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On rapporte encore une autre pièce imprimée chez Denis Binet, avec permission, 1589.

AVERTISSEMENT AU PROCES.

-Messieurs les députés des provinces du royaume de France, demandeurs selon l'exploit et libelle de M. Pierre Dufour Lévesque, en date du 12 janvier 1589, d'une part, et le peuple et consorts aussi joints, demandeurs d'une part, coutre Henri de Valois, au nom et en la qualité qu'il procéde, défendeur d'autre part; disent par-devant vous messieurs les officiers et conseillers de la courouse de France, tenants la cour de parlement a Paris, que, pour les causes, raisons et moyens ci-après déduits :

les avocats, les procureurs, les notaires, firent le même serment au nombre de tros cent vingt-six.

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Le mardi 17 janvier, qui était le lendemain de l'empr sonnement des cinquante magistrats, le parlement tiot is séances comme à l'ordinaire. L'audience fut tenue par président Barnabé Brisson, qui accepta ce dangereus poste crut se préparer une ressource contre l'indignation da roi, en protestant secrètement par-devant les notaires LGcon et Le Noir, que c'était malgré lui qu'il présidait à parlement. et qu'il cédait à la violence: protestation qui seit rarement d'excuse, et qui ne décèle qu'ua esprit faible. Le premier president Achille de Harlai, plus courageas, aima mieux rester à la Bastille que de trahir son rei ei sa conscience. Brisson crut ménager les deux partis, et fut bientôt la victime de sa politique malheureuse.

Ce fut dans ce même mois de janvier que la Sorbonne, s'étant assemblée extraordinairement au nombre de soixante el dix docteurs, déclara que le peuple était libre du serment de fidélité prété au roi, populus hujus regni solutus est dij liberatus à sacramento fidelitatis, etc. Un tel acte n'aura été dans d'autres temps qu'un crime de lèse-majesté au premier chef; mais alors c'etait un arrêt d'une cour souretace de conscience, arrêt qui, favorisant l'opinion publique, était

exécuté avec zèle.

Ledit Henri de Valois pour raison du meurtre et assassinat commis ès illustrissimes personnes de messieurs les duc et cardinal de Guise, sera condamné pour réparation | - dudit assassinat à faire amende honorable, nu en chemise, la tête nue et pieds nus, la corde au col, assisté de l'exé.cuteur de la haute justice, tenant en sa main une torche ardente de trente livres, lequel dira et déclarera en l'assemblée des états, les deux genoux en terre, qu'à tort et sans cause, malicieusement et témérairement il a commis .ou fait commettre ledit assassinat aux dessusdits due et cardinal de Guise, duquel il demandera pardon à Dieu, à la justice et aux états. Que dès à présent comme criminel et tel déclaré, il sera démis et déclaré indigne de la couronne de France, renonçant à tout tel droit qu'il y pourrait prétendre, et ce, pour les cas plus à plein mentionnés et déclarés au procès, dont il se trouvera bien et ⚫ duement atteint et convaincu; outre qu'il sera banni et • continé à perpétuité au couvent et monastère des hierony-seillers nouveaux; ceux qui pouvaient lus être affectionnes mites, assis près du bois de Vincennes, pour là y jeûner au pain et à l'eau le reste de ses jours. Ensemble condamné •ès dépens, et à ces fins disent, etc. Par ces moyens et autres que la cour de grace pourra trop mieux suppléer, coacluent les demandeurs avec dépens, Pour l'absence de l'avocat, signé, Chicot.

Cette pièce est plus que suspecte. Bayle, en la citant à l'article Henri de Guise, aurait dû, ce me semble, faire réflexion qu'elle n'est point tirée des registres du parlement, qu'elle n'est point signée d'un avocat, qu'on la suppose signée par Chicot; c'est le même nom que celui du fou du roi. Il n'y est point fait mention de la mère et de la veuve des princes assassinés. Il n'était point d'usage de spécifier au parlement les peines que la justice peut infliger contre un coupable. Enfin cette requête doit être plutôt considérée comme un libelle du temps, que comme une pièce judiciaire. Elle sert seulement à faire voir quel était l'emportement des esprits dans ces temps déplorables.

CHAPITRE XXXI.

Parlement trainé à la Bastille par les factieux. Décret de la Sorbonne contre Henri III. Meurtre de ce monarque.

On peut avec juste raison ne pas regarder comme le parlement de Paris celui qui siégeait alors dans cette ville. C'est ici qu'il faut soigneusement observer les dates. Le duc de Guise avait été assassiné le vendredi 23 décembre 1588, et le cardinal le 24.

La Ligue était à Paris toute puissante; la faction nommée des Seize, composée de bourgeois, et vendue à l'Espagne et an pape, était maîtresse de la ville.

Le lundi 16 janvier 1589, Jean Le Clerc dit Bussi, autrefois procureur au parlement, et devenu gouverneur de la Bastille, se transporta à la grand'chambre, suivi de cinquante satellites couverts de cuirasses, et le pistolet à la main; il ordonna au premier président de Hailai, aux présidents De Thou et Potier, de le suivre. Il alla ainsi de chambre en chambre se saisir des magistrats qu'il soupçonuait être attar hés au roi. Ils furent conduits à la Bastille au nombre de cinquante, à travers deux baies de bourgeois.

Quelques membres de la chambre des comptes, du grand conseil et de la cour des aides, furent mis dans d'autres prisons.

