"cette compagnie car ce n'est pas merveille s'ils ont de l'amour แ pour un pays, dont le Roi les a fait Seigneurs: mais cette amour "en la plus saine partie de leur corps, me semble si épurée, que je "suis joyeux et confus tout ensemble de voir un dégagement aussi "grand en des personnes attachées au monde par leur condition, "qu'on en trouverait dans une âme éloignée de présence et d'affec"tion, des ennuis et des tracas de la terre. Je ne parle point par cœur, ces Messieurs m'ayant fait l'honneur de m'écrire par la "main de Monsieur l'Amy leur secrétaire, me confondent en ces "termes: La lettre qu'il vous a pleu nous escrire, a tellement satis"fait notre compagnie, que nous confessons tous, que nos peines "et nos soins, ont déjà reçu leur récompense. Ce que nous faisons pour la colonie de la Nouvelle France, peut bien être recomman"dable, à cause du zèle au service de Dieu, et de l'affection que "nous avons au soulagement des hommes; mais d'avoir la dessus "l'aide et la consolation de ceux qui sont les Maistres expérimentez "en ces vertus, c'est estre payez dès pour le travail des premières "heures de la journée. Le remerciement que vous nous faites, "vaut beaucoup mieux, que tout ce que nous avons fait; mais il "conviendrait bien à ce que nous désirons faire, quand Dieu nous "aura donne la grâce de l'exécuter."

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Un autre associé écrivait: "Que le plus grand soin qu'on y doit "avoir est que Dieu soit servy fidellement ; qu'on verra un notable "changement, quand la compagnie générale entrera dans l'entierre "administration des affaires, la résolution estant de laisser tout le "profit pour améliorer le pays, et y faire passer grand nombre de "Français, sans rien rapporter d'un long temps entre les associez, "du profit qui proviendra de la Nouvelle-France."

Les lignes suivantes prouvent que les cent associés désiraient ardemment le progrès du catholicisme dans ces régions si éloignées de la civilisation: "J'espère que le secours (écrivait l'un "d'eux) qu'on vous envoye fera augmenter la mission: c'est la prin"cipale fin qu'ont ceux qui se meslent de cette affaire. Je voudrais "avoir autant de pouvoir que j'ay d'affection pour l'advancement "de la gloire de Dieu en ce pays, et pour la conversion de ces "pauvres sauvages."

Un troisième ajoutait: "Il y a apparence que nostre compagnie "continuant son trafic sans fortune, vostre colonie pour le spirituel "s'augmentera de plus en plus; l'intention de la plupart des inté

ressez d'icelle n'a esté à autre dessein, que pour aider à la con"version de ces pauvres sauvages; ce qui ne peut estre fait sans "vos peines et grandes incommoditez, voire de vostre vie."

Tels étaient les sentiments de la plupart des associés qui, dès le

commencement de leur entreprise, firent d'immenses sacrifices au bénéfice de la colonie, mais qui n'eurent pas de résultat pécuniaire. La compagnie concéda le 17 décembre 1640 une grande partie de l'Ile de Montréal aux messieurs de St. Sulpice et le reste de l'Ile fut cédé à ces derniers, le 21 avril 1659.

En 1645, les Cent Associés avaient remis la traite aux colons sur leur demande; dans l'arrêt du 6 mars, il est dit que: "Sa Majesté "étant bien informée, que la dite compagnie pour parvenir à l'éta"blissement de la dite colonie en la Nouvelle France, a fait "dépense de plus de douze cens mille livres et qu'elle n'a eu "d'autres motifs de ce faire que l'avancement de la gloire de Dieu, "et l'honneur de cette couronne en la conversion des peuples sau. "vages,"... " et que la compagnie n'en a pu donner de plus véri"tables marques, qu'en se privant des moyens de se rembourser "à l'avenir de toutes les dites dépenses, comme elle le fait par le "délaissement et abandonnement de la dite traite."

La compagnie affaiblie par le nombre décroissant de ses membres, et ne pouvant remplir les vues que Louis XIV avait sur le Canada, dût faire l'abandon de la colonie, au Roi, laissant au bon plaisir du grand monarque de lui donner un dédommagement quelconque. Elle se désista de ses pouvoirs, le 24 février 1665, et acceptation en fut faite au mois de mars suivant.

