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quiconque leur déplaifait, et la faire démolir pour préserver le reste.

Quant à vos grand'mères, je crois nos Parifiennes tout auffi propres qu'elles pour le

moins.

Vous triomphez de ce qu'il vous était enjoint de n'aller jamais à la garde-robe que hors du camp, et avec une pioche : vous croyez que, dans nos armées, tous nos foldats font leurs ordures dans leurs tentes. Vous vous trompez, Meffieurs, ils font auffi propres que vous. Si vous êtes engoués de la manière dont vos ancêtres pouffaient leur felle, lifez les cinquante-deux manières de fe torcher le cul, décrites par notre grand rabbin François Rabelais, et vous conviendrez de la prodigieuse supériorité que nous avons fur vous.

Paffons de la garde-robe à votre cuisine. Penfez-vous que votre temple, qui n'était que la cuifine de vos lévites, fût auffi propre que Saint-Pierre de Rome? Vous nous racontez qu'un jour Salomon tua dans ce temple vingtdeux mille bœufs gras, et cent vingt mille moutons pour fon dîner, fans compter les marmites du peuple. Songez qu'à cinquante pintes de fang par bœuf gras, et à dix pintes par mouton, cela fait vingt-trois millions de pintes de fang qui coulèrent ce jour-là dans votre temple. Figurez-vous quels monceaux de

charognes dépecées! que de marmitons, que de marmites, que d'infection! Eft-ce-là votre propreté, Meffieurs? eft-ce-là le fimplex munditiis d'Horace?

I X.

De la gaieté.

Vous nous citez le fabbat pour une fête gaie; aux fix jours de travail fuccède régulièrement un jour de repos : et moi je pourrais vous citer le triftia fabbata cordi, le feptima quæque dies turpi facrata veterno. Et je vous foutiendrai qu'un jour de dimanche, la courtille, les porcherons, les boulevards, font cent fois plus gais que toutes vos fêtes jointes ensemble. Vraiment il vous fied bien de croire être plus joyeux que les Parifiens!

X.

De la gonorrhée.

Vous confondez la gonorrhée antique, commune aux meffieurs et aux dames dans tous les temps, avec la chaudep....., maladie qui n'eft connue que depuis la fin du XVme fiècle. Gonorrheia, flux de génération, eft la

chofe la plus fimple. Vous donnez à entendre que le texte du Lévitique confond ces deux incommodités : non il ne les confond pas ; la virulente était absolument inconnue dans tout notre hémisphère. Chriftophe Colomb alla la déterrer à Saint-Domingue. L'autre dont il eft queftion ici fe guérit avec du vin chaud encore mieux qu'avec de l'eau fraîche; elle n'a nul rapport avec le péché d'Onan, ni avec l'Onanifme de M. Tiffot. Vous les citez en vain en votre faveur ; jamais M. Tissot n'a fait fortir de Lausanne les impurs qu'il a guéris de la gonorrhée virulente. Quant au bon homme Onan, voyez fi vous avez quelque chofe de commun avec lui.

X İ.

De l'agriculture.

Vous parlez très-bien de l'agriculture, Monfieur, et je vous en remercie ; car je suis laboureur.

X I I.

Du profond refpect que les dames doivent au joyau des meffieurs.

Vous rapportez une étrange loi dans le Deuteronome, au chapitre XXV. Si deux hommes ont une difpute, fi la femme du plus faible prend le plus fort par fon joyau, coupez la main à cette femme fans rémission.

Je vous demande pardon, Meffieurs jamais je n'aurais coupé la main à une dame qui m'aurait pris par-là autrefois; vous êtes bien délicats et bien durs.

X II I.

Polygamie.

Vous prétendez que mon ami a dit : Je ne fuis point affez habile phyficien pour décider fi, après plufieurs fiècles, la polygamie aurait un avantage bien réel fur la monogamie, par rapport à la multiplication de l'espèce humaine.

Soyez sûr, Monfieur, que mon ami n'a jamais écrit dans ce goût pour décider fi après plufieurs mots inutiles, on infpirerait au lecteur un dégoût bien réel par rapport à la multiplication

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multiplication de l'ennui, Vous lui imputez fans ceffe ce qu'il n'a jamais écrit; ayez la bonté de jeter les yeux fur l'article FEMME, dans le Dictionnaire philofophique; il m'a paru moins ennuyeux que le fragment que vous citez par rapport à la multiplication de l'espèce humaine.

X I V.

Femmes des rois.

POUR nous prouver que Jérufalem l'emporte fur Paris, fur Londres, et sur Madrid, vous nous dites que dans votre défert, lorfque vous étiez fans rois et fans fouliers, il fut défendu à vos monarques, qui ne parurent que quatre cents ans après, d'avoir un trop grand nombre de femmes. Cette loi, qui eft dans votre Deutéronome, ne détermine pas le nombre permis; et c'est ce qui a fait croire à tant de doctes et profonds efprits, mais trop confians en leurs lumières, que votre Pentateuque ne fut écrit que dans le temps où vos roitelets abusèrent de la polygamie fi prodigieufement, qu'il fallut les avertir d'être un peu plus modérés.

Mélanges hift. Tome II.

* N

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