Le parlement était alors composé d'environ cent quatrevingts membres. Il y en cut cent vingt-six qui firent serment sur le crucifix de ne jamais se départir de la Ligue, et de poursuivre la vengeance de la mort du duc et du cardinal de Guise contre les auteurs et les complices. Les greffiers,

Le jeudi 26 janvier, le héraut Auvergne, envoyé de la part du roi, se presenta aux portes de Paris pour interdite le parlement et les autres cours supérieures. On le mit en pri son; il fut menacé de la corde es renvoyé sans réponse. Le roi avait indiqué que son parlement se tiendrait à Tours, comme Charles VII avait tenu le sien à Poitiers; mais il ne réussit pas mieux que Charles VII. Il créa quelques 100dans le parlement de Paris n'eurent pas la liberté d'aller à Tours, et cette cour continua ses fonctious sans difficulté. Le 13 mars 1589. le duc de Mayenne prèta dans la grand'chambre le serment de lieutenant général de l'état royal es couronne de France. Le président Brisson I sait le serment, et le duc de Mayenne répétait mot à mot après lui.

Le même esprit de sédition avait gagné presque toutes les villes du royaume. La populace de Toulouse gorgra le! premier président Duranti et l'avocat général Daftis, deos magistrats connus par leur fidélité pour le roi et par l'inségrite de leur vie. On pendit le cadavre de Duransi à une potence. Les autres membres du parlement de Toulouse, dont deux conseillers, comme le remarque De Thon, avaiest les mains encore teintes du sang de leur premier président, embrassèrent le parti de la Ligue. Henri III fut penda es eftigie daus ia place publique par le peuple furieus. Oa vendait une mauvaise estampe de lui, et on crisit: & cong! sous notre tyran.

Heuri III, qui s'était attiré tant de malheurs pour voir pas voulu s'unir avec Heuri de Navarre, et pour s'ètre imaginé qu'il pourrait triompher à-la-fois de la Ligue et de ce brave prince, fut enfin obligé d'avoir recours à lui. Les deux rois joigairent leurs armées et vinrent se camper i du duc de Guise et du cardinal de Lorraine, animait at Saint-Cloud, devant Paris. La duchesse de Montpensier, sat fureur les Parisiens à soutenir toutes les horreurs du siègne Il est rapporté dans le journal de Henri III que le roilsi fit dire qu'il la ferait brûler vive; à quoi elle répondit Le feu est pour des sodomites tels que lui.

Trois jours après ce discours, le moine Jacques Clémenta jacobia, que le président De Thou ne fait age que de ringis deux ans, assassina Henri III dans Saint-Cloud (1o 2 guste 1589).

On trouve dans les mémoires de ce temps-là que La Gueste, procureur général, qui avait trouvé le moyen de se vader de Paris, et qui malheureusement présenta lui-me le moine au roi, ne fut point appelé pour faire le proce au cadavre du meurtrier, tue de plusieurs coups de la masa dos gardes, immédiatement après avoir commis son crit Il déposa comme un autre dans le procès criminel fail cadavre par le marquis de Richelieu, grand prevôt France, et ce fut Henri IV qui porta lui-même l'arret ( auguste 1589), et condamna le corps du moine à être ecare telé et brûlé. Le mim prince condanna, deux jours sp un cordelier, nommé Jean Le Roi, à être jeté vivant da un sac au fond de la Seine, pour avoir tué un de ses serum

teurs.

A l'égard du moine Jacques Clément, il avait été incitéž, ce parricide par son prieur, nommé Bourgoin, et par la da chesse de Montpensier. Les mémoires du temps disent qu ceite princesse s'était abandonnée à lui pour le mieux ent courager; mais ce fait est bien douteux. Jacques Clémen

'eut pas le temps de s'en vanter, et sans doute la princesse en at pas l'aveu; il faut s'en tenir aux faits publics et

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CHAPITRE XXXII.

frrets de plusieurs parlements, après la mort de Henri III. Le premier president Brisson pendu par la faction des

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de Châtenai en Poitou (10 mai), où Henri IV l'avait fait transférer, La Ligue ne s'occupa qu'à faire élire un nouveau roi L'intention de Philippe 11 était de donner le royaume de France à sa fille Claire-Eugénie, qui devait épouser le duc de Guise, fils du Balafré, assassiné à Blois.

On fesait toujours rendre des arrêts par le parlement, et ce qu'on appelle des décrets par la Sorbonne. Celle-ci, par son décret du 7 mai 1590, promettait la couronne du martyre à quiconque avait le bonheur de mourir en combattant contre Heuri IV.

(5 juin) Ce fut en vertu de ce décret que se fit cette fameuse procession de la Ligue, en présence du cardinal CaAprès la mort de Henri III, il parut pas que Henri IVjetan, légat du pape, de plusieurs évêques italiens, et du la ere jamais roi de France. Plusieurs seigneurs catholi-jésuite Bellarmin, depuis cardinal, qui tous avaient suivi le jars l'abandonnèrent sous prétexte qu'il était hérétique; Bois dans le dessein réel de démembrer le royaume, et d'ea sisir quelques ruines. Les prédicateurs remercièrent Dieu, ans Paris, de la mort de Henri de Valois.

légat.

son aumônier d'un coup de fusil chargé à balle. Cet accident ne troubla point la cérémonie. De Thou rapporte que les moines crièrent que cet aumônier était sauvé, puisqu'il était mort dans une si sainte cérémonie; et le peuple ne prit seulement pas garde à la mort de l'aumônier.

Cependant on pendait sans miséricorde tous ceux qui parlaient de traiter avec le roi. Ce prince, victorieux à İvri, était déja devant les portes de Paris avec des troupes plus formidables que la procession des moines.