Voici la liste des noms des membres de la compagnie. Je puis en certifier l'exactitude, car elle a été copiée sur la liste déposée dans les archives de Boston, laquelle est reputée être conforme à l'original qui existe en France. Je la reproduis scrupuleusement.

NOMS SVR NOMS

ET QVALITEZ
DES ASSOCIEZ

EN la compagnie de la Nouvelle-France.

Messire Armand Cardinal de Richelieu grand Maistre chef et Surintendant général de la navigation et commerce de France.1 Messire Antoine Huze, chevalier des ordres du Roy. Marquis Deffiat, Chilly et Lonjumeau conseillier du Roy en ses conseils et surintendant des Finances.

1 Le nom de Richelieu fut donné à un fort bâti par Champlain, en 1634, sur un ilot, situé vers le bas du rapide qui porte actuellement le nom du grand ministre. Kaouapassinis Kakhi était le nom sauvage de cet ilot. En 1642, le 13 août, M. de Montmagny voulant protéger la colonie contre les incursions des Iroquois inférieurs, construisit un fort d'une grande importance pour la colonie au lieu aujour d'hui nommé Sorel, qui fut appelé Richelieu; ce nom s'étendit à la Rivière des Iroquois et aux iles du Lac St. Pierre. L'eminent homme d'état s'éteignit à l'âge de 57 ans, le 4 décembre de la même année, laissant dans l'ancienne comme dans a Nouvelle France un nom impérissable dans ses souvenirs. (Note de l'Auteur).

Messire Isaaac Martin de Mavroy, cour du Roy en ses cors et intendant de la marine.

Jacques. Castillion, bourgeois de Paris.

François Sainct Aubin demeurant à Paris.

Louis d'lvry, demeurant à Paris.
Pierre Leblond, demeurant à Paris.

Martin Anceuame, demeurant à Paris."

Simon Claventin, demeurant à Paris.

Jean Bourget, demeurant à Paris,

Maistre Louis Houêl, Sieur du Petit Pré.

François Derré.

Adam Mannessier, bourgeois et marchand de la ville du Havrede-Grâce.

François Bertrand, Sieur du Plessis G. Prie.

Maistre Martin Haguener, notaire du chastelet de Paris.

Maistre Guillaume Nicolle, advocat au grand conseille.
Gilles Royssel, Sieur de Senneville.

Maistre André Daniel, Docteur en médecine.

Charles Daniel, Capitaine pour le Roy en la marine.

Jacques Berruyer, Escuyer Sieur de Mauselmont.

Maistre Pierre Boulanger, conseillier du Roy, et Esleu à Montiviliers.

Maistre Jean Téron, conseillier du Roy et Payeur des espèces de Messieurs de la Cour du Parlement de Rouen.

Claude Potel, marchand de Paris.

Henry Cavelier, marchand de Rouen.

Jean Papavoyne, marchand de Rouen.

Simon Le Maistre, marchand de Rouen.

Jean Guenet, marchand de Rouen.

Claude de Roquemont, Escuyer Sr de Brisson.
André Terru, marchand Pelletier à Paris.

François Castillion.

Anthoine Reynaut, Escuyer Sieur de Moutmor (ou Montmor.) Hugues Cosnier, Sieur de Belleau.

Maistre Jean Poneel, conseiller du Roy en sa cours des Aydes. de Paris.

Sébastien Cramoysy, marchand libraire, juré à Paris.

Guillaume Prévost, marchand de Paris.

Gabriel Lataignant, ancient mayeur de la ville de Calais.

David Duchesne, conseiller et Eschevin de la Ville Françoise du

Havre de Grâce.

Maistre Michel Jean, advocat à Dieppe.

Maistre Nicolas Le Masson, conseiller du Roy.

Messire Isaac de Razilly, chevalier de l'ordre de St. Jean de Hierusalem.

Messire Gaspard de Loup, Ecuyer, sieur de Monsan.

Réné de Bethoulat, Ecuyer sieur de la Grange.

Fromenteau, ayde des mareschaux de camps et armées de Sa Majesté.

Maistre Jean du Tayot, Conseiller du Roy, Trésorier de France général de les Finances à Soissons.

Jean Vincent, Conseiller et Eschevin de Dieppe.

