Et reconnut qu'il avoit tort. FABLE XVII. LE CHIEN QUI LACHE SA PROIE POUR L'OMBRE. Chacun se trompe ici-bas: On voit courir après l'ombre La plupart du temps, le nombre. Au chien dont parle Ésope il faut les renvoyer. Ce chien voyant sa proie en l'eau représentée, Et n'eut ni l'ombre ni le corps. FABLE XVIII. LE CHARTIER EMBOURBÉ. Le Phaéton d'une voiture à foin Vit son char embourbé. Le pauvre homme étoit loin On sait assez que le Destin Adresse là les gens quand il veut qu'on enrage. Pour venir au chartier embourbé dans ces lieux, Pestant, en sa fureur extrême, Tantôt contre les trous, puis contre ses chevaux, Il invoque à la fin le dieu dont les travaux Ton bras peut me tirer d'ici. Sa prière étant faite, il entend dans la nue Hercule veut qu'on se remue; Puis il aide les gens. Regarde d'où provient Ote d'autour de chaque roue Ce malheureux mortier, cette maudite boue Prends ton pic, et me romps ce caillou qui te nuit; Comble-moi cette ornière. As-tu fait? Oui, dit l'homme. Or bien je vas l'aider, dit la voix; prends ton fouet. Je l'ai pris... Qu'est-ce ci! mon char marche à souhait! Hercule en soit loué! Lors la voix : Tu vois comme Tes chevaux aisément se sont tirés de là. Aide-toi, le ciel t'aidera. FABLE XIX. LE CHARLATAN. Le monde n'a jamais manqué de charlatans : Fut en professeurs très fertile. Tantôt l'un en théâtre affronte l'Achéron, Un des derniers se vantoit d'être Un manant, un rustre, un lourdaud; Et veux qu'il porte la soutane. Un fort beau roussin d'Arcadie; J'en voudrois faire un orateur. Sire, vous pouvez tout, reprit d'abord notre homme. On lui donna certaine somme. Il devoit au bout de dix ans Mettre son âne sur les bancs; Sinon il consentoit d'être en place publique Et les oreilles d'un baudet, Quelqu'un des courtisans lui dit qu'à la potence Vulgairement nommés larrons. Il avoit raison. C'est folie De compter sur dix ans de vie. Soyons bien buvants, bien mangeants, Nous devons à la mort de trois l'un en dix ans. FABLE XX. LA DISCORDE. La déesse Discorde ayant brouillé les dieux, Et fait un grand procès là-haut pour une pomme, Elle et Que-si-que-non son frère, Avecque Tien-et-mien son pèrè. Elle nous fit l'honneur en ce bas univers A celui des mortels qui nous sont opposés, Et qui, se mariant sans prêtre et sans notaire, |