L'évêque de Senlis, Guillaume Rose, était à la tête, portant un crucifix d'une main, et une hallebarde de l'autre. Après lui venait le prieur des chartreux, suivi de tous ses (1589) Dès le auguste, le duc de Mayenne fit publier moines, l'habit retroussé, le capuchon abattu, un casque en lans le parlement, et enregistrer un édit par lequel on re-tête. Les quatre ordres mendiants, les minimes, les capueanaissait pour roi le cardinal Charles de Bourbon, qu'on cins, marchaient dans le même équipage, portant tous de 13mm Charles X. On ft frapper de la monnaie en son vieux mousquets avec un air menacant, les yeux enflammés, om. Ce Charles X était un vieillard peu capable du rôle en grinçant les dents, comme le dit le président De Thou. qu'on lui fesait jouer, et qui de plus était alors prisonnier Le caré de Saint-Côme fesait l'office de sergent; il orFétat à Chinon. Heari IV'avait été obligé de s'assurer de sa donnait la marche, les haltes, les salves de mousqueterie. personne, et la Ligue ne le regardait que comune un fan-Les moines défilant devant le coche du légat, l'un d'eux tua tome au nom duquel elle s'arrogeait la suprême puissance. Le parlement de Bordeaux ne reconnut ni Henri IV, ni Charles X, mais celui de Toulouse donna un étonnant leroici comme il s'exprima le 22 auguste 1589. La caur, toutes les chambres assemblées, avertie de la iraculeuse, épouvantable et sanglante mort de Henri III, dreaue le premier de ce mois, a exhorté et exhorte tous exques et pasteurs... de faire, chacun en leurs églises, rendre graces à Dieu de la faveur qu'il nous a faite de la délivrance de la ville de Paris et autres villes du royaume, (10 septembre) I fit préparer une escalade du côté du *a ordonné et ardonne que tous les ans, le premier d'au- faubourg Saint-Jacques pendant une nuit fort sombre. •¿ute, l'on fera procession et prières publiques en re- Cette entreprise allait réussir. Qui croirait qu'un libraire, casance des bénéfices qu'il nous a faits ledit jour.. un avocat, et un jésuite, empéchèrent Henri IV de se renCet étrange arres ajoutait defense, sous peine de mort, de dre maitre de sa capitale? Le jésuite, d'une vieille bache, reconnaire Heari de Bourbon, soi-disant roi de Navarre, et coupa la main d'un soldat qui avait déja le poignet appuyé gat d'observer exactement la bulle d'excommunica-sur la muraille; on jeta de la paille allumée dans le fossé a lancée contre ce prince par le pape Sixte-Quint, en où les royalistes étaient descendus, l'alarme fut donnée at de laquelle bulle la cour le déclare une seconde fois partout, et Henri IV fut obligé de se retirer. ge et incpable de succéder à la couronne de France, mme atteint et convaincu de plusieurs crimes notoires, merionnés dans ledit arrêt.

La guerre continua de tous côtés. Les Parisiens redoublaient tous les jours leur serment de ne point reconnaître

le roi.

Cast ainsi qu'on foulait aux pieds toutes les lois divines Le nouveau pape, Grégoire XIV, envoyait des troupes maines sous le nom de la justice et de la religion. au secours de la Ligue; il fournissait aux factieux de Paris Tandis que Heari IV, à peide à la tête de trois mille quinze mille livres par mois du trésor que Sixte V avait hames, battait au combat d'Arques, près de Dieppe, le amassé. Ces troupes marchaient avec un archevêque nommé dur de Mayenne qui en avait environ dis mille; tandis que, Mateucci, qui fosait la fonction de commissaire général de et jour sous les armes, il regagnait une partie de son l'armée. La ville de Verdun était son rendez-vous. Le jéframe par sa valeur et par celle de la noblesse attachée suite Jouvenci avoue, dans son Histoire de la Compagnie fortase, le cordelier Peretti, devenu pape sous le nom de Jésus, que le supérieur des novices de Paris, nommé Nide Siste V, envoyait un légat à Paris, et lui donnait une gri, rassembla tous les novices de l'ordre, et les mena à cuon entière sur les laiques, dans presque tous les cas Verdun à l'armée papale, dans laquelle ils furent incorpoparat easentiellement de la juridiction royale. Ce légat rés. Ce trait, qui peut paraître incroyable, ne l'est point site cardinal Cajetan, de la même maison que ce Boni-après tout ce que nous avons vu. ce VIII dont la mémoire était encore si odicuse en France. es lettres de créance et les provisions de sa juridiction suére furent enregistrées sans difficulté au parlement de aria, le 29 février 1590, à la requête du procureur gé eral, Daas le même temps la Sorbonne continuait à seconder te demeare, autant qu'il était en elle. (10 février) Elle arait sérieusement que le pape est en droit d'excommuet de déposer les rois qu'il n'était pas même permis traiter avec Heari de Béaru, hérétique et relaps; que qui le reconnaissaient pour roi etaient en peche mor 1, et elle asserait au nom de la Sainte-Trinité, que quienque osait parler de paix était désobéissant à l'Eglise, Betre sainte mère, et en devait être retranché, comme un thembre pouri et gangrené. •

Le 5 mars de la même année, le parlement fit publier un al arret, par lequel il était défendu, sous peine de ert, d'avoir la moindre correspondance avec Henri IV, et ne de reconnaitre le fantôme Charles X pour roi, et dac de Mayenne, lieutenant général de l'état royal, pour

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Henri IV répondait aux parlements et à la Sorbonne en Toast la bataille d'Ivri (14 mars 1590). Le cardinal de arbon, Charles X, reconnu roi dans Paris et dans une e de la France, moarut quelque temps après au château

Au milieu de tant d'évènements, les uns horribles, les autres ridicules, la faction qu'on nommait des Seize, qui avait dans Paris beaucoup plus d'autorité que le parlement, et qui balançait même celle du duc de Mayenne, donna un nouvel exemple des excès d'atrocité où les guerres civiles entraînent les hommes. Ces Seize, ayant découvert qu'un procureur de la ville, nommé Brigard, avait envoyé une lettre à Saint-Denys, occupé alors par les troupes royales, le déférèrent au parlement, pour lui faire son proces. Le premier président, Barnabé Brisson, sauva la vie à ce malheureux. Les Seize soupçonnèrent Brisson d'être, dans le cœur, du parti du roi; et voici comme ils s'en vengèrent.

