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qui porte le même nom et qui ne tire du rapprochement entre les idées que plus d'effet ou plus d'éclat dans le langage.

La comparaison conduit l'esprit à conclure du plus au moins, du moins au plus, ou d'égal à égal. — Bourdaloue, voulant faire sentir combien est déraisonnable et inconséquent celui qui ose nier la Providence, argumente ainsi par la comparaison du moins au plus :

Il croit qu'un État ne peut être bien gouverné que par la sagesse et le conseil d'un prince; il croit qu'une maison ne peut subsister sans la vigilance et l'économie d'un père de famille; il croit qu'un vaisseau ne peut être bien conduit sans l'attention et l'habileté d'un pilote; et quand il voit ce vaisseau voguer en pleine mer, cette famille réglée, ce royaume dans l'ordre et dans la paix, il conclut sans hésiter qu'il y a un esprit, une intelligence qui y préside. Mais il prétend raisonner tout autrement à l'égard du monde entier, et il veut que, sans Providence, sans prudence, sans intelligence, par un effet du hasard, ce grand et vaste univers se maintienne dans l'ordre merveilleux où nous le voyons. N'est-ce pas aller contre ses propres lumières et contre sa raison?

2. Les contraires. Ce lieu commun est une espèce de comparaison qui consiste à bien faire voir ce qu'est une chose, en disant ce qu'elle n'est point.

Fléchier a mis en lumière toute la supériorité de Turenne en l'opposant d'abord aux généraux qui n'ont pas eu toutes

ses vertus.

Si M. de Turenne n'avait su que combattre et vaincre, s'il ne s'était élevé au-dessus des vertus humaines, si sa valeur et sa prudence n'avaient été animées d'un esprit de foi et de charité.... je laisserais à la vanité le soin d'honorer la vanité.... S'il avait fini ses jours dans l'aveuglement et dans l'erreur, je louerais en vain des vertus que Dieu n'aurait pas couronnées.... mais, grâces à J. C., je parle d'un chrétien éclairé des lumières de la foi.

Il a puisé encore à la même source dans le passage

suivant :

M. le Tellier ne ressembla pas à ces âmes oisives qui n'apportent d'autre préparation à leurs charges que celle de les avoir désirées; qui mettent leur gloire à les acquérir, non pas à les exercer; qui s'y jettent sans discernement, et s'y maintiennent sans mérite, et qui n'achètent ces titres vains d'occupation et de dignité que pour satisfaire leur orgueil et pour honorer leur paresse: il se fit connaître au public par

l'application à ses devoirs, la connaissance des affaires, l'éloignement de tout intérêt.

De même J. J. Rousseau veut faire valoir les charmes de la retraite :

Je n'irais pas me bâtir une ville à la campagne, ni mettre au fond d'une province les Tuileries devant mon appartement; sur le penchant de quelque agréable colline bien ombragée, j'aurais une petite maison rustique.

Il s'agit de faire l'éloge de la paix :

Si la guerre est la cause des plus grands maux, nous devons en chercher le remède dans la paix.

Quel bel effet de contraste dans ces vers de Racine:
Déplorable Sion, qu'as-tu fait de ta gloire?

Tout l'univers admirait ta splendeur :
Tu n'es plus que poussière, et de cette grandeur
Il ne nous reste plus que la triste mémoire.
Sion, jusques au ciel élevée autrefois,

Jusqu'aux enfers maintenant abaissée.

3. Les choses qui répugnent entre elles. Ce lieu commun fournit d'excellents arguments par la contradiction qu'il met en lumière; c'est une sorte de réduction à l'ahsurde.

Ainsi, accusé de s'être laissé entraîner par un amour coupable, Hippolyte fait sortir de ce lieu commun sa justification:

Seigneur, je crois surtout avoir fait éclater

La haine des forfaits qu'on ose m'imputer.

C'est par là qu'Hippolyte est connu dans la Grèce ;

J'ai poussé la vertu jusques à la rudesse.

On sait de mes chagrins l'inflexible rigueur;

Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon cœur,
Et l'on veut qu'Hippolyte, épris d'un feu profane....

C'est le raisonnement que l'Agneau adresse au Loup:
Que Votre Majesté

Ne se mette pas en colère;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je vais me désaltérant

Dans le courant,

Plus de vingt pas au-dessous d'elle,
Et que par conséquent en aucune façon
Je ne puis troubler sa boisson.

qui porte le même nom et qui ne tire du rapprochement entre les idées que plus d'effet ou plus d'éclat dans le langage.

La comparaison conduit l'esprit à conclure du plus au moins, du moins au plus, ou d'égal à égal. - Bourdaloue, voulant faire sentir combien est déraisonnable et inconséquent celui qui ose nier la Providence, argumente ainsi par la comparaison du moins au plus :

Il croit qu'un État ne peut être bien gouverné que par la sagesse et le conseil d'un prince; il croit qu'une maison ne peut subsister sans la vigilance et l'économie d'un père de famille; il croit qu'un vaisseau ne peut être bien conduit sans l'attention et l'habileté d'un pilote; et quand il voit ce vaisseau voguer en pleine mer, cette famille réglée, ce royaume dans l'ordre et dans la paix, il conclut sans hésiter qu'il y a un esprit, une intelligence qui y préside. Mais il prétend raisonner tout autrement à l'égard du monde entier, et il veut que, sans Providence, sans prudence, sans intelligence, par un effet du hasard, ce grand et vaste univers se maintienne dans l'ordre merveilleux où nous le voyons. N'est-ce pas aller contre ses propres lumières et contre sa raison?

