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badiner, il passa à travers les ennemis sans qu'ils le reconnurent étant passé il prit le bois et de là et venu resortir à la baie et de là ici.

Juin 2.-Les batiments qui étaient à Champlain depuis 8 jours aujourd'hui, à leur passée de la ville, les volontaires les saluèrent de trois volées de mousquet en criant 3 fois vive le Roy; les batiments y ont répondu de quatre coups de canon. Les cœurs Bastonnois ne les regardaient que de coté ils ne sont pas si contents que quand leurs frères descendaient en bateau.

4. Aujourd'hui étant le jour de la naissance du roi, toutes les troupes se sont rendues dans la Commune, ont fait trois décharges de fusil et les batiments la même chose de leurs canons.

Nous apprenons qu'il y a 600 Yankees à Nicolet que quelques habitants de la paroisse ont été chercher, ils ont voulu s'emparer de M. Bellarmin, capitaine de milice, de son beau père et de deux de ses beaux frères, mais ils sont échappés par le bois et sont venus en ville. Plusieurs Montréalistes qui ont abandonné leurs maisons sont venus se réfugier ici.

8. A quatre heures du matin, le sieur Landeau, capitaine de milice de la Pointe-du-lac, est arrivé en cette ville, qui a donné avis qu'il y avait un fort parti de Yankees débarqué pour venir ici. Aussitôt le colonel Fraser a fait battre la générale et rassemblé son monde au nombre de 7,000; plusieurs piquets ont été envoyé dans les différents endroits où les Yankees pouvaient pénétrer.

Sur les 8 heures ils ont paru au bord du bois derrière la terre de M. Laframboise; nos troupes y ont fait un feu continuel pendant deux heures, tant du canon que de la mou squeterie et de batiments, ce qui a obligé les Yankees de se retirer dans les profondeurs; nous n'avons qu'environ que douze blessés; point de mort, grace à Dieu. Ce parti était conduit par le nommé Larose et Dupaul qui avaient juré Antoine Gautier de les conduire à travers les bois; mais qui la fait d'une manière à donner le temps à nos troupes de se préparer au combat, en faisant plusieurs caracales dans le bois; et feignant de ne pas connaître le chemin, sans quoi ils nous auraient surpris avant le jour.

A trois heures après-midi nous avons appris que nos troupes ont pris aux Yankees, 20 batteaux, 20 quarts de lard et outre deux ou trois hommes prisonniers et 8 pièces de canon; nos volontaires ont fait des merveilles.

A 6 heures M. le Général Carleton est arrivé de Québec accompagné de Mr. son frère et Mr. Lanaudière; il est parti aussitôt pour se rendre à la pointe du lac.

9.- Les prisonniers que l'on a fait hier sont arrivés dans cette ville parmi lesquels étaient le général Thompson, son aide de camp et un colonel qui a été pris à la pointe du lac par un nommé Baiville de Laprairie et un nommé Chabot, il y avait aussi parmi ces prisonniers un nommé Langlois, capitaine des milices du cap Sante.

Nous apprenons par les habitants de Machiche que depuis le jour de la bataille donnée le 8, il sort des Bastonnois du bois, qui sont blessés et qu'il y en a plusieurs de morts, en conséquence un parti de canadiens de cette ville sont allés dans le bois faire la recherche des blessés pour les amener en ville.

L'ILE MANITOULINE.

1

L'ile des Outaouais, ainsi dénommée par les Indiens, est connue dans l'histoire du Canada sous le nom d'île Manitouline tion du mot " Manitowaning," "résidence de l'Esprit," nom de la corrupgrande baie où se trouve maintenant le village Manitowaning, et qu'habitent aujourd'hui non les esprits, mais des employés du gouvernement, un surintendant, un médecin, un interprête, un prêtre catholique et un ministre anglican.

Cette île avait été habitée jadis par les Outaouais, que la crainte des Iroquois avait fait émigrer du côté du Lac Michigan, elle avait été ensuite occupée par des tribus éparses d'Ojibouais, dont la grande partie vivait de chasse et de pêche.

