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psychique. L'activité motrice est toujours précédée d'un phénomène de sensibilité, et il faut bien qu'il en soit ainsi, à moins qu'on n'admette qu'on peut agir sans but, sans motif, sans raison.

Dans le désœuvrement le plus complet, l'activité motrice de l'âme est toujours inspirée, dirigée par une perception; quelle qu'elle soit, il y en a toujours une et on ne nous prouvera pas le contraire.

Comme nous le verrons plus loin, l'exercice de la pensée est une succession de perceptions de souvenir mises en mouvement par la fonction-langage reproduite tacitement; mais c'est une perception déterminée qui dirige toujours les mouvements de la pensée dans un sens ou dans un autre.

L'activité motrice occupe la troisième place dans l'ordre de succession des phénomènes qui représentent toute fonction cérébrale. Ce mode d'activité se développe à la suite des causes impressionnantes, avec la même fatalité que nous avons signalée dans l'activité sensible.

Le cerveau constitue un admirable instrument trèscompliqué, mais dont toutes les parties se commandent les unes les autres comme les parties distinctes d'un même mécanisme. Or, lorsque l'excitant fonctionnel a réveillé l'action propre des couches optiques, le mouvement ne s'épuise pas en ce point, il continue sa roùte dans les autres régions dont il réveille successivement l'activité propre.

Le développement de l'activité motrice est aussi fatal et nécessaire que le développement de l'activité sensible après l'action des causes impressionnantes. A celle-ci succède nécessairement et toujours le développement de l'activité sensible d'abord, le développement de l'activité motrice ensuite.

Telles sont les conditions physiologiques qui ont été imposées aux manifestations de l'âme.

Ces démonstrations froisseront quelques opinions arrêtées; mais aussi elles détruisent un bien grand nombre

d'erreurs. Le premier mouvement leur sera peut-être hostile, mais nous avons toute confiance dans le second.

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Siége de l'activité motrice. Le siége de l'activité motrice réside, comme nous l'avons vu, dans les corps striés, ou du moins c'est en ce point que vont aboutir toutes les fibres motrices qui transmettent le mouvement à toutes les parties du corps. C'est aussi en ce point que se rendent une grande partie des fibres qui proviennent de la périphérie corticale du cerveau.

Comme nous l'avons déjà observé, tout n'est pas

sur cette grave question. Beaucoup de détails concernant les mouvements élémentaires qui s'accomplissent entre les corps striés et la couche corticale n'ont pas encore été déterminés; mais les principaux jalons sont posés, et ce que nous savons actuellement nous permet de traiter la question de l'activité fonctionnelle du cerveau avec des avantages et une certitude qu'on n'avait pas eus jusqu'à ce jour.

§ IV.

DE L'ACTIVITÉ FONCTIONNELLE DE L'AME.

L'activité sensible et l'activité motrice, considérées isolément, sont de simples éléments fonctionnels dans lesquels certainement l'âme est active, mais cette activité élémentaire ne constitue pas l'activité fonctionnelle.

L'âme qui se bornerait à percevoir ne fonctionnerait pas, parce que percevoir, c'est tout simplement la mise en activité d'un attribut de l'âme. De même, l'âme qui se bornerait à provoquer un mouvement sans but ne fonctionnerait pas, parce que provoquer un mouvement sans but, c'est tout simplement montrer un autre attribut de l'âme. Pour fonctionner l'âme doit percevoir, et de plus provoquer un mouvement corrélatif à la manière dont elle a perçu.

Cette relation entre la perception et le mouvement est

le lien fonctionnel que l'âme pose elle-même dans un but déterminé, et c'est réellement dans cet acte que réside l'activité fonctionnelle.

Il suit de là que, dans toute activité fonctionnelle, l'âme fournit quelque chose qui n'est ni perception ni mouvement. Ce quelque chose est son activité propre sous forme d'impulsion instinctive ou de détermination volontaire, et provoquant un mouvement corrélatif à une perception donnée.

Le mécanisme de l'activité fonctionnelle est des plus simples, et toujours le même chez l'homme comme chez l'animal.

L'excitant fonctionnel, soit qu'il provienne du dehors, soit qu'il provienne de la périphérie corticale du cerveau, réveille l'activité sensible dans les couches optiques, et cette activité à son tour réveille l'activité motrice dans les corps striés, pour provoquer des mouvements immédiats, ou bien des mouvements calculés, après le réveil préalable des notions acquises.