Bussi-le-Clerc, gouverneur de la Bastille, celui-là même qui avait déja emprisonné une partie du parlement, com- ! mença d'abord par exiger un blanc signé de dix des principaux factieux, en leur disant que c'était pour consulter la Sorbonne. Dès qu'il eut leur signature, il remplit le papier d'une sentence de mort contre le premier président. On épia le moment où il avait l'imprudence d'aller à pied dans les rues. Il fut saisi, conduit au petit Châtelet; et dès qu'il y fut entré, Crome, conseiller au grand conseil, se présenta à lui, revêtu d'une cotte d'armes, le fit mettre à genoux, et lui lut la sentence qui le condamnait à être pendu pour crime de lèse-majesté divine et humaine.

C'est une chose assez singulière que Brisson, dans ce mo

ment terrible, l'esprit encore rempli des formalités des lois dans lesquelles il avait été élevé, demanda à être confronté avec les témoins qui l'accusaient, Cromé ne lui répondit que par un grand éclat de rire. Brisson eut la faiblesse de demander qu'on differat l'exécution jusqu'à ce qu'il eût bni un ouvrage de jurisprudence qu'il avait commence; on rit encore davantage, et il fut pendu à une poutre (15 novembre 1591).

Une heure après, le lieutenant du grand prevôt, nommé Chouillier, alla saisir, dans le palais, Larcher, conseiller de la grand chambre, sous-doyen des conseillers, vieillard septuagénaire, accusé aussi d'etre partisau du roi. Il fut mené au même endroit où etait le corps de Brisson. Dès que Larcher apercut ce spectacle, il demanda lui-même à mourir, et on le pendit à la même poutre.

Le cure de Saint-Come, dans le même temps, suivi d'une troupe de prêtres et de suppôts de l'université, était allé prendre dans son lit le conseiller au chatelet Tardif, dangereusement malade, et qui venait d'ètre saigne; il le préseuta lui-même au bourreau, et le fit périr de la même

pendus et étranglés. Ordonne ladite cour que mesi tion générale sera octroyée au procureur-général, mine demptu, pour informer contre ceux qui favoriseren ledit Henri de Bourbon et ses adhérents.... est orden «que par les places publiques seront plantées potences port y pendre ceux qui seront si malheureux que d'attenter esa.tre leur patrie.

Il n'y eut que le parlement du roi, séant tantôt à Tam tantôt à Chalons, qui pût donner un libre cours à ses se timeats patriotiques. Le pape Grégoire XIV, à son arénse ment au pontificat, avait d'abord envoyé un nonce à la Le que pour seconder le cardinal Cajetan, qui fesait à Paris la fonctions de legat. Ce nonce s'appelait Landriano; il appone tait des bulles qui renouvelaient les excommunications d les monitoires contre Henri II et Henri IV.

Le petit parlement de Châlons, qui n'avait pas mint alors de président à sa tète, déploya toute la vigueur q les autres aurient montrée s'ils avaient été ou plus libre ou moins séduits. Il décréta de prise de corps Laudrase, soi-disant nonce du pape, qui avait osé entrer dans le royaume sans la permission du roi, le ht citer trois jours de marte C'est encore une des horreurs de la nature humaine, qu'il à son de trompe, accorda dix mille livres de récompense se trouve des hommes qui fassent de ces exécutions, et dont qui le livrerait à la justice, defendit aux archevêques et évé le métier soit d'arracher la vie à d'autres hommes, sans s'in-ques de publier ses bulles, sous peine d'être déclarés e former seulement ni si cette mort est juste, ni quel est le minels de lese-majesté, et enfin appela au futur concile de droit de celui qui la commande. l'élection de Grégoire XIV.

manière.

Le lendemain on exposa les trois corps dans la place de Grève, pendus à une potence avec des écriteaux qui les déclaraient traîtres, ennemis de Dieu, et bérétiques. Le duc de Mayence était alors absent de Paris; et les Seize, qui se croyaient les maîtres de la ville, prirent ce temps pour écrire au roi d'Espagne. Ils lui dépèchèrent le jésuite Claude Mathieu, pour le supplier de leur donner sa lille pour reine, en la mariant au jeune duc de Guise. La lettre que Matthieu portait fut interceptée et portée au roi. Il ae manqua pas d'en faire tomber une copie entre les mains du duc de Mayenne; c'était le seul moyen de diviser la Ligue, en semant la jalousie entre ce duc et son neveu.

Mayenne, arrivé à Paris, commença par ôter à Bussi-leClere son gouvernement de la Bastille; il fit pendre, sans forme de procès, quatre des scélérats qui avaient fait mourir les magistrats. Le même bourreau servit pour eux tous, et fut ensuite pendu lui-meme.

Cromé, le plus coupable, échappa; le parlement reprit ses fonctions ordinaires; et le président Le Maltre pri la place de Brisson, sans être intimidé par la catastrophe de son prédécesseur.

CHAPITRE XXXIII.

Le royaume de membre. Le seul parlement, seant auprès de Henri IV, peat montrer sa fidelite. Il decrète de prise de corps le nonce du pape.

Pendant que le parlement de Paris était ainsi tour-à-tour l'organe et la victiine de la Ligue, il faut voir ce que fesaient alors les autres parlements du royaume. Celui de Provence avait envoyé au duc de Savoie, Philibert-Emmanuel, gendre de Philippe I, une députation solennelle, composée de Chastel, évêque de Riez, du baron d'Ampus, et d'un avocat nommé Fabregues.

