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ment quelques traces d'inscription, et de quelle patience il eut besoin pour en enlever une espèce de croûte tartreuse, dont l'écri ture était couverte en beaucoup d'endroits. Enfin, par son zèle obstiné, ces traits reparaissent au jour, et, comme dit un poète :

Livrent à la lumière le secret des tombeaux.

Il serait inutile de rapporter ici le texte même de Inscription, qui ne se peut guère entendre qu'à l'aide des doctes commentaires de M. Akerblad. Il suffira de dire qu'elle renferme une espèce d'imprécation contre un Satyrus de Sunyum et un certain Démétrius, qu'on dévoue eux et les leurs aux Dieux infernaux, à Mercure et à la Terre, invoqués pour les punir, sans doute comme auteurs de la mort de celui qui fait contre eux cette imprécation. Le but de l'inscription, l'orthographe, les formules qui s'y trouvent employées font l'objet des notes savantes de M. Ákerblad, et sont expliquées d'une manières qui ne laisse rien à désirer. Il décrit les lieux où se fit cette découverte en homme qui les a vus, et à qui la Grèce moderne n'est pas moins connue que l'ancienne. Il cite une inscription du même genre que celle-ci, dernièrement communiquée à la troisième classe de l'institut,

par M. Visconti, dont les explications et les notes se verront dans le prochain volume des Mémoires de cette compagnie; et comme ces deux monuments ont entre eux beaucoup de rapports, et s'expliquent même mutuellement, malgré des différences assez considérables, il entre dans un examen approfondi de l'un et de l'autre. Il rapporte après le célèbre antiquaire romain, deux passages, l'un de Tacite, l'autre de Dion, qui viennent fort bien au sujet, et prouvent que l'usage était d'écrire ces sortes d'anathèmes sur des lames de plomb. Ensuite, citant d'autres passages de différents auteurs classiques, il fait voir que Mercure et la Terre sont ordinairement invoqués dans de telles imprécations; et, par occasion, il expose les diverses épithètes qu'on trouve jointes aux noms de ces Divinités. Tout cela est traité au long, avec l'érudition et la sagacité qu'on devait attendre d'un homme aussi expert en ces matières. Il examine aussi, par forme de digression, et communique au public une inscription nouvellement apportée d'Athènes par M. Bronstodt, voyageur danois.

Les observations de M. Akerblad sur l'orthographe bizarre du monument qu'il explique, ne sont pas moins curieuses que le reste, et intéresseront surtout ceux qui n'ap

prouvent pas la prononciation de certaines lettres dans le langage des Grecs modernes. C'est un article sur lequel les savants de cette nation souffrent avec peine qu'on les contredise, et qu'on oppose le témoignage d'une infinité de monuments à la tradition qu'ils prétendent avoir conservée de l'ancienne prononciation. Si quelque chose pouvait les convainrre de la fausseté de cette opinion, en un point du moins, ce serait cette inscription-ci où partout se trouvent confondues deux lettres qui, dans la prononciation actuelle, n'ont pas le moindre rapport, savoir, Het E. On y lit, par exemple, KOLAZHTH au lieu de KOLAŽETE; erreur de l'écrivain, qui n'eût pu avoir lieu si alors on eût prononcé l'H comme on fait aujourd'hui.

On ne fait ici qu'indiquer les principaux points sur lesquels roule cette dissertation, dont l'auteur donne partout des preuves de l'habileté qu'on lui connaissait déjà dans la paloeographie, la littérature et les arts. Il n'en fallait pas moins sans doute pour déchiffrer et expliquer ce morceau presque unique en son genre; et si on fait réflexion qu'à ces rares connaissances l'auteur joint celle de la plupart des langues de l'Europe et de l'Orient, qu'il écrit et parle avec une égale facilité, on conviendra que peu d'hommes possèdent au

même degré une érudition si variée, et qu'au cun ne paraît plus propre à jeter un nouveau jour, par de savantes recherches, sur les monuments de la Grèce et de l'Italie.

LETTRE

ADRESSÉE

A M. DELEGoRGUE DE RONY,

PAR LÉON DE CHANLAIRE.

MONSIEUR,

Porté à la députation par un collége dont je fais partie, vous devenez mon mandataire, et c'est à ce titre seul que je me permets de vous adresser quelques observations sur le nom que vous portez aujourd'hui, et qui ne me semble pas, ainsi qu'à bien d'autres, exactement le vôtre.

Compagnon, jadis, l'ami même, j'ose le dire, de votre enfance, j'ai été plus que personne à même de vous connaître; et des relations d'intérêts qui existaient entre votre famille et la mienne, m'ont mis à portée d'avoir fréquemment sous les yeux des contrats et des signatures, où monsieur votre père, votre famille et vous, sans doute, avez figuré plus d'une fois.

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