ENCYCLOPÉDIQUE,

OU

ANALYSES ET ANNONCES RAISONNÉES

DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES

DANS LA LITTÉRATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS.

A MM. les Collaborateurs et les Correspondans de la REVUE ENCYCLOPÉDIQUE, en France et dans les pays étrangers (1).,

MESSIEURS,

Au moment où va s'ouvrir la CINQUIÈME ANNÉE de nos publications mensuelles, nous espérons qu'en appréciant le plan et le but de cet ouvrage périodique, qui est maintenant répandu dans toutes les contrées du monde civilisé, et qui compte un nombre toujours croissant de lecteurs choisis dans la classe des amis éclairés des sciences

(1) Voyez, ci-dessus, T. I (1819), pag. 18-24; T. V (1820), pag. 5-14 ; T. IX (1821), pag. 5-25; et T. XIII (1822), pag. 5-18.

et de l'humanité, vous continuerez d'y déposer les fruits de vos méditations, de vos lectures et de vos recherches.

Comme les Prospectus que nous publions, au commencement de chaque année, ont seulement pour objet de rappeler à l'attention du public une entreprise dont le succès est déjà consacré par des résultats positifs, et par d'honorables suffrages, il est peut-être utile de reproduire ici quelques observations qui serviront à mieux déterminer la nature des communications que nous désirons obtenir.

Les RÉDACTEURS de la REVUE ENCYCLOPÉDIQUE ont lieu d'être satisfaits de l'accueil que leur ouvrage a reçu, depuis quatre années, dans le monde savant et littéraire. Cette entreprise, dont les fondateurs ont tâché de prendre habituellement pour guides les inspirations et les conseils d'une douce philantropie et d'une sage modération, propres à rapprocher les hommes de tous les pays, a traversé jusqu'ici heureusement les orages politiques et les territoires des états soumis aux gouvernemens les plus opposés par leurs maximes, leur tendance et leurs intérêts. Les républicains d'Amérique et les seigneurs féodaux du nord de l'Europe, les hommes publics et les simples particuliers, les hommes instruits et les hommes du monde, les femmes elles-mêmes, dont l'esprit ne paraît quelquefois léger et superficiel, que párcé que leur éducation et leur instruction ont été incomplètes ou mal. dirigées, trouvent également une lecture solide, agréable et variée dans nos Annales de l'intelligence humaine, qui sont en même tems un Bulletin Général et Universel de nouvelles et d'annonces scientifiques, bibliographiques, ‘arehéologiques, littéraires, et une sorte de galerie ou de

panorama des nations rapprochées et comparées, dont les travaux les plus utiles deviennent l'objet d'un examen impartial, et souvent approfondi. La règle constante des rédacteurs, qu'ils s'attacheront toujours à suivre, est un respect profond de la vérité, et une observation scrupuleuse des convenances générales et locales : Quid verum atque decens.

Nos richesses intellectuelles sont, à quelques égards, des productions du sol de chaque pays. Les fruits de l'imagination ont aussi leurs climats, et ne se dérobent point à l'influence des latitudes; les faits naturels sont produits ou modifiés par des causes locales, propres à chaque contrée ; et comme nos sciences se composent de faits, et nos littératures des produits de l'imagination, aucun peuple, quelque bien partagé qu'il soit, ne peut être assez riche de son propre fonds, pour se passer d'un commerce d'échange.

La Revue Encyclopédique est un moyen de rendre ce commerce plus actif et plus utile à tous. Les vérités et les idées qui peuvent conduire à quelques découvertes, les faits dignes d'attention, les ouvrages nouveaux; en un mot, tout ce qui compose le domaine de la pensée, n'arrive à ce point central que pour être mis en circulation. Les distances sont franchies, le tems abrégé, les obstacles moraux ou politiques surmontés, autant qu'il est possible. Ainsi, l'instruction se répand, les arts se multiplient et se perfectionnent; et, ce qui est encore plus précieux, l'homme devient meilleur et plus digne de ses hautes destinées. L'activité naturelle de l'esprit humain, qui ne lui est pas moins nécessaire que le mouvement l'est pour Me corps, 'se trouve dirigée dans la sphère paisible des sciences, des

arts industriels, de la littérature, des beaux-arts, des pensées et des vues bienfaisantes et fécondes; ce qui la détourne indirectement de l'arène des discussions politiques du moment et de la sphère orageuse des passions.

Tels sont, MM., l'esprit et le but de notre Encyclopédie périodique et progressive, à la rédaction de laquelle beaucoup d'hommes éclairés et philantropes de tous les pays continueront sans doute à coopérer de plus en plus par d'utiles communications. Ce n'est pas seulement aux rédacteurs de ce recueil, qu'ils imposeront ainsi les devoirs de la reconnaissance : chacun d'eux, suivant la part qu'il aura prise à nos travaux, s'associera aux bienfaits de l'instruction que nous aurons pu répandre sur les points les plus éloignés. Les lieux où vous êtes, les phénomènes qu'on y peut remarquer, l'observation de l'homme et de la société, les voyages scientifiques et leurs résultats, les réunions savantes et littéraires, les mémoires publiés sous leurs auspices, les prix qu'elles proposent et qu'elles distribuent; les journaux et les ouvrages périodiques, et les faits importans qu'ils renferment, dégagés des formes ou trop techniques ou trop légères sous lesquelles ils sont produits; les progrès moraux et intellectuels, et les causes qui les déterminent, qui les accélèrent ou qui les retardent; la marche des sciences et de l'esprit humain dans toutes les directions; les fondations d'établissemens de bien public; les théâtres et l'influence qu'ils exercent sur le goût littéraire et sur le caractère moral des peuples; les notices sur la vie et les travaux des hommes distingués et utiles, etc.; tous ces objets, qui appartiennent à notre plan, attirent les regards du philantrope instruit, et n'échapperont pas aux vôtres.