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que la déesse est sûre de la victoire; et qui pourrait la lui disputer? n'estelle pas la beauté personnifiée?

Pour indiquer d'une manière allégorique que la déesse vient de quitter ses vêtemens, l'artiste a posé sur son bras gauche, l'extrémité d'une draperie qui tombe négligemment derrière elle, et dont elle tient l'autre bout dans la main droite. Le mouvement général de ceîte figure, et particulièrement celui du bras et de la main gauche, est véritablement rempli de grâces; l'exécution offre de la délicatesse et de l'habileté ; c'est enfin, dans son ensemble, une production d'un ordre très-élevé.

— Gravure. — Il est des connaisseurs qui regardent le saint Michel, de Raphaël, comme l'un de ses meilleurs ouvrages; il est certain que nulle part il ne s'est montré plus grand dessinateur. La manière dont il a fait sentir la différence de nature qui existe entre les deux êtres qu'ila représentés, l'Archange saint Michel, et le roi des ténèbres, prouve avec quelle justesse d'esprit il concevait tous ses sujets. Ce n'est pas la force corporelle de l'Archange qui lui donne la victoire, c'est celle qu'il tient de son essence divine; aussi sa tête exprime-t-elle plutôt le mépris que l'indignation, et, quoique son pied touche à peine le corps renversé de Satan, on voit que celui-ci est oppressé sous un poids dont il lui serait impossible de se dégager. Il existe fort peu de gravures de ce tableau, et la plupart sont bien loin du modèle. M. CHATILLON, élève de M. Girodet, dont l'école se distingue par une grande élévation de dessin et par l'amour des choses étudiées, a formé le projet de le graver à son tour, et sa planche, qui vient de paraitre, prouve qu'il ne s'est pas abandonné á une vaine témérité. Cette gravure est du très-petit nombre de celles où Raphaël a été rendu avec fidélité; et cependant, il était très-difficile, dans un tableau déjà bien éteint, de ne pas perdre les traces du maitre. L'empressement qu'on a mis à acheter cette estampe, et l'éloge que les connaisseurs en ont fait, sont pour M. Chatillon une récompense bien méritée.

— Lithographie. — M. AUBRY - LECOMTE vient de publier deux notvelles compositions de son maître, M. GIRODET. Ce sont deux figures de femmes entièrement nues. L'une représente Érigone livrée au sommeit que Bacchus a fait naître ; le désordre de sa pose et de tout ce qui l'entoure, dit assez de quel moyen le dieu qui préside aux vendanges s'est servi pour la seduire. L'autre nous moatre Ariadne abandonnée par l'izgrat et cruel Théséc; elle rève au bonheur, pendant que le vaisseau s'éloigne; quel rével! mais ses larmes seront essuyées, et c'est un dieu qui la consolera de la perte d'un mortel. Ces deux compositions, dans lesquelles on retrouve la délicatesse de goût et la beauté de formes que M.

Girodet met dans tous ses ouvrages, ont été lithographiées, sous ses yeux et sous sa direction, par M. Aubry-Lecomte, dont la réputation, daas ce genre de gravure, est maintenant assez bien établie pour que je sois dispensé de tout nouvel éloge.

P. A.

NÉCROLOGIE. — Andrieu (Bertrand), graveur en médailles, né à Bordeaux le 24 novembre 1761, mort le 6 décembre 1822.-Cet artiste annonça de bonne heure le talent qui l'a illustré. Ses premiers essais firent concevoir de grandes espérances, et les amateurs de l'art jugèrent qu'Andrieu ramènerait la correction et la facilité du dessin, au lieu de la bizarrerie saus imagination à laquelle on s'abandonnait trop alors. Le gouvernement chargea le jeune artiste d'exécuter les médailles relatives aux événemens les plus importans. Depuis 1814, on lui doit, entre autres, les médailles suivantes : La grande Minerve assise distribuant des couronnes; la Statue équestre d'Henri IV; La Vaccine; l'Étude; le Rétablissement du culte; La France en deuil au 20 mars. Peu de mois après qu'il eut terminé celle que le préfet de la Seine faisait frapper à l'occasion de la naissance du duc de Bordeaux, la mort vint terminer sa carrière et ses souffrances; car sa santé avait été altérée de bonne heure par des travaux trop assidus; et depuis quelque tems, elle déclinait rapide ment. Il laisse, comme artiste, une mémoire vénérée; comme citoyen et père de famille, des regrets douloureux, et l'exemple d'une vie sans reproche.

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- Bodard (Nicolas-Marie-Félix), ancien consul de France, né à Bayeux, au mois d'août 1757, mort à Paris, le 13 décembre 1822, se livra d'abord à la poésie, mais sans négliger les connaissances qui rendent le citoyen capable d'exercer les emplois publics. En 1792, il était chef de division à la caisse de l'extraordinaire, et quelque tems après, il fut nommé vice-consul à Smyrne. Chargé de demander au gouvernement turc la réparation de plusieurs avanies essuyées par le commerce français, il remplit cette mission avec succès, et à son retour de Constantinople, il visita la Grèce. Nommé d'abord commissaire civil à Naples, lorsque les Français occupèrent cette ville, en 17 il fut ensuite envoyé à Gènes, avec la double fonction de consul et de chargé d'affaires. Il s'y fit estimer dans les tems les plus difficiles, par la plus scrupuleuse intégrité, et chérir par sa bienfaisance. Lorsque Gènes, réunie à la France, perdit ainsi son existence politique, Bodard renonça aux emplois publics, pour se livrer aux douceurs de la vie privée, à la bienfaisance et à la littérature. Outre quelques poésies fugitives, on lui doit les pièces de théâtre dont voici les titres : le Rival par amitié; Arlequin T. XVII.-Fév, 1825. 29

roi dans la lune; le Duc de Monmouth; Pauline et Valmont, jouée au théâtre Italien, en 1787.

