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même but, moral et philantropique, dans les sphères variées à l'infini qu'il est destiné à parcourir.

D'autres personnes encore, trop promptes à juger la Revue Encyclopédique d'après son titre, et d'après les souvenirs de la grande Encyclopédie Méthodique, ont cru que notre recueil était éminemment scientifique et plus convenable aux savans qu'aux gens du monde. Nous rappellerons ici que notre REVUE, au contraire, tient le milieu entre les recueils spéciaux, rédigés par des savans de profession et pour les savans, et les journaux consa→ crés à une littérature légère et frivole. Notre pensée et notre but sont de présenter les résultats des sciences sous des formes à la fois instructives et agréables, qui les ren→ dent presque populaires, ou du moins facilement accessibles à toutes les intelligences et à toutes les classes de lecteurs. Nous voulons offrir un tableau vivant et animé du mouvement social, et des opérations variées par lesquelles l'esprit humain satisfait à ce besoin d'activité qui est dans sa nature.

Loin d'établir aucune rivalité, soit avec les journaux savans qui ont un objet spécial, comme les Annales de Chimie, le meilleur peut-être des recueils scientifiques de l'Europe, comme le Journal de Physique, les Annales du Musée d'Histoire naturelle; Annals of Philo sophy; les Annales de l'Industrie; le Bulletin de la Société d'Encouragement; la Bibliothèque Physico-économique; les Annales d'Agriculture; les Annales de la Géographie et des Voyages; le Journal des Voyages; le Journal de Médecine; la Revue Médicale; les Annales de Législation, qui paraissent à Genève; la Thémis, publiée à Paris; Literary Gazette; le Journal de la Li

brairie, etc., soit avec les recueils qui ont plus d'analogie avec le nôtre, et que nous avons déjà cités, nous contribuons à les faire connaître, ainsi que les journaux étrangers du même genre, en les annonçant dans notre Bulletin Bibliographique, et en indiquant souvent les matières qu'on y a traitées; ce qui excite le désir de les consulter.

Enfin, notre Revue Encyclopédique, comme nous l'avons déjà fait observer, est une sorte d'agent intermédiaire d'échanges et un lien commun, non-seulement entre les hommes éclairés des différentes nations, mais encore, dans chaque pays, entre les savans occupés à interroger la nature et à étendre le domaine des sciences, les praticiens qui appliquent les découvertes des savans, et le public, ou les hommes des diverses conditions de la société qui aiment à connaître les théories des premiers, et à profiter des applications faites par les seconds.

M. A. JULLIEN, de Paris.

NOTICE sur les TRAVAUX SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES, mentionnés dans la REVUE ENCYCLOPÉDIQUE, en 1822.

Au milieu de la scène mobile et changeante des événemens publics, parmi les agitations des peuples et les dissensions des rois, à travers le chaos orageux des passions qui troublent trop souvent l'intelligence, et dont les nombreux et déplorables écarts entravent la marche de la civilisation, qu'elles pourraient accélérer si elles étaient mieux dirigées, un ta

bleau consolant vient rafraîchir, reposer et distraire l'imagination.

Quelques hommes épars sur la terre, spectateurs affligés des erreurs, des fautes et des crimes qui font gémir l'humanité, sans autre puissance que leur pensée, sans autre mobile que l'amour du bien public et l'espoir d'une bonne renommée, douce et souvent tardive récompense accordée à leurs veilles laborieuses, élèvent lentement le vaste édifice des connaissances humaines. Chaque année, chaque siècle voient leurs paisibles travaux en agrandir les imposantes proportions.

A mesure que les connaissances se répandent, leur action change insensiblement la face du monde : elles introduisent dans les rapports sociaux le droit à côté de la force; elles placent ensuite la force au-dessous du droit, en soumettant les résultats de notre organisation matérielle, ou l'activité impétueuse des passions, à la puissance de la pensée, ou de notre principe immatériel.

