Catin n'eft plus: j'ai le malheur de vivre ; Et tous fes chiens; c'eft milord Abington. (3) Il aperçoit une foule éperdue, Une beauté fur le fable étendue, Covelle en pleurs, & des verres caffés. On meurt, Milord; & les gens empreffés Oui, dit Covelle: hé bien, nous le verrons. Qui fait un cercle en lui preffant la croupe, La belle ferre, & foudain reffufcite. On bat des mains; Bonnet n'a jamais fu NOTES DU TROISIEME CHANT. SAINT-M (1) AINT-MAURICE dans le Valais, à quelques milles de la fource du Rhône. C'eft en cet endroit que la legende a prétendu que Dioclétien, en 287, avait fait martyrifer une légion compofée de fix mille chrétiens à pied, & de fept cents chrétiens à cheval, qui arrivaient d'Egypte par les Alpes. Le lecteur remarquera que Saint-Maurice eft une vallee étroite entre deux montagnes efcarpées, & qu'on ne peut pas y ranger trois cents hommes en bataille. Il remarquera encore qu'en 287, il n'y avait aucune perfecution, que Dioclétien alors comblait tous les chretiens de faveurs, que les premiers officiers de fon palais, Gorgonios & Dorotheos, étaient chrétiens, & que fa femme Prifca était chretienne, &c. Le lecteur obfervera furtout que la fable du martyre de cette legion fut ecrite par Gregoire de Tours qui ne passe pas pour un Tacite, d'après un mauvais roman attribue à l'abbé Eucher, évêque de Lyon, mort en 454: & dans ce roman il eft fait mention de Sigifmond, roi de Bourgogne, mort en 523. Je veux & je dois apprendre au public qu'un nommé Nonotte ci-devant jéfuite, fils d'un brave crocheteur de notre ville, a depuis peu, dans le ftyle de fon père, foutenu l'authenticité de cette ridicule fable avec la même impudence qu'il a prétendu que les rois de France de la première race n'ont jamais eu plufieurs femmes, que Diocletien avait toujours été perfecuteur, & que Conftantin était, comme Moïfe, le plus doux de tous les hommes. Cela se trouve dans un libelle de cet ex-jefuite, intitulé les Erreurs de Voltaire: libelle auffi rempli d'erreurs que de mauvais raisonnemens. Cette note eft un peu étrangère au texte, mais c'est le droit des commentateurs. Cette note eft de M. C***, avocat, à Besançon. (2) Il eft mort depuis peu. Il faut avouer qu'il aimait fort à boire; mais il n'en avait pas moins de pratiques. Il disait plus de bons mots qu'il ne guériffait de malades. Les médecins ont joué un grand rôle dans toute cette guerre de Genève. M. Jorri, mon médecin ordinaire, a contribué beaucoup à la pacification; il faut espérer que l'auteur en parlera dans fa première édition de cet important ouvrage. A l'égard des chirurgiens, ils s'en font peu mêlé, attendu qu'il n'y a pas eu une égratignure, excepté le foufflet donné par un predicant dans l'affemblée qu'on nomme la vénerable compagnie. Les chirurgiens avaient cependant préparé de la charpie, & plufieurs citoyens avaient fait leur teftament. Il faut que l'auteur ait iguoré ces particularités. (3) Milord Abington s'eft diftingué depuis dans le fénat britannique par fon patriotisme, & une haine conftante pour la corruption, la tyrannie & les reftes de fuperftition que l'Angleterre conferve encore. Il a fait un difcours très raisonnable & très - plaifant contre des lois ridicules fur l'observation du dimanche, imitées des lois juives fur le fabbat, qui s'obfervent à Londres avec rigueur, & pour lesquelles le confeil de la cité & même les chambres du parlement font semblant d'avoir beaucoup de zèle, afin de faire leur cour à la populace qui, en Angleterre comme ailleurs, s'amuse beaucoup des perfècutions exercées au nom de DIEU. Milord Abington confultait un jour, pour un mal d'yeux, Tronchin, qui lui recommanda de ne pas trop lire.— Je ne lis jamais, dit Milord : il y a quelques années que j'essayai de parcourir un livre qui s'appelait, je crois, la Genèse; mais, après en avoir lu quelques pages, je le laissai là. Il paraissait à Genève tel qu'on le peint ici. Note des éditeurs. CHANT QUATRIEME. Nos voyageurs devifaient en chemin; Ils fe flattaient d'obtenir du deftin Comme il parlait, passa la Renommée : Elle portait trois cornets à bouquin; (1) L'un pour le faux, l'autre pour l'incertain, Et le dernier, que l'on entend à peine, Eft pour le vrai, que la nature humaine Chercha toujours & ne connut jamais. La belle aussi se servait de fifflets. Son écuyer, l'aftrologue de Liége, De fon chapitre obtint le privilége D'accompagner l'errante Déité; Et le Menfonge était à fon côté. |