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fois, il mêle le délibératif au démonstratif. L'assemblée des notables de 1596 délibère sur les finances de l'État; le roi Henri IV, aussi habile que généreux, fait de sa propre conduite un éloge qui aurait dû lui gagner tous les cœurs; voilà le démonstratif uni au délibératif1. - Enfin, Lally-Tollendal, plaidant pour la réhabilitation de son père, trace de cet honnête homme un portrait touchant; au nom de l'honneur et des intérêts de la patrie, il exhorte les juges à revenir sur un arrêt inique; voilà le démonstratif et le délibératif unis au judiciaire,

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Toutefois, soit dans des compositions séparées, soit dans un seul et même discours, l'orateur ou l'écrivain a toujours pour objet de louer ou de blâmer, de conseiller ou de dissuader, d'accuser ou de défendre; et les règles simples et générales suggérées par l'étude des grands modèles s'appliquent également dans tous les cas :

I. GENRE DÉMONSTRATIF.—Louer et blâmer par les faits. II. GENRE DÉLIBÉRATIF. Mettre le bien absolu audessus de tous les intérêts particuliers.

III. GENRE JUDICIAIRE.

droit naturel.

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LECON III.

DIVISION GÉNÉRALE DE LA RHETORIQUE.

1. DIVISION DE LA RHÉTORIQUE.

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3. UTILITÉ DE CETTE DIVISION. RÈGLE GÉNÉRALE.-4. DE L'INVENTION.

6. DE L'ÉLOCUTION. 5. DE LA DISPOSITION.

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- 8. RÈGLES GÉNÉRALES.

1. Division de la rhétorique. -Les règles de la rhétorique se partagent en trois groupes qui forment les

4. Voir Morceaux choisis des Classiques français, 3e année, page 165.

trois parties de l'art de parler et d'écrire. Ces parties traitent : 1o de l'invention; 2o de la disposition; 3° de l'élocution.

Cette division correspond aux trois faits positifs du travail propre à l'orateur et à l'écrivain, mieux encore à l'intelligence humaine, qui doit dans tout ce qu'elle entreprend trouver, ordonner et exprimer. Il faut savoir d'abord ce que l'on veut dire et les meilleurs moyens de le faire accepter aux autres; puis dans quel ordre les moyens doivent être rangés; enfin quelle est la forme qui peut ajouter à la puissance de ces moyens.

Les trois parties essentielles de l'art d'écrire prennent donc le nom du travail dont elles donnent les règles, elles s'appellent l'invention, la disposition et l'élocution.

2. Origine de cette division. Cette division a son origine dans les faits élémentaires de la vie intellectuelle; elle est essentielle et logique, aussi s'applique-t-elle à tous les arts comme à l'art d'écrire. Non moins que l'orateur, le poëte, le peintre et le musicien cherchent un sujet et fixent leur objet, leurs moyens, leurs effets; ils disposent dans un ordre général les conceptions, les personnages ou les motifs une fois trouvés; c'est alors que le poëte compose ses vers, que le peintre place ses couleurs, que le musicien écrit ses mélodies: ce dernier travail est pour eux ce que le style est pour l'écrivain.

3. Utilité de cette division. Ainsi qu'il arrive à toutes les prescriptions logiques imposées aux choses de l'esprit, cette division a été combattue par quelques critiques, elle a été accusée d'être arbitraire et tyrannique.

Sans doute l'homme a toujours le droit d'abuser de sa liberté et de s'abandonner au désordre sous prétexte d'indépendance; mais il n'en reste pas moins vrai que cette division loin d'être une œuvre factice, une création de l'école, est l'expression même de la nature. C'est vouloir aller contre la raison et le sens commun que de rejeter une méthode de travail intellectuel, qui a pour elle et l'expérience et le bon sens. La rhétorique proclame cette règle générale: qu'il

faut concevoir un sujet, en disposer les parties, les traiter dans le style qui leur convient; obéir à cette règle c'est simplement suivre l'inspiration de la nature et de la raison.

4. De l'invention.- L'Invention fournit à l'orateur ou à l'écrivain le moyen de féconder son sujet.

Si, comme il arrive souvent, le sujet est donné d'avance, l'invention fournit les moyens de développer ce sujet; elle découvre les instruments de la persuasion, c'est-à-dire, les mœurs qui peuvent plaire, les arguments capables de convaincre, les passions qu'il est bon d'exciter. Boileau a dit : Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.

