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faut de sentiment qu'on a fait de tous tems à l'auteur de l'histoire des oracles; malgré ses efforts, M. Condorcet n'a persuadé personne. Les traits de bienfaisance qu'il cite en faveur de ce philosophe prouveront tout au plus que Fontenelle faisait par raison, ce que les autres font par goût et par sentiment. Il paraît même qu'il a ignoré un grand nombre d'anecdotes et de traits qui peignent plus fidèlement Fontenelle, que tous les raisonnemens qu'il a faits (1). La lecture de cet ana mettra à même de juger, qui de Condorcet ou de nous à raison. Au reste, si la tâche qu'avait embrassée Condorcet de

(1) Pour démontrer sa sensibilité.

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justifier Fontenelle de l'apathie qu'on lui reprochait, n'a pas eu son effet, elle a au moins prouvé qu'il avait ce qui manquait à son préd.cesseur, et cette justification neput que faire honneur à son cœur et à ses sentimens.

DE FONTENELLE.

BERNARD le Bovier, sieur de Fontenelle, secrétaire ordinaire du duc d'Orléans, de l'académie française, de celle des inscriptions et belles lettres, de celle. de Rouen; membre de la société royale de Londres et de l'académie de Berlin, nacquit à Rouen, le 11 février 1657, de François le Bovier, écuyer, sieur de Fontenelle, et de Marthe Corneille, propre sœur des célèbres Pierre et Thomas Corneille.

Il fit ses premières études au collège des Jésuites de Rouen. Ses talens se développèrent de si bonne

heure, qu'à l'âge de treize ans, il composa un poëme latin sur l'immaculée conception, qui fut jugé digne d'être imprimé.

Il vint pour la première fois à Paris, à l'âge de 19 ans, conduit par son oncle Thomas Corneille, qui travaillait alors avec de Visé, au Mercure Galant; le jeune neveu fut associé à ce travail, et enrichit le mercure de plusieurs petites nouvelles qui furent très-bien reçues du public. Il ne demeura que quelques mois dans Paris; dès l'année suivante, de Visé annonçant une pièce de vers de Fontenelle, en fait un très-grand éloge, dans lequel il se plaint de son séjour à Rouen. Avant ce voyage il avait déjà concouru pour le prix de l'académie française, et avait obtenu l'accessit.

Il avait à peine vingt ans lorsqu'il fit une grande partie des opéra de Psyché et Bellerophon, qui parurent en 1678 et 1679, sous le nom de Thomas Corneille, son oncle., En 1681, il fit jouer la tragédie d'Asper, elle ne réussit point; il soumit sans murmure à la décision du public, et jetta son manuscrit au feu.

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Ses dialogues des morts parurent en 1683. Il avait pris Lucien pour modèle; mais au goût de plusieurs il le surpassa beaucoup. Ces dialogues sont la critique fine et judicieuse de la plupart des opinions des hommes, cachée sous l'enveloppe aimable du badinage le plus ingénieux et le plus léger. Cet ouvrage essuya cependant quelques critiques; Fontenelle trouva un ex

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