La Semaine littéraire, Volume 12

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Popular passages

Page 319 - Quand le soir approchait je descendais des cimes de l'île et j'allais volontiers m'asseoir au bord du lac, sur la grève, dans quelque asile caché ; là le bruit des vagues et l'agitation de l'eau fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation la plongeaient dans une rêverie délicieuse où la nuit me surprenait souvent sans que je m'en fusse aperçu. Le flux et le reflux de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et mes yeux,...
Page 319 - Quand le lac agité ne me permettait pas la navigation, je passais mon après-midi à parcourir l'île, en herborisant à droite et à gauche, m'asseyant tantôt dans les réduits les plus riants et les plus solitaires pour y rêver à mon aise, tantôt sur les terrasses et les tertres pour parcourir des yeux le superbe et ravissant coup d'œil du lac et de ses rivages, couronnés d'un côté par des montagnes prochaines, et de l'autre élargis en riches et fertiles plaines, dans lesquelles la vue...
Page 319 - Telle est, laissant à part les visites imprévues et importunes, la manière dont j'ai passé mon temps dans cette île, durant le séjour que j'y ai fait. Qu'on me dise à présent ce qu'il ya là d'assez attrayant pour exciter dans mon cœur des regrets si vifs, si tendres et si durables, qu'au bout de quinze ans il m'est impossible de songer à cette habitation chérie, sans m'y sentir à chaque fois transporter encore par les élans du désir. J'ai remarqué dans les vicissitudes d'une longue...
Page 319 - Les hommes se garderont, je le sais, de me rendre un si doux asile, où ils n'ont pas voulu me laisser. Mais ils ne m'empêcheront pas du moins de m'y transporter chaque jour sur les ailes de l'imagination, et d'y goûter durant quelques heures le même plaisir que si je l'habitais encore. Ce que j'y ferais de plus doux serait d'y rêver à mon aise. En rêvant que j'y suis ne fais-je pas la même chose ? Je fais même plus ; à l'attrait d'une rêverie abstraite et monotone je joins des images charmantes...
Page 315 - Je m'écriais parfois avec attendrissement: 0 nature! ô ma mère! me voici sous ta seule garde; il n'ya point ici d'homme adroit et fourbe qui s'interpose entre toi et moi.
Page 176 - C'était une de ces nuits dont les ombres transparentes semblent craindre de cacher le beau ciel de la Grèce : ce n'étaient point des ténèbres , c'était seulement l'absence du jour. L'air était doux comme le lait et le miel , et l'on sentait à le respirer un charme inexprimable. Les sommets du Taygète , les promontoires opposés de Colonides et d'Acritas , la mer de Messénie , brillaient de la plus tendre...
Page 319 - ... trouvé de plus doux dans ce qu'on appelle les plaisirs de la vie. Souvent averti par le baisser du soleil de l'heure de la retraite, je me trouvais si loin de l'île, que j'étais forcé de travailler de toute ma force pour arriver avant la nuit close.
Page 68 - Dès le cinquième jour il réglait minutieusement les excercices du culte qu'il allait lui rendre et qu'il devait pratiquer trois fois par jour, pendant treize ans et demi. Aussitôt levé, à cinq heures et demie, il faisait une prière d'une heure qui se composait d'une commémoration et d'une effusion. La commémoration- durait quarante minutes. Comte, agenouillé devant le fauteuil-autel, évoquait l'image de Clotilde, récitait des vers en son honneur et revivait par la pensée, et suivant...
Page 298 - Ce matin, je courais les rues de Genève, en regardant les boutiques ; un gilet neuf, une belle édition d'un livre anglais, voilà ce qui attirait mon attention. Je me suis aperçu dans une glace, j'ai reconnu l'enfant d'autrefois. Qu'avais-tu donc fait, ma pauvre amie ? C'était là l'homme que tu voulais aimer!
Page 319 - Après le souper, quand la soirée était belle, nous allions encore tous ensemble faire quelque tour de promenade sur la terrasse, pour y respirer l'air du lac et la fraîcheur. On se reposait dans le pavillon, on riait, on causait, on chantait quelque vieille chanson qui valait bien le tortillage moderne (1), et enfin l'on s'allait coucher content de sa journée et n'en désirant qu'une semblable pour le lendemain.

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