1 M. Charles de Lamorandière, interprête du gouvernement pour les sauvages de l'Ile Manitouline, est l'auteur de cette esquisse. Elle est sans doute incomplète, mais elle pourra contribuer à faire connaître une partie éloignée du pays. Les annotations sont de M. Joseph Tassé. (Note de la Rédaction.)

2 Voici les noms divers qui ont été donnés à cette ile. Nous les extrayons des annotations du R. P. Martin à la Relation de Bressani.

"Ekaentaton, Ekaentouton, Ekaentoton (Relation de 1612. Manuscrits contemporains), Ile Ste Marie), ainsi nommée par les missionnaires quand ils y commencèrent une mission algonquine en 1648). Ile des Outaouaks (Relation)-Ile de Kaoutatan (Carte de Champlain,, Ile de la nation des Cheveux Relevés (Ducreux, Historia Canadensis). Ile des Andatawawat (Bressany), Champlain en 1613 donne aux Ottawas le nom de la nation des cheveux relevés, à cause de la forme de leur chevelure."

-Voici ce qu'on lit dans les Notes dont le P. Trailham a fait suivre le Mémoire de Nicolas Perrot, le célèbre voyageur dans l'Ouest :

"Perrot désigne sous le nom d'ile des Outaouais, la grande Manitouline, résidence primitive des Outaouais proprement dits (Ondatawawat, cheveux relevės). Elle est encore habitée par les restes de cette nation et par quelques centaines de sauteurs."

3 Chippewais ou Sauteurs.

Ce n'est qu'en 1833, que trois familles d'Outaouais venant du Lac des Deux Montagnes, vinrent s'établir dans l'île et fondèrent le village de Wikwemikong. Un an plus tard, plusieurs familles d'Ojibouais, de la Rivière Froide (Coldwater), extrémité Est de la Baie Georgienne, vinrent augmenter le nombre des Indiens du nouveau village.

1

En 1835, durant l'été, plusieurs familles d'Outaouais, du Lac Michigan 1 vinrent à Pénetanguishine, pour recevoir leurs présents annuels du gouvernement. Ils conçurent l'idée de s'établir dans l'ile et commencèrent de suite des défrichements. La même année, le Lieutenant Gouverneur du Haut-Canada, Sir John Colborne, voulut tenter la réunion de tous les Indiens de cette province (alors au nombre de 6,507) dans l'île Manitouline, et d'en faire, s'il était possible, de vrais colons.

Le Surintendant des Indiens, M. J. G. Anderson, fut envoyé pour choisir une place pour la fondation d'un village. La baie de Manitowaning fut agréée pour cette fin, et dès le printemps de 1836, M. Anderson, accompagné d'un médecin, d'un ministre, d'un maître d'école et de plusieurs ouvriers, vint jeter les fondements du village projeté.

Un moulin à scie, un hangar et les autres bâtisses nécessaires aux employés du Gouvernement, furent érigés et terminés. Cette même année, les Indiens furent invités à cet endroit, pour y recevoir leurs présents annuels. Sir Francis Brown Head, successeur de Sir John Colborne, était présent à la distribution des dons. Ce fut lui qui passa avec les chefs sauvages le fameux traité qui garantissait aux Indiens, qui séjourneraient dans l'île, la possession exclusive de toutes les îles environnantes, dites les "Iles Manitoulines."

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1 Mgr. Gaulin, coadjuteur de Kingston, en parle ainsi dans une lettre qui donnait le rapport de son voyage au Lac Huron :

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Le 12 juillet (1838), nous avons atteint la pointe Est de l'ile appelée la grande Manitouline, environ 180 milles au dessus de Pénétanguishine. J'ai trouvé là, 35 familles sauvages venues, quelques unes de la Rivière-Froide, et la plupart de l'Arbre-Croche sur le Lac Michigan. Ces Indiens sont tous excellents catholiques, ils m'ont paru industrieux et amis du travail. Voilà deux ans à peine qu'ils se sont établis dans cette ile et, déjà, grâce à leurs soins, d'immenses terres autrefois nues, sont couvertes aujourd'hui d'abondantes récoltes.

