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soit; mais ladite partie sera et restera toujours incorporée a reyaume de Suede. A l'égard des limites dans les pays des Lapmarques, elles resteront sur le même pied qu'elles étarent avant le commencement de cette guerre entre les de empires. On est convenu, de plus de nommer des commissaires de part et d'autre, immédiatement après la raibration du traité principal, pour régler les limites de la manière susdite.

IX. Sa majesté ezarienne promet en outre de maintenir teas les habitants des provinces de Livonue, d'Estonie, et Onsel, nobles et roturiers, les villes, magistrats, et les corns de métiers, dans l'entière jouissance des privilèges, coutumes, et prérogatives, dont ils ont joui sous la domisation du roi de Suède.

X. On n'introduira pas non plus la contrainte des consciences dans les pays qui ont été cédés; mais on y laissera et maintiendra la religion évangélique, de même que les lises, les écoles, et ce qui en dépend, sur le memo pied qu'elles étaient du temps de la dernière régence du roi de Suède, à condition que l'on y puisse exercer librement la religion grecque.

31. Quant à la réduction et liquidation qui se firent du temps de la régence précédente du roi de Suède en Livonie, Estoaie, et Oesel, au grand préjudice des sujets et des habitants de ce pays-la (ce qui a porté, de même que l'équité de l'affaire meme, le feu roi de Suède, de glorieuse mémoire, a donner l'assurance, par une patente qui fut publiée le 13 avril 1700, que si quelques uns de ses sujets pouvaient prouver loyalement que les biens qui ont été conisqués étaient les leurs, on leur rendrait justice a cet égard et alors plusieurs sujets desdits pays furent remis dans la possession de leurs biens confisques), sa majesté czarienne s'engage et promet de faire rendre justice à un chacun, soit qu'il demeure dans le terroir ou hors du terroir, qui a une juste prétention sur des terres en Livonie, Estonie, on dans la province d'Oesel, et la peut vérifier dament; de sorte qu'ils rentreront alors dans la possession de leurs biens ou terres.

XII. On restituera aussi i cessamment, en conformité de Tamaistie qui a été accordée et réglée ci-dessus dans l'aride serond, à ceux de Livonie, d'Estonie, et de l'ile d'Ocsel, qui ont tenu pendant cette longue guerre le parti dul res de Suède, les biens, terres, et maisons, qui ont été conaqués et donnés à d'autres, tant dans les villes de ces provinces, que dans celles de Narra et Vibourg, soit qu'ils leur siest desolas pendant la guerre par héritage ou par d'autres voies, sans aur une exception et restriction; soit que les propriétaites se trouvent à présent en Suède ou en prison, quelque autre part, après que chacun se sera auparavant éprimé auprès du gouvernement général, en produisant documents touchant son droit; mais ces propriétaires ne pourront rien prétendre des revenus qui ont été levés par d'autres pendant cette guerre et après la confiscation; bi aves dédommagement de ce qu'ils ont souffert par la Certe ou autrement. Ceux qui rentrent de cette manière dans la possession de leurs biens ou terres seront obligés de rendre hommage à sa majesté czarienne, leur souverain fi présent, et de se comporter au reste comme de fidèles, Tassaux et sujets: après qu'ils auront prêté le serment aceatamé, il leur sera permis de sortir du pays, d'aller deBeurer ailleurs dans le pays de ceux qui sont alliés et amis le l'empire de Russie, et de s'engager au service des puisantes neutres, ou d'y continuer, s'ils s'y sont déja engagés, Grant qu'ils le jugeront à propos. Mais à l'égard de ceux a ne veulent pas readre hommage à sa majesté ezarienne, fise et on leur accorde le terme de trois ans après la pufication de la paix pour vendre dans le temps-là leurs seas, terres, et ce qui leur appartient, le mieux qu'ils pourBat, sans en payer davantage que ce que chacun doit payer n conformité des ordonnances et starats du pays. En cas u il arrivát à l'avenir qu'un héritage fut dévolu, suivant s droits du pays, quelqu'un, et que celui-ci n'eût pas rese le serment de fidélité à sa majesté czarienne, il sera bligé de le faire a l'entrée de son héritage, ou de rendre es biens dans l'espace d'une année.

