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Quand aux autres sectes protestantes, les principales sont réparties comme suit entre les sections de la province :

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Bas-Canada

Haut-Canada

121 184 298|2305|3584|

5

3

2234 650 572 7383 8801 5018 1050 75144147 8965 2289 634 614| 74

Parmi les personnes désignées comme ne professant aucune religion, 17,373 appartiennent au Haut et 1,477 au Bas-Canada. La comparaison du mouvement progressif de la population catholique et la population protestante pour les vingt dernières années donne les résultats que voici :

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L'accroissement pendant la dernière période décennale a été, dans le Bas-Canada, de 26.25 pour les catholiques et de 17 p. 100 pour les protestants; dans le Haut-Canada, de 54 et 45 p. 100; dans la province entière de 31.25 pour les catholiques et de 40.75 pour les protestants.

Ce dernier résultat confirme notre précédente remarque sur la prédominance graduelle du protestantisme au Canada, par le fait de l'émigration, malgré l'accroissement soutenu de la population indigène.

Les documents qui précèdent sur la distribution des races et des religions au Canada ont une grande importance politique en ce sens qu'ils vont probablement servir de base à de vives discussions au sein des Chambres provinciales au sujet de la représentation

proportionnelle à la population. On a pu voir, en outre, par les démonstrations orangistes qui ont signalé, en 1860, le passage du Prince de Galles dans le Haut-Canada, jusqu'où peut aller l'esprit de parti, quand il est alimenté par des différences de race et de croyances. Il est, au surplus, une justice que l'on s'accorde à rendre aux catholiques du Canada, c'est qu'il se montrent sensiblement plus tolérants que les protestants. Leur influence, qui est prépondérante dans le Bas-Canada, ne s'exerce jamais au détriment des membres des autres communions ou sectes religieuses, avec lesquels, au contraire, ils vivent en fort bonne intelligence. Il n'en est pas ainsi des protestants du Haut-Canada, dont un grand nombre nourrit contre les adhérents de l'Eglise romaine une animosité violente et toujours prompte à se manifester.

Cette attitude hostile du protestantisme n'a pas de but bien déter miné et n'a encore amené aucun résultat; mais elle entretient dans le pays un élément d'antagonisme, qui pourrait, dans certaines circonstances, déterminer des désordres.

A. LEGOYT.

JOURNAL DES

OPERATIONS DE L'ARMEE AMERICAINE

LORS DE L'INVASION DU CANADA EN 1775-76, PAR
M. J. B. BADEAUX, NOTAIRE DE LA VILLE
DES TROIS-RIVIÈRES.

La postérité se ressouviendra du trouble qu'à causé en Canada la guerre civile entre les colonies de l'Amérique septentrionale et la cour d'Angleterre sous prétexte de la liberté dont les provinciaux faisaient leur idole, qu'on voulait, disaient-ils, leur ravir en voulant se soustraire à la domination de leur roy pour s'ériger en république, afin de donner des lois à toute la terre, ôtant et distribuant les trônes et les couronnes suivant leur caprice, voulant rendre le roi esclave et l'esclave roi, s'approprier les biens de l'un pour en gratifier l'autre, et ne formant que des objets ambitieux. Je ne sais si c'est le peu de goût que j'ai pour cette farine de gouvernement qui me fait penser ainsi; mais j'avoue que si je trouve des vertus dans plusieurs des républicains, je trouve des grands défauts dans une république en général; j'y vois beaucoup plus de faute et d'ostantation que de véritable grandeur d'âme, je dirai même que la plupart des actions des républicains me paraissent tenir plus tôt du barbarisme que de la noblesse de leurs sentiments.

Il me semble que la solide gloire a quelque chose de plus doux, de plus sage et de modeste et que cet amour excessif de la liberté porte les cœurs à des entreprises plus hardies que généreuses, et

presque toujours sanguinaires; au lieu que dans un peuple soumis à un seul maître, je ne vois que zèle, qu'amour et fidélité, et dans celui qui gouverne seul que tendresse et qu'attention pour son peuple.

Tant de têtes qui gouvernent un peuple ne peuvent l'aimer également et le peuple ne saurait aimer tant de maîtres à la fois; le cœur ne peut s'attacher à tant de différents objets, il n'en peut en aimer qu'un, et tous peuvent être aimés d'un seul.