Le développement de l'activité sensible par les causes impressionnantes étrangères au cerveau; le développement de l'activité sensible par les causes impressionnantes résidant à la périphérie corticale du cerveau; enfin le réveil de l'activité motrice, représentent les trois phases du phénomène désigné sous le nom de fonction.

L'âme ne manifeste utilement chacun de ses attributs qu'à la faveur de l'activité fonctionnelle. C'est sur ce fait d'ailleurs que repose la possibilité d'établir la fonction cérébrale. En effet, le fonctionnement cérébral ne s'accomplit pas, comme on le supposait généralement, selon des lois qui diffèrent de celles des autres organes. Ces lois sont les mêmes pour tous, et c'est en comparant chaque élément fonctionnel du cerveau à l'élément correspondant de la fonction des autres organes, que nous avons pu soulever le voile qui dérobait à notre investigation les mystères de la vie cérébrale.

S V.

ACTIVITÉS FONDAMENTALES DE L'AME.

Disons tout de suite, pour éloigner une confusion possible, que les activités fondamentales sont des activités fonctionnelles. Nous n'avons donc qu'à justifier ici la désignation nouvelle dont nous nous servons.

Lorsque l'on considère l'âme à l'état de développement complet, comme on le fait d'habitude, elle représente un instrument admirable.

Mais l'âme n'a pas toujours été un instrument complet; elle a commencé par être une puissance douée d'admirables aptitudes, d'incomparables facultés, et tant que ces aptitudes, ces facultés, ne s'étaient pas exercées, l'âme n'était qu'une tabula rasa, pour parler comme les anciens.

L'âme, à l'état natif, est une puissance; mais cette puissance ne devient telle que nous la connaissons que par l'exercice fonctionnel; c'est elle qui détermine par son activité les éléments de la notion sensible et intelligente; c'est elle qui, par certains procédés, évoque volontairement les éléments du souvenir; c'est elle enfin qui par l'invention des mouvements intelligents s'enrichit tous les jours de notions nouvelles, et finalement constitue cet instrument merveilleux qui porte le nom d'intelligence humaine.

Or, avant d'être instrument complet, avant d'être cette unité imposante qui se manifeste par la pensée, la conscience et la volonté, l'âme se constitue d'abord ellemême, et c'est là, dans cette œuvre préalable, que nous devons trouver ce que nous désignons sous le nom de : Activités fondamentales de l'âme. Ce n'est, en effet, que par son activité, par son fonctionnement, que l'âme acquiert la notion sensible et la notion intelligente. L'âme est

sensible et intelligente par essence; mais l'activité seule rend ses pouvoirs effectifs.

Ce n'est que par son activité fonctionnelle que l'âme évoque dans le souvenir les notions acquises pour les soumettre à la pierre de touche de ses perfectionnements successifs; se souvenir est dans ses aptitudes, mais, pour se souvenir quand elle le veut, il faut nécessairement qu'elle soit fonctionnellement active. Enfin ce n'est que par son activité fonctionnelle que l'âme se donne un de ses plus beaux apanages en provoquant les mouvements intelligents parmi lesquels nous trouvons les mouvements du langage.

Sans les mouvements du langage qu'elle se donne ellemême, l'âme serait un instrument intelligent, mais cet instrument serait nécessairement très-imparfait. Nous nous bornerons à dire ici que sans le langage l'homme ne penserait pas, ne raisonnerait pas, n'aurait pas la conscience intelligente, la conscience du verbe, n'aurait pas enfin la volonté raisonnée de ses actes.

La notion sensible et la notion intelligente, la mémoire, les mouvements et le langage, telles sont les activités fondamentales au moyen desquelles l'âme se fait et se constitue elle-même. A elle les attributs, la puissance; à son activité fonctionnelle, la mise en œuvre, le développement et le résultat presque divin de ses incomparables facultés. Après avoir justifié, comme nous venons de le faire, le nom d'activités fondamentales que nous appliquons à certaines activités fonctionnelles de l'âme, nous examinerons dans les chapitres suivants chacune de ces activités, et peut-être l'on appréciera mieux alors les motifs de ces nouvelles dénominations.

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