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termes qui s'expliquent d'eux-mêmes; enfin, la conjonction, ainsi appelée parce qu'elle sert à l'enchaînement des pensées; elle-même le signe d'une pensée, elle clôt la série des abréviatives, et aussi la série des mots.

Tels sont les matériaux du langage, qui répondent aux besoins et aux aspirations de l'esprit humain, soit qu'il demeure dans le monde sensible, soit qu'il s'élève dans le monde idéal.

De l'esprit des mots nous passons maintenant à leur substance, aux sons et aux articulations dont ils se composent. Notre alphabet est le même que l'alphabet

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Ces deux éléments de la parole, voyelles et consonnes, répondent aux deux idées élémentaires, objets et actes. Comme l'acte anime l'objet qui le soutient, de même la consonne vivifie la voyelle; et toutes deux concourent à imprimer au mot son caractère, en tant que signe d'une idée.

Les voyelles a, e, i, produisent un son grave, un son

GOZI, II SE HF repondant aix de la famille Lumaine, de Narome, de la imme. de Tenfizi; 0, 1, répondent aux voix pès fortes de la mare: pour les proférer, la bouche Lumaine sort de sa position maturelle; l'y n'est qu'un autre i.

Comme les voyelles o les hacies, de même les consonnes s'accordent avec les actes respectifs, chacune ayant son caractère, qu'il est d'ailleurs plus facile de sentir que de déterminer. Dans ces deux faits git le secret de l'imitativité des mots, de leur aptitude à rappeler à l'esprit l'idée de l'objet et acte. L'attribution de certaines consonnes à certaines voyelles, dans l'arrangement de l'alphabet, est aussi d'accord avec la loi d'harmonie, les consonnes étant justement assignées à leurs voyelles respectives. Le rang que prennent les consonnes sous leurs voyelles n'est pas non plus arbitraire: ainsi, la première ligne présente des consonnes alliées, b et p, fet v, j et z, toutes prononcées de la partie antérieure de l'organe vocal; la seconde ligne nous offre les gutturales, s'accordant en caractère et en force avec leurs voyelles; puis viennent les articulations diverses, le d et son allié let terminant leurs séries respectives.

De plus, les lettres qui figurent aux yeux les voyelles et les consonnes sont aussi emblématiques que sauraient l'être d'aussi simples caractères. Elles aussi sont d'après nature. Les lettres-voyelles ont l'air de corps inertes;

elles ont pu être dessinées d'après la bouche vue de face ou de profil. Les lettres-consonnes ressemblent à des membres en action; elles doivent avoir été dessinées d'après des objets particulièrement associés avec leurs actes respectifs, et plus d'une révèle son caractère à l'œil nu. Ainsi, comme l'objet et acte avait suggéré le mot, il suggéra les lettres qui le figurent. Dans les hiéroglyphes, ces images de pensées, le dessin et l'écriture ne font encore qu'un; ils précédèrent l'écriture alphabétique et y conduisirent.

Telle est la loi d'imitation qui a façonné les matériaux du langage, et qui se manifeste encore dans beaucoup de mots, les signes fidèles d'objets et actes naturels. Mais, si tant de mots semblent au contraire étrangers à leur idée, c'est à cause des vicissitudes qu'ils ont subies avant d'arriver à leur état et à leur sens actuels. Les mots, il ne faut par l'oublier, changent comme le reste. Nous les combinons, contractons, modifions, défigurons. Ils passent d'une langue à une autre, imposés par la force, empruntés par la nécessité, ou adoptés par le caprice; et, en se naturalisant à l'étranger, ils perdent plus ou moins de leur caractère natif. Enfin, quand l'objet et acte, muet ou immatériel, ne suggère pas son mot aux faiseurs de mots, l'oreille et la bouche, l'esprit, résolu à réaliser son idée, emprunte pour elle le signe d'une autre idée ayant avec elle quelque association; et, après qu'un

le nommer; il peut se nommer lui-même, exprimer ses conceptions aussi bien que ses perceptions, le visible comme l'invisible.

La famille des mots semblerait maintenant complète. Mais, bien que l'esprit puisse tout dire, il veut encore le dire avec plus de brièveté. En conséquence, nous avons, pour des idées et des pensées de retour fréquent, des messagers laconiques qui rivalisent de vitesse avec l'esprit lui-même, comme la sténographie avec la parole: ce sont les abréviatives. Ainsi, les relations de position, actes qui demanderaient des verbes, sont exprimés par la préposition, par de simples racines, répondant bien à l'acte abstrait, sans concomitants; les circonstances d'un acte ou d'un attribut, qui exigeraient une préposition, un nom, et un adjectif, sont rendues par l'adverbe, où ces trois mots sont fondus en un seul ; pour exprimer assentiment ou dissentiment, l'affirmative et la négative, simples monosyllabes, font l'office d'une proposition; pour éviter de rompre le fil du discours, un pronom devient la continuative; enfin, pour exprimer ces opérations de l'esprit au moyen desquelles nous passons dans le discours d'une pensée à une autre, un mot, la conjonction, souvent un monosyllabe, remplace une proposition. Et ainsi le dernier effort de l'esprit resserre un raisonnement dans la conjonction, comme le premier effort du cœur a renfermé un sentiment dans l'interjection.

De cette idéologie du langage résultent les définitions

suivantes :

L'interjection exprime des émotions;

Le pronom désigne les objets ;

L'article désigne les objets que le nom nomme;

Le nom nomme les objets ;

L'adjectif exprime les attributs des objets ;

Le verbe exprime les actes;

Et l'abréviative équivaut à un ou plusieurs autres .mots.

À ces définitions il convient d'ajouter quelques remarques sur les noms des mots, et l'ordre qui leur est assigné.

L'interjection, germe du langage, et à elle seule un langage, occupe justement la première place. Jetée dans la phrase, mais sans en être une partie logique, elle a été bien nommée l'interjection.

Le pronom ouvre ensuite la série des parties du discours, comme le désignateur de l'objet, qui est lui-même le point de départ de la pensée. Le pronom représente les trois personnages du drame de la conversation, le parleur, l'interlocuteur, et le tiers. C'est leur nom pour la circonstance, qui ne saurait être remplacé par leur nom hors de la scène. De plus, le pronom de la troisième personne sert souvent dans le discours soutenu à redésigner un objet déjà nommé. Ainsi, employé comme nom, ou au

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