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RAPPORT

SUR

LE CONCOURS DES MÉDAILLES D'ENCOURAGEMENT

(CLASSE DES SCIENCES);

Par M. le Dr D. CLOS.

Lorsque, à la date d'un quart de siècle, l'Académie, élargissant le cadre de ses travaux, appelait à elle, par l'institution de nouveaux concours, tous les chercheurs en quête de découvertes dans les sciences, les lettres, les arts et l'industrie, elle obéissait d'instinct à cette impulsion devenue de jour en jour plus impérieuse, la vulgarisation de tout ce qui, à un degré quelconque, peut être dit bon, utile et beau. Les nombreux lauréats qu'elle a eu depuis la bonne fortune de pouvoir inscrire sur ses listes d'honneur ont prouvé qu'elle avait été heureusement inspirée. Pourquoi faut-il que cette progression, longtemps ascendante, ait subi un temps d'arrêt? L'an passé, votre rapporteur pour la classe des sciences se plaignait déjà de la pénurie du concours cédant à un sentiment de douce illusion, il croyait en trouver la cause dans l'attraction générale exercée par la grande exhibition. Avons-nous bien le droit d'invoquer encore cette excuse aujourd'hui pour un bilan tout aussi restreint? Vous en jugerez, Messieurs, par les résultats du concours que je vais avoir l'honneur de retracer devant vous.

Les modestes récompenses décernées par l'Académie sont accessibles à tous les investigateurs, à la condition que leurs découvertes méritent réellement ce nom, que leurs travaux

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suffisamment mûris et élaborés aient une réelle valeur. Or, ne semble-t-il pas que les instituteurs des campagnes, ces utiles pionniers appelés à y répandre les plus saines notions, soient, par leurs fonctions,.naturellement désignés pour exhumer et mettre au jour une foule d'objets intéressants à divers titres? Les Académies de province ne sauraient trop les y encourager, tout en réservant leurs distinctions pour les apports sérieux. Mais on cherche en vain ce caractère dans le seul envoi dû à un de ces fonctionnaires d'un département voisin, au point même que la Compagnie a jugé à regret devoir en taire le nom (1).

Nous retrouvons cette année, parmi nos concurrents, un des correspondants de l'Académie, déjà plusieurs fois récompensé par elle pour des travaux d'intérêt local. M. le docteur Rascol, de Murat (Tarn), a voulu cette fois nous donner une idée de la végétation de son canton, déterminé surtout par cette considération que la Florule du Tarn, de MM. de Martrin-Donos et Jeanbernat, semble avoir trop délaissé ce point du département; l'entreprise était louable et a priori pleinement justifiée; si le résultat n'a pas tout à fait répondu à notre attente, l'Académie n'en sait pas moins gré au praticien de campagne qu'absorbe une fatigante clientèle, et qui n'hésite pas à dérober quelques instants au profit de l'histoire naturelle. Le travail de notre zélé correspondant, bien que déparé par de légères incorrections et même par quelques erreurs de fonds, pourra servir de premier jalon pour des études ultérieures, et la Compagnie remercie l'honorable M. Rascol (2).

L'exploration des cavernes, longtemps négligée, a été, surtout depuis un tiers de siècle, une source féconde de découvertes pour les paléontologistes. Ces nouveaux filons sont bien loin d'être épuisés, et M. Barnier, ingénieur des ponts et chaussées, à la suite des fouilles dans quelques grottes de l'Ariège, vous a soumis avec des poteries et deux pointes de flèches, l'une en bronze l'autre en fer, des ossements divers d'animaux et notam

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ment le crâne entier et la mâchoire inférieure d'un grand ours des cavernes. La Compagnie a cru devoir récompenser ces recherches, en accordant à leur auteur une médaille d'argent de deuxième classe (1).

