Tantôt entre au fond du naseau. La rage alors se trouve à son faîte montée. L'invisible ennemi triomphe, et rit de voir Qu'il n'est griffe ni dent en la bête irritée Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir. Le malheureux lion se déchire lui-même, Fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs, Bat l'air, qui n'en peut mais; et sa fureur extrême Le fatigue, l'abat : le voilà sur les dents. L'insecte, du combat, se retire avec gloire: Comme il sonna la charge, il sonne victoire, Va par-tout l'annoncer, et rencontre en chemin L'embuscade d'une araignée; Il y rencontre aussi sa fin. Quelle chose par-là nous peut être enseignée? FABLE X. L'ANE CHARGÉ D'Éponges, et L'ANE CHARGÉ DE SEL. Un ânier, son sceptre à la main, L'un, d'éponges chargé, marchoit comme un courrier; Portoit, comme on dit, les bouteilles': Marchoit lentement. Expression proverbiale. Que le baudet ne sentit rien Sur ses épaules soulagées. Camarade épongier prit exemple sur lui, Celle-ci devint si pesante, Et de tant d'eau s'emplit d'abord, D'une prompte et certaine mort. Agir chacun de même sorte. J'en voulois venir à ce point. FABLE XI. LE LION ET LE RAT. Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde : Tant la chose en preuves abonde. Entre les pattes d'un lion Un rat sortit de terre assez à l'étourdie. Dont ses rugissements ne le purent défaire. Patience et longueur de temps Font plus que force ni que rage. FABLE XII. LA COLOMBE ET LA FOURMI. L'autre exemple est tiré d'animaux plus petits. Le long d'un clair ruisseau buvoit une colombe, S'efforcer, mais en vain, de regagner la rive. Un brin d'herbe dans l'eau par elle étant jeté, Passe un certain croquant qui marchoit les pieds nus: Il le croit en son pot, et déja lui fait fête. Le vilain retourne la tête : La colombe l'entend, part, et tire de long. Point de pigeon pour une obole.. |