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JOURNAL

DE

L'UNITÉ DES FRÈRES.

Pour nous, nous ne voulons savoir autre
chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ cru-
cifié. Nous n'annonçons point l'Évangile avec
des discours de la sagesse humaine, afin que
la Croix de Christ ne soit pas rendue inutile.
St-PAUL AUX CORINTHIENS.

ONZIÈME ANNÉE.

LOCLE.

AU BUREAU DU JOURNAL DE L'UNITÉ DES FRÈRES.
chez M. Delachaux, ancien d'Église.

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TEXTE: O homme! il t'a déclaré ce qui est bon. Michée 6, 8.

La voie du salut, que l'Evangile nous trace aujourd'hui, est sans contredit différente de celle de l'ancienne économie, celleci consistait en une longue suite d'ordonnances, et n'était qu'un pur en attendant, jusqu'à la manifestation de la bonne nouvelle du salut, à laquelle cependant il fallait que les esprits fussent préparés. Depuis cette époque, c'est-à-dire depuis dix-huit siècles, le précis de toutes les connaissances utiles et nécessaires à l'homme, le grand mystère de la piété et de la religion est: Dieu a été manifesté en chair!

Pour nous faire jouir d'un bonheur éternel,

Il n'a point refusé de prendre un corps mortel.
Il s'est incarné, pour sauver tout le monde,
Dans l'humble et chaste sein d'une vierge féconde.

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Un officier, qui avait la garde de la prison publique, effrayé par un grand tremblement de terre, s'adressa aux apôtres, et leur dit: Que faut-il que je fasse, pour être sauvé? - Crois, lui répondirent-ils, crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé. Voilà qui est bien facile, dira-t-on peut-être, n'est-ce pas rendre la voie du salut trop aisée, s'il ne faut que cela pour être sauvé? C'est ainsi qu'on pourrait raisonner en Turquie, ou dans les pays barbares, si on y entendait prêcher cet Evangile; mais quand dans le monde chrétien, on voit que le nombre de ceux qui croient est si mince et si fort disproportionné, il est aisé d'en conclure, que c'est beaucoup prétendre que d'exiger la foi. Quand vous êtes couché sur un lit de maladie et qu'un de vos amis vous parle d'un habile médecin, et de ses cures heureuses, vous l'en croyez aussitôt sur sa parole. Mais quand des milliers de témoins attestent d'un commun accord et l'attestent vingt années consécutives, qu'ils ont trouvé un Sauveur, qui est le Créateur de l'univers (Jean 4, v. 45); quand ils attestent et font voir en effet que dans la communion de ce Sauveur, ils jouissent déjà sur la terre d'une félicité céleste; c'est beaucoup s'ils gagnent une dixaine de personnes qui ajoutent foi à leur témoignage. D'où vient donc que les hommes, d'ailleurs si crédules à l'égard de tout autre récit, font paraitre une incrédulité si opiniâtre à l'égard du fait le plus intéressant et le plus digne de foi, celui de l'existence du Sauveur et de la félicité actuelle dont on jouit en lui? Nous en trouvons la raison dans ce qui est rapporté au livre des Actes des Apôtres, ch. 16, v. 14, touchant Lydie Le Seigneur lui ouvrit le cœur. Ainsi, quand il est dit dans notre texte :

O homme, il t'a déclaré ce qui est bon, savoir, que Dieu ton Sauveur a été manifesté en chair; l'essentiel est, que chacun l'ayant éprouvé dans son cœur puisse l'attester en disant : C'est ce que mon âme connait très-bien. Ps. 159, v. 14. Ce n'est pas

tout que de le savoir par ouï dire, d'avoir entendu de belles explications et des preuves spécieuses de ce grand mystère; ce n'est pas tout que d'avoir vu une centaine de témoins de cette vérité, d'avoir lu dans leurs yeux l'heureuse situation de leur âme, ni de les avoir vus s'en aller l'un après l'autre, en paix, comme Siméon, pour être avec leur grand ami, leur Sauveur et leur Dieu, mais il faut que chacun en soit touché et profondément pénétré. Ainsi, quand le cœur languit et soupire après le Sauveur, il peut se consoler de son travail et de ses tourments. Aussi tout ce qu'il nous demande, c'est le cœur :

Mon fils, donne-moi ton cœur !

Un jour, vivement affligé au sujet de quelques personnes, qui avaient manqué leur destination et résisté aux intentions de grâce que le Sauveur avait eues sur elles, je demandai, dans les premiers mouvements de ma douleur, à un de mes frères, qui me paraissait trop insensible à leur égard: Et vous, qu'avezvous donc donné au Sauveur de plus qu'un tel? C'est mon cœur que je lui ai donné, me répondit-il. Je n'eus pas le mot à répliquer à cette réponse. C'est là effectivement l'essentiel. Nous chantons souvent :

Offrons-Lui nos corps et nos cœurs!

Il ne veut point d'autres victimes.

Prétendre se parer de vertus et de sainteté avant que de chercher le Sauveur, c'est renverser l'ordre des choses, c'est le moyen de ne point avancer. Il faut avant toutes choses que le Sauveur qui nous cherche nous ait atteints; quand il nous a trouvés, la première chose qu'il nous demande, c'est notre cœur, et nous devons le lui donner tel qu'il est, plein de péchés et de corruption, rempli de mauvaises inclinations, sensible et affectionné à cent objets différents, mais insensible et

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