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peuvent être ramenés à des phénomènes de sensibilité et de mémoire, mais nous ne saurions jamais leur accorder le plus petit rayon d'intelligence.

Toujours dominés par le préjugé que nous venons de signaler, les partisans de l'intelligence et du langage des bêtes ont accordé aux animaux les passions de l'homme, et naturellement à ces passions correspondent, toujours d'après eux, des mouvements expressifs corrélatifs. Nous admettons volontiers que les animaux ont un semblant de colère, un semblant de jalousie, etc.; mais pour nous ces expressions colère, jalousie, représentent des choses bien différentes, selon qu'on les applique à l'homme ou aux animaux. L'irritation instinctive ou provoquée, qui pousse un animal à se jeter sur un homme et à le dévorer, n'est pas de la colère; dans la vraie colère, il y a plus qu'un vif désir de mordre, il y a une opération préalable de l'esprit, des sentiments très-variés de nuances, expressément formulés dans un langage, il y a enfin une intelligence en état d'activité fonctionnelle et se montrant avec des aptitudes qu'on ne retrouve dans aucun animal.

Le même raisonnement est applicable aux autres prétendues passions des animaux, de telle façon que l'on est autorisé à conclure que le mot passion doit être exclusivement réservé pour l'être à la fois sensible et intelligent, c'est-à-dire pour l'homme.

L'animal n'a que des désirs plus ou moins satisfaits, plus ou moins contrariés et auxquels correspondent des mouvements expressifs involontaires qui ont, il est vrai, une certaine ressemblance avec les mouvements expressifs de l'homme; mais chez ce dernier le mouvement expressif n'est pas simplement le résultat de désirs contrariés ou satisfaits, il succède à des actes intelligents et à des sentiments résultant de ces actes mêmes. Si l'analogie est possible dans les mouvements, elle ne l'est plus dans la cause immédiate qui les produit, et dès lors ces mouvements sont aussi dissemblables que peuvent l'être un

animal exclusivement sensible et un homme à la fois sensible et intelligent.

En résumé, l'animal ne peut exprimer que ce qui est en lui, et toutes les fois qu'on voudra lui accorder le langage et les sublimités affectives ou passionnelles de l'être humain, on n'arrivera qu'à produire une caricature informe, incapable par elle-même de protester contre cette générosité. C'est bien le cas ou jamais de dire suum cuique.

Les quelques exemples que nous venons de donner à l'occasion de la classification des mouvements de l'être sensible complètent et confirment ce que nous avons déjà dit touchant les éléments psychiques qui entrent dans le mécanisme des mouvements de l'animal. Avant de conclure, nous nous occuperons des mouvements de l'être intelligent.

§ III.

MOUVEMENTS INTELLIGENTS.

Le principe de vie chez l'homme, ou autrement dit, l'âme, possède comme attributs la sensibilité et l'intelligence. Ces deux attributs ne constituent pas deux puissances distinctes, ils sont les deux modes fondamentaux de l'âme humaine.

Il suit de là que l'homme peut exécuter les mêmes. mouvements et dans les mêmes conditions que l'être exclusivement sensible. Nous nous bornons à constater le fait pour nous occuper exclusivement des mouvements intelligents, c'est-à-dire des mouvements dirigés par la sensibilité intelligente.

Le mécanisme physiologique de ces mouvements est absolument le même que celui qui accompagne l'exécution des mouvements de l'être sensible.

La nature et la valeur des éléments psychiques qui en

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animal exclusivement sensible et un homme à la fois sensible et intelligent.

En résumé, l'animal ne peut exprimer que ce qui est en lui, et toutes les fois qu'on voudra lui accorder le langage et les sublimités affectives ou passionnelles de l'être humain, on n'arrivera qu'à produire une caricature informe, incapable par elle-même de protester contre cette générosité. C'est bien le cas ou jamais de dire suum cuique.

Les quelques exemples que nous venons de donner à l'occasion de la classification des mouvements de l'être sensible complètent et confirment ce que nous avons déjà dit touchant les éléments psychiques qui entrent dans le mécanisme des mouvements de l'animal. Avant de conclure, nous nous occuperons des mouvements de l'être intelligent.

§ III.

MOUVEMENTS INTELLIGENTS.

Le principe de vie chez l'homme, ou autrement dit, l'âme, possède comme attributs la sensibilité et l'intelligence. Ces deux attributs ne constituent pas deux puissances distinctes, ils sont les deux modes fondamentaux de l'âme humaine.

Il suit de là que l'homme peut exécuter les mêmes mouvements et dans les mêmes conditions que l'être exclusivement sensible. Nous nous bornons à constater le fait pour nous occuper exclusivement des mouvements intelligents, c'est-à-dire des mouvements dirigés par la sensibilité intelligente.

Le mécanisme physiologique de ces mouvements est absolument le même que celui qui accompagne l'exécution des mouvements de l'être sensible.

La nature et la valeur des éléments psychiques qui en

trent dans ce mécanisme diffèrent seules dans les deux cas. Occupons-nous donc de préciser la nature et la valeur de ces éléments chez l'être intelligent, comme nous l'avons fait pour les éléments de l'être exclusivement sensible.

Premier élément. Le premier élément psychique qui se présente dans l'exécution de tout mouvement intelligent est une impression sentie, actuelle ou de souvenir. Cette perception chez l'homme peut n'être que sensible, c'est-à-dire constituée exclusivement par des caractères physiques, impressionnant un de nos sens; mais, le plus souvent, elle est intelligente, c'est-à-dire constituée par une vue particulière de certains caractères qui se développent à l'occasion des caractères physiques. C'est cette vue particulière, caractéristique de l'intelligence, qui permet l'établissement d'un rapport entre deux perceptions distinctes. Ce rapport, nous le savons, constitue la notion intelligente. Par conséquent, la perception qui précède l'exécution de tout mouvement intelligent est une notion. intelligente capable d'imprimer au mouvement exécuté une direction intelligente. On ne fait pas de mouvement intelligent par hasard. Si le mouvement est tel, c'est qu'il a été provoqué par une notion intelligente. Il faut remarquer ici que nous ne disons pas raisonnable, mais simplement notion intelligente.

Deuxième élément. — A la suite de l'excitation de la cause impressionnante et de la perception qu'elle provoque, nous trouvons le second élément qui est constitué par le réveil des notions acquises. Ces notions peuvent être, soit des notions sensibles, soit des notions intelligentes, comme nous l'avons prouvé page 150.

Les notions sensibles sont généralement associées à des rapports significatifs, à des noms qui favorisent singulièrement le rappel de ces notions dans le champ du souvenir. Les notions intelligentes sont également associées à des noms, mais pour elles cette association est incomparablement plus importante que pour les notions sen

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