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* DAOUD, philosophe arabe, fils de Nassir, mort l'an 160 de l'hégire (770 de l'ère chrétienne). Il appartenait à la tribu des Thaï, qui a produit plusieurs hommes remarquables. « C'était, dit d'Herbelot, un docteur pieux et savant. Un de ses disciples lui ayant dit un jour qu'il voulait apprendre à tirer de l'arc, il lui dit « L'art de tirer de l'arc est bon; mais les jours de votre vie sont précieux : considérez un peu avec quoi vous les voulez occuper. »>

'Herbelot, Bibliothèque orientale. DAOUD-AL-ANTAGNY (David d'Antioche), médecin arabe, vivait au seizième siècle. Il a écrit sur la médecine plusieurs traités, entre autres: Système de Médecine; Des Causes des Maladies et des Infirmités ; Avis aux gens sages. On lui attribue encore une Explication en vers d'une partie des ŒŒuvres d'Avicenne. L'Avis aux gens sages se trouve en manuscrit à la Bibliothèque impériale.

Hyde, Itinera Mundi, auct. Abr. Peritsol. DAOUD-PACHA, homme d'Etat turc, mort l'an 1032 de l'hégire, 1623 de l'ère chrétienne. Bosnien de naissance, il était devenu beglerbeg de Roumélie, capitan pacha et beau-frère du sultan Mustapha. Ce prince presque idiot, ayant été déposé au bout de quelques mois de règne, fut remplacé par son neveu Othman. Le nouveau sultan ne tarda pas à s'aliéner les janissaires et les spahis, et une révolte éclata le 19 mai 1622: elle eut pour résultat la restauration de Mustapha et la déposition d'Othman. Daoud-Pacha fut nommé grand-vizir. Il signala les premiers jours de son administration par le meurtre d'Othman, bien que les soldats révoltés ne demandassent pas un pareil crime. Ils trouvèrent au contraire dans cet acte inique un prétexte de nouveaux troubles. Le 22 mai, deux jours après l'avénement de Mustapha, les spahis vinrent en foule devant le palais du grand-vizir, et lui crièrent : « Pourquoi as-tu tué le sultan Othman, que nous t'avions confié? Je l'ai tué, répondit le grand-vizir, sur les ordres du maître du monde, le sultan Mustapha. » Cette assertion apaisa pour le moment le tumulte; mais DaoudPacha n'en fut pas moins destitué quelques jours après. Sa punition ne devait pas s'arrêter là. Le 3 janvier 1623, les spahis se rassemblèrent devant le palais, déclarant qu'ils ne pouvaient pas supporter plus longtemps de passer pour les meurtriers d'Othman, et sommèrent Mustapha de dire s'il avait en effet ordonné la mort de son

neveu. Sur la réponse négative du sultan, ils exigèrent le supplice de Daoud-Pacha, qui fut conduit aux Sept-Tours et condamné à mort. Déjà il était arrivé au lieu de l'exécution, et il allait être frappé, lorsqu'il montra le fetwa des Kazi-Askers et le hatti-chérif de Mustapha qui avaient déclaré légitime l'exécution du sultan Othman. Cet incident arrêta la main du hourreau; des cris tumultueux s'élevèrent : « Arrêtez! » criaient les uns; « Frappez! » disaient les autres. Au milieu de cette confusion, les janis. saires enlevèrent Daoud-Pacha, le conduisirent à la mosquée du centre, le revêtirent d'un kaftan, couvrirent sa tête d'un turban d'État, et le créèrent de leur propre autorité grand-vizir. Cependant le véritable grand-vizir Gurdji Mohammed-Pacha assembla le conseil pour savoir ce qu'il y avait à faire dans cette circonstance critique: le bourreau, appelé à déposer sur l'enlèvement de Daoud, en accusa les spahis, dont les officiers repoussèrent vivement cette injuste assertion. La plus grande incertitude régnait dans le conseil, qui se sépara sans prendre de déterinination. Alors Gurdji-Mohammed s'entendit avec le grand chambellan, qui fut chargé de l'exécution de Daoud-Pacha. Celui-ci, abandonné par ses partisans, fut reconduit aux Sept-Tours, et étranglé dans la même prison où il avait luimême exercé l'office de bourreau sur la personne du sultan Othman.

