Page images
PDF
EPUB

pucelle d'Orléans. Ne voilà-t-il pas un homme bien inftruit des mœurs de l'Angleterre ! Un auteur y écrit affurément tout ce qu'il veut, et avec la plus entière liberté et d'ailleurs le gentilhomme que ce libellifte infulte, ne composa point son histoire en Angleterre, mais à Véfel, où il a fini fa vie.

Il faut ajouter ici un mot fur l'aventure miraculeufe de Jeanne d'Arc. Ce ferait un plaifant miracle que celui d'envoyer une petite fille au fecours des Français contre les Anglais, pour la faire brûler enfuite!

VINGTIEME SOTTISE DE NONOTTE, SUR MAHOMET II, ET LA PRISE DE CONSTANTINOPLE.

L'AUTEUR du libelle renouvelle le beau conte de Mahomet II, qui coupa la tête à sa maîtreffe Irène, pour faire plaifir à ses janisfaires. Ce conte eft affez réfuté par les annales turques, et par les mœurs du férail, qui n'ont jamais permis que le fecret de l'empereur fût exposé aux raisonnemens de la milice.

Il nie que la moitié de la ville de Conftantinople ait été prife par compofition; mais les annales turques, rédigées par le prince Cantemir, et les églifes grecques qui fubfiftèrent, font d'affez bonnes preuves que le

libellifte ne connaît pas plus l'hiftoire des Turcs que la nôtre.

[ocr errors]

VINGT UNIEME SOTTISE DE NONOTTE, SUR LA TAXE DES PECHÉS.

L'AUTEUR du libelle demande où eft cette licence déshonorante, cette taxe honteufe, ces prix faits, &c. qui avaient paffe en coutume, en droit et en loi? Qu'il life donc la taxe de la chancellerie romaine, imprimée à Rome en 1514, chez Marcel Silbert, au champ de Flore; et l'année d'après à Cologne, chez Gofvinus Colineus; enfin à Paris, en 1520, chez Toussaint Denys, rue Saint-Jacques. Le premier titre est: De caufis matrimonialibus.

In caufis matrimonialibus, pro contractu quarti gradûs, taxa eft turonenfes feptem, ducatus unus, carlini fex.

Faut-il que ce pauvre homme nous oblige ici de dire que, dans le titre 18, on donne l'abfolution pour cinq carlins à celui qui a connu sa mère? que pour un père et une mère qui auront tué leur fils, il n'en coûte que fix tournois et deux ducats? et fi on demande l'absolution du-péché de fodomie et de la beftialité, avec la clause inhibitoire, il n'en coûte que trente-fix tournois et neuf ducats. Après de telles preuves, que ce libellifte fe taise, ou qu'il paye pour fes péchés.

VINGT-DEUXIEME

VINGT-DEUXIEME SOTTISE, SUR LE DROIT DES SECULIERS DE CONFESSER.

IL demande où l'hiftorien a pris que les féculiers, et les femmes mêmes avaient droit de confeffer. Où, mon pauvre ignorant? dans St Thomas, page 255 de la III partie, édition de Lyon 1738. Confeffio ex defectu facerdotis à laico facta facramentalis eft quodammodo. Ignorezvous combien d'abbeffes confefsèrent leurs religieufes? On ne peut mieux faire que de rapporter ici une partie d'une lettre d'un trèsfavant homme, datée de Valence du 1 février 1769, concernant cet ufage que Nonotte ignore.

I

"L'auteur demande fi on pourrait lui citer quelque abbeffe qui ait confeffé fes reli"gieuses?",

On lui répondra avec M. l'abbé Fleuri, livre 76, tome XVI, page 246 de l'Hiftoire ecclefiaftique, qu'il y avait en Espagne des "abbeffes qui donnaient la bénédiction à " leurs religieufes, entendaient leurs confef"fions, et prêchaient publiquement lifant ›› l'évangile; que ce fait paraît par une lettre " du pape du 10 décembre 1210. C'est " Innocent III, &c. "

J'ajoute à la remarque de ce vrai favant l'autorité de St Bafile, dans fes Règles abrégées, Mélanges hift. Tome II.

* Ꭱ

tome II, page 453: Il eft permis à l'abbesse d'entendre, avec le prêtre, les confeffions de fes religieufes. J'ajoute encore que le père Martène, dans fes Rites de l'Eglife, tome II, page 39, affirme que les abbeffes confeffaient d'abord leurs nonnes, et qu'elles étaient fi curieufes qu'on leur ôta ce droit. Nous parlerons encore de l'ignorance du confeffeur Nonotte fur la confeflion d'un autre article.

VINGT-TROISIEME SOTTISE DUDIT

NONOTTE.

L'AUTEUR du libelle, en parlant du calvinisme, prétend que l'hiftorien ménage toujours beaucoup Calvin et Luther. Il doit favoir affez que l'hiftorien ne refpecte que la vérité, qu'il a condamné hautement le meurtre de Servet, toutes les fureurs dans la guerre, et tous les emportemens dans la paix ; qu'il détefte la perfécution et le fanatisme par-tout où il les trouve : la devife de cette hiftoire eft, Iliacos intra muros peccatur et extra. Il ne fait pas plus de cas de Luther et de Calvin que du jéfuite le Tellier; mais il croit que Luther, Calvin et les autres auteurs de la réforme rendirent un grand service aux fouverains, en leur enfeignant qu'aucun de leurs droits ne pouvait dépendre d'un évêque.

VINGT-QUATRIEME SOTTISE DE NONOTTE, SUR FRANÇOIS I.

L'AUTEUR du libelle porte l'efprit de perfécution jufqu'à rapporter ce qui est imputé au roi François I, par Florimond de Raimond, cité avec tant de complaifance dans le jéfuite Daniel Si je favais un de mes enfans entaché d'opinions contre l'Eglife romaine, je le voudrais moi-même facrifier. Voilà ce que l'auteur du libelle appelle une tendre piété, page 255. Quoi! François I, qui accordait à Barberousse une mosquée en France, aurait eu une piété affez tendre pour égorger le dauphin, s'il avait voulu prier DIEU en français, et communier avec du pain levé et du vin! François I. par une politique malheureuse, aurait-il prononcé ces paroles barbares? De Thou, Duhaillan les rapportent-ils ? et quand ils les auraient rapportées, quand elles feraient vraies, que faudrait-il répondre? que François I aurait été un père dénaturé, ou qu'il ne penfait pas ce qu'il difait. Mais il n'y a de père dénaturé que père Nonotte.

« PreviousContinue »