La vérification de la stabilité des voûtes est à coup sûr un des problèmes les plus importants parmi ceux que la science a mission de résoudre. Un autre ingénieur du même corps, M. A. Durand-Claye, en donnait en 1867 une nouvelle théorie, précisant le rôle des courbes des pressions et indiquant quelles sont les courbes compatibles avec l'équilibre et avec une résistance donnée. Mais, ajoute votre rapporteur spécial (2), l'exposition de la théorie exige l'emploi de formules d'algèbre qu'il est nécessaire de traduire en nombres.

M. Cunq, conducteur des ponts et chaussées, chef de section du chemin de fer du Midi à Tarbes, a fait voir que, par des procédés graphiques, on arrive aisément aux applications les plus utiles. A l'aide d'un certain nombre de points calculés, il a tracé les courbes de pressions qui, par leur continuité, représentent tous les points non déterminés d'avance. »

L'Académie, appréciant toute l'étendue de ce travail, fruit de nombreux calculs, n'hésite pas à décerner à l'auteur une médaille d'argent de première classe.

Je regrette, non certes pas pour mes auditeurs, mais bien pour l'Académie, de limiter à ces quelques lignes le rapport sur le concours des médailles d'encouragement en 1879. Il est permis d'espérer que les curieux, ou mieux les scrutateurs de la nature, détournés un instant de leurs paisibles travaux par l'irrésistible afflux de toutes choses et de toutes les idées vers le Nord, reprendront avec ardeur les études locales. La Montagne-Noire et nos Pyrénées appellent instamment leurs investigations; roches et strates géologiques à reconnaître, êtres vivants ou fossiles, monuments de tout genre, médailles, monnaies, inscriptions à déterminer, n'y a-t-il pas là tout un monde de problèmes, autant de trésors à tenter ceux dont la vie se con

(1) Rapporteur spécial, M. Filhol.

(2) M. Brassinne.

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sume dans de frivoles loisirs, et ces hommes d'études et de devoir qui, en dehors de leurs travaux professionnels, ont la noble ambition de se rendre utiles? La Compagnie leur adresse, comme à ceux qui sont entrés déjà en relations avec elle, un pressant appel. La science dans sa marche indéfiniment perfectible réclame le bon vouloir et les efforts de tous; un des principaux rôles des Académies est de susciter et de concentrer ces synergies d'actions. Notre Compagnie peut être fière des résultats obtenus depuis la création de ses médailles d'encouragement; elle espère, elle est presque assurée que le zèle des chercheurs, un moment assoupi, reprendra un nouvel essor, et que les concurrents futurs prouveront bien des fois encore et par leur nombre et par l'importance des produits, l'utilité de cette institution.

RAPPORT

SUR

LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1879

(CLASSE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES);

Par M. ROSCHACH.

Dans le courant de l'année académique, la classe des inscriptions et belles-lettres a reçu dix-sept communications pouvant concourir, suivant les dispositions particulières du règlement, les unes à la médaille d'or, les autres aux médailles d'encouragement d'argent et de bronze.

Vous me pardonnerez de ne pas chercher, par des transitions forcées, à établir un lien entre des ouvrages qui n'en ont pas. Ce que l'art pourra perdre à une ordonnance moins apprêtée, la brièveté le gagnera.

Les communications d'objets archéologiques n'ont pas beaucoup d'importance. M. Barnier, ingénieur à Carcassonne, nous a remis quelques armes primitives de pierre ou de bronze et quelques fragments de poteries appartenant à des époques très-diverses; M. Delorme, quelques monuments céramiques recueillis à Constantine, deux jolis types de brique émaillée de fabrication. hispano-moresque et des monnaies et médailles du seizième siècle sans grande rareté, mais accompagnées de reproductions photographiques et de notes soignées. Son envoi comprend encore un marbre épigraphique trouvé à Toulouse, et qui paraît être un fragment, malheureusement très-incomplet, d'un monument votif consacré à Mercure par un ancien fermier des dimes

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