De Hammer, Histoire de l'Empire Othoman.
DAOUST. Voyez Aoust (D').

DAOYZ (Étienne), jurisconsulte espagnol, né en Navarre, mort en 1619. Il était bénédictin et chanoine de Pampelune. On a de lui : Index Juris civilis, tam textus quam glossæ ; Venise, 1610, 2 vol. in-fol.; Lyon, 1612-1627, infol.; Milan, 1742, 4 vol. in-fol.; — Index Juris pontificii; Bordeaux, 1623-1624, 2 vol. in-fol. N. Antonio, Bibliotheca Hispana nova, II, 290. — Məréri, Grand Dictionnaire historique. Richard et Glraud, Bibliothèque sacrée.

* DAPHITAS OU DAPHIDAS (Aapíraç ou Axpídas), grammairien et poëte épigrammatiste de Telmesse, vivait vers 200 avant J.-C. Au rapport de Suidas, il accusa Homère de fausseté pour avoir dit que les Athéniens étaient allés au siége de Troie. Censeur impitoyable de tous les hommes, il n'épargnait pas même les dieux. Il tendit un piége à l'oracle de Delphes en lui demandant s'il retrouverait son cheval. L'oracle répondit qu'il le trouverait sous peu de temps. « Eh bien, répliqua Daphitas, loin d'avoir perdu mon cheval, je n'en ai jamais eu. » Mais l'oracl ne tarda pas à se réaliser; car Daphitas, de retour chez lui, fut saisi par l'ordre d'Attale, roi d Pergame, et précipité du haut d'un rocher qui portait le nom de "Iññоç ( Cheval). Strabon, e parlant de Magnésie, mentionne une montagne qui domine cette ville, et sur le sommet de laquelle Daphitas fut crucifié pour avoir outrag les rois dans deux vers que ce critique nous a

conservés. Il rapporte aussi l'anecdote de l'orache, en substituant le mot Owpak (Cuirasse) au met lang. Le distique cité par Strabon se trouve dans l'Anthologie grecque.

Suidas, au mot Δαφίτας. Cicéron, De Fato, 3. Valère Maxime, 1, 8. — Strabon, XIV. - Brunck, Analecta, III.

*DAPHNEUS (Axqvaïoç), général syracusain, vivait vers 410 avant J.-C. Devenu un des chefs du parti populaire de cette ville, après la mort de Dioclès, il fut chargé de commander les troupes que les Syracusains ainsi que leurs alliés de Sicile et d'Italie envoyèrent, en 406, au secours d'Agrigente, alors assiégée par les Carthaginois. Daphneus battit d'abord les forces qu'Himilcon avait fait marcher contre lui; mais il ne put empêcher la chute d'Agrigente, et perdit'ainsi toute sa popularité. Il fut déposé sur la proposition de Denys. Celui-ci, aussitôt qu'il se fut emparé du pouvoir suprême, fit condamner à mort par l'assemblée du peuple Daphnæus et son collègue, Démaque. Suivant Aristote, la grande fortune de Daphneus l'avait rendu l'objet de l'envie de la populace.

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Diedore de Sicile, XIII, 86, 87, 92, 96. — Aristote, Polit., 1,5.

* DAPHNIS (Aapvíc), orateur grec, d'une époque inconnue. Un passage de lui a été traduit en latin par Rutilius Lupus. On ne sait rien de sa vie et de ses ouvrages.

Rutilius Lupus, De Fig. Sent., 15. - Ruhnken, Ad Rutil. Lap.; Hist. crit. Orat. Græc.