De la même manière, ceux qui ont avancé de l'argent sur terres situées en Livente, Estonie, et dans l'ile d'Oesel, qui en ont reçu des contrats léguimes, jouiront paisibletest de leurs bypothéques, jusqu'a ce qu'on leur en paie le capital et l'intérêt; mais ces hypothécaires ne pourainen prétendre des intérêts qui sont échus pendant la Beres, et qui ne sont pas peut-etre levés; mais ceux qui, ans l'un en l'autre cas, out l'administration des biens suIna, seront obligés de rendre hommage à sa majesté eza

rienue. Tout ceci s'entend aussi de ceux qui restent sous la domination de sa majesté czarienne, lesquels auront la même liberté de disposer des biens qu'ils ont en Suède et dans les pays qui ont été cédés à la couronne de Suède, par cette paix. D'ailleurs on maintiendra aussi réciproquement les sujets des parties pacifiantes qui ont de justes prétentions dans les pays des deux puissances, soit au public ou à des personnes particulières, et on leur rendra une prompte justice, afin qu'un chacun soit ainsi mis et remis dans la possession de ce qui lui appartient de droit.

XIII. Toutes les contributions en argent cesseront dans le grand-duché de Finlande, que sa majesté czarienne restitue, suivant l'article V, à sa majesté le roi et au royaume de Suède, à compter depuis la date de la signature de ce traité; mais on y fournira pourtant gratis les vivres et les fourrages nécessaires aux troupes de sa majesté czarienne, jusqu'à ce que ledit duché soit entièrement évacué, sur le même pied que cela s'est pratiqué jusqu'ici; et l'on défendra et inhibera, sous des peines très rigoureuses, d'enlever à leur délogement aucuns ministres ni paysans de la nation finlandaise, malgré eux, ni de leur faire aucun tort. Outre cela, on laissera toutes les forteresses et châteaux de Finlande dans le même état où ils sont à présent; mais il sera permis à sa majesté czarieane de faire emporter, en évacuant ledit pays et places, tout le gros et petit canon, leurs attirails, magasins, et autres munitions de guerre que sa majesté czarienne y a fait transporter, de quelque nom que ce soit. Pour cette fin, et pour le transport du bagage de l'armée, les habitants fourniront gratis les chevaux et les chariots nécessaires jusqu'aux frontières. Même, si l'on ne pouvait pas exécuter tout cela dans le terme stipulé, et qu'on fut obligé d'en laisser une partie en arrière, elle sera bien gardée, et remise ensuite à ceux qui sont autorisés de sa majesté czarienne, dans quelque temps qu'elle le soubaite, et ou fera aussi transporter ladite partie jusqu'aux frontières. En cas que les troupes de sa majesté czarienne aient trouvé et envoyé hors du pays quelques archives ot papiers touchant le grand duché de Finlande, elle en fera, faire une exacte recherche, et fera readre de bonne foi ce qui s'en trouvera à ceux qui sont autorisés de sa majesté le roi de Suede..

XIV. Tous les prisonniers, de part et d'autre, de quelque nation, condition, et état qu'ils soient, seront élargis immediatement après la ratification de ce traité de paix, sans payer aucune rançon; mais il faut qu'un chacun ait auparavant acquitté les dettes qu'il a contractées, on qu'il donne caution suffisante pour le paiement d'icelles. On leur fournira gratis, de part et d'autre, les chevaux et les chariots nécessaires, dans le temps fixé pour leur départ, à proportion de la distance des places ou ils se trouvent actuellemeat, jusqu'aux frontières. Touchant les prisonniers qui ont embrassé le parti de l'un ou de l'autre, ou qui ont dessein de rester dans les états de l'une ou de l'autre partie, is auront indifferemment cette permission-là. Ceci s'entend aussi de tous ceux qui ont été enlevés, de part et d'autre, pendant cette guerre, lesquels pourront aussi, ou rester où ils sont, ou retourner chez eux, excepté ceux qui ont, de leur propre mouvement, embrassé la religion grecque, sa majesté czarienne le voulant ainsi; pour laquelle fin les deux parties pacifiantes feront publier et afficher des édits dans leurs états.

