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"deux originaux pour supporter, et le bleu et le blanc pour les "livrées de la ville. J'attendrai sur cela les ordres de Sa Majesté "et les vôtres."

Je ne sais si Québec eût jamais, sous le gouvernement français, des armes particulières; mais la Nouvelle-France et les autres colonies françaises de l'Amérique, aussi tard que 1736, portaient comme la mère-patrie trois fleurs de lys d'or.

H. A. B. VERREAU.

A propos de l'intéressant article du Dr. Hubert LaRue, je désire soumettre quelques notes et observations, que j'ai par hazard recueillies sur le même sujet.

La première mention que je connaisse de la fête de la Saint-Jean, en ce pays, est d'une date de dix années antérieures à celle que donne le Dr. LaRue. On la trouvera dans la Relation de 1636, page 38, colonne 1ère, où il est dit que cette année on tira le canon aux Trois-Rivières pour chômer la fête de la Saint Jean; nne anecdote est attachée à ce fait; elle se rapporte à l'idée superstitieuse que les sauvages entretenaient sur l'efficacité du bruit des armes-àfeu pour détruire les maladies du corps humain.

Quant à la fête en elle-même, en parler n'est pas difficile, puisque c'est de l'histoire écrite et connue depuis longtemps.

Dans les provinces bretonnes, la St. Jean paraît avoir été chômée depuis que le christianisme y a pénétré.

Les anciens Gaulois, comme tous les peuples de l'antiquité avaient des réjouissances publiques pendant lesquelles ils allumaient des feux sur les hautes terres, les montagnes et le bord de la mer. Les habitants du pays de Galles, qui aujourd'hui encore, peuvent converser dans la langue des Bas-Bretons et s'entendent avec ceux-ci, ont conservé pareillement l'habitude d'allumer des feux de joie à la Saint-Jean.

L'on ne songe pas assez généralement jusqu'à quel point les coutumes et les traditions d'un peuple, même petit, même oublié, sont tenaces. Le cas qui nous occupe ici est remarquable. Voici une cérémonie de l'antiquité que l'église a transformée, d'un côté en fête religieuse, et, de l'autre côté, à défaut du sentiment religieux, la même coutume se conserve par l'esprit inné chez tous les peuples.

Je me rappelle avoir lu dans le Journal pour Tous un article accompagné d'une gravure représentant les paysans bretons de notre époque dansant en rond, en plein air autour des feux de la

Saint-Jean. Ce jour là, les jeunes fiancés qui doivent se marier dans l'année suivante sautent par couple, garçon et fille se tenant par la main, par dessus les tisons enflammés que l'on dispose, d'espace en espace sur la place de dance.

Ne craignons pas de nous tromper en supposant que les premiers colons canadiens emportèrent avec eux en ce pays, la coutume de fêter la St. Jean. Mais il me semble que les allures par trop mondaines qu'on se plaisait à prêter à cette démonstration lui ont valu de ne pas avoir été acceptée par le Clergé. Il devait être en effet bien difficile de métamorphoser en solennité religieuse une journée marquée depuis des siècles par les bruyants et peu scrupuleux ébats de la foule.

Je suppose donc que, dans la pensée de ses fondateurs, en 1624, la St. Joseph devait finir par remplacer la Saint-Jean.

St. Joseph, nommé premier patron du Canada, n'a pas cessé, depuis 1624 jusqu'à 1870, d'être honoré comme tel. Cependant, la fête populaire de la Saint-Jean d'autrefois,- subsista encore parmi le peuple. Est-ce parce que la St. Joseph fut acceptée comme fête purement religieuse et que le peuple ne voulut y mêler rien de profane? Est-ce parce que le 19 mars, temps de la fonte des neiges et très-souvent du carême, ne saurait lutter avec le brillant 24 juin, l'un des jours du solstice d'été ? Toujours est-il que la St. Joseph resta fête religieuse avant tout et que la St. Jean resta ce qu'elle était, une fête populaire.

Il y aurait une infinité de choses curieuses à mettre au jour touchant les fêtes publiques qui ont existé plus ou moins longtemps chez nous. Quelqu'un a-t-il parlé de la St. Louis qui eut la ville de Québec pour centre, et qui après une dizaine d'années d'existence, s'éteignit, vers 1834, à l'approche des troubles, au moment où Mr. Duvernay fondait la société St. Jean-Baptiste ? Les membres de la Saint Louis d'abord presque tous de la classe commerciale, et par la suite se recrutant purmi les artisans et les entrepreneurs du faubourg St. Roch. professaient une foi politique et nationale hostile à l'administration anglaise.

D'ailleurs, la Saint Jean-Baptiste réveilla chez les Canadiens des ouvenirs puissants, car, je le répète, la Saint Jean-Baptiste était l'un des beaux jours que nos ancêtres aimaient à célébrer. L'habileté de M. Duvernay se montre dans le choix qu'il flt de ce patron et qui assura par ce moyen une longue existence à la société qu'il avait fondée.

Dans le comté de Terrebonne, la Saint Louis, fête patronale des derniers roi de France, donnait lieu à une importante foire aux

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chevaux dont il reste encore des traces. C'était l'occasion d'une série de fêtes qui duraient trois et quatre jours.

Naturellement, la Saint-Louis a dû être favorisée par la noblesse canadienne qui tenait à la Cour de France par ses titres et par ses liaisons de famille; mais le peuple canadien qui est resté breton, n'a jamais mis ce jour au niveau de sa fête par excellence la St. Jean.