* DAPHNIS, architecte de Milet, vivait vers 500 avant J.-C. De concert avec Pæonius, il båtit dans sa ville natale un temple d'ordre ionique, dédié à Apollon. On ne sait rien de lui sinon qu'il vivait postérieurement à Chersiphron, puisque Pæonius acheva le temple d'Artémis Diane) à Ephèse, commencé par ce dernier architecte.

sostome. Ces extraits ont été réimprimés dans les éditions de saint Jean Chrysostome, vol. VII, p. 669, de celle de Savillius, et vol. VI, p. 663 de celle de Ducæus.

Jean Scylitzes, Præf. - Cedrène, Hist., p. 2. - Fabricius, Bibliotheca Græca, X. - Cave, Historia litteraria.

* DAPHNUS (Aάqvo;), médecin grec, vivait dans le deuxième siècle de l'ère chrétienne. Il figure dans le Deipnosophista d'Athénée.

Athénée, Deipnosophistæ, I.

DAPPER (Olfert ou Olivier), médecin et géographe hollandais, mort en 1690. Il s'occupa particulièrement d'histoire et de géographie, écrivit sur ces deux branches des connaissances humaines de nombreux ouvrages, compilés d'après des sources dont quelques-unes sont devenues fort rares. Le style de Dapper est prolixe, et il a peu de méthode; mais les planches de ses ouvrages, exactes et bien exécutées, leur assurent une place importante dans les bibliothèques. Outre une traduction des Histoires d'Hérodote et une Vie d'Homère, 1665, il a publié : Beschryving van Amsterdam (Description d'Amsterdam); Amsterdam, 1663, in-fol.; - Naukeurige Beschryving der Afrikaenschen gewesten van Egypten, Barbaryen, Lybien, Biledulgerid, Negroslant, Guinea, Ethiopien, Abyssinie (Nouvelle Description des pays africains, Egypte, Barbarie, Libye, Bilédulgérid, Pays des Nègres, Guinée, Éthiopie et Abyssinie); Amsterdam, 1668, in-fol., et 1686; Gedenkwaerdig Bedrif der Nederlandsche Maetschappye op de Kuste en in het Keiserryk van Taising of Sina (Expédition mémorable des Néerlandais sur les côtes et dans l'empire de Taising ou de Chine); Amsterdam, 1670, in-fol. : cet ouvrage eut du succès; il a été traduit en anglais et en allemand; on en trouve un extrait au tome V de l'Histoire générale des Voyages; Beschryving van het Keiserryk van Taising of * DAPHNOPATÈS (Théodore), (Oɛódwpo Ax- Sina (Description de l'empire de Taising ou pvonátyg), écrivain ecclésiastique byzantin, vivait Chine); Amsterdam, 1670, in-fol. ; - Beschryvers le milieu du dixième siècle de l'ère chré- ving van Persie (Description de la Perse); tienne. Il occupa à la cour de Constantinople Amsterdam, 1672, in-fol. ; — Asia of naukeurige la place de premier secrétaire, primus a secre- Beschryving van het risk des Grooten Mogols fis, et les manuscrits lui donnent le titre de (Asie, ou nouvelle description du royaume du patricien et quelquefois de magister. Il écrivit, Grand-Mogol); Amsterdam, 1672, in-fol.; à ce qu'il semble, une histoire de Byzance, mais Beschryving van America en Sudlanden (Desil ne reste rien de cet ouvrage, et il n'en est cription de l'Amérique et de la terre du Sud); méme nulle part fait mention d'une manière Amsterdam, 1673, in-fol. ; - Naukeurige Besexpresse. De ses nombreux écrits théologiques, chryving der Africaensche Eylanden (Noudeux seulement ont été imprimés, savoir : un velle Description des îles d'Afrique); Amsterdiscours sur le transport de la main de saint Jean- dam, 1676, in-fol.; - Naukeurige Beschryving Baptiste d'Antioche à Constantinople, en 956. von Asie, behelsende de gewesten van MeL'année suivante, quand fut célébré l'anniver- sopotamie, Babylonie, Assyrie, Anatolie, of saire de cet événement, Daphnopatès prononça Kleinasie; beneffens eene Beschryving van un discours qui a été traduit en latin et inséré Arabie (Nouvelle Description de l'Asie, contedans les Acta Sanctorum (au 29 août). L'ori- nant les pays de la Mésopotamie, de la Babyloginal grec existe en manuscrit dans plusieurs nie, de l'Assyrie, de l'Anatolie, de l'Asie Mibibliothèques; il n'a jamais été publié. Les neure, avec une description complète de l'Arabie); Apanthismata sont des extraits en trente-trois Amsterdam, 1680, in-fol.; Naukeurige Beschapitres de divers ouvrages de saint Jean Chry-chryving der Eylanden inde Archipel der

