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HISTOIRE

ANCIENNE

DES EGYPTIENS,

DES CARTHAGINOIS,

DES ASSYRIENS,

DES BABYLONIENS,
DES MEDES ET DES PERSES,
DES MACEDONIENS,

DES GRECS.

Par M. ROLLIN, ancien Recteur de l'Univer-
fité de Paris, Profeffeur d'Eloquence au Collège
Royal, & Affocié à l'Académie Royale des Inf-
criptions & Belles-Lettres.

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Chez les Freres ESTIENNE, rue St. Jacques,
à la Vertu.


M. DCC. LXXIII.
Avec Approbation & Privilège du Roi.

AVERTISSEMENT

de l'Auteur.

iij

CE onzième Volume s'eft trouvé d'une

groffeur fi énorme, qu'on s'eft cru obligé de le divifer pour la commodité des Lecteurs & de le couper en deux Tomes, qui ne feront vendus tout reliés que trois livres dix fols.

Le Traité des Arts & des Sciences m'a conduit bien plus loin que je ne penfois, & il occupera encore le douzième Volume tout entier au moins, Je me fuis répenti plus d'une fois de m'être engagé dans une entreprife, qui demanderoit un grand nombre de connoiffances, & même por tées à une grande perfection, pour don ner de chacune une idée jufte, précife complette. J'ai bientôt fenti qu'elle étoit infiniment au-deffus de mes forces; & j'ai tâché de fuppléer à ce qui me manquoit, en profitant du travail des plus habiles en chaque Art pour me conduire dans des routes, dont les unes m'étoient peu familières, & les autres entièrement incon

nues..

J'envifageois, avec une fecrette joye, la fin prochaine de mon travail, non pour me livrer à une molle & frivole oifiveté, qui ne convient point à un honnête homme, & encore moins à un Chrétien; mais pour jouir d'un tranquille repos, qui me

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permettroit de ne plus employer ce qu'il peut me refter encore de jours à vivre qu'à des études & à des lectures propres me fanctifier moi-même, & à me préparer à ce dernier moment qui doit décider pour toujours de notre fort. Il me fembloit, qu'après avoir travaillé pour les autres pendant plus de cinquante ans, il devoit m'être permis de ne travailler plus que pour moi, & de renoncer abfolument à l'étude des Auteurs profanes, qui peuvent plaire à l'efprit, mais qui font incapables de nourrir le cœur. Üne forte inclination me portoit à prendre ce parti, qui me paroiffoit tout-à-fait convenable, & prefque néceffaire.

Cependant les défirs du Public, qui ne font pas obfcurs fur ce fujet, m'ont fait naître quelque doute. Je n'ai pas voulu me déterminer moi-même à prendre pour régle de ma conduite mon inclination feule. J'ai confulté féparément des amis fages & éclairés, qui m'ont tous condamné à entreprendre l'Hiftoire Romaine : j'entends celle de la République. Une conformité de fentimens fi peu fufpecte m'a frappé; & je n'ai plus eu de peine à me rendre à un avis, que j'ai regardé comme une marque certaine de la volonté de Dieu fur moi.

Je commencerai ce nouvel Ouvrage auf fi-tôt que j'aurai achevé l'autre, ce que En 1737. j'efpére qui n'ira pas loin. Agé de foixante & feize ans accomplis, je n'ai pas de

tems à perdre. Ce n'eft pas que je me flatte de pouvoir le conduire jufqu'à sa fin: je l'avancerai autant que mes forces & ma fanté me le permettront. N'ayant entrepris ma première Hiftoire que pour remplir le ministère auquel il me fembloit que Dieu m'avoit appellé, en commençant à former le cœur des jeunes gens, à leur donner les premières teintures de la vertu par l'exemple des grands hommes du Paganisme, & à en jetter les premiers, fondemens pour les conduire à des vertus plus folides; je me fens plus obligé que jamais à porter les mêmes vues dans celle où je fuis près d'entrer. Je tâcherai de ne point oublier que Dieu, me prenant fur mon Ouvrage, (car c'eft à quoi je dois m'attendre n'examinera pas s'il est bien ou mal écrit, ni s'il aura été reçu avec applaudiffement ou non, mais fi je l'aurai compofé uniquement pour lui plaire, & pour rendre quelque fervice au Public. Cette penfée ne fervira qu'à augmenter de plus en plus mon ardeur & mon zèle par la vue de celui pour qui je travaillerai, & m'engagera à faire de nouveaux efforts pour répondre à l'attente publique, en profitant de tous les avis qu'on a bien voulu me donner fur ma première Hiftoire.

Au refte, je ferois bien à plaindre, fi je n'attendois d'autre récompenfe d'un fi long & fi pénible travail, que des louanges humaines. Et qui peut fe flatter néanmoins d'être affez attentif pour fe défendre

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