Nicolas Langlois, veuve de feu Nicolas Blondel, Conseiller et Eschevin de Dieppe.

Jean Rozé, Marchand de Rouen.

Samuel Champlain, Ecuyer, Capitaine pour le Roy en la Marine. 1.

Maistre Nicolas Eslye, Sieur du Pin, Lieutenant Général en la haute justice de Mauny.

Jean Taffet, Marchand Bourgeois de la Ville de Bordeaux.
Messire Paul Bailly, Conseiller et Aumonier du Roy.

George Morin, chef de Penneterie de Monsieur Frère du Roy, abbé de St. Thierry au Mont d'Or les Reims.

Maistre Louis, de la Cour, Principal Commis de l'Espargne.
Maistre Ythier Holuer, Conseiller et Secrétaire du Roy.

Maistre Pierre Robineau, conseiller du Roy et Thrésorier général de la Cavallerie Légère de France.

Maistre Jacques Paget, conseiller du Roy et Receveur des Tailles de Moutidier.

Maistre Charles du Fresne, secrétaire de Monsieur le général des galères.

Maistre Jean Le Saige, conseiller du Roy et Receveur des Tailles en Forest.

Messire Charles Robin, Sieur du Vau, conseiller du Roy et grand maistre des eaux et forest en Touraine.

Maistre Thomas Bonneau Sieur du Plessis, conseiller et secrétaire du Roy.

Charles Robin, Sieur de Coursay.

Jacques Bonneau, Sieur de Beauvais.
Raoul Lhuillier, marchand de Paris.
Charles Fleuriau.

(1) Samuel de Champlain, fondateur de Québec, expira deux années après son retour de France, le 25 décemore 1636, laissant la colonie entière dans un deui profond, et faisant dire au Père Lejeune. « Ceux qu'il a laissez après luy ont occasion de se louer que s'il est mort hors de la France son nom n'en sera pas moins glorieux à la Postérité. (Note de l'auteur).

René Robin, Sieur de la Rochefarou.
Mathurin Baudeau, Bourgeois de Paris.

Maistre Robert Godefroy, conseiller du Roy et Thrésorier général de l'Extraordinaire des guerres.

Maistre Claude Bragelogne, conseiller du Roy Surintendant et commissaire général des vivres, des camps et armées de France. Maistre Jacques Bordier conseiller et secrétaire du Roy.

Maistre Claude Margonne, conseiller du Roy et Receveur général à Soissons.

Maitre Hiérosme de Saint Onge, Conseiller du Roy et Thrésorier de France en la généralité de Champagne.

Estienne Hervé, Bourgeois de Paris.

Maistre Bertrand de Champflour, Secrétaire de Monsieur le Duc de Retz.

Maistre Pierre Feret, secrétaire de Monsieur l'Archevêque de Paris.

Maistre Anthoine Cheffault, advocat au Parlement.

Barthelemy Quantin, sieur du Moulinet.

Prégent Proust, Bourgeoys de Paris.

Maistre du Buyer, conseiller et secretaire du Roy, et de ses finances.

Maistre Jean Potel, conseiller et secrétaire du Conseil Privé du Roy.

Maistre Nicolas le Vasseur, conseiller du Roy et Receveur général des Finances à Paris.

Octavio Mey, Bourgeois de Lyon.

Bonaventur Quantin, Sieur de Richebourg.

Maistre Pierre Aubert, conseiller et secretaire du Roy.

Maistre Guillaume Martin, Sieur de la Vernade, conseiller du Roy, Thrésorier et Receveur Général des finances en Bretagne. Maistre Aymé Lirou Conseiller du Roy et Thrésorier général de France à Paris.

Claude Giradin, marchand de Rouen.'

Maistre Siméon Dablon, syndic de la ville de Dieppe.

Jean Chiron, marchand de Bourdeaux.

Jean David, marchand de Bayonne.

Maistre Étienne Pavillon, conseiller du Roy et Thrésorier Provincial des guerres en Xaintonges.

Jean Pontac, bourgeois de Paris.

Claude Lemyre, bourgeois de Paris.

Didier Lemyre, bourgeois de Paris.

Pierre Desportes, Sieur de Ligneres.
Guillaume Vernière, demeurant à Paris.