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les mœurs, &c. calomnie en même-temps Ammien Marcellin et les chrétiens.

que

Qui eft le calomniateur, ou de vous, ou de l'auteur de l'Effai fur les mœurs, &c? Premièrement, vous citez faux : il n'y a point dans le texte qu'Ammien Marcellin ait vu; il y a , de fon temps les chrétiens fe déchiraient. Secondement, voici les paroles d'Ammien Marcellin, page 223, édition de Henri de Valoi : His efferatis hominum mentibus... iram in Georgium epifcopum verterunt, viperiis morfibus ab eo fæpius appetiti. On demande au libellifte quel eft le caractère des vipères? Sont-elles douces? font-elles féroces? d'ailleurs a-t-on (i) befoin du témoignage d'Ammien Marcellin pour favoir que les eufébiens et les athanafiens exercèrent les uns contre les autres la plus déteftable fureur? Jufqu'à quand arborera-t-on l'intolérance et le mensonge?

HUITIEME SOTTISE, SUR CHARLEMAGNE.

IL accufe l'auteur de l'Effai fur les mœurs, &c. d'avoir dit que Charlemagne n'était qu'un heureux brigand. Notre libellifte calomnie souvent. L'hiftorien appelle Charlemagne le plus ambitieux, le plus politique, le plus grand guerrier de

(i) N. B. M. Damilaville pouvait citer un autre paffage d'Ammien Marcellin, beaucoup plus fort; c'est à la fin du ch. V,

fon fiècle. Il eft vrai que Charlemagne fit massacrer un jour quatre mille cinq cents prisonniers: on demande au libellifte s'il aurait voulu être le prifonnier de St Charlemagne ?

NEUVIEME SOTTISE, SUR LES ROIS DE FRANCE BIGAMES.

NOTRE homme affure, à l'occafion de Charlemagne, que les rois Gontran, Sigebert, Chilpéric, n'avaient pas plus d'une femme à la fois.

Votre libelliste ne fait pas que Gontran eut pour femmes, dans le même temps, Vénérande, Mercatrude, et Oftrégile; il ne fait pas que Sigebert époufa Brunehaud du temps de fa première femme; que Cherebert eut à la fois Meroflède, Marcovèfe, et Théodegilde. Il faut encore lui apprendre que Dagobert eut trois femmes, et qu'il paffa d'ailleurs pour un prince très-pieux, car il donna beaucoup aux monaftères. Il faut lui apprendre que son confrère Daniel, quelque partial qu'il puisse être, eft plus honnête et plus véridique que lui. Il avoue franchement, page 1 10 ditome Iin 4o, liv. XXII. Je me fers de la traduction très-eftimée, faite à Berlin, imprimée cette année 1775, n'ayant pas tous mes yeux le texte original. Voici les paroles du traducteur: Julien avait obfervé qu'il n'eft pas d'animaux plus ennemis de l'homme que le Jont entre eux les chrétiens, quand la religion les divife.

que le grand Théodebert époufa la belle Deuterie, quoique le grand Théodebert eût une autre femme nommée Vifigalde, et que la belle Deuterie eût un mari; et qu'en cela il imitait fon oncle Clotaire, lequel époufa la veuve de Clodomir fon frère, quoiqu'il eût déjà trois femmes.

Il réfulte que Nonotte eft exceffivement ignorant et un peu téméraire.

Ex-jéfuite de province, pauvre Nonotte, tu parles de femmes ! de quoi t'avifes-tu? lis feulement l'abrégé du préfident Hénault, in-4o, tú verras à l'article Philippe Augufte, que Pierre, roi d'Arragon, promet, par fon contrat de mariage, de ne point répudier sa femme Marie, comteffe de Montpellier, et même de n'en épouser point d'autre du vivant de Marie. Te voilà bien étonné, Nonotte.

DIXIEME SOTTISE SUR CHOSES

PLUS

SERIEUSES.

NON, ex-jéfuite Nonotte, non, la perfécution n'était pas dans le génie des Romains. Toutes les religions étaient tolérées à Rome quoique le fénat n'adoptât pas tous les dieux étrangers. Les Juifs avaient des fynagogues à Rome. Les fuperftitieux Egyptiens, nation prefque auffi méprifable que la juive, y avaient élevé un temple, qui n'aurait pas été démoli

fans

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fans l'aventure de Mundus et de Pauline. Les Romains, ce peuple roi, n'agitèrent jamais la controverfe; ils ne fongeaient qu'à vaincre et à policer les nations. Il eft inoui qu'ils aient jamais puni perfonne feulement pour la religion. Ils étaient juftes. J'en prends à témoins les Actes des apôtres, lorfque St Paul, fuivant le confeil de St Jacques, alla fe purifier pendant fept jours de fuite dans le temple de Jérufalem, pour perfuader aux Juifs qu'il gardait la loi de Moife, les Juifs demandèrent sa mort au proconful Feftus; ce Feftus leur répondit: Ce " n'est point la coutume des Romains de " condamner un homme avant que l'accufé "ait fon accufateur devant lui, et qu'on lui "ait donné la liberté de fe juftifier. "

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Ce fut par le fanatisme d'un faducéen, et non d'un romain, que St Jacques, frère de JESUS, fut lapidé. Il eft donc très-vraifemblable que la haine implacable qu'on porte toujours à fes frères féparés de communion, fut la cause du martyre des premiers chrétiens. J'en parlerai ailleurs : mais à préfent, ò libelliste, je ne vous en dirai mot. Je vous avertis feulement d'étudier l'hiftoire en philofophe, fi vous pouvez.

Mélanges hift. Tome II.

* P

ONZIEME SOTTISE DE NONOTTE, SUR LA MESSE.

NOTRE Nonotte affure que la meffe était du temps de Charlemagne ce qu'elle eft aujourd'hui; il veut nous tromper; il n'y avait point de meffe baffe, et c'eft de quoi il eft queftion. La meffe fut d'abord la cène. Les fidèles s'affemblaient au troifième étage, comme on le voit par plufieurs paffages, furtout au chapitre XX, verset 9 des Actes des apôtres. Ils rompaient le pain ensemble, felon ces paroles : Toutes les fois que vous ferez ceci, vous le ferez en mémoire de moi : enfuite l'heure changea, l'affemblée fe fit le matin, et fut nommée la Sinaxe; puis les Latins la nommèrent messe. Il n'y avait qu'une affemblée, qu'une messe dans une église; et ce terme de mes frères, si souvent répété, prouve bien qu'il n'y avait point de meffes privées : elles font du dixième fiècle. L'ex-jéfuite Nonotte ne connaît pas même la meffe. Dis-tu la meffe, Nonotte? hé bien, je ne te la fervirai pas.

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