5. De la disposition.- La Disposition détermine l'ordre dans lequel ces moyens doivent être employés, ces matériaux arrangés. Elle enseigne le plan du discours, les rapports et la progression des sentiments et des idées; elle dit ce qu'il faut mettre au commencement, au milieu, à la fin.

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6. De l'élocution. L'Elocution indique le ton qu'il faut prendre, le style, les expressions, les figures, les tours de phrase qui doivent donner à la pensée plus de vigueur, plus d'éclat ou plus de charme.

7. De l'action. A ces trois parties de l'art oratoire Cicéron et après lui les rhéteurs anciens en ajoutaient une quatrième, l'Action qui renferme le débit, le geste et la mémoire.

L'action est en réalité l'éloquence de la voix et du geste, c'est l'ensemble des mouvements qui constituent la physionomie. Elle tenait dans l'éloquence des anciens une place plus considérable que de nos jours. Pour Démosthène ou pour Cicéron la tribune était comme un piedestal d'où l'orateur par ses attitudes et ses gestes charmait ou touchait une multitude facile à passionner. Les modernes ont plus d'écrivains que d'orateurs. Ajoutons que notre tribune et notre chaire sont moins favorables à ce développement théâtral de l'action. Enfin le goût moderne se défie un peu de ces séductions et de ces entraînements, il se tient en garde

contre un orateur qui semble vouloir s'adresser aux yeux et à l'oreille plus qu'à l'esprit. Cependant Fénelon recommande l'action aux prédicateurs, il en donne des règles; et Buffon s'est montré juste observateur de la nature humaine en disant :

Que faut-il pour ébranler la plupart des hommes et les persuader? Un ton véhément et pathétique, des gestes expressifs et fréquents, des paroles rapides et sonnantes.

Quant à la mémoire, elle est bien plus que la voix et le geste indépendante de l'éloquence; elle ne lui fournit qu'un secours accessoire. Les rhéteurs anciens avaient fait de la mnémonique une étude longue et minutieuse qui n'est plus guère pour nous qu'un objet de curiosité.

8. Règles générales. trois règles suivantes :

En résumé la raison pose les

I. Chercher d'abord à concevoir clairement ce que l'on doit dire.

II. Disposer ses idées dans l'ordre le plus propre à persuader.

III. Adapter à son sujet le ton et le style qui lui conviennent le mieux.

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-

- 3. RÈGLES

1. OBJET DE L'INVENTION. - 2. UTILITÉ DE CETTE PARTIE. GÉNÉRALES. 4. DIVISION DE CETTE PARTIE. 5. DES MEURS. 8. DE LA BIENVEILLANCE. 10. DE L'EMPLOI DES MEURS.

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6. DE LA PROBITÉ. - 7. DE LA MODESTIE. -9. DE LA PRUDENCE. 11. DES NEURS RÉELLES ET DES MEURS ORATOIRES.- 12. PLACE QUI CONVIENT AUX MŒURS.-13. REGLES RELATIVES AUX MEURS.

1. De l'Invention. Cette partie de l'art d'écrire a pour objet de découvrir les moyens de persuader. En effet le but de tous les ouvrages de l'esprit est de faire passer certains sentiments ou certaines opinions dans l'âme des auditeurs ou des lecteurs.

2. Utilité de cette partie. - Si l'écrivain ou l'orateur néglige ce travail préparatoire de réflexion, il tombera dans cet inconvénient signalé dès longtemps par Cicéron et par Pascal, quand ils ont remarqué que la dernière chose qu'on trouve en faisant un ouvrage est de savoir celle qu'il faut mettre la première. Buffon a dit aussi avec une raison éclairée par l'expérience :

C'est pour n'avoir pas assez réfléchi sur son objet qu'un homme d'esprit se trouve embarrassé et ne sait par où commencer à écrire; il aperçoit à la fois un grand nombre d'idées, et comme il ne les a ni comparées ni subordonnées, rien ne le détermine à préférer les unes aux autres. Pour bien écrire il faut donc posséder pleinement son sujet; il faut y réfléchir assez pour voir clairement l'ordre de ses pensées et en former une suite, une chaine continue, dont chaque point représente une idée.

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