XV. Sa majesté le roi et la république de Pologue, comme alliés de sa majesté czarienne, sont compris expressément dans cette paix, et on leur réserve l'accès tout de même comme si le traité de paix à renouveler entre eux et la couronne de Suède eût été inséré ici de mot à mot, Pour cette fin, resseront toutes les hostilités, de quelque som qu'elles soient, partout et dans tous les royaumes, pays, et domaines, qui appartiennent aux deux parties pacifiantes, et qui sont situés tant dans l'empire romain que hors de l'empire romain, et il y aura une paix stable et durable entre les susdites deux couronnes. Et comme aucun ministre plénipotentiaire de la part de sa majesté et la république de Pologue n'a assisté au congrès de paix qui s'est tenu à Neustadt, et qu'ainsi on n'a pu renouveler à-la-fois la paix entre sa majesté le roi de Pologne et la couronne de Suède par un traité solennel, sa majesté le roi de Suède s'engage et promet d'envoyer au congrès de paix ses plénipotentiaires, pour entamer les conférences, dès qu'on aura concerté le lieu du congrès, afin de conclure, sous la médiation de sa majesté czarienne, une paix durable entre ces deux rois, à condition que rien n'y soit contenu qui puisse porter du préjudice à ce traité de paix perpétuelle fait avec sa majesté czarienne.

XVI. On réglera et l'on confirmera la liberté du commerce qu'il y aura par mer et par terre entre les deux puissances, leurs états, sujets, et habitants, dès qu'il sera possible, par le moyen d'un traité à part sur ce sujet, à l'avantage des états de part et d'autre; mais, en attendant, il sera permis aux sujets rassiens et suédois de trafiquer librement dans l'empire de Russie et dans le royaume de Suède, des qu'on aura ratifié ce traité de paix, en payant les droits ordinaires de toutes sortes de marchandises; de sorte que les sujets de Russie et de Suède jouiront réciproquement des mêmes privilèges et prérogatives qu'on accorde aux plus grands amis des susdits états.

XVII. La paix étant conclue, on restituera de part et d'antre aux sujets de Russie et de Suède, non seulement les magasins qu'ils avaient avant la naissance de la guerre dans certaines villes marchandes de ces deux puissances, mais on fear permettra aussi d'établir des magasins dans les villes, ports, et autres places, qui sont sous la domination de sa majesté czarienne et du roi de Suède.

XVIII. En cas que des vaisseaux de guerre ou marchands wué Jois viennent à échouer ou périr par tempête ou par d'antres accidents sur les côtes et rivages de Russie, les sujets de sa majesté czirienne seront obligés de leur donner toute sorte de secours et d'assistances, de sauver l'équipage et les effets, autant qu'il leur sera possible, et de rendre fidélement ce qui a été poussé à terre, s'ils le réclament, moyennant une récompense convenable. Les sujets de sa mejesté le roi de Suédo en feront autant à l'égard des vaisseaux et des effets rassiens qui auront le malheur d'échouer ou de périr sur les côtes de Suède. Pour laquelle fin, et pour prévenir toute insolence, vol, et pillige, qui se commettent ordinairement à l'occasion de ces fâcheux accidents, sa majesté czarienne et le roi de Suède feront émaner une très rigoureuse inhibition à cet égard, et feront punir arbi

trairement les infracteurs.

