Par la mort... Il n'acheva pas, Car il avoit l'ame trop bonne : On confond quelquefois l'Interruption avec la Réticence : mais celle-ci fe fait lorfqu'on dit une chofe en affurant qu'on fe gardera bien de la dire. Je ne vous peindrai point le tumulte & les cris Quelquefois il arrive à l'Orateur de fe reprendre lui-même brufquement, comme s'il vouloit dire mieux ou autre chofe que ce qu'il dit : « Mais que dis-je? Eft-il rien dont vous foyez » touché? Pouvez-vous changer ja» mais de vie? Pouvez vous fonger à » céder au tems, à fuir, à vous exiler » vous-même ? » C'eft Cicéron qui parle ainfi à Catilina; & c'eft ce qu'on appelle Correction. L'Apoftrophe fe fait, non lorfqu'on adreffe la parole à quelqu'un, mais lorfqu'on la détourne de ceux à qui on l'a adreffée au commencement pour l'adreffer à d'autres « Puiffances » ennemies de la France, vous vivez, » & l'efprit de la charité chrétienne » m'interdit de faire aucun fouhait » pour votre mort. Puiffiez-vous seu>>lement reconnoître la juftice de nos » armes, recevoir la paix, que malgré » vos pertes vous nous avez tant de » fois refufée, &c. Fléchier. On fait des apostrophes aux vivans, aux morts, aux préfens, aux abfens aux chofes inanimées. O rives du Jourdain ! ô champs aimés des cieux ! Liban, dépouille-toi de tes cèdres antiques.Rac. Efther. Dans le Dialogifme on s'entretient avec foi-même:Suis-je donc vain» cue, s'écrie Junon, en fe parlant à » elle-même : me voilà forcée de re» noncer à mon entreprife: un roi des Teucriens me réfilte! &c. « Alors c'est un monologue. Quelquefois on fait parler deux perfonnages enfemble. Boileau l'a fait dans fon Epître au Roi. Pourquoi ces éléphans, ces armes, ce bagage, Sans doute on peut les vaincre. Eft-ce tout? La Sicile La Profopopée ouvre les tombeaux, reffufcite les morts, fait parler le ciel, la terre, tous les être réels, abftraits, imaginaires. C'eft une des plus brillantes parures de l'Eloquence; La Molleffe en pleurant, fur un bras fe relève, L'Hypotypofe, qui répond à ce qu'on appelle en françois, image, portrait, récit frappé, defcription, peint l'extérieur des hommes : La Molleffe oppreffée Dans fa bouche à l'inftant fent fa langue glacée, Cette image s'appelle quelquefois Profopographie. Quand l'Hypotypofe peint les mœurs, elle fe nomme Ethopée. L'hypocrite en fraudes fertile Dès l'enfance eft pétri de fard. 11 fait colorer avec art Le fiel que fa bouche distile: Et la morfure du serpent Eft moins aigue & moins fubtile Que le venin caché que fa langue répand. Rouffeau, Elle peint auffi les faits : De fon généreux fang la trace nous conduit, دو La Topographie décrit les lieux: Voyons-la dans ces hôpitaux où elle pratiquoit fes miféricordes publi» ques: dans ces lieu où fe ramaffent » toutes les infirmités, & tous les » accidens de la vie humaine; où les gémiffemens & les plaintes de ceux qui fouffrent rempliffent l'ame d'une trifteffe importune; cù l'odeur qui s'exhale de tant de corps languiffans, &c. Fléchier. دو دو La Comparaifon confifte à mettre vis-à-vis l'une de l'autre deux chofes qui fe reffemblent, foit par plufieurs côtés, foit par un feul. |