«L'ENTENDEMENT, dit Bacon, est le principe commun des connaissances. » — « Leur BUT commun, dit un écrivain qui a consacré plusieurs chapitres d'un Essai sur les moyens d'imprimer une meilleure direction aux sciences, à une analyse raisonnée des ouvrages du philosophe anglais, est la conservation, le perfectionnement et la félicité de l'homme individu et de l'espèce humaine, ou l'amélioration de la condition humaine (1). »

Considérer les sciences et les arts dans leur ensemble, pour en déduire les résultats favorables aux progrès de la civilisa

(1) Voyez le TABleau Synoptique des Connaissances Humaines, d'après une nouvelle méthode de classification, par M. M. A. JULLIEN, dans son Esquisse d'un ESSAI SUR LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES. Paris, 1819, un vol. in-8°, 56 pages, avec le Tableau synoptique. Baudouin frères.

tion, fut toujours le noble but des esprits spéculatifs de toutes les époques et des vrais philosophes. A mesure que, dans les tems modernes, la découverte de grandes vérités et l'obser vation de faits nouveaux ont étendu le domaine de l'intelligence, cet examen est devenu plus important, mais aussi moins facile. En effet, d'une part, il était nécessaire de ramener à l'objet réel et général des sciences l'esprit perdu dans les détails; et de l'autre, ces mêmes détails, multipliés à l'infini, rendaient cette tâche plus pénible. Ce qu'Aristote et Bacon purent faire pour leur tems avec quelque succès, exige maintenant le concours des travaux et des efforts d'un grand nombre d'hommes instruits.

Là se trouve comprise tout entière la pensée qui a créé la Revue Encyclopédique: cette pensée, noble héritage transmis par Bacon, était essentiellement généreuse. On a pu se promettre les plus heureux fruits d'un ouvrage périodique, rédigé d'après cette première conception, dans une langue qu'on peut appeler universelle, et par une réunion d'hommes distingués dans tous les genres: ouvrage qui a déjà commencé à parcourir la chaîne de nos connaissances, à multiplier les relations entre elles, à fortifier l'appui mutuel qu'elles doivent se prêter, à recueillir et à faire connaître sommairement les faits, les inventions et les écrits susceptibles de concourir au bonheur des hommes, à créer enfin une patrie commune pour les savans et les philantropes de tous les pays.

On ne doit pas s'étonner, si tout ce qu'il est permis d'at tendre d'une pareille entreprise n'a pu encore être obtenu qu'en partie. Il a fallu vainere des obstacles de tout genre, des préventions opiniâtres, des oppositions malveillantes, et sur tout cette sorte de tiédeur et d'apathique indifférence avec lesquelles beaucoup d'individus accueillent trop souvent un ouvrage, qui, s'élevant au-dessus de la sphère des préjugés et des passions d'un siècle, a spécialement en vue le triomT. XVII.-Janv. 1823.

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phe de la cause de tous les siècles, celle de l'humanité et dé la civilisation.

Si le succès de ce recueil avait été très-rapide, on aurait pu l'attribuer à quelques circonstances momentanées, à l'influence éphémère de quelques coteries, et craindre qu'il ne fût point durable. C'est dans un intervalle de quatre années qu'il a obtenu peu à peu, par des progrès d'abord lents et insensibles, mais continus et toujours croissans, le rang le plus honorable parmi les ouvrages périodiques les plus ac→ crédités dans l'Europe savante et littéraire. Il jouit surtout d'une haute estime dans l'étranger, chez les peuples où la pensée est en général plus grave et plus forte.

L'esquisse des travaux mentionnés dans notre Revue, pendant l'année qui vient de s'écouler, va prouver que ce recueil marche droit à son but; qu'il est, de plus en plus, encyclopédique, et à la fois national pour la France, européen, cosmopolite, et qu'on peut y faire, en 1822, une moisson de faits et de notions d'un grand intérêt, plus abondante encore que dans les années précédentes.

Les considérations qu'on vient de lire nous tracent l'ordre à suivre dans cette Notice. Il nous paraît naturel de porter successivement notre attention sur les divers points qui doi~ vent entrer dans cet examen, suivant qu'ils se rapportent plus immédiatement à l'objet réel de nos travaux.

Le CHRISTIANISME, compris dans sa pureté primitive, dans sa charité bienveillante, dans ses nobles espérances, associé aux lumières modernes, comme un puissant moyen d'amélioration morale des hommes et d'avancement des sociétés, doit attirer d'abord nos regards. La Revue s'est ́attachée à recueillir ses progrés dans des contrées où règne encore la barbarie, comme dans celles qui commencent la civilisation. Avec cet esprit de tolérance qui caractérise véritablement l'institution évangélique, elle a fait connaître le zèle des hom

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