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tous ceux qui s'y trouvoient. (La Bruyère.) Théophraste parle des gymnases, qui étoient de vastes édifices entourés de jardins et de bois sacrés, et dont la première cour étoit entourée de portiques et de salles garnies de siéges où les philosophes, les rhéteurs et les sophistes rassembloient leurs disciples. Il paroît que tous les gens bien élevés ne cessoient de fréquenter ces établissements, dont les plus importants étoient l'Académie, le Lycée, et le Cynosarge. (Voyez chap. v111 du Voyage du jeune Anacharsis.)

(7) Le texte grec dit : « Des stratéges, » ou généraux. C'étoient dix magistrats, dont l'un devoit commander les armées en temps de guerre; mais il paroît que déjà, du temps de Démosthène, ils n'avoient presque plus d'autres fonctions que de représenter dans les cérémonies publiques. (Voyez l'ouvrage que je viens de citer, chap. x.)

(8) D'après Aristote, cette race des meilleurs chiens de chasse de la Grèce provenoit de l'accouplement de cet animal et du renard. Byzance, devenue depuis Constantinople, étoit déjà une ville importante du temps de Théophraste. Cyzique étoit un port de la Mysie, sur la Propontide.

(9) Une espèce de singes. (La Bruyère.) Des singes à courte queue, disent les scoliastes de ce passage.

(10) Vraisemblablement d'os de gazelles de Libye, comme ceux dont parle Lucien. (In amorib., lib. I.) Des dés d'os de chèvre ne vaudroient pas la peine d'être cités.

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(11) Littéralement : « Des flacons bombés de Thurium, ou d'après une autre leçon, « de Tyr, » ou plutôt, « de sable » tyrien, » c'est-à-dire de verre, pour la fabrication duquel on se servoit alors de ce sable exclusivement, ce qui donnoit une très-grande valeur à cette matière. On ne connoît aucune fabrique célèbre de vases dans les différentes villes qui portèrent le nom de Thurium. Ce ne fut que du temps des Ro

mains que les ustensiles de verre cessèrent d'être chers, et qu'on put les avoir à un prix bas. (Voyez Strab., liv. XVI, suivant la correction certaine de Casaubon. Cette note m'a été communiquée par M. Visconti.)

(12) Le grec dit: « Ils ont chez eux une petite cour en >> forme de palestre, rcnfermant une arène et un jeu de >> paume. » Les palestres étoient en petit ce que les gymnases étoient en grand.

(13) Une sorte de philosophes vains et intéressés. ( La Bruyère.) A-la-fois philosophes et rhéteurs, ils instruisoient les jeunes gens par leurs leçons chèrement payées, et amusoient le public par des déclamations et des dissertations solennelles.

(14) Leur palestre.

(15) Chaque interprète a sa conjecture particulière sur ce passage altéré ou elliptique. Je propose de mettre simplement le dernier pronom au pluriel, et de traduire, au lieu de « ils >>se trouvent présents, etc. », « ensuite dans les représentations >> ils disent à leur voisin, en parlant des spectateurs, La pa» lestre est à eux. » De cette manière, ce trait rentre entièrement dans le caractère du complaisant, tel qu'il est défini par Aristote.

CHAPITRE VI.

DE L'IMAGE D'UN COQUIN (1).

UN coquin est celui à qui les choses les plus honteuses ne coûtent rien à dire ou à faire; qui jure volontiers et fait des serments en justice autant qu'on lui en demande; qui est perdu de réputation; que l'on outrage impunément; qui est un chicaneur (2) de profession, un effronté, et qui se mêle de toutes sortes d'affaires. Un homme de ce caractère entre sans masque dans une danse comique (3), et même sans être ivre; mais de sang-froid il se distingue dans la danse la plus obscène (4) par les postures les plus indécentes : c'est lui qui, dans ces lieux où l'on voit des prestiges (5), s'ingère de recueillir l'argent de chacun des spectateurs, et qui fait querelle à ceux qui, étant entrés par billets, croient ne devoir rien payer (6). Il est d'ailleurs de tous métiers; tantôt il tient une taverne, tantôt il est suppôt de quelque lieu infâme, une autre fois partisan (7) : il n'y a point de si sale commerce où il ne soit capable d'entrer. Vous le verrez aujourd'hui crieur public, demain cuisinier ou brelandier (8): tout lui est propre. S'il a une mère, il la laisse mourir de faim (9) il est sujet au larcin, et

