cellent moyen de s'en délivrer, en publiant l'année suivante, sous le titre du Jugement de Pluton, un examen sévère de son livre qui désarma la critique et l'envie, ou du moins leur imposa silence.

Ce premier ouvrage fut suivi de la vie du grand Corneille, avec Phistoire du théâtre français jusqu'à ce grand poëte, et des réflexions sur la poétique.

Il publia en 1685, les lettres du chevalier d'Her. Elles sont pleines d'esprit, mais on sent qu'ells sont le fruit d'une imagination froide et compassée, et cet ouvrage est peut-être le plus faible qui soit sorti de sa plume.

En 1686 parut son traité de la pluralité des mondes

il a trouvé moyen de

dans lequel

donner le

tour le plus clair et même le plus orné, à ce que l'astronomie physique a de plus relevé, et d'intéresser à un livre de philosophie, l'homme le moins philosophe. C'est l'ouvrage le plus célèbre de Fontenelle; ce qui empêcha les mondes d'être mis au rang de nos livres classiques, c'est qu'ils sont fondés en partie sur les chimériques tourbillons de Des

cartes.

En 1687, il donna au public son histoire des oracles, livre instructif et agréable, tiré de l'ennuyeuse compilation de Vendale sur le même sujet. Comme le systême qu'il développait dans cet ouvrage renversait quelques opinions adoptées par des auteurs d'ailleurs respectables, l'auteur éprouva des contradictions d'autant plus vives peut-être, qu'il

avait plus de raison; ces contradictions tombèrent d'elles-mêmes dans l'oubli, et laissèrent l'histoire des oracles dans tout son lustre.

De cet ouvrage historique, il passa à un d'une toute autre espèce; je veux dire à ses poésies pastorales, avec un discours sur l'églogue et une digression sur les anciens et modernes, qui parurent en 1688. Les bergers de Fontenelle ont plus d'esprit que de sentiment, et disent rarement ce qu'ils doivent dire. Ces pastorales sont de mauvaises églogues; mais ce sont des poésies délicates.

Sa digression sur les anciens et les modernes, dans laquelle il semblait faire entrevoir la supériorité des derniers sur les premiers, choqua Despreaux et les autres admisateurs de l'antiquité, et de la dif

férence du sentiment, ils passèrent à l'antipathie pour l'auteur. C'en fut assez pour faire échouer les quatre premières tentatives qu'il fit pour entrer à l'académie française, où il ne fut admis qu'en 1691, à la cinquième fois qu'il s'y pré

senta.

Ce fut pendant la durée de la dispute sur les anciens et modernes, qu'il donna l'opéra de Thétis et Pelée, qui eut le plus grand succès. Il fut suivi de celui d'Enée et de Lavinie, joué en 1690; il n'eut pas le même succès que le premier. Il avait composé, pendant ce même temps un sur la patience, qui remporta le prix proposé à l'académie française. De la poésie et de la littérature, il passa sans effort aux mathéma

discours

tiques et à la philosophie; il publia plusieurs volumes des mémoires de l'académie des sciences, dont il fut nommé sécretaire en 1697. Il continua de l'être pendant 42 ans, et donna chaque année un volume de P'histoire de cette compagnie. Ce fut lui qui fit la préface qui est à la tête de l'analyse des infiniment petits de l'hôpital: ce fut la seule fois qu'il prêta sa plume en qualité de mathématicien, mais ce n'était pas la première fois qu'il l'avait prêtée comme homme de lettres. Il avait aidé autrefois Bunel, son intime ami, dans un discours qui remporta le prix de l'académie française, en 1695.

Au milieu du travail toujours renaissant de son ministère, il composa un ouvrage bien différent de