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Suivant la définition du Docteur Faber*, qui vivoit il y a environ trois qui_vivoit cens ans ; un Procureur du Roi eft Diabolus Regis: par la comparaifon de ce que Dieu fe fert des Démons pour tourmenter les hommes.

Deux habiles joueurs de dez jouérent une fois cent écus à deux dez au premier coup, étant convenus que celui qui auroit le moins de points gagneroit. Le premier aiant fait deux as vouloit se jetter fur l'argent ; mais le fecond l'arrêta, & aiant jetté les deux dez, de forte que l'un étant monté fur l'autre ne décou

vroit qu'un feul as, prétendit que les cent écus lui appartenoient, de quoi il falut que l'autre, en dépit qu'il en eut, demeurât d'accord. Voici un miracle, mais vrai miracle, tout oppofé. Des gens dignes de foi m'ont affuré avoir vû en Hainault dans l'Abbayie de S. Guilein le tableau où l'hiftoire eft repréfentée.

Aftarot & Guilein, l'un Diable, l'autre
Moine,

Difputoient un jour fortement.

Ce cas arrive rarement,

Car il n'est plus de faint Antoine

Qu'un Démon tentoit vainement.

Joan. Faber.
Tonss II.

*E ix

Le fujet du procès étoit une Macette,
Une vieille Dariolette

Gifante fur un méchant lit,

Toute prête à rendre l'efprit.

Le Diable prétendoit qu'on lui livrât cette

ame

Digne, ce difoit-il, d'une éternelle flamme,
Il alléguoit mille forfaits,
Pucelages vendus, revendus, puis refaits,
Cent & cent femmes débauchées,
Autant avant termes accouchées.
Guilein répondoit là dessus:
La vieille a dit son in manus,

Et meurt en bonne pénitente.

Partant, je la maintiens de tes grifes

exemte.

Après avoir bien difputé,

Et longtems envain contesté; Le Diable fe fiant en fon adresse extrême Raflons, dit-il, à qui l'aura,

La fortune en décidera ;

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Pourquoi tous les plaideurs n'en font ils pas de même ?

Guilein dit, Je le veux ; tirons la primauté. Chacun tira de fon côté.

Par malheur elle échut au Diable,

Qui jette trois fix fur la table,

Et dit d'un ton railleur: Guilein, j'en ai beaucoup.

Malgré fon in manus la vieille fera nôtre. Guilein lui répondit: Il faut finir le coup Peutêtre qu'à ce jeu j'en fais autant qu'un

autre.

Il ramaffe les dez, les met dans le cornet' Il tire, & fait rafle de fept.

Cette rafle a dequoi surprendre.

Mais rien n'eft impoffible aux Elus du Seigneur.

Dans le fombre manoir la vieille alloit defcendre

Sans un miracle en fa faveur.

Guilein l'obtint. Le refte eft facile à comprendre.

Depuis ce tems Guilein fut fort prifé
Pendant le cours d'une affez longue vie.
Après fa mort il fut canonifé,

Et l'on donna fon nom à l'Abbayie.

Là fe voit un tableau d'un Gothique def fein,

Repréfentant le Diable appuié fur fa main,
Qui regarde trois fept avec une lunette.
En habit monacal on a peint Saint Guilein,
Et la vieille en fale cornette.

Les Arbitres doivent être toujours en nombre impair, Propter, dit le Digefte, naturalem hominum ad diffentiendum facilitatem.

1

J'ai entendu dire à M. l'Evêque de Noyon d'aujourd'hui,fait depuis peu Confeiller d'Etat, qu'il avoit été fait Evêque comme un Moine, à force de prêcher. Il vouloit dire qu'il pouvoit l'être encore par fa qualité.

Apulée appelle ces mouchoirs fi déliez, qui laiffent voir la gorge des femmes, ventum textilem.

On difoit de Marie Stuart, dans le tems qu'elle étoit femme de François I I. Fure Scotos Gallos thalamo, spe poffidet Anglos.

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Il manque une chofe aux plaidoyers de M. Patru, c'eft que l'Arrêt devroit être à la fin de chaque plaidoyer. Il eft vrai qu'il y en a quelques-uns dont les caufes ont été appointées. Ses plaidoyers font fecs, en comparaison de ceux de M. le Maître, qui font fleuris. Néanmoins les plaidoyers de M. le Maître feroient plus beaux, s'il les avoit laiffez comme il les avoit prononcez, & que depuis il ne les eût pas remplis de tant de paffages des Peres. M. Patru étoit beau & bien fait, mais il n'avoit pas la prononciation belle. Il étoit opiniâtre dans fes fentimens. Il a parodié un vers

a

Cette expreffion eft de Publius Syrus dans Petro me, mais il ne s'agit pas là de mouchoirs,

par quelques-uns à Racine, & par d'autres à la Fontaine, fut faite à l'occafion de la difpute qu'il y avoit entre Leclerc. & Coras fur le fujet d'Iphigénie, Tragédie dont ils fe difoient auteurs tous deux & qu'ils defavouérent enfuite, dès qu'ils virent que le public lui refufoit fon approbation. La voici:

Enrre Leclerc & fon ami Coras,

Tous deux Auteurs rimans de compagnie,
N'a pas longtems foudirent grands debats
Sur le propos de leur Iphigénie.

Coras lui dit, La piece est de mon crud,
Le clerc répond, Elle est mienne, & non
vôtre :

Mais auffitôt que l'ouvrage parut,
Plus n'ont voulu l'avoir fait l'un ni l'autre.

Voila le cas où les Epigrammes fans pointes font excellentes, lorfque le fens en eft beau, que le fait y eft naïvement expofe, & qu'une fimplicité apparente en fait la fineffe.

LARAGE D'AMOUR.

Conte

A Cupidon la belle & jeune Amynte,
Malgré l'Hymen facrifioit toujours.
Son pauvre Epoux toujours étoit en
Tome II.

crainte

* G v iij

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