Vitrave, VII, Preface, 16.

Middellanaesche zee (Nouvelle Description des îles de l'Archipel de la Méditerranée); Amsterdam, 1688, in-fol.;- Naukeurige Beschryving van Morea (Nouvelle Description de la Morée, etc.); Amsterdam, 1688, in-fol. Tous ces ouvrages ont été traduits en français.

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Meusel, Bibl. hist. Ebert, Bibl. Lexic. Benthem, Hollaend, Kirchenstaat. - Biog. med. - Ersch et Gruber, Allg. Enc.

DAPRES OU D'APRES DE MENNEVILLETTE, marin. Voyez APRES (D').

* DAРYX (Aάлυ), chef d'une tribu gétique, vivait vers 30 avant J.-C. Comme il se trouvait en guerre avec un autre chef des Gètes, nommé Roles, celui-ci réclama les secours du proconsul Licinius Crassus, petit-fils du triumvir. Dapyx, défait, fut obligé de se réfugier dans une forteresse, où il fut assiégé. Un Grec, qui se trouvait dans la place, la livra à Crassus. Aussitôt que les Gètes s'aperçurent de la trahison, ils s'entretuèrent, pour ne pas tomber vivants aux mains des vainqueurs. Dapyx périt dans ce suicide gé

néral de ses soldats.

Dion Cassius, LI, 26.

DAQUIN. Voyez AQUIN (D').

DAQUIN (Joseph), médecin savoisien, né à Chambéry, en 1757, mort dans la même ville, en 1815. Il était bibliothécaire de Chambéry et secrétaire fondateur de la Société d'Agriculture de cette ville. Ses principaux ouvrages sont : Analyse des eaux thermales d'Aix-en-Savoie; Chambéry, 1773, in-8°; Analyse des eaux de la Boisse; Chambéry, 1775, in-8°; - Essai météorologique sur la véritable influence des astres, etc., trad. de l'italien de l'abbé Giuseppe Toaldo; Chambéry, 1782 et 1784, in-4°;

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Topographie médicale de la ville de Chambéry; ibid., 1786, in-8°: cet ouvrage valut à l'auteur une médaille d'or et le titre de correspondant de la Société royale de Paris; La Philosophie de la Folie, dédiée à Pinel, 2o édit.; Chambery, 1804, in-8°; — Traité de Vaccination, avec des observations sur le javart et la variole des bêtes à cornes, trad. de l'italien du docteur Luigi Sacco; Chambéry, 1811, in-8°; Paris, 1813, in-8°.

Quérard, La France littéraire.- Feller, Biographie universelle, édit. de M. Weiss.

