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leurs progrès devaient être présentés dans la Revue succinctement, mais toutefois de manière à faire connaître au lecteur la marche générale de l'esprit humain dans cette vaste carrière. C'est ainsi que nous avons cru devoir publier diverses observations sur l'électricité, la coloration de la mer, les aërolithes, et plusieurs articles ou rapports sur des ouvrages importans, entre autres, ceux de MM. Cuvier et Brongniart, sur la Minéralogie des environs de Paris; de M. Cuvier, sur les Animaux fossiles, et de M. Desmarets, sur le même sujet; de M. Beudant, sur la Géologie et la Minéralogie de la Hongrie; de M. de Candolle, sur la Botanique; de M. Ch. Dupin, sur Diverses applications des Mathématiques; l'Anatomie de l'homme, de M. Jules Cloquet; la Phytographie médicale du docteur Roques, etc.; enfin, quelques notices ou annonces d'ouvrages sur la fièvre jaune, cette grande plaie de l'Europe méridionale, qui a été récemment pour la France une occasion d'acquérir un nouveau titre de gloire, et sur laquelle on ne saurait jeter trop de lumières, puisqu'elle offre une question qui partage encore l'empire médical,

ont

La philosophie et l'histoire, la morale et la politique, la littérature, la bibliographie, les beaux-arts, les théâtres, eu, dans l'année, une part considérable à nos travaux. Les meilleurs écrits, dans tous les genres, ont été analysés, nous osons le dire, avec une impartialité qu'on est d'autant plus satisfait de rencontrer dans ce recueil, qu'elle devient de jour en jour plus rare partout ailleurs. La Revue, en appréciant les productions de notre école de peinture, comme les principaux drames de notre scène, a cherché, par de sages conseils mêlés à de justes éloges, à prévenir le triomphe d'un gout faux et bizarre; sans exclure ni condamner d'autres doctrines littéraires, elle a contribué à raffermir les principes, qui ont produit tant de chefs-d'œuvre. Elle a présenté à ses lecteurs l'analyse des travaux de l'Institut, et des principales

sociétés savantes, françaises et étrangères; l'établissement de plusieurs Associations littéraires du même genre, et la création de nouvelles Feuilles périodiques dans les diverses contrées de l'Europe, ont été mentionnés comme ayant une influence plus ou moins immédiate, mais très-puissante, sur l'état social et la marche de la civilisation: notre collection bibliographique s'est enrichie d'environ treize cents nouvelles annonces de livres imprimés dans tous les idiomes européens, et d'ouvrages publiés en Amérique et même en Asie.

L'Afrique n'a pas été non plus négligée. Nous pouvons citer divers articles sur le fragment précieux de l'antique Histoire d'Égypte, que le tems a respecté, et dont le zèle de MM. Saulnier et Le Lorrain ont enrichi la France; sur ce zodiaque qui a partagé le monde savant et créé tant de systèmes, dont la plupart semblent devoir être renversés par la grande découverte archéologique de M. Champollion le jeune (1).

Payer un juste tribut à la mémoire de ceux qui parcoururent avec honneur cette vaste carrière ouverte à l'esprit humain, ́et dont le génie fut une source de bienfaits pour lenr pays, est un devoir que nous nous sommes imposé, et que nous

(1) Dans le cours de l'année 1822, d'importantes découvertes ont été faites en Égypte et sur l'Égypte; et la Revue les a toutes signalées, et particulièrement les travaux de M. Champollion le jeune sur les diverses écritures égyptiennes. Il en a exposé la théorie dans une suite de Mémoires lus à l'Institut, et ce jeune savant a montré le rapport intime qui existait entre l'écriture hieroglyphique et l'écriture hiératique (celle-ci, qui est l'écriture ordinaire des manuscrits tirés des momies, n'était qu'une tachygraphie des hieroglyphes), et entre l'écriture hièratique et la démotique, ou populaire, qui est celle de l'inscription intermédiaire de la pierre de Rosette, inscription dont M. Champollion a présenté à l'Institut la lecture et l'interprétation complètes. Ces trois espèces d'écritures étaient toutes idéographiques, peignaient les idées et non les sons; mais M. Champollion a retrouvé aussi une écriture presque alphabétique, consistant en un alphabet d'hieroglyphes plionétiques; et cette décou

aving a nachenrensement à remplir trop souvent, cette am1. Fresque contes les sciences d-pierent une grande perte, a mus, žute pendant ce cract espace de tems. Bertholet, dans la chimie; Hané, dans la medecine; Hoiy, dans la muerange et la physicne: Herwhell & Delambre, dans Jastronomie: Sicard, dans la vamma re générale et la métann sime: Berwick & Canova, dans les beaux-arts : mes dames de Condorcet et de Vulette, parmi les femmes éclai– rées qui aimaient la philosophie et qu encourirea ent les letres, ont laisse des places distingures à occuper, et des nons qui ne doivent point perir.