Маспав. - La mort vient d'enlever aux sciences, et particulièrement à celle de l'éducation, à l'amitié, à une fille unique et désolée qu'il chérissait, un des hommes les plus distingués de l'Europe par le caractère et la force de ses conceptions, et par son zèle ardent pour le perfectionnement de la civilisation.

Le docteur Henry Grey-Macnab est mort à Paris, le 3 février, à 11 heures du matin, à l'âge de 62 ans. Son corps a été déposé dans le cimetière de l'Est. Ceux de ses nombreux amis qui en ont été informés s'y sont réunis, et, après les prières accoutumées de la liturgie angli. cane, M. Laffon-Ladebat, avec l'accent et le trouble d'une vive douleur, a prononcé un discours dans lequel nous puiserons les détails suivans: ‹ Le docteur Macnab, né en Angleterre, d'une famille écossaise, et d'une de ces tribus antiques que l'honneur, la loyauté et des mœurs patriarcales distinguent, fut le disciple et l'ami du docteur Reid. Né avec une tête forte et un cœur ardent, toutes les études qui ont pour objet le perfectionnement et le bonheur de l'espèce humaine, fixèrent ses méditations et ses travaux. Retenu onze ans en France comme otage anglais, sous Buonaparte, il obtint de résider à Montpellier. Ces onze années furent consacrées à étendre ses connaissances sur l'art de guérir, sur l'éducation, sur l'économie politique. Il rendit à la ville de Montpellier des services signalés. Il cessait de se croire étranger, partout où il pouvait exercer sa bienfaisance et ses vertus.

» Rendu à ses travaux, occupé de la fille unique et chérie qui lui restait, il a publié plusieurs ouvrages sur diverses parties de l'éducation. Il a communiqué à divers membres du parlement d'Angleterre, des observations importantes sur le projet de bill présenté à la chambre des communes par M. Brougham, sur l'éducation publique. Feu S. A. R. le duc de Kent l'avait nommé son médecin particulier. Ce prince, que l'Angleterre regrette, l'honorait de toute sa confiance.

» Le docteu lacnab préparait un ouvrage complet sur toutes les branches de l'éducation. La raison, ce don sacré fait à l'homme par le créa ́teur de l'univers, éclairée par la religion, était la base de son plan. Tout s'enchaînait dans son système, depuis les premières sensations de l'enfance, jusqu'au développement successif de toutes les connaissances utiles au perfectionnement et au bonheur de l'homme. Il se proposait de diriger lui-même l'application et l'expérience de son système, dans un grand établissement qu'il espérait pouvo`r fonder à Londres. »

D

Gois. (Étienne-Pierre-Adrien), professeur à l'École royale des

beaux-arts, et membre de l'Institut, est mort à Paris, le 3 février, à l'âge de 92 ans. Ses obsèques ont eu lieu dans l'église Saint-Germaindes-Prés, en présence d'un grand nombre d'amis et d'une députation de l'Institut. Peu d'artistes ont fourni une carrière aussi longue que M. Gois : 50 années de professorat et une multitude de compositions sont des titres incontestables à la reconnaissance publique. Ce vénérable vieillard laisse un successeur digne de lui dans M. Gois son fils, connu depuis long-tems par des monumens considérables, entre autres, par le groupe de la Descente de croix qu'on a vu au salon de 1819, et qui est placé aujourd'hui dans l'église de Saint-Gervais, et, tout récemment, par un mausolée en l'honneur du duc de Berri pour la ville de Lille.

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1. 11, der Morgenblat, lisez : das Morgenblatt,

P. 412,

1.

2.

3.

CONTENUS

DANS LE CINQUANTIÈME CAHIER.

FÉVRIER, 1823.

I. MÉMOIRES, NOTICES ET MÉLANGES.

Notice sur la république d'Andorre.

A. L. 221

Sur l'état de la législation relative à la traite et à l'esclavage des Noirs.

Sur le roman historique de mœurs.

T. 228

F. Bodin. 252

4. Sur les nouvelles méthodes pour l'enseignement de la musique.

Francœur. 241

II. ANALYSES D'OUVRAGES.

5. Des monstruosités humaines, par M. Geoffroy-Saint-Hilaire.

F. Cuvier, 246

6. De la manière de fonder et de diriger une institution balneosanitaire. (Ouvrage italien.)

C. J. L. 255

7. Exposé du droit public de l'Allemagne, par E. H. de S.

A. Taillandier. 256

G. 267 Lanjuinais. 272

8. Considérations sur Haïti, par Desrivières-Chanlatte. 9. OEuvres de Necker. (Deuxième article.) Examen critique des Considérations de Mme de Staël, par

10.

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Artaud. 282

E. A. Jullien. 296

4. Dz. K. 506

III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de 83 ouvrages, français et étrangers.

313

IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES.
Groenland.-Antilles.-États-Unis.-Pensylvanie. 594

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