* DAQUIN (Louis-Claude)', organiste français, né à Paris, en juillet 1694, mort dans la même ville, le 15 juin 1772. Il n'avait que six ans lorsqu'il joua du clavecin devant Louis XIV, qui l'applaudit et le récompensa. Bernier, alors un des musiciens les plus savants de France, donna quelques leçons de composition au jeune Daquin, qui écrivit à l'âge de huit ans un Beatus vir à grand choeur et orchestre. On plaça l'auteur sur une table, afin qu'il put surveiller l'exécution de son œuvre. A douze ans, il obtint la place d'organiste des chanoines de Saint-Antoine, et en 1727 celle de l'église Saint-Paul, bien qu'il eût Rameau pour concurrent. « Que Daquin, dit Fétis, ait eu une exécution brillante

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* DAQUIN ( Pierre-Louis), fils du précédent, littérateur français, mort à Paris, en 1797. II était bachelier en médecine, et a laissé plusieurs écrits médiocres, ce qui fit dire aux critiques d'alors:

On souffla pour le père; on siffle pour le fils. Le principal ouvrage de Daquin est intitulé : Lettres sur les hommes célèbres dans les La Littérature et les Arts sous sciences; le règne de Louis XV; Paris, 1752, 2 vol. in-12; réimprimé sous le titre de : Siècle littéraire de Louis XV; Paris, 1754, in-8°.

-

Fétis, Biographie universelle des Musiciens.

DARA-CHÉKOUH, prince indien, fils de ShahJehan, empereur du Mogol, né en 1616, mort le 11 septembre 1643. Shah-Jehan avait confié à ses enfants le gouvernement des principales provinces de l'empire. Dara seul ne quittait pas le vieux monarque, dont il était le fils favori et l'héritier désigné. Malgré son caractère ardent et impétueux, Dara-Chékouh était peut-être le plus aimable prince de la famille impériale. Fuyant la mollesse corruptrice des cours, il employait ses loisirs à la culture des lettres. Il trouva un rival redoutable dans un de ses frères, l'ambitieux et rusé Aureng-Zeb. Cette sourde rivalité, toute menaçante qu'elle était, aurait pu ne pas éclater de longtemps, si l'empereur n'eût été pris tout à coup d'une dangereuse maladie, qui pendant plusieurs jours lui enleva toute connaissance et ne laissa aucun espoir de le conserver. Dara, par ses ordres, prit aussitôt en main les rênes du gouvernement, comme s'il eût été déjà sur le trône. Il laissa percer la plus vive défiance à l'égard de ses frères, empêchant toute communication avec eux, saisissant leur correspondance, envoyant en exil tous les omrahs qu'il soupçonnait d'être attachés à leurs intérêts. C'est ainsi qu'il précipita et en quelque façon justifia les mesures hostiles auxquelles ils n'étaient eux-mêmes que trop disposés. Informés de la maladie de leur père, ils prirent immédiatement les armes. Cependant Shah-Jehan guérit, et Dara lui restitua aussitôt le gouvernement; mais les révoltés refusèrent de s'arrêter, et Dara fut forcé de marcher contre Aureng-Zeb et contre un autre de ses frères nommé Murad. Il prit avec son armée, composée de 100,000 cavaliers, une position très-forte sur les rives du Chambal. La bataille qui s'engagea et qui décida du

rieuse. Aureng-Zeb vit qu'il était temps de hâter le dénouement de cette tragédie. Pendant la nuit des assassins s'introduisirent dans la prison de Dara, qui succomba après une résistance héroïque. Nous avons déjà dit que Dara avait cultivé la littérature avec succès; son principal ouvrage est une traduction persane des Oupanishades, livre sanscrit qui contient un résumé de la partie dogmatique des Vedas. Cette traduction persane intitulée Oupnek hat, a été traduite en latin par Anquetil-Duperron sous le titre de Oupnek hat, id est secretum tegendum; Paris, an Ix, in-4°. On cite encore de Dara les deux ouvrages suivants : Medjnia dl-bahreïn (Réunion des deux mers), tentative pour réunir le brahmanisme et l'islamisme; - Hadjat-Chékouh (Remède de Chékouh), espèce d'encyclopédie médicale qui fait partie des manuscrits persans de la Bibliothèque impériale de Paris.