(14 novembre 1591) Le duc arriva dans Aix. On lui presenta le dais, comme au roi; tous les membres du parlement lui baisèrent la main. Honoré du Laurens porta la parole pour toute la compagnie; on le reconnut pour protecteur de la province, et on lui prêta serment de fidélité.

Le parlement de Grenoble était alors partagé; ceux qui étaient fideles au roi s'étaient retirés au Pertuis; mais Lesdiguieres, qui fut depuis connétable, ayant pris la ville, le parlement se reunit, et n'administra plus la justice qu'au nom du roi.

Le parlement de Rouen se trouvait dans une situation toute semblable à celle qu'éprouvait le parlement de Paris: entièremcat domine par la faction de la Ligue, et à la merci des troupes espagnoles, il eut le malbeur de rendre J'arret suivant le premier janvier 1592.

La cour a fait et fait tres expresses inhibitious et défenses à toutes personnes, de quelque état, diguité, et condition qu'elles soient, sans nul excepter, de favoriser, en aucun acte et manière que ce soit, le parti de Henri de .Bourbon; mais s'en désister incontinent, à peine d'être

Cette démarche, qui étonna toute la France, était rég lière et simple. C'était en effet une insulte à toutes les los et à la raison humaine, qu'un évêque étranger oåt décider du droit des couronnes. La religion qui lui servait de prétexte condamnait elle-même cette audace, et le bon sens ra fexait sentir le ridicule; mais depuis Grégoire VII, l'opi nion, qui fait tout, avait enraciné ces funestes idées dans toutes les têtes ecclésiastiques, qui avaient versé ce poison dans celles des peuples. L'ignorance recevait ces maximes, la fraude les appuyait, et le fer les soutenait. Un moine sufdisait alors parmi les catholiques pour persuader que l'a potre Fierre, qui n'alla jama's à Rome, et qui ne pouvait સ savoir la langue latine, avait siégé vingt-cinq ans sous T bere et sous d'autres empereurs, dans un temps où le titre d'évèché n'était affecté à aucun lieu; et que de ce prétendu siege il avait transmis a Grégoire XIV, qui vint quinze cest ans après lui, le droit de parler en maître à tous les souve rains et à toutes les Eglises, Il fallait être ligueur effrèné. ou imbécile, pour croire de telles fables, et pour se sou mettre à une telle tyrannie.

Il se trouva, pour l'honneur de la France, deux cardinaus et huit évêques qui secondèrent la fermeté du vrai parles. ment, autant que le permettait leur caractère. Les cardi naux étaient celui de Bourbon, cousia-germain du roi, de Lenoncourt, quoique Lorrain. Les prélats étaient Di Beaune, archevêque de Bourges; Du Bec, évêque de Nantes; De Thou, évêque de Chartres; Fumée, de Beauran Sourdis, de Mailiezais (1); D'Augennes, du Mans: Classe de Chalons: D'Aillon, de Bayeux. Leurs noms méritent d'é tre consacrés à la postérité.

(21 septembre 1591) Ils firent ensemble un mandement Chartres, adressé à tous les catholiques du royaume. Nos sommes informés, disen:-ils, que Grégoire XIV, mal in struit, et trompé par les artifices des ennemis de l'état, envoyé des bulles et des monitoires pour interdire et communier les évêques, les princes, et la noblesse, qut a sont pas rebelles à leur roi... Après une mare délibé ration, nous déclarons ces excommunications nulles dat la forme et dans le fond, injustes. dictées par les e - nemis de la France.... sans préjudicier à l'honneur di

pape.

Le parlement du roi, alors séant à Tours, fit mieux: ill brüler par la main du bourreau les bulles du pape, et di clara Grégoire, soi-disant pape, perturbateur du repos p blic, et complice de l'assassinat de Henri III, puisqu'il l'e vait approuvé.

Le parlement de Paris, de son côté, pressé par les & gueurs, fit bruler l'arrêt de celui de Tours au pied du gras escalier, et lui donna les qualifications d'execrable et da bominable.

Le parlement de Tours traita de même l'arrêt du parla ment de Paris. Il fallait que la victoire jogeât de ces disp tes; mais Henri IV, à qui le duc de Parme avait fait lest

(1) Evêché qui ne subsiste plas, et qui fut translete La Rochelle dès l'anné: 1649.

e siège de Paris et de Rouen, n'était pas encore en état favour raison (1).

Le premier president, Achille de Harlai, était alors auwès da rai; c'était lui qui soutenait la dignité du parlement le Tours et de Chalons. Il s'était enfin racheté de la prison le la Bastille, et avait trouvé le moyen de se rendre auprès le Heari IV. Il concat le premier l'idée de secouer eafin marjamais le joug du pape, et de créer un patriarche. Le ardial de Lenoncourt et l'archevêque de Bourges entraient lans ce dessein; mais il était impraticable. Il eût fallu chanper tout d'an coup l'opinion des homines, qui ne change 'avec le temps, ou avoir assez de troupes et assez d'argent your commander à l'opinion.

Cependant, ce parlement statua des réglements dignes de iberté de l'Eglise gallicane. Toutes les nominations du maux évéchés et aux abbayes devaient être confirmées par 'archevêque de la métropole, sans recourir à une hulle du pe: tout le clergé conserverait ses droits, indépendamnet des ordres de Rome; les évêques accorderaient les èmes dispenses que le pape. Ce réglement était aussi sage que hardi; il réprimait l'ambition d'ane cour étrangère, et lattait le clergé national; et cependant, à peine eut-il lieu quelques mois: l'Eglise était aussi déchirée que l'état; la mene ville était prise tour-à-tour par des catholiques et par des protestants: l'ordre et la police ne sont pas le parage d'une guerre civile.

