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font plus impraticables que les lagunes de Venife.

Vous admirez la difcrétion de Salomon qui, ayant hérité de quelques milliars de fon père, voulait encore acquérir quelques milliars en trafiquant à Ophir, et qui, n'ayant pas une barque à lui en propre, empruntait des vaiffeaux et des matelots de fon ami Hiram, roi de Tyr, lefquels vaiffeaux traverfaient toute la mer Méditerranée, côtoyaient l'Afrique, doublaient le cap de Bonne-Efpérance pour venir fervir la fageffe de Salomon.

Après avoir accumulé dans Jérufalem plus d'or, d'argent, d'ivoire, de parfums, et de finges qu'elle n'en pouvait contenir, vous tombez à bras raccourci fur tous les vices qui naquirent de ces inconcevables richesses. Vous avez d'abord loué les Juifs de n'avoir eu chez eux ni opéra comique, ni danseurs de corde, ni parades fur les boulevards. Vous les avez admirés de n'avoir point imité les. Sophocle et les Euripide, dont ils n'avaient jamais entendu parler. Et tout d'un coup, fortant de cette niaiferie de panégyriques, vous allez prendre chez les prophètes Ifaïe, Amos et Michée, tous les traits de fatire judaïque que vous croyez pouvoir retomber fur la nation française. Si c'eft une niaiserie, elle eft

très-éloquente: on ne peut, à mon gré, déclamer plus hautement contre fon fiècle.

Cela me fait fouvenir de M. Broun, brave théologien anglais. Il fit imprimer deux volumes contre les fottifes de fa patrie, au commencement de la guerre de 1756. Il démontra éloquemment dans ce livre intitulé: Tableau des mœurs anglaifes, qu'il était impoffible que l'Angleterre ne fût pas abymée dans deux ans. Qu'arriva-t-il ? l'Angleterre fut victorieuse dans les quatre parties du monde. J'en souhaite autant à la France en réponse à votre pieuse fatire je fais mieux, je souhaite qu'elle n'ait point de guerre. J'aime mieux vivre fous des Salomons que fous des Judas Machabées. Mais, croyez-moi, Monfieur le fecrétaire juif, ne comparez jamais Jérufalem à Paris; le torrent de Cédron ne vaut pas le Pont-neuf.

X Vme NIA ISERIE.

Quel peuple le plus fuperflitieux?

APRÈS avoir recherché quel fut autrefois le plus barbare de tous les peuples, vous examinez à préfent quel fut le plus fuperstitieux, c'eft-à-dire le plus fot. Je n'ai point de balances pour pefer ainfi les nations. On pourrait vous répondre en général que le plus

fot homme, comme le plus fot peuple, eft celui qui dit et qui fait le plus de fottifes; et alors il n'y aurait plus qu'à compter. Nous prendrions les hiftoriens qu'on fait lire à la ftudieufe jeuneffe; nous verrions chez qui l'on trouve le plus de façons de connaître l'avenir, foit à l'aide d'un pfaltérium, foit avec un petit bâton recourbé, foit en donnant à manger à des poules. Nous verrions quelle nation a eu plus de métamorphofes, plus de forciers, plus de loups garous; dans quel pays on a vu plus de princes fouettés par des prêtres; quelles archives possèdent la suite la plus complète de fadaifes dégoûtantes et de contes que la plus imbécille et la plus bavarde nourrice n'oferait répéter aujourd'hui: Nec pueri credunt nifi qui nondum ære lavantur. Alors on pourrait hafarder de juger à qui l'on doit le prix de la fottife; mais il ferait trop dangereux de donner ce prix trop de gens y prétendent. Il vaut mieux laisser chacun jouir en paix de la juftice qu'il fe rend tout bas.

X V Ime NIAISERIE.

Quel peuple le plus brigand?

Vous demandez enfuite quel peuple a été le plus voleur, le plus brigand? Et quand on vous repréfente, felon votre propre déclaration, que le peuple de DIEU vola neuf millions aux Egyptiens pour aller faire bonne chère dans des déferts; quand on vous dit qu'enfuite ce peuple de DIEU s'empara du pays de Canaan qui ne lui appartenait pas ; vous prenez à partie mon ami qui n'a rien dit de cela. Vous lui adreffez ces paroles foudroyantes: Vous traitez nos pères de brigands, qu'étaient les vôtres ?

Je vous ai déjà dit, Monfieur le fecrétaire, que ni moi ni mon ami ne prétendons defcendre d'un conquérant des Gaules; nous croyons être iffus d'une famille de bons gaulois pacifiques.

Nous n'avons trouvé dans notre généalogie aucun coupe-jarret qui ait fervi fous le chrétien Clovis, quand ce brave converti força Cararic, roi ou maire d'Arras, et le fils de Cararic à fe faire fous diacres, et qu'il leur fit ensuite couper la gorge à tous deux; quand il fit marché avec Cloderie, fils de Sigebert, roi de

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Cologne, pour affaffiner ce Sigebert son père, et qu'il assassina enfuite ce Cloderic parricide pour avoir fon argent; quand il fendit la tête à coups de hache à Ragnacaire, roi de Cambray, et à fon frère Riker après fouper; quand il affaffina Rignomer, roi du Mans, &c. &c.

En vérité, on croit lire l'hiftoire de vos rois Achab, Jehu, Ochofias.... Je ne croyais pas terminer cette feizième niaiserie par ces horreurs de cannibales. Je voulais feulement contredire la généalogie qui nous fait defcendre des Francs mon ami et moi. Il faut éplucher avec vous tant de généalogies! c'étaitlà une franche niaiferie; mais Rignomer, Riker, Ragnacaire, Sigebert, Cloderic, Achab, Jéhu, Ochofias.... fe font préfentés, et je fuis tombé à la renverse.

X VI Ime NIAISERIE.

Sur du foin.

DE l'examen du brigandage et d'une controverfe fur les affaffinats, vous paffez à des errata et à des correcteurs d'imprimerie. Vous vous plaignez qu'on ait imprimé Niticorax pour Nicticorax. Hé, qu'importe à mon ami, et que vous importe? Il y a bien d'autres fautes d'impreffion dans les ouvrages immenfes qu'on lui

attribue,

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