2. Les contraires.- Ce lieu commun est une espèce de comparaison qui consiste à bien faire voir ce qu'est une chose, en disant ce qu'elle n'est point.

Fléchier a mis en lumière toute la supériorité de Turenne en l'opposant d'abord aux généraux qui n'ont pas eu toutes

ses vertus.

Si M. de Turenne n'avait su que combattre et vaincre, s'il ne s'était élevé au-dessus des vertus humaines, si sa valeur et sa prudence n'avaient été animées d'un esprit de foi et de charité.... je laisserais à la vanité le soin d'honorer la vanité.... S'il avait fini ses jours dans l'aveuglement et dans l'erreur, je louerais en vain des vertus que Dieu n'aurait pas couronnées.... mais, grâces à J. C., je parle d'un chrétien éclairé des lumières de la foi.

Il a puisé encore à la même source dans le passage

suivant :

M. le Tellier ne ressembla pas à ces âmes oisives qui n'apportent d'autre préparation à leurs charges que celle de les avoir désirées; qui mettent leur gloire à les acquérir, non pas à les exercer; qui s'y jettent sans discernement, et s'y maintiennent sans mérite, et qui n'achètent ces titres vains d'occupation et de dignité que pour satisfaire leur orgueil et pour honorer leur paresse: il se fit connaître au public par

l'application à ses devoirs, la connaissance des affaires, l'éloignement de tout intérêt.

De même J. J. Rousseau veut faire valoir les charmes de la retraite :

Je n'irais pas me bâtir une ville à la campagne, ni mettre au fond d'une province les Tuileries devant mon appartement; sur le penchant de quelque agréable colline bien ombragée, j'aurais une petite maison rustique.

Il s'agit de faire l'éloge de la paix :

Si la guerre est la cause des plus grands maux, nous devons en chercher le remède dans la paix.

Quel bel effet de contraste dans ces vers de Racine :

Déplorable Sion, qu'as-tu fait de ta gloire?

Tout l'univers admirait ta splendeur :
Tu n'es plus que poussière, et de cette grandeur
Il ne nous reste plus que la triste mémoire.
Sion, jusques au ciel élevée autrefois,

Jusqu'aux enfers maintenant abaissée.

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3. Les choses qui répugnent entre elles. Ce lieu commun fournit d'excellents arguments par la contradiction qu'il met en lumière; c'est une sorte de réduction à l'ahsurde.

Ainsi, accusé de s'être laissé entraîner par un amour coupable, Hippolyte fait sortir de ce lieu commun sa justifi

cation:

Seigneur, je crois surtout avoir fait éclater

La haine des forfaits qu'on ose m'imputer.

C'est par là qu'Hippolyte est connu dans la Grèce;

J'ai poussé la vertu jusques à la rudesse.

On sait de mes chagrins l'inflexible rigueur;

Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon cœur,
Et l'on veut qu'Hippolyte, épris d'un feu profane....

C'est le raisonnement que l'Agneau adresse au Loup:

Que Votre Majesté

Ne se mette pas en colère;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je vais me désaltérant

Dans le courant,

Plus de vingt pas au-dessous d'elle,
Et que par conséquent en aucune façon
Je ne puis troubler sa boisson.

LEÇON VI.

DES LIEUX COMMUNS.

1. DES LIEUX COMMUNS.
FINITION.
L'ESPÈCE.

- 2. DES LIEUX INTRINSÈQUES. 3. LA DÉ5. LE GENRE ET

4. L'ÉNUMÉRATION DES PARTIES.

1. Des lieux communs. Déjà l'exemple, l'induction tirée des faits, la contradiction établie entre les paroles ou les actions de l'adversaire sont moins des arguments mêmes que des sources d'où l'écrivain peut tirer les preuves de ce qu'il avance. Aristote et tous les logiciens qui ont traduit et commenté son Organon et sa Rhétorique ont indiqué encore d'après le maître certains points de vue communs à tous les sujets; c'est là ce qu'on appelle les lieux des arguments ou lieux communs.

Les lieux communs sont donc les points de vue généraux sous lesquels tous les sujets peuvent être envisagés; ce sont des sources d'où l'esprit peut tirer des arguments pour toutes les causes.

Telle est l'acception rigoureuse dans laquelle il faut prendre cette expression et non comme synonyme du mot banalité, comme lorsqu'on dit que la description du lever du soleil ou l'éloge de la paix est un lieu commun.

D'ailleurs, rien n'est plus injuste que le discrédit où les esprits légers ont jeté les lieux communs : c'est une banalité, disent-ils, à propos de tout fait élémentaire, de toute vérité générale; c'est un principe rebattu. Rebattu, oui, rebattu comme tout ce qui est vrai, sans quoi on ne l'aurait pas redit tant de fois; rebattu, vous voyez cependant qu'on ne l'a pas assez dit, puisqu'il faut le redire

encore.

On distingue deux sortes de lieux: 1° Les lieux intrin

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