CHAPITRE XXXIV.

Etats-generaux tenus à Paris par des Espagnols et des Itaarns. Le parlement soutient la loi salique. Abjuration

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Trois Espagnols dominèrent dans ces états-généraux de France, le duc de Feria, ambassadeur extraordinaire, den Diego d'Ibarra et Taxis, ambassadeur ordinaire, et le licencié Mendoza. Taxis et Mendoza firent chacun un long discours contre la loi salique. On l'avait déja foulée aux pieds du temps de Charles VI. Elle avait reçu auparavant de rudes atteintes; et si les Espagnols, secondés du pape, avaient réussi, cette loi n'était plus qu'une chimère, Henri IV était perdu; mais heureusement le duc de Mayenne était aussi intéressé que Henri IV à prévenir ce coup fatal. L'élection d'une reine espagnole le fesait tomber des degrés du trône où il était assis le premier. Il se voyait le sujet du jeune Guise son neveu, et il n'était pas possible qu'il consentit à ce double affront.

Le parlement de Paris, dans cette extrémité, secourut à la fin Henri IV et le duc de Mayeune, et sauva la France. Le Maitre, que le duc de Mayenne avait créé premier président, assembla toutes les chambres (29 juin 1593). Ou déclara la loi salique inviolable, on protesta de nullité contre l'élection d'un prince étranger; et le président Le Maitre fut chargé de signifier cet arrêt au duc de Mayenne, et de lai faire les représentations les plus fortes. Le duc de Mayenne les reçut avec une indignation simulée; car pouvait-il être affligé que le parlement rejetit une élection qui lui aurait ôté son pouvoir ? Ces remontrances même le flattaient beaucoup. Le parlement lui disait avec autant d'adresse que de fermeté: Imitez le roi Louis XII, votre bisaïeul, que son

amour pour la patrie a fait surnommer le Père du peuple.. Ces paroles fesaient assez entendre qu'on ne le regardait pas comine un prince étranger; et, tant qu'on éloignait le choix de l'iufante, il demeurait revêtu de l'autorité suprême, sous le titre de protecteur et de lieutenant-général de l'état royal de France.

Dans cette incertitude des états-généraux, il se formait plusieurs partis: celui d'Espagne et de Rome était encore le plus considérable; mais les meilleurs citoyens, parmi lesquels on comptait plusieurs membres du parlement, étaient en secret pour Henri IV, et penchaient à le reconnaitre pour roi, de quelque religion qu'il pût être : ils croyaient qu'il tensit son droit à la couronne de la nature, qui rend

A milieu de tous les reflux orageux de la fortune de Herri IV, le temps était arrivé où Philippe Il croyait donmer an maire à la France. Du foad de l'Escaris il fesait ten 173 etars-généraux à Paris, convoqués par les menées de son ambassadeur et par celles du cardinal legat, plus enrate que par les ordres du due de Mayenne. Paris avait une aroon espagnole; Philippe promettait une armée de vingt-point demander à un citoyen ce qu'il croit de l'eucharistie et mille hommes, et beaucoup d'argent. Henri IV n'en de la confession pour qu'il jouisse des biens de son père, à rait paint, et son armée était peu considérable. Il était plus forte raison ne devait-on pas demander cette condition à Saint-Denys, d'où il pouvait voir arriver dans Paris à l'héritier naturel de tant de rois. Henri IV n'exigeait point les députés de ces états-généraux qui allaient donner son des ligueurs qu'ils se fissent protestants; pourquoi vouloir que Henri IV se fit catholique? pourquoi gener la conscience du meilleur des hommes et du plus brave des princes, qui ne génait la conscience de personne?

tout homme héritier du bien de ses ancêtres. Si on ne doit

parmoine à un autre.

5ril 1592) Le pape Clément VIII, qui avait succédé free XIV, covova un bref au cardinal legat, par lela ordonnait de procéder à l'élection d'un roi. Le beef se fut enregistré que le 28 octobre. Le parlement de Chalons gasta son zele ordinaire contre cette insolence; ne décréta point de prise de corps le legat, comme at décrété Landriano. Ce titre de legat en imposait en07, 24 il y a des préjugés que la fermeté la plus grande cse quelquefois attaquer.

(24 décembre) Cet arrêt du parlement de Chalons fut mere brulé par celui de Paris. Ces deux parlements se femea la guerre par leurs bourreaux, et toute la France en attendait quel roi les états opposeraient au roi lé(25 janvier 1593) Le parlement de Paris n'ent point de wine dans ces états. Ils s'ouvrirent dans le Louvre. On y Wad un Jean Boucher, curé de Saint-Benoit, séditieux, Më me jusqu'à la démence; un caré de Saint-GermainAnterrois un Curilli, docteur de Sorbonne; mais le préit de Neailli, le président Le Maitre, et le conseiller Home Du Vair, yavaient place au nom du parlement. harangues qui furent prononcées étaient aussi ridicules e cellos de la satire Meniper. Ce ridicule n'empêchait pas 'on ne se disposit à nommer un roi. L'or de l'Espagne les balles de Roine pouraient beaucoup. Des troupes esgoles d'avancaient encore. Le duc de Feria, ambassadeur kangne, admis dans ces états, y parlait comme un proparle à des peuples malheureux et désonis qui ont de fai. Enfin il déclara qu'il fallait élire l'infante parse, et qu'on lui donnerait pour mari le jeune duc Ge, ou le duc de Nemours de Savoie, son frère uté mais c'était sur le duc de Guise que le choix devait

ber.