Telle est l'esquisse beaucoup trop imparfaite des travaux de La Revue Encyclopédique, en 1819. Embrassant, dans la pensée qui lui a donné naissance, Funiversalité des faits, des observations et des écri's qui intéressent les hommes sous les divers points de vue de leur existence physique, morale, intellectuelle et sociale, il nous semble qu'elle représente bien ce grand mouvement moral, qui agite les esprits d'un pôle à Tantre.

En effet, comme le géant aux cent bras de l'antiquité, le gale de la civilisation fait ressentir partout son action puis

verte, tout recemment annoncée par la Røvar, et exposée dans la Lettre 4 M. Dacier, pubiće par M. Champollion, a jete le plus grand jour sur Fige des monumens de l'Egypte, a fait reconnaitre les noms de rois grecs et d'empereurs romains qui sont gravés sur la plupart d'entre eux, et notamment sur le celebre Zodiaque de Dendéra, où M. Champollion a retrouvé les titres imperiaux de Neron. Toutes ces découvertes sont plus que de l'érudition; et la philosophie de l'histoire en profite aulant que la science de l'antiquité, puisque l'histoire des langues et celle des divers modes de signes inventés par les peoples célèbres de l'antiquité pour manifester et fixer les pensées, est aussi un des grands chapitres de Paistoire de l'esprit humain, une des études les plus importantes, et puisque la perfection de la raison depend si positivement de la perfeëtion des signes dans l'art de penser.

sante, qui se manifesterait sans aucune violente secousse, sides résistances, souvent maladroites ou injustes, ne produisaient... dans les deux partis opposés une irritation et des excès déplorables. L'univers n'aura bientôt plus de rivages ou de déserts inconnus pour ses hardis voyageurs. Des apôtres zélés sèment la parole divine, et font flotter l'étendard de la croix jusque dans les derniers asiles de la barbarie. Des marchands industrieux font circuler sur tous les points les goûts, les usages et les produits d'un état social plus avancé. Des savans explorent la terre dans tous les sens, soumettent aux plus hardis calculs toutes les forces, à une analyse rigoureuse toutes les substances, et tour à tour sondent la profondeur des mers et l'immensité des cieux. En Egypte, un pacha rappelle par de brillantes créations les siècles des Ptolémées. Haïti voit un gouvernement, ferme autant que juste, assurer le triomphe de ses institutions et de son indépendance. De tous côtés, les écoles se multiplient, et l'enseignement embrasse plus d'objets; les journaux, cette source abondante d'instruction, et qui serait si précieuse si elle était toujours pure, pénètrent partout, même entre les sommets du Liban. Le NouveauMonde tout entier s'ouvre une carrière où l'on aperçoit des résultats immédiats et des espérances prochaines, dont l'âme est exaltée; dans l'ancien, le peuple grec s'affranchit d'un joug odieux, par des prodiges de valeur qui assurent en quelque sorte à son nom une seconde immortalité. La Russie elle-même accorde les bienfaits de l'affranchissement à des paysans trop long-tems abrutis par la servitude, L'Espagne s'arrête aux bords de l'abîme des révolutions, pour fonder l'édifice majestueux d'une constitution libre; elle se dispose à conjurer, par son imposante attitude, les orages amoncelés sur elle. Le Portugal appelle les publicistes et les jurisconsultes les plus éclairés à concourir à la confection de ses nouveaux codes, et promet d'honorables récompenses à ceux qui auront pro

posé les meilleures vues pour cette importante amélioration. La diplomatie, cette déité qui préside aux destinées des états, ne repoussera pas toujours les réclamations des peuples. La raison publique finira par triompher des obstacles que lui opposent des hommes qui suivraient eux-mêmes ses bannières, si des préjugés, des passions, des défiances injustes ne les rendaient aveugles sur leurs propres intérêts. Enfin, le règne des institutions et des lois, également favorable au pouvoir, à l'ordre public et à la liberté, s'établira sur tous les points du globe d'une manière durable, et permettra l'entier développement des facultés humaines et des élémens de la prospérité publique. P. A. DUFAU, avocat.

BEAUX-ARTS.

NOTICE sur le tableau de M. GÉRARD, représentant CORINNE AU CAP MISÈNE, par M. SCHLEGEL.

Cette Notice, qui est traduite d'un Journal des Arts publié en Allemagne, nous a paru devoir intéresser vivement nos lecteurs. D'abord, elle reproduit sous leurs 'yeux, d'une manière vivante et animée, l'un des chefsd'œuvre de M. Gérard, qui a fixé tous les regards à la dernière exposition (Voyez, ci-dessus, T. XIV, p. 486), et que la Société des amis des Arts fait graver en ce moment, avec l'autorisation de l'auteur; puis, elle est un double hommage, rendu par un littérateur allemand justement célèbre, à deux des talens supérieurs dont s'honore la France : à la femme illustre dont il fut l'ami constant et dévoué et l'admirateur sincère ; et au grand peintre, non moins distingué par l'élévation de son génie, par la pureté de son goût, que par la noblesse de son

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