Page images
PDF
EPUB

qu'il pensait être auteur le premier de ses peines, prit la ville d'Epidaure et prit aussi Proclès et le garda vivant; et comme avec le temps Périandre, avancé en âge, sentit ne pouvoir désormais voir et gouverner les affaires, alors il mande de Corcyre Lycophon pour qu'il vint prendre la tyrannie, n'ayant aucun égard à l'aîné de ses fils qui lui sem blait être de trop faible entendement; mais Lycophon ne daigna même répondre au message. Le père qui avait mis en lui son espé rance, envoie à ce jeune homme une autre fois sa sœur, fille de lui Périandre, pensant qu'il se devait plutôt laisser persuader à elle, laquelle devers lui venue, lui ayant dit O enfant, souffriras-tu donc la tyrannie passer à d'autres, la maison de ton père s'abîmer, plutôt que toi venir et la tenir? Habite en ton logis, cesse de te tourmenter; désir de gloire chose vaine; et ne tâche point à guérir le mal par le mal. Plusieurs ont préféré au droit l'accommodement; plusieurs se sont vu perdre la paternelle chevance en requérant celle de leur mère. La tyrannie échappe; beaucoup en sont amants. Le voilà vieux cassé; ne livre point à d'autres le bien qui t'appartient. »

[ocr errors]

Elle done lui disait, instruite par leur père, ce qu'elle croyait plus capable de l'attraire

et fléchir son cœur; mais il lui répondit di→ sant que jamais n'irait à Corinthe, tant qu'il saurait son père en vie. Ce qui étant par elle rapporté à Périandre, pour la troisième fois il envoie un héraut voulant aller lui-même demeurer en Corcyre, et mandait à son fils de s'en venir en Corinthe prendre la tyran. nie, à quoi lui s'étant accordé, ils se prépa raient pour passer, Périandre en Corcyre et l'enfant à Corinthe. Mais ceux de Gorcyre in formés de toutes ces choses, afin d'empêcher que Périandre ne fût en leur pays, mettent à mort le jeune homme; ce fut là la cause pourquoi Périandre se voulut venger des Gorcyréens

Les Lacédémoniens avec une puissante flotte arrivés devant Samos, la tenaient assiégée. D'abord attaquant le mur du côté de l'esplanade, ils montèrent sur la tour qui est au bord de la mer, mais bientôt en furent chassés par Polycrate même accouru avec un gros de gens. Cependant par la tour d'en haut, bâtie sur la croupe du mont, sortirent les alliés et des Samiens bon nombre, lesquels ayant tenu tête aux Lacédémoniens quelque peu de temps s'enfuirent, et eux les poursui, vant en tuaient. Si dans cette journée les La, cédémoniens eussent fait tous aussi braye ment comme Archias et Lycopas, sans faute

Samos était prisè. Car Archias et Lycopas à la poursuite des fuyards, s'étant seuls jetés avec eux dedans l'enceinte des murailles, la retraite leur fut coupée, ainsi périrent-ils dans la ville des Samiens.

Le troisième descendant de cet Archias-là, un autre Archias, je l'ai connu moi-même à Pitane, duquel bourg il était, et de tous les étrangers c'étaient les Samiens qu'il honorait le plus; et me dit que son père avait eu nom Samius, de ce que son père Archias était mort · vaillamment en ce combat de Samos, et m'ajouta qu'il honorait surtout les Samiens, à cause que son aïeul fut publiquement par eux enseveli fort bien.

Après avoir tenu Samos assiégé quarante jours, les Lacédémoniens voyant qu'ils n'en étaient de rien plus avancés, s'en retournèrent au Péloponèse. Un sot propos en a couru, que Polycrate ayant frappé en plomb force pièces du pays, les fit dorer, les leur donna, et qu'eux les prenant, s'en allèrent. Cette guerre fut la première que firent en› Asie les Doriens.

Ceux des Samiens qui étaient venus en Samos contre Polycrate, avec les Lacédémoniens, sur le point d'en être quittés, pas: sèrent à Siphnos; car ils avaient besoin d'argent, et les affaires des Siphniens florissaient

alors. Ils étaient les plus riches de tous les insulaires, comme ayant dans leur île des mines d'or et d'argent, si que de la dîme du produit, ils en ont consacré à Delphes un trésor égal aux plus riches, et chaque année se partageaient les sommes provenantes de ces mines. Or, quand ils faisaient ce trésor, ils demandèrent à l'oracle si leurs biens présents leur devaient long-temps demeurer. La Pythie leur fit cette réponse: Alors que dans Siphnos Pritanée blanc sera, et blanc le sourcilleux marché, Siphnien sagement fera si caut en son ile caché, il évite embuche de bois et rouge heraut. Le marché de Siphnos, en ce temps-là, et le prytanée étaient revêtus de pierre de Paros; ils ne surent comprendre l'oracle, ni lors, ni depuis à la venue des Samiens; car les Samiens dès qu'ils eurent pris terre en Siphnos, envoyèrent sur un de leurs navires des parlementaires à la ville. Tous les vaisseaux jadis étaient peints de vermillon, et c'était cela que la Pythie avait prédit aux Siphniens, parlant d'une embûche de bois et d'un héraut rouge venus, ces envoyés requirent les Siphniens de leur prêter dix talents, ce que ceux-ci refusèrent, et les Samiens se mirent à piller le pays, quoi entendant, ceux de Siphnos accourent pour défendre

leurs biens, et dans le combat eurent du pire; même beaucoup d'entre eux ne purent regagner la ville, le chemin leur ctant coupé par les Samiens qui leur firent payer ensuite

cent talents.

Ils eurent pour argent des Hermionéens une île près du Péloponèse, Hydrée, qu'ils remirent aux Trézéniens comme dépôt, puis fondèrent en Crète Cydonie, n'étant pas venus dans ce dessein, mais bien pour expulser de l'île les Zacynthiens. Ils y demeurèrent et vécurent en prospérité l'espace de cinq ans, tellement que tous les lieux sacrés qu'on voit maintenant à Cydonie, sont leur ouvrage; aussi est le temple de Dictyne. Mais la sixième année, ceux d'Egine les vainquirent dans un combat naval et les firent esclaves; les proues qu'ils ôtèrent de leurs vaisseaux, faites en hures de sanglier, ils les consacrérent dans le temple de Minerve à Egine. Les Eginètes en usèrent de la sorte avec les Samiens, par une haine envenimée que de long-temps ils leur portaient; car les Samiens les premiers, régnant Amphicrate à Samos, passèrent en Egine armés, firent aux Eginètes de grands maux, et non moins en eurent à souffrir, de quoi la cause ne fut autre.

Or ai-i voulu m'étendre un neu sur

« PreviousContinue »