M. le Dr. LaRue parle aussi des fêtes de paroisse et il dit qu'elles ont été abolies, il y a une cinquantaine d'années, par Mgr. Signaï. Je me permettrai cependant de dire que l'abolition de ces sortes de réjouissances publiques, qui dégénéraient fréquemment en saturnales, était commencée près d'un siècle avant Mgr. Signaï

Il est certain que la fête de la paroisse été dès le commencement de la colonie, le pendant de celle de St. Jean, avec cette différence que, sous prétexte de fêter la première, des paroisses entières se voisinaient et festoyaient, à bouche que veux-tu.

En 1749, Mgr. de Pontbriand abolit les fêtes de deux villages, que je ne nommerai pas, car le motivé de sa décision, que j'ai sous les yeux, n'est pas du tout flatteur pour les paroissiens dont il s'agit.

Lorsque vers 1803 ou 1804, Mgr. Denaut supprima la fête de Beauport, l'on sait le tapage qui en résulta; une insurrection en règle eut lieu dans une partie de la paroisse, et le tout finit par jugement du tribunal judiciaire.

Ainsi, au fur et à mesure que l'occasion s'en présentait, nos Evêques abolissaient les fêtes de paroisses, et c'est Mgr. Signaï, monté sur le siège épiscopal en 1833, qui y porta la dernière main.

BENJAMIN SULTE.

SPENCER WOOD

LA RÉSIDENCE DE NOTRE GOUVERNEUR, SIR N. F. BELLEAU.

"J'aime les nobles parcs aux arbres réguliers,
Comme on en voit, hélas! plus guère qu'en gravure,
Avec de la charmille et de grands escaliers
Montés et descendus par des gens en parure."
EMILE AUGIER.

Le plus beau domaine de Sillery, l'on peut dire, du Canada, est, sans contredit, Spencer Wood. Il a pris ce nom au temps où l'hon. H. M. Perceval, percepteur impérial des douanes, à Québec, l'habitait, c'est-à-dire de 1815 à 1830. Avant cette date, cette résidence était connue sous le nom de Powell Place, d'après le général anglais Powell, qui y résidait. Comme bien des royales villas de France et d'Angleterre, Spencer Wood a eu ses périodes de splendeur et ses années de décadence.

En référant aux œuvres du poëte anglais Kidd, publiées en 1830, on voit que, du temps de l'hon. M. Perceval, Spencer Wood, qu'il avait nommé ainsi d'après l'hon. Spencer Perceval, homme d'Etat en Angleterre, et son parent, sinon son protecteur, on s'aperçoit, disons-nous, que Spencer Wood était en renom pour ses paysages, -Kidd y consacre un poëme entier. 1

1 SPENCER WOOD.-(Extracted from Kidd's Poems-1830).

Through thy green groves, aud deep receding bowers,
Loved SPENCER-WOOD! how often have I strayed,
Or mused away, the calm, unbroken hours,
Beneath some broad oak's cool, refreshing shade.

Spencer Wood contient maintenant quatre-vingts acres de terre, qui s'étendent en pelouse verte jusqu'à la cime du cap. Aux jours de sa plus grande splendeur, quand M. H. Atkinson, riche négociant de Québec, le possédait, cette demeure comprenait la propriété avoisinante, Spencer Grange; son étendue etait d'au moins cent vingt acres.

Les galeries de peinture, objets d'arts, statues, fontaines, jardins d'hiver, serres à raisins, serres à fruits exotiques de Spencer

There, not a sound disturbed the tranquil scene,

Save welcome hummings of the roving bee,

That quickly flitted o'er the tufted green,

Or where the squirrel played from tree to tree.

And I have paused beside that dimpling stream,
Which slowly winds thy beauteous groves among,
Till from its breast retired the sun's last beam,
And every bird had ceased its vesper song.

The blushing arbours of those classic days,
Through which the breathings of the slender reed,
First softly echoed with Arcadia's praise,

Might well be pictured in this sheltered mead.

And blest were those who found a happy home
In thy loved shades, without one throb of care-
No murmures heard, save from the distant foam,

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That rolled in columns o'er the great Chaudière. '
And I have watched the moon in grandeur rise,
Above the tinted maple's leafy breast,
And take her brillant path-way through the skies,
Till half the world seemed lulled in peaceful rest.

Oh! these were hours, whose soft enchanting spell
Came o'er the heart, in thy grove's deep recess.
Where e'en poor Shenstone might have loved to dwell,
Enjoying the pure calm of happiness!

But soon, how soon, a different scene I trace,

Where I have wandered, or oft musing stood:-
And those whose cheering looks enhanced the place,
No more shall smile on thee, lone SPENCER WOOD! †

"The Falls of the Chaudiere are about nine miles from Quebec, on the South Shore of the St. Laurence, and for beauty and romatic scenery, perhaps not surpassed in all America. They are not so magnificent as Niagara, but certainly far more picturesque."

"This is one of the most beautiful spots in Lower Canada, and the property (1830) of the late Hon. Michael Henry Perceval, who resided there with his accomplished family; whose polished and highly cultivated minds, rendered my visits to SPENCER-WOOD, doubly interesting. The grounds and gravel walks are tastefully laid out, interspersed with a great variety of trees, planted by the hand of nature. The scenery is altogether magnificent, and particularly towards the east where the great precipices overhang Wolfe's Cove. This later place has derived its na e from that hero, who, with his British troops, nobly ascended its frowning cliffs, on the night of the 13th Sept., 1759, and took possession of the Plains of Abraham." -(ADAM KIDD-1830.)

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