Ils se sont bâti en bois de solides habitations et une chapelle assez convenable; le terrain sur lequel ils ont assis leur église et leur village ne pouvaient être mieux choisi, ni dans une situation plus agréable. C'est une des plus jolies baies de l'île. Plusieurs autres familles catholiques de Makinac, du Sault Ste. Marie, de la Rivière Froide, de l'Arbre-Croche et des autres parties du lac se proposent de venir au printemps prochain s'établir dans cette anse et dans la baie voisine." (Annales de la propagation de la foi. Vol. 12. P. 425).

2 Dans une dépêche au Secrétaire des colonies, sur les affaires Indiennes, il rapporte ce qui suit à propos des délibérations qui eurent lieu :

Plusieurs milliers d'Indiens se réunirent à cet endroit et reçurent leurs présents sous les yeux de Sir Francis qui les appelait ses enfants.

Une grande partie d'entre eux étaient des Outaouais du Michigan; leurs chefs étaient les signataires du traité en question. Ils étaient invités à venir s'établir dans l'île. A peu près la moitié des Outaouais du Michigan vinrent, à cette invitation, se fixer à Wikewemikong et autres endroits de l'île. Ce sont ces Indiens, que les employés du Gouvernement ont eu et ont encore la maladresse d'appeler "Indiens Américains."

On les a même ainsi dénommés sur les journaux en y ajoutant l'injuste épithète de "déloyaux,”—eux qui en répondant à l'invi. tation d'un Gouverneur Anglais abandonnèrent maints avantages, entre autres une annuité de dix piastres pour chaque personne, pour venir vivre et mourir sous le drapeau Anglais auquel ils sont depuis si longtemps fortement dévoués. 1

C'est aussi en 1835, que le zélé M. Proulx, prêtre séculier et canadien, vint planter, avec toutes les cérémonies de l'église, une grande croix dans le nouveau village de Wikiwemikong, croix qui existe encore et autour de laquelle se groupèrent les Indiens Au

"Quand le jour arriva, j'adressai la parole aussi longuement que possible aux Indiens; je les trouvai très sensibles sur leurs intérêts réels.

Les Indiens s'étaient assemblés antérieurement pour délibérer sur le sujet, et avaient nommé l'un de leurs plus grands orateurs pour me répliquer. L'individu choisi était Sigowah (l'Oiseau Noir) célèbre parmi eux pour avoir, il est dit, parlé en divers publiques occasions, sans arrêt, depuis le lever du soleil jusqu'à son

coucher.

Rien n'est plus satisfaisant, que la manière calme avec laquelle le chef donna, au nom de la grande tribu Ottawa, son entière approbation à mes projets, en disant que les Chippewas et Ottawas consentaient à se désister des 23,000 Iles et que les Sangins consentaient aussi à donner 1 million d'acres adjoignant les terres de la compagnie du Canada."

1 Qu'on se rappelle seulement les importants services que rendirent ces sauvages à la défaite de Braddock, le 9 juillet 1755, et leur adhésion en partie à la cause anglaise, dans la guerre de 1812 !

2 Nous citons encore la lettre de Mgr. Gaulin :

"Le digne et zélé M. Proulx, qui est très-aimé des sauvages de toutes les croyances et de toutes les castes, a beaucoup travaillé avec mon chapelain, M. Lefebvre, et leurs catéchistes à préparer les catholiques et les catéchumènes pour la réception des sacrements de baptême, d'eucharistie et de confirmation.......... Avant notre arrivée, cos pieux sauvages avaient bâti une espèce de chapelle qui consistait en une légère charpente, recouverte sur le toit et sur les côtés d'écorces de cèdre au fond ils avaient élevé un autel assez bien orné : cette chapelle qui pouvait avoir 50 pieds sur 30, ne fut pas, néanmoins assez spacieuse pour contenir toute la population catholique. Lour curiosité était si ardente, que, ne pouvant trouver place dans la chapelle, ils démolissaient ses fragiles parois pour mieux voir et entendre; au point que le dernier jour, à peine restait-il dans l'entourage de la chapelle assez d'écorce pour nous mettre à l'abri du vent.”

(Annales, etc., page 428.)

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