sort de l'empire mogol, est racontée par les historiens d'une manière très-confuse et avec des détails évidemment empreints de l'exagération orientale. Ils disent qu'après de longues alternatives de victoire et de défaite, les deux armées s'enfuirent en même temps, ne laissant l'une que mille cavaliers auprès de Dara, et l'autre cent seulement autour d'Aureng-Zeb. Celuici avait déjà perdu toute espérance, lorsqu'un mouvement rétrograde de l'éléphant de Dara et la malheureuse idée qu'eut ce prince de mettre pied à terre jeta le découragement parmi les troupes impériales et causa leur défaite définitive. Ce qui semble le plus probable, c'est que l'armée des princes révoltés était partagée en deux divisions. Celle qui était commandée par Murad, et qui avait à combattre Dara, fut attaquée avec tant d'impétuosité, que, malgré tout le courage de son chef, elle fut mise en désordre, lui-même blessé et en danger d'être pris. Mais son allié, après un combat acharné, avait mis en fuite les troupes qui lui étaient opposées, et alors, faisant un mouvement de flanc, il vint dégager Murad, rétablit la bataille, et remporta une victoire complète. Dara s'enfuit, et pendant que ses frères marchaient sur Delhi, lui-même se réfugia à Lahore, où il rassembla une nouvelle armée. Peu confiant dans le courage de ses soldats, il se retira au delà de l'Indus; mais la retraite dans sa position et avec des soldats comme les siens n'était pas moins désastreuse qu'une défaite réelle. Les rangs de son armée s'éclaircirent rapidement. Arrivé à Tatta, il n'avait plus autour de lui qu'une poignée de fidèles serviteurs. Repassant alors l'Indus, et traversant le grand désert, il se jeta dans la province de Gouzerate, détermina le gouverneur à embrasser sa cause, et parvint ainsi à réunir des forces nombreuses. Mais il se laissa prendre à un piége que lui tendait Aureng-Zeb; il fut vaincu de nouveau et chassé du Gouzerate. Il n'eut plus d'autre ressource que de se jeter dans le désert, La plupart de ses serviteurs y périrent. Avec les survivants il gagna Tatta. Au lieu de passer aussitôt en Perse, comme il en avait l'intention, il s'arrêta chez Dsihan-Khan, chef du voisinage, pour rendre les derniers devoirs à Nadica Bana, sa femme favorite. Djihan-Khan, qui avait deux fois été condamné à mort par Shah-Jehan, et qui deux fois avait dû la vie à l'intervention de Dara, livra cependant ce malheureux prince à AurengZeh. Voyant que son destin était inévitable, Dara se résigna noblement; pendant tout son voyage, son attitude fut aussi calme que digne, et il conserva assez de sérénité d'esprit pour composer alors un poème sur sa lamentable histoire. Arrivé à Delhi, on lui fit traverser la ville sur un -åne et couvert de haillons. Ce cruel spectacle érnut la multitude, qui se répandit en imprécafions contre le tyran. Le traître Djihan fut tué sur la route lorsqu'il retournait chez lui, et la capitale sembla menacée d'une insurrection sé

Jonatham Scott, History of Dekkan from the first mohummudan conquests..... and the history of Bengal from the accession of Aliverdee-Khan to the year 1780., F. Bernier, Voyages contenant la description des États du Grand-Mogol, de l'Indoustan, du royaume de Cachemire. - D. Jancigny et Xavier Raymond, Inde, dans l'Univers pittoresque.

*DARAB. Voyez DARIUS OCHUS.