XIX. Et pour prévenir aussi par mer toute occasion qui pourrait faire naitre quelque mésintelligence entre les deux parties pacifiantes, autant qu'il est possible, on a conclu et résolu que si les vaisseaux de guerre suédois, un ou plusicars, soit qu'ils soient petits ou grauds, passent doréna vant une des forteresses de sa majesté czarienne, ils feront la salve de leur canon, et ils seront d'abord ressalucs de celui de la forteresse rassienne; et vice versa, si les vaisseaux de guerre russiens, nu ou plusieurs, soit qu'ils soient petits on grands, passent dorénavant une des forteresses de sa majesté le roi de Suède, ils feront la salve de leur canon, et ils seront d'abord ressalués de celui de la forteresse suedoise. En cas que les vaisseaux suédois et russiens se rencontrent en mer, ou en quelque fort ou autre endroit, ils

se salueront les ans les autres de la salve ordinaire, de la même manière que cela se pratique en pareil cas entre la Suède et le Danemarck.

XXIV. L'échange des ratifications de cet instrument de paix se fera à Neustadt dans l'espece de trois semaines, compter de la signature, ou plus tôt, s'il est possible, Ed foi de tout ceci, on a dressé deux exemplaires de la mènë “4 teneur de ce traité de paix, lesquels ont été confirmés pat les ministres plénipotentiaires de part et d'autre, en verta des pouvoirs qu'ils avaient de leurs maîtres, qui les avaien signés de leurs mains propres, et y avaient fait apposer leus 4

Sceaux,

Fait à Neustadt, le 30 auguste 1721, v. st., depuis la naissance de notre Sauveur.

JEAN LILIENSTED, Orro-REINHOLD STROENFELD; H JACOR-DANIEL BRUCE; HENRI-JEAN-FREDERICİ OSTERMAN.

ORDONNANCE

DE L'EMPEREUR PIERRE Ir,
POCK LE COURONNEMENT DE L'IMPERATRICE CATHERINE,

Nons. Pierre 1, empereur et autocrateur de toute la Russie, etc. Savoir fesens à tous les ecclésiastiques, offis, ciers civils et militaires, et autres de la nation russienne, nos fidéles sujets Personne n'ignore l'usage constant c perpétuel établi dans les royaumes de la chrétienté, sai vant lequel les polentats font couronner leurs épouses, ains que cela se pratique actuellement, et l'a été diverses for dans les temps reculés par les empereurs de la véritabl croyance grecque; savoir l'empereur Bastide, ག་ a fai couronner son épouse Zénobie; l'empereur Justinien, se épouse Lupicine, l'empereur Heraclius, son épouse Mar tine; l'empereur Léon-le-Philosophe, son épouse Mart et plusieurs autres qui ont pareillement fait mettre la con ronne impériale sur la tête de leurs épouses, mais dos nous ne ferons point mention ici, à cause que cela nous mé Derait trop loin,

Il est aussi connu jusqu'à quel point nous avons expos notre propre personne, et affronté les dangers les plus emi nepts, en faveur de notre patrie, pendant le cours de l dernière guerre de vingt et un ans consécutifs; laquell nous avons terminée, par le secours de Dieu, d'une manièr si honorable et si avantageuse que la Russie n'a jamais de pareille paix, ni acquis la gloire qu'on a remportée pa cette guerre. L'imperatrice Catherine, notre très che pouse, nous a été d'un grand secours dans tous ces das gers, non seulement dans ladite guerre, mais encore daa quelques autres expéditions, où elle nous a accompags volontairement, et nous a servi de conseil autant qu'il

XX. On est convenn de part et d'autre de ne plus défrayer les ministres des deux puissances, comme aupara-été possible, nonobstant la faiblesse du sexe; particulière vant, leurs ministres plénipotentiaires et envoyés, sans on avec caractère, devant s'entretenir à l'avenir eux-mêmes et toute leur suite, tant en voyage qu'à la cour, et dans la place où ils ont ordre d'aