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III. BULLETIN

BIBLIOGRAPHIQUE. LIVRES ÉTRANGERS (1)..

AMÉRIQUE.

ÉTATS-UNIS.

87. (*) Report on the roads, etc. - Rapport sur la confection et l'entretien des routes dans les États-Unis, lu au sénat. New-York, 1822. Ce rapport mérite à plusieurs égards l'attention des ingénieurs. On n'y trouvera point, il est vrai, de procédés nouveaux, ni de ressources inconnues aux ingénieurs français et anglais; mais il fournira de bons matériaux pour la statistique des États-Unis, et apprendra comment on peut mettre de l'économie dans les travaux publics, même dans un pays où la main d'œuvre est beaucoup plus chère qu'en Europe. Le rapporteur a mis à profit l'ouvrage de M. M. Adam, sur les chemins d'Angleterre, qui a été réimprimé à New-York. Get ouvrage était déjà connu de nos ingénieurs, et les procédés qu'il indique avaient été comparés aux méthodes françaises: les discussions importantes auxquelles cet examen a donné lieu, ne tarderont pas à être rendues publiques, et nous nous einpresscrons d'en faire connaître le résultat.

88 (*) - Le Propagateur haïtien, journal politique et littéraire, rédigé par plusieurs Haïtiens. Port-au-Prince, île d'Haïti. - Ce journal paraît le 1er et le 15 de chaque mois; le prix de l'abonnement est de 20 gourdes par an; 12 gourdes pour 6 mois; 7 gourdes pour 3 mois. On s'abonne chez Delille-Laprée; les lettres et paquets doivent être adressés francs de port.

L'apparition de ce journal est un phénomène digne d'être observé, à son origine, dans ses progrès, dans sa durée. Des circonstances heureuses, mais fugitives, auraient pu le faire naître; quelques hommes isolés pourraient soutenir pendant quelque tems son existence et son éclat : s'il se maintient, c'est qu'il est un produit de l'esprit national, c'est que

(1) Nous indiquerons par un astérisque (*) placé à côté du titre de chaque ouvrage, ceux des livres étrangers ou français qui paraîtront dignes d'une attention particulière, et dont nous rendrons quelquefois compte dans la section des Analyses.

Haïti cultive avec succès les lettres et les arts, sans obtenir que certaines / gens cessent de la regarder comme étrangère à la civilisation. Le prospectus de ce journal fut publié au mois de mai 1822. Nous ne connaissons encore que les six premiers numéros, dont chacun mériterait une mention particulière. Le prospectus même peut être regardé comme une partie de l'ouvrage, et ce n'est pas la moins digne de notre attention. On y trouve d'abord un tableau de la situation de l'ancien et du nouveau monde, tableau dans lequel notre vieille Europe n'est pas flattée. Si cette peinture est fidèle, nous ne gagnerions pas plus, nous autres Européens, à être observés de loin, qu'à être vus de près. En Amérique, on est surpris que les rédacteurs républicains n'aient pas jugé la tentative insensée d'Iturbide comme on la juge en Europe, et qu'ils aient présumé qu'un imitateur de Bonaparte ou de Christophe pût faire le bonheur du Mexique. Le gouvernement des États-Unis est loué convenablement, quoique la prospérité de ce pays soit exagérée, et qu'il ne faille nullement s'attendre à l'accomplissement d'une prédiction exprimée dans ce prospec tus, qu'à la fin du siècle, les états de l'Union contiendront 120 millions d'habitans. Le premier et le second cahier sont remplis, en grande partie, par une histoire très-bien faite de la réunion de la partie espagnole de Saint-Domingue, et des observations très-justes sur les résultats de cette formation d'un état unique, et sur les garanties qu'elle donne à l'indépendance haïtienne. Après le récit des trois négociations infructueuses, essayées pour engager les Haïtiens à reprendre leurs fers, l'au teur s'exprime ainsi : « Lès destinées des peuples sont dans le sein de dieu et de l'avenir, et la sagesse humaine lit difficilement à travers le voile qui les couvre. Si le Tout-Puissant a décrété que le nom du peuple haïtien serait rayé du livre de vie, que son auguste nom soit béni; nous nous inclinons avec un respect égal devant les signes de sa miséricorde, ou les châtimens de sa justice. Mais nous ne désespérerons ni de sa bonté, ni de sa protection, tant que nous lirons dans notre âme et dans la nature qu'il est notre père, et que nous sommes ses enfans: nous croirons étre invincibles, tant que l'esprit d'orgueil et de vertige présidera les conseils de nos ennemis, tant que l'énergie de notre volonté, l'élasticité de nos muscles et les battemens de notre cœur nous avertiront que nous sommes des hommes: nous le serons, tant que nos mornes conserveront leur escarpement, nos plaines leurs haliers impénétrables pour d'autres que pour nous, tant que le soleil tropical nous conservera les faveurs de ses rayons paternels, et dardera ses fureurs au visage de nos ennemis. » Dans les autres numéros, il semble que les rédacteurs attachent trop d'importance aux discussions de notre tribune, et surtout aux écrits des

anciens colons. Heureusement, ils ne les connaissent pas tous; car, s'ils en avaient le recueil sous les yeux, ils renonceraient à les réfuter, dans la crainte d'être condamnés à les lire. Cet arsenal de brochures est très-inoffensif; que les Haïtiens cultivent en paix leurs champs, les lettres et les arts de la paix, tant qu'ils n'auront pas d'autres ennemis à redouter. Quant aux attaques d'une autre nature, l'expérience du passé les tiendra suffisamment avertis; s'ils se laissent prendre au dépourvu, ce ne sera pas la fortune ou leurs destinées qu'ils devront accuser. — - N'attristons pas nos lecteurs par les horribles détails des supplices auxquels de malheureux nègres furent condamnés à la Martinique, en 1815. Que des juges aient pu condamner une mère à être témoin de la mort de son fils; que des femmes aient été envoyées aux galères, etc., ces extravagantes atrocités ne peuvent être reprochées à des Français. Les hommes capables de tels forfaits n'appartiennent à aucune nation; ils sont Colons. - Dans le sixième cahier, l'écrit de M. Sévigny, intitulé: Mémoire sur le rétablissement des rapports politiques et commerciaux entre la France et Saint-Domingue, est discuté avec sagesse, étendue et clarté. On indique les vérités que ce mémoire contient, et ce qui manquait à l'auteur pour traiter avec plus de succès le sujet dont il s'est occupé. Tirons d'une autre dissertation, quelques passages qui nous concernent, et qui peuvent faire naître quelques pensées utiles. « L'imagination de cet homme qui fut pendant vingt ans la terreur et l'admiration de l'Europe, s'arrêtait avec complaisance sur cette époque de l'âge futur, où la population anglo-américaine couvrira de nombreux habitans toutes les terres qui s'étendent du Mississipi aux lacs du Haut-Canada, et de la mer Atlantique au grand Océan. Sa physionomie prenait l'expression de la tristesse, lorsque, se transportant par la pensée sur les plateaux du Mexique, dans les vallées des Cordilières, sur les bords de l'Amazone, il voyait des millions d'hommes y perpétuer la gloire et les souvenirs de l'Espagne et du Portugal. Si je n'y mets ordre, disait-il, la France sera bien peu de chose! Etranges effets de la faiblesse humaine! La France n'a point jeté de ́racines sur le sol américain ; elle n'y possède qu'une partie de la Guyane, établissement sans force et sans espérance. Le seul point renfermant une grande population, où dans quelques siècles sa langue sera parlée et ses usages conservés, sera l'île d'Haïti.» Nous ne perdrons pas de vue cet intéressant journal, et nous aurons, soin de mettre sous les yeux de nos lecteurs, ce que nous y aurons trouvé pour l'accroissement des différentes branches de nos connaissances. On peut déjà remarquer que le style des Haïtiens s'est beaucoup amélioré, quoiqu'il ne soit pas encore tout-à• fait correct et d'un goût bien exercé.

FERRY.

EUROPE.

GRANDE-BRETAGNE.