DARAN (Jacques ), chirurgien français, né à Saint-Frajon, en Gascogne, le 6 mars 1701, mort à Paris, en 1784. Il s'appliqua de bonne heure à la chirurgie, et ses progrès furent tels que, jeune encore, il occupa des places importantes, dans lesquelles il se signala. Il fut chirurgien-major dans les troupes autrichiennes, séjourna en Lombardie, à Milan, et à Turin, où il avait été appelé par Victor-Amédée II, qui lui fit les offres les plus avantageuses pour qu'il se fixât dans ses États. Mais Daran ne voulait pas renoncer à sa patrie. Il continua de voyager pour son instruction. A Messine, le prince de Villefranche lui conféra, en quelque sorte malgré lui, l'emploi de chirurgien-major de son régiment. A cette époque, une peste affreuse qui se déclara dans Messine lui fournit l'occasion de mettre son talent et son humanité à l'épreuve. Il prodigua ses soins aux malheureux habitants avec un zèle infatigable. Sa sollicitude se porta particulièrement sur le consul de France et ses autres compatriotes qui se trouvaient dans la ville. Il se chargea de les arracher au fléau destructeur et de les conduire sur un vaisseau dans leur patrie. Un seul mourut dans la traversée, malgré la maladie et la famine qui s'étaient réunies pour décimer l'équipage. Son entrée à Marseille fut un vrai triomphe, et les instances pour l'y retenir furent si vives, qu'il s'établit dans cette ville, où il se fit une réputation brillante. Sans négliger les autres parties de son art, il s'attacha surtout aux maladies de la vessie. Dans le traitement des rétrécissements de l'urètre, il propagea l'emploi des bougies, connu avant lui, mais négligé par la plupart des praticiens. Il fit quelque temps un secret de leur composition, en les présentant comme

un moyen nouveau, et acquit ainsi une grande renommée non-seulement dans le monde profane, mais même parmi les médecins. J.-J. Rousseau raconte dans ses Confessions (liv. I, ch. 8) qu'il eut recours à lui; Daran, sans le guérir, le soulagea: c'est tout ce qu'il pouvait faire pour le vice d'organisation que Jean-Jacques avait dans la vessie. Bientôt Daran fut appelé à Paris en qualité de chirurgien ordinaire du roi. Sa vogue s'étendit; de toutes parts on sollicitait ses soins; des princes étrangers même vinrent le consulter; sa maison ne désemplissait pas; des gens de toutes les classes y affluaient, et il faut remarquer, à la louange de Daran, que les pauvres étaient traités par lui avec autant d'égards que les riches; qu'il leur donnait gratuitement les remèdes dont ils avaient besoin et souvent même de l'argent. On portait si haut l'estime pour ses travaux et ses talents, qu'en 1755 le roi lui conféra des titres de noblesse. Un tel succès ne pouvait manquer de faire sa fortune on prétend qu'en peu d'années il avait gagné plus de deux millions; mais son extrême facilité, sa confiance aveugle l'ayant engagé dans différentes entreprises, il perdit le fruit de ses travaux, et mourut dans un état voisin de la détresse. On a de lui les ouvrages suivants : Observations chirurgicales sur les maladies de l'urètre; Avignon, 1745, in-12 (réimprimées en 1748, 1751, 1758, 1766); Réponse à la brochure de M. Bayer intitulée: Lettre pour la défense et la conservation des parties les plus essentielles de l'homme; 1750, in-12; - Traité complet de la gonorrhée virulente; 1756, in-12; - Lettre pour servir de réponse à l'article du Traité des Tumeurs; 1759, in-4°; - Composition du remède de M. Daran pour la guérison des difficultés d'uriner; 1779, in-12. GUYOT DE FÈRE.