D'où je conclus que puisque le ciel nous a fait naître pour obéir, il nous est mille fois plus doux de n'avoir qu'un seul maître que d'être soumis aux volontés de plusieurs, tel qu'on le voit dans les républiques. C'est mon sentiment, et je souhaiterais de tout mon cœur que tous mes compatriotes pensassent comme moi, je ne craindrais point d'insérer dans ce journal des faits que je prévois qui déshonorera la nation canadienne, car je m'aperçois déjà à présent que les canadiens ont changé de sentiment par la lettre qu'ils ont reçue du congrès en date du 26 sept. 1774 dont chacun a interprété à sa fantaisie. Fasse le ciel que je puisse me tromper et que les canadiens puissent conserver leur honneur et fidélité.

Vers la fin de mai 1776, Monsieur Wans-hazen, officier du 44e régiment, passa en cette ville, venant de Montréal qui nous apprit qu'un parti de Bostonnois étaient venus s'emparer des forts Carillon et La Pointe, qu'ils étaient même venus jusqu'à St. Jean, s'étaient emparés des troupes qui y étaient au fort ainsi que des vivres et munitions du roi et qu'ils s'étaient retiré à la pointe où ils construisaient des berges pour venir pénétrer dans cette province. Aussitôt que M. de Carleton fut averti de cela, il fit monter les troupes qui étaient à Québec, pour aller défendre l'entrée des Bostonnais en cette province. La compagnie du capitaine Strong qui était en garnison en cette ville est partie le 20 may.

Les troupes de Québec passèrent le 26 de mai et le capitaine Belly logea chez moi, il ne s'est rien passé depuis ce temps jusqu'au 9 de juin, jour auquel M. le Général fit sortir une proclamation pour établir les milices, cette proclamation fut adressée à M. de Tonnancour, qui me chargea d'en faire la lecture le 13 de juin fête de St. Antoine, ce que je fis en sortant de la messe chez les Récolets.

Le 23 de juin, M. de Montefron, chevalier de St. Louis, reçut un paquet de commissions en blanc, de M. le général, qui lui marquait dans sa lettre de me prendre avec lui pour faire le tour du gouvernement et former les élections des officiers de milice, mais M. de Baucin, de la Rivière du Loup, qui se trouva en ville m'épargna,

malgré moi, cette peine et fut avec M. de Montessore, à leur retour, ils firent l'élection des officiers de cette ville.

Toutes les affaires furent assez tranquilles pendant le mois de juillet et d'août, M. le général avait assemblé son conseil à Québec pour travailler à établir des réglements pour cette province, mais il fut obligé d'abandonner son conseil pour courir à la défense du fort St. Jean qui était menacé par les Bostonnais.

Le 6 de septembre M. le général arriva de Québec, il fut loger chez M. de Tonnancour qui lui fit mettre un factionnaire canadien, ce fut Charles l'Etourneau, forgeron, qui se trouva alors à faire sa faction. M. le général voyant cette homme qui passait et repassait devant ses fenêtres et ne sachant ce que c'était, il demanda à M. de Tonnancour ce que faisait cette homme armé devant la porte ? M. de Tonnancour lui dit : "C'est un factionnaire pour Votre Excellence," alors il sortit à la porte, appela le factionnaire et lui dit : Voila le premier canadien que j'ai l'honneur de voir sous les armes, il tira de sa poche deux guinées et lui en donna une pour lui et l'autre pour ses compagnons de garde. Si toutes les factions avaient été payées sur ce pied là, ils auraient monté la garde avec plus de courage qu'ils n'ont fait.

Le 7 de septembre M. le général partit pour Montréal et eut la douleur de voir que plus il s'avançait par en haut, plus il trouvait les habitants opposés à ses dessins.

Le 8 on fit un commandement tant dans les villes que dans les costes pour aller au fort St. Jean; mais les paroisses de Chambly s'étant mis du côté des Bostonnais firent annoncer dans toutes les autres paroisses de ne point prendre les armes contre les Bastonnais, que ces gens là venaient pour nous tirer d'oppression, le peuple canadien crédule quand il ne faut point, donna dans le sentiment des paroisses de Chambly et presque tout le gouvernement des Trois-Rivières refusa de marcher, à l'exception de quel. ques volontaires des paroisses de la Rivière du Loup, Machiche et Masquinongé, les paroisses de Nicolet, Bécancour, Gentilly et St. Pierre l'Ebequet n'en fournirent pas un seul, malgré les remontrances qu'on leur faisait, tout était inutile.

Sept. 10 Aujourd'hui M. de Tonnancour fils ainé et M. Bellefeuille enseigne de la milice avec une douzaine d'hommes de la ville et de la pointe du lac, sont partis pour se rendre à St. Jean où sont déjà rendus plusieurs messieurs volontaires du Montréal, ce même jour, M. Champlain ayant refusé de marcher, a chanté la grand messe et les vêpres dans le corps de garde parceque c'était le dimanche.

Sept. 12 Nous apprenons par le courrier de Montréal, qu'un

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