Daniel supprime ou étrangle tous ces faits rapportés De Thou. Ce n'est pas la peine d'écrire l'histoire de Pre pour oublier des choses si capitales.

Tels étaient les sentiments des gens raisonnables, et c'est toujours le plus petit nombre.

Une grande partie du peuple, qui sentait sa misère et qui ne raisonnait point, souhaitait ardemment Henri IV pour roi, mais ne le voulait que catholique. Pressé à-la-fois par l'équité, qui tôt ou tard parle au cœur de l'homme, mais encore plus dominé par la Sorbonne et par les prètres, partagé entre la superstition et son devoir, il n'eût jamais recounu un roi qui priait Dieu en français, et qui communiait sous les deux espèces.

Henri IV prit enfin le seul parti qui convenait à sa situation et à son caractère. Il fallait se résoudre ou à passer sa vie à mettre la France à feu et à sang et hasarder sa couronne, ou rameuer les esprits en changeant de religion. Des princes d'Orange, des Gustave-Adolphe, des Charles XII, n'auraient pas pris ce dernier parti. Il y aurait eu plus d'héroïsme à être inflexible; mais il y avait plus d'humanité et plus de politique dans sa condescendance. Cette négociation, qui coûtait à son cœur, mais qui était nécessaire, avait commencé dès la première tenue des états. Les évèques de son parti avaient eu de fréquentes conférences à Surenne avec les évêques du parti contraire, en dépit de la Sorbonne qui avait eu l'insolence et la faiblesse de déclarer ces confé reuces illicites et impies, mais dont les décrets méprisés par tous les bons citoyens commençaient à l'être par la po pulace même.

On tint done ces conférences pendant une trève accordée par le roi et le duc de Mayenne. Les deux principaux chefs de ces négociations étaient Renaud, archevêque de Bourges, du côté du roi, et d'Espinac, archevêque de Lyon, pour la Ligue; le premier, respectable par sa vertu courageuse; l'autre, diffamé par son inceste avec sa sœur, et odieux par ses intrigues.

Quelques détours que d'Espinac pût prendre pour s'opposer à la conclusion, quelques efforts qu'il teniat avec ses

collègues pour intimider les évêques royalistes, quelques menares qu'il fit de la part du pape, il ne put empècher les prélats du parti du roi de recevoir son abjuration. L'espagne, Rome, le duc de Mayenne, et la Ligue, combattaient pour le papisme; et tout ce qu'ils craignaient était que Henri IV ne se fit catholique. (25 juillet 1593) Il franchit ce pas dans l'église de Saint-Denys.

Ce n'est pas un trait indigne de cette histoire, d'apprendre qu'un curé de Saint-Eustache, avec six de ses confrères, ayant demandé au duc de Mayenne la permission d'aller à Saint-Denys voir cette cérémonie, le duc de Mayenne les renvoya au legat de Rome, et ce légat les menaça de les excommunier s'ils osaient être témoins de la conversion du roi. Ces bons prêtres méprisèrent la défense du légat italien; ils sortirent de Paris à travers une foule de peuple qui les bénissait; ils assistèrent à l'abjuration, et le légat n'osa les excommunier.

avaient conseillé ce crime lui avaient assuré que son am - serait portée par les anges à la béatitude éternelle, venait à bout de son entreprise.

Ce fut là le premier fruit de la conversion de Henri IV Cependant les négociations de Brissac, créé maréchal de France par le duc de Mayenne, et le zèle de quelques toyens de Paris, donnèrent à Henri IV cette capitale que a victoire d'Ivri, la prise de tous les faubourgs, et l'escali aux murs de la ville, n'avaient pu lui donner.

Le duc de Mayenne avait quitté la ville, et y avait lais. pour gouverneur le maréchal de Brissac. Ce seigneur, milieu de tant de troubles, avait conçu d'abord le dessein d faire de la France une république; mais un échevin, Don mé Langlois, bomine qui avait beaucoup de crédit danc ville, et des idées plus saines que le maréchal de Brus traitait déja secrètement avec le roi. L'Huillier, prevede, marchands, entra bientôt dans le même dessein; ils y m

gairent secrètement à lui. Le premier président Le Max, était à la tête; le procureur général Molé, les conse Pierre D'Amours et Guillaume Da Vair, s'assemblaient crètement à l'Arsenal. Le reste du parlement n'était p dans le secret; il rendit même un arrêt (21 mars 1591) er lequel il défendait toute sorte d'assemblées et d'amas dar mes. L'arrêt portait que les maisons où ces assembléesse crètes auraient eté tenues seraient rasées, toute entrepre tout discours contre la sainte Ligue était réputé crime d'eat