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*DARARI, fondateur de la secte hérétique des Dararyah (Darariens), était d'origine persane, et vivait vers l'an 1000. Il vint en Égypte sous le règne d'Hakem, et commença à prêcher des doctrines contraires à l'islamisme. Le prince l'écouta avec faveur; mais le peuple, indigné, tua le sectaire. Il eut pour successeur Hamzeh-benAhmed, qui prit le titre de Al-Hady, le directeur. Ces sectaires proscrivaient différents dogmes, différentes pratiques du mahométisme, entre autres la solennité du vendredi, les fêtes du grand et du petit Beyram et même le pèlerinage de La Mekke, qu'ils remplaçaient par celui du temple de Thalab, dans l'Yémen. Ils permettaient le mariage entre les frères et les sœurs, les pères et leurs filles, les mères et leurs fils, et admettaient des principes entièrement opposes à ceux du Koran. Malgré l'appui éclatant que Hakem (voyez ce nom) accorda aux nouveaux sectaires, ceux-ci ne purent pas jeter des racines profondes en Égypte, et après la mort de ce prince ils se

retirèrent dans les montagnes du Liban, où leurs descendants vivent encore aujourd'hui sous le nom de Druses.

D'Herbelot, Bibliothèque orientale. Chrestomathie arabe, t. II.

:

- J. de Sacy,

*DARBEFEUILLE (Jean-Baptiste - Augustin), médecin français, né à Nantes, le 27 août 1756, mort le 17 novembre 1831. Il fut longtemps attaché à l'hôpital de Nantes, et a publié Notice sur les Pansements; Nantes, 1821, br. in-8°; - Programme d'un Cours de Physique chimique appliquée à l'étude de l'anatomie physiologique, Nantes, 18231826, br. in-8°; Un petit Mot sur quelques formules pharmaceutiques, à messieurs les élèves de l'hôpital civil et militaire; Nantes, in-8°; - Réflexions sur la cause ordinaire des incendies, la possibilité de les prévenir et les procédés les plus rationnels pour en arrêter les progrès; Nantes, Mellinet-Malassis, 1826, br. in-8°. P. LEVOT.

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Annales de la Société académique de Nantes, t. II, p. 419-429, et t. III, p. 64-67.

DARC ou D'ARC (Jeanne) (1), dite la Pucelle d'Orléans, née le 6 janvier 1412, morte le 31 mai 1431. Elle était fille de Jacques Darc et d'Isabelle Romée, native de Vouton. Jacques Darc, selon Charles du Lis, un de ses descendants, était né à Ceffonds (Haute-Marne), « d'une riche et ancienne famille dudit lieu ». Un drapier de Troyes, mort en 1375, s'appelait J. Darc ce nom patronymique a subsisté et subsiste encore dans le département de l'Aube et ailleurs. Jeanne vit le jour à Domremy, village ou hameau situé sur la Meuse, aujourd'hui canton de Coussey, arrondissement d'Épinal, Vosges. Domremy formait de ce côté l'extrême limite de la Champagne par rapport à la Lorraine. Ce village était même mi-parti. Ainsi le lieu, la chaumière où naquit la Pucelle, relevaient directement du roi de France, et faisaient partie de la prévôté d'Andelot, bailliage de Chaumont en Bassigny, tandis qu'à deux pas de là d'autres habitants et d'autres chaumières étaient d'une autre juridiction. Ces particularités ne sont pas sans intérêt pour expliquer l'attachement passionné que la jeune fille suça, en quelque sorte, avec le lait pour la cause royale.

Jacques Darc exerçait la profession de laboureur. Il possédait une maisonnette avec un jardin et quelque bétail. Mais, chargé de cinq en fants, trois fils et deux filles, et par ce temps de calamités les documents authentiques nous le montrent dans un état voisin de l'indigence. La famille n'était point de condition franche: elle partageait l'état des populations serves de cette contrée, qui avait pour seigneur Jean de Bourlemont, gentilhomme français. La jeune fille reçut au baptême le nom de Jeanne, et fut appelée

(1) DARC est la véritable orthographe de ce nom. Voyez Nouvelles Recherches sur la Famille et le nom de Jeanne Darc, etc.; Paris, Dumoulin, 1854, in-8°.

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