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l'humanité se divise en nations, de même le langage se divise en idiomes; et, simultanément avec les nations, les idiomes croissent, déclinent, et se transforment. De plus, comme le style est l'homme même, la langue est aussi le peuple; et c'est ainsi que l'étude comparée des idiomes et des littératures nous dévoile, et si intimement, ce que les sociétés humaines sont ou ont été.

La grammaire est la science du langage: elle traite des idées et des mots, de la pensée et du discours; elle explique la lettre par l'esprit. Générale ou particulière, elle expose les lois fondamentales du langage, ou elle considère les formes et la phraséologie propres aux idiomes.

Le germe du langage réside dans ces cris spontanés par lesquels l'homme rend ses émotions. Là nous trouvons l'objet par excellence, l'âme, le moi, et l'acte par excellence, son émotion, unis dans une note du cœur, l'aînée de la famille des mots, et le premier langage de l'homme enfant, l'interjection.

C'est de là qu'est sortie la langue de l'esprit à laquelle nous arrivons; du sentiment nous passons à la réflexion.

L'esprit, miroir du monde matériel et du monde moral, le témoin de ce qui se passe en lui-même, perçoit simultanément, et dans leur ensemble, l'objet et son acte. Cette perception est la pensée naissante, que nous développons en

exprimant ces idées séparément, mais comme parties d'un tout. Signifiées par la parole, ces idées deviennent mots : l'idée d'objet, le pronom; l'idée d'acte, le verbe : la pensée ainsi exprimée devient la proposition, l'assertion d'un fait.

Idées d'objets, idées d'actes, tels sont les deux éléments constitutifs de la pensée. Réduit cependant au pronom et au verbe, le discours n'aurait été qu'un procédé lent et monotone, ne convenant guère qu'aux objets sensibles et aux actes présents. Mais, par un nouvel effort de l'esprit, la pensée se contracte en une idée, l'attribut; la proposition en un mot dérivé du verbe, l'adjectif: et pour exprimer les objets, les attributs, et les actes, nous possédons le pronom, l'adjectif, et le verbe.

Et maintenant le pronom et l'adjectif se combinant nous donnent encore deux sortes de mots. Dans cette combinaison, le pronom, devenu l'article, désigne encore l'objet; tandis que l'adjectif, devenu le nom, le spécifie par un attribut caractéristique, subissant d'ordinaire quelque changement dans cette transformation, prenant souvent une désinence générique et ainsi l'article et le nom doivent être regardés comme primitivement dérivés, l'un du pronom, l'autre de l'adjectif, dérivé lui-même primitivement du verbe. Pourvu de ces moyens, l'esprit peut désormais prendre son essor au delà de la sphère des sens. Concevant l'attribut comme un objet, il peut

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qui demandertien des veries, son exprimes par la prépraition, par de singles rames, repontano tiem à l'acte dxtrút, va exemina; les dansare da acte on &'m saint, çi ergerdien me reposic, m 14, et un ajagai sont rendnes par adverte, où ces tros mots sont fondos en un sec: pour exprimer assentiment ou dissentiment, l'affirmative et la négative, simples monosyllabes, font l'office d'une proposition; pour éviter de rompre le fil du discours, un pronom devient la contimuative; enfin, pour exprimer ces opérations de l'esprit au moyen desquelles nous passons dans le discours d'une pensée à une autre, un mot, la conjonction, souvent un monosyllabe, remplace une proposition. Et ainsi le dernier effort de l'esprit resserre un raisonnement dans la conjonction, comme le premier effort du cœur a renfermé un sentiment dans l'interjection.

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De cette idéologie du langage résultent les définitions

suivantes :

L'interjection exprime des émotions;

Le pronom désigne les objets ;

L'article désigne les objets que le nom nomme;

Le nom nomme les objets;

L'adjectif exprime les attributs des objets ;

Le verbe exprime les actes;

Et l'abréviative équivaut à un ou plusieurs autres mots.

À

ces définitions il convient d'ajouter quelques remarques sur les noms des mots, et l'ordre qui leur est assigné.

&

L'interjection, germe du langage, et à elle seule un langage, occupe justement la première place. Jetée dans la phrase, mais sans en être une partie logique, elle a été bien nommée l'interjection.

Le pronom ouvre ensuite la série des parties du discours, comme le désignateur de l'objet, qui est lui-même le point de départ de la pensée. Le pronom représente les trois personnages du drame de la conversation, le parleur, l'interlocuteur, et le tiers. C'est leur nom pour la circonstance, qui ne saurait être remplacé par leur nom hors de la scène. De plus, le pronom de la troisième personne sert souvent dans le discours soutenu à redésigner un objet déjà nommé. Ainsi, employé comme nom, ou au

lieu d'un nom, ee mot, l'aîné du nom, mérite bien d'être

appelé le pronom.

Viennent ensuite l'article, ou pronom transformé, désignant encore l'objet; le nom, qui le nomme; l'adjectif, qui le qualifie. Article signifie joint, nom que les grammairiens grecs donnèrent à leur pronom de la troisième personne, le regardant comme un relatif, joignant deux propositions; or, ce nom d'article est ensuite resté au pronom de la troisième personne combiné avec le nom. Le terme nom s'explique de soi. Quant à l'adjectif, il est ainsi appelé de ce qu'il s'ajoute an pronom ou au nom, et leur appartient, comme l'attribut à l'objet.

Les mots affectés au service de l'objet étant ainsi classés, nous arrivons au verbe. Exprimant l'acte; contenant, outre cette idée essentielle, les idées accessoires de mode, de temps, de personne et de nombre; générateur de l'adjectif, et conséquemment du nom; lui-même nom à l'infinitif, adjectif au participe, interjection à l'impératif et à l'interrogatif, ce mot des mots a été avec justice appelé emphatiquement le mot, le verbe: il est la vie du discours, comme l'acte est la vie de la création.

L'abréviative, l'équivalent d'autres mots, termine la série des parties du discours, et comprend: la préposition, ainsi nommée de ce qu'elle exprime des rapports de position à l'égard d'un objet; l'adverbe, ou adjectif du verbe; l'affirmative, la négative, et la continuative,

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