à se voir traîner par la ville dans une prison, sa demeure ordinaire, et où il passe une partie de sa vie. Ce sont ces sortes de gens que l'on voit se faire entourer du peuple, appeler ceux qui passent, et se plaindre à eux avec une voix forte et enrouée, insulter ceux qui les contredisent. Les uns fendent la presse pour les voir, pendant que les autres, contents de les avoir vus, se dégagent et poursuivent leur chemin sans vouloir les écouter : mais ces effrontés continuent de parler; ils disent à celui-ci le commencement d'un fait, quelque mot à cet autre; à peine peut-on tirer d'eux la moindre partie de ce dont il s'agit (10); et vous remarquerez qu'ils choisissent pour cela des jours d'assemblée publique, où il y a un grand concours de monde, qui se trouve le témoin de leur insolence. Toujours accablés de procès que l'on intente contre eux, ou qu'ils ont intentés à d'autres, de ceux dont ils se délivrent par de faux serments, comme de ceux qui les obligent de comparoître; ils n'oublient jamais de porter leur boîte (11) dans leur sein, et une liasse de papiers entre leurs mains ; vous les voyez dominer parmi les vils praticiens (12), à qui ils prêtent à usure, retirant chaque jour une obole et demie de chaque drachme (13); ensuite fréquenter les tavernes, parcourir les lieux où l'on débite le poisson frais ou salé, et consumer ainsi en bonne chère tout le profit qu'ils tirent de cette espèce de trafic. En un mot, ils sont querelleurs et difficiles, ont sans cesse la bouche ouverte à la calomnie, ont une voix

étourdissante, et qu'ils font retentir dans les marchés

et dans les boutiques.

(1) De l'Effronterie.

NOTES.

(2) Le mot grec employé ici, et qui se retrouve encore à la fin du chapitre, signifie un homme qui se tient toujours sur le marché, et qui cherche à gagner de l'argent, soit par des dénonciations ou de faux témoignages dans les tribunaux, soit en achetant des denrées pour les revendre, métier odieux chez les anciens. (Voyez les notes de Duport sur ce passage.) (3) Sur le théâtre avec des farceurs. (La Bruyère.)

(4) Cette danse, la plus déréglée de toutes, s'appeloit en grec cordax, parce que l'on s'y servoit d'une corde pour faire des postures. (La Bruyère.) Cette étymologie est inadmissible, car le terme grec d'où nous vient le mot de corde commence par une autre lettre que le mot cordax, et ne s'emploie que pour des cordes de boyau, telles que celles de la lyre et de l'arc. Casaubon n'a cru que le cordax se dansoit avec une corde, que parce que Aristophane dit quelque part cordacem trahere, et peut-être parce qu'il se rappeloit que, dans les Adelphes de Térence, acte IV, scène vii, Demea demande : Tu inter eas restim ductans saltabis? Mais, quoique dans cette phrase la corde soit expressément nommée, Donatus pense qu'il n'y est question que de se donner la main; et c'est aussi tout ce qu'on peut conclure de l'expression d'Aristophane au sujet du cordax. M. Visconti, auquel je dois cette observation, s'en sert dans un Mémoire inédit sur le bas-relief des danseuses de la villa Borghèse pour éclaircir le passage célèbre de Tite-Live, liv. XVII, chap. xxxvII, où, en parlant d'une danse sacrée, cet auteur se sert de l'expression restim dare.

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