Il n'est pas nécessaire de sacrer un roi qui l'est unique-trainèrent Brissac; plusieurs membres du parlement ment par le droit de sa naissance. Le sacre n'est qu'une cérémonie, mais elle en impose au peuple; et elle était indispensable pour un roi à peine réuni à l'Eglise dominaste. Henri ne pouvait être sacré à Reims, cette ville était possédée encore par ses ennemis. On proposa Chartres. On fit voir que ni Pepin, ni Charlemagne, ni Robert, fils de Hugues Capet, tige de la maison régnante, ni Louis-le-Gros, ni plusieurs autres rois, n'avaient été sacrés à Reims. La bouteille d'huile nommée sainte-ampoule, révérée des peuples, fesait naître quelque difficulté. Il fut aisé de prouver Cet arrêt calmait les inquiétudes des ligueurs. Le légale que si un ange avait apporté cette bouteille d'huile du haut le cardinal Pellevé, qui fesaient promener dans Pana du ciel, saint Remi n'en avait jamais parlé; que Grégoire châsse de sainte Geneviève, les ambassadeurs d'Espagnes la de Tours, qui rapporte tant de miracles, avait gardé le si-faction des Seize, les moines, la Sorbonne, étaient rassures lence sur cette ampoule. S'il fallait absolument de l'huile et tranquilles, lorsque le lendemain, à quatre heures du apportée par un ange, on en avait une bonne fiole à Tours, matin, un bruit de mousqueterie et des cris de vive le roi et cette fiole valait bien mieux que celle de Reims, parce-les réveillerent (22 mars 1594). que long-temps avant le baptême de Clovis, un ange l'avait Le provôt des marchands, L'Huillier, l'échevin Langlois apportée pour guérir saint Martin d'un rhumatisme. Enfin avaient passé la nuit sous les armes avec tous les bourgeon l'ampoule de Reims n'avait été donnée que pour le bap-qui étaient du complot. On ouvrit à-la-fois la porte de tême de Clovis, et non pour le sacre. On emprunta donc la fiole de Tours. Nicolas De Thou, évêque de Chartres, oncle de l'historien, eut l'honneur de sacrer le plus grand roi qui ait gouverné la France, et le seul de sa race à qui les Français aient disputé sa couronne.

CHAPITRE XXXV.

Henri IV reconnu dans Paris.

Henri IV, converti et sacré, n'en était pas plus maître de Paris ni de tant d'autres villes occupées par les chefs de la Ligue. C'était beaucoup d'avoir levé l'obstacle et détruit le préjugé des citoyens catholiques qui baissaient sa religion, et non sa personne. C'était encore plus d'avoir réussi par son changement à diviser les états; mais sa conversion ni son onction ne lui donnaient ni troupes ni argent.

Tuileries, celle de Saint-Denys, et la Porte-Neuve; in troupes du roi entraient par ces trois côtés et vers is B tille. Il n'en coûta la vie qu'à soixante soldats de trempes étrangères postées au-delà du Louvre, et Heuri IV ea déja maitre de Paris avant que le cardinal légat fût éveili

On ne peut mieux faire que de rapporter ici les paroles de ce respectable Français Auguste De Thou. On vit pret que en un moment les ennemis de l'état chassés de Paris les factions éteintes, un roi légitime affermisur son trose l'autorité du magistrat, la liberté publique, et les lois re

tablies..

Henri IV mit ordre à tout. Un de ses premiers soins fo de charger le chancelier Chiverni d'arracher et de dechire au greffe du parlement toutes les délibérations, tous les a rêts attentatoires à l'autorité royale produits par ces tem malheureus. Le savant Pierre Pithou s'acquitta de ce m nistère par l'ordre du chancelier. C était un homme d'o érudition presque universelle; il était, dit De Thou, le con seil des ministres d'état, et le juge perpétuel des grande affaires, sans inagistrature.

Le légat du pape, le cardinal Pellevé, tous les autres prélats ligueurs combattaient dans Paris la conversion du roi (28 mars 1594) Le chancelier vint au parlement accom par des processions et par des libelles; les chaires retentis-pagné des ducs et pairs, des grands officiers de la courent saient d'anathèmes contre ce même prince devenu catho- des conseillers d'état et des maîtres des requêtes. Ce mem lique; on traitsit son changement de simulé, et sa personne Pierre Pithou, qui n'était point magistrat, fit les fonction d'apostat. Des armes plus dangereuses étaient employées de procureur général. Le chancelier apportait un edit q contre lui, on subornait de tous côtés des assassins. On pardonnait au parlement, qui le rétablissait, et qui fes en découvrit un entre plusieurs, nommé Pierre Barrière, de en nême temps l'éloge de l'arrêt qu'il avait donné en fave la lie du peuple, bigot et intrépide, employé autrefois par de la loi salique, malgré le légat et les ambassadeurs à E le duc de Guise-le-Balafré, pour enlever la reine Margue-pagne; après quoi tous les membres du corps prêtereat se rite, femme de Henri IV, au château d'Usson. Il se confessa meat de fidélité entre les mains du chancelier. à un dominicain, à un carme, à un capucin, à Aubry, curé de Saint-André-des-Ares, ligueur des plus fanatiques, et enfin à Varade, recteur du collège des jésuites de Paris. Il leur communiqua à tous le dessein qu'il avait de tuer le roi pour expier ses péchés; tous l'encouragerent et lui garderent le secret, excepté le dominicain. C'était un Florentin attaché au parti du roi, et espion de Ferdinand, grand duc de

Toscane.

Si les autres se servaient de la confession pour inspirer le parricide, celui-ci s'en servit pour l'empêcher; il révéla le secret de Barrière. On dit que c'est un sacrilege; mais un sacrilege qui empêche un parricide est une action verneuse. Le Florentin dépeignit si bien cet homme, qu'il fut arrêté à Melun, lorsqu'il se préparait à commettre son

crime.

Dix commissaires, nommés par le roi, le condamnerent à la roue. Il déclara, avant de mourir, que ceux qui lui

Les officiers du parlement de Châlons et de Tears revi rent bientôt après. Ils reconnurent ceux de Paris pour les confrères et leur seule distinction fut d'avoir le pas sur est Le même jour le parlement, rétabli par le roi, a tout ce qui avait été fait contre Heart III et Henri IV. cassa les états de la Ligue; il ordonna au duc de Maycom sous peine de lèse-majesté, d'obeir au roi ; il institua a pri pétuité cette procession à laquelle il assiste tous les ass, 22 mars, en robes rouges, pour remercier Dica da rendu Paris à Henri IV, et Heori IV à Paris. Dès ce il passa de la rébellion à la fidélité, et reprit surtout se i ciens sentiments de patriotisme qui ont été le plus fert rempart de la France contre les entreprises de la cour

Rome.

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