89. Geological survey of the Yorkshire coast, etc. — Tableau géologique de la côte du comté d'York, avec la description des roches et des corps fossiles qui se trouvent entre l'Humber et la Tees, depuis la mer d'Allemagne jusqu'à la plaine d’York; avec des dessins; par le ministre George Young, et John BIRD, artiste. Whitby, 1822. in-4° de 528 pages. Ce livre qui présente la description de terrains encore peu visités par les géologues anglais, renferme un grand nombre de faits précieux pour la science. Les auteurs paraissent d'abord assez sobres d'hypothèses, et s'appliquent plutôt à combattre les systèmes de leurs devanciers qu'à en proposer de nouveaux. Ils rejettent hardiment un grand nombre d'idées reçues et de termes consacrés. Ils ne veulent pas dire qu'une roche est ancienne ou nouvelle; ils se bornent à noter qu'on la rencontre plus ordinairement au-dessous ou au-dessus de certaines formations : et, en effet, la première manière désigne ure hypothèse; la seconde désigne un fait. Ce que leurs opinions offrent de plus saillant, c'est qu'ils rejettent absolument l'idée reçue de formations successives; ils soutiennent que toutes les strates de tous les terrains ont été déposées simultanément; ce qui paraît être réfuté d'une manière directe par les beaux travaux de MM. Cuvier et Brongniart sur le bassin de Paris, et, en général, par les recherches de nos géologues français. On est vraiment surpris, en lisant cet ouvrage, des raisons que les auteurs donnent pour soutenir une opinion qui semble si contraire à l'observation. Ils ont aussi des idées fort origi nales et ingénieuses sur l'existence des fossiles, qui forme une des parties les plus intéressantes et les plus positives de la géologie. Malgré tout leur scepticisme, les auteurs de ce livre, en traitant des veines basaltiques, finissent par admettre, et d'une manière absolue, le système neptuno-plutonien de Hutton. C. C.

90. (*) — An historical and descriptive account of the steam engins, elc. - Histoire et description de la machine à vapeur, avec un aperçu des différentes manières d'appliquer ce moteur, et un appendice comprenant des patentes et des actes parlementaires relatifs à ce sujet; par M. Fred. PARTINGTON, de l'Institution de Londres. Londres, 1822. Un vol. in-8° de 292 pages, et 13 gravures. Taylor; prix, 18 schellings.

Si cet ouvrage répondait parfaitement à son titre, il serait digne d'admiration; jamais un aussi grand nombre de grands et d'importans objets n'aurait été renfermé dans un aussi petit espace. On sait combien

les descriptions d'arts sont nécessairement verbeuses et chargées de détails; et comme l'auteur s'est étendu même hors des limites de son sujet, il reste d'autant moins de pages pour la machine à vapeur. L'introduction de l'auteur contient beaucoup de cette érudition que les livres donnent, et qui n'est pas toujours de l'instruction, surtout en fait d'arts. Ainsi, par exemple, ce n'est pas dans Vitruve qu'il faut chercher l'histoire des moulins à eau; cette invention paraît beaucoup plus ancienne que les tems historiques de l'Italie, et peut-être même de la Grèce. L'histoire des moulins à vent n'est pas moins obscure ni plus certaine que celle des moulins à eau; il est probable qu'on les connaissait en Asie, où tant de connaissances et d'arts ont été perdus sous la domination des Mahometans. M. Partington eût rendu son livre plus utile, s'il l'eût composé pour les artistes seulement, ce qui aurait exigé plus de dessins et des descriptions plus étendues : il eût plus fait pour ceux qui se contentent d'une instruction superficielle, en recueillant plus de matériaux sur le continent, et en rapportant avec impartialité les perfectionnemens à leurs véritables inventeurs. Si son ouvrage était traduit en français, on ne pourrait se dispenser d'y joindre beaucoup de notes et quelques justes réclamations. F. 91.-The British empire in 1825. L'Empire britannique en 1823, ou Abrégé de la géographie britannique des quatre parties du monde, par le rév. J. GOLDSMITH. Treizième édition. Londres, 1822; Richard Philipps, in-18.

Ce petit volume renferme bien des choses: on y trouve une géographie abrégée de l'empire britannique, 7 cartes, 100 petites vues, un résumé historique de la constitution anglaise, des règles d'or pour les électeurs, les jurés, les sheriffs, des tables de statistique, etc., et, ce qui n'est pas ordinaire en Angleterre, ce volume ne coûte que 6 fr. tout relié, quoique bien imprimé. Pour des notions élémentaires il peut suffire: on y frouve même rassemblés beaucoup de détails qu'on est souvent obligé de chercher dans des ouvrages volumincux. Ce que sir R. Philipps a ajouté sur les devoirs des électeurs, des sheriffs et des jurés, ne tient pas précisément à la géographie; mais comme tout jeune Anglais peut être ap pelé un jour à exercer ces fonctions, et comme l'Angleterre ni aucun autre pays, à l'exception de l'Espagne, n'a des écoles constitutionnelles, les supplémens à la géographie de l'Angleterre ne peuvent qu'être utiles à la jeunesse anglaise. L'ouvrage du rév. J. Goldsmith me paraît susceptible de quelques corrections. Je remarquerai, d'abord, que les relevés de population, dans le cours de géographie, ne s'accordent pas avec les T. XVII.-Fév. 1823.

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