telle qu'on les fefait alors: il conte que deux cents ans auparavant, Othon IIIayant épousé Marie d'Arragon, cette impératrice devint amoureuse d'un comte du pays de Modène, que ce jeune homme ne voulut point d'elle, que Marie irritée l'accufa d'avoir voulu attenter à fon honneur; que l'empereur fit décapiter le comte ; que la veuve du comte vint, la tête de fon mari à la main, demander justice; qu'elle offrit l'épreuve des fers ardens; qu'elle paffa fur ces fers fans les fentir; que l'impératrice, au contraire, fe brûla la plante des pieds, et qu'alors l'empereur la fit mourir.

Ce conte reffemble à toutes les légendes de ces fiècles de barbarie. Il n'y avait, du temps

de l'empereur Othon III, ni de Marie d'Arragon, ni de comte de Modène. C'eft affez qu'un ignorant ait écrit de telles fauffetés, pour que cent auteurs les copient: les Maimbourgs les adoptent, les Lenglets les répètent dans leur chronologie univerfelle, avec la bataille des ferpens, et l'aventure d'un archevêque de Maïence mangé par les rats. Toutes ces fables font faites pour être crues par notre libelliste, mais non par les gens fenfés.

VINGT-HUITIEME SOTTISE DE NONOTTE, SUR LA DONATION DE PEPIN.

Oui, l'on perfifte à croire que jamais ni Pepin ni Charlemagne, ne donnèrent, ni la fouveraineté de l'exarchat de Ravenne, ni Rome; 10. parce que fi cette donation avait été faite, les papes en auraient confervé, en auraient montré l'inftrument authentique ; 2°. parce que Charlemagne, dans fon teftament, met Rome et Ravenne au nombre des villes qui lui appartiennent; ce qui paraît décifif; 3°. parce que les Othons, qui allèrent en Italie, ne reconnurent point cette donation, qu'elle ne

fut

pas même débattue, et que, fous Othon I, les papes n'avaient aucune fouveraineté ; 4°. parce que Pepin n'avait pu donner des villes fur lesquelles il n'avait ni droit ni prétention; 5o. parce que jamais les empereurs

grecs ne fe plaignirent de cette prétendue donation, ni dans leurs ambaffades, ni dans leurs traités. On objecte un paffage d'Eginhard, qui dit que Pepin offrit la Pentapole à St Pierre : cela veut dire feulement qu'il la mit sous la protection de St Pierre, comme Louis XI donna depuis le comté de Boulogne à la St: Vierge. Les papes eurent des domaines. utiles dans la Pentapole comme ailleurs; mais ils ne furent fouverains ni fous Pepin, ni fous Charlemagne, qui eurent la jurisdiction fuprême.

Il eft faux que les papes aient jamais été maîtres de l'exarchat depuis Pepin jufqu'à Othon III. Cet empereur affigna aux papes le revenu de la Marche d'Ancone, et non pas la fouveraineté. Voilà la véritable origine de la puiffance temporelle du fiége de Rome; elle commence à la fin du dixième fiècle, et elle n'eft bien affermie que par Alexandre VI.

VINGT-NEUVIEME SOTTISE DE NONOTTE, SUR UN FAIT CONCERNANT LE ROI DE FRANCE HENRI III.

AUTEUR du libelle, vous dites que vous n'avez jamais pu trouver dans quel livre il eft dit que Henri III affiégea Livron en Dauphiné; vous prétendez qu'il n'a jamais été affiégé, parce que ce n'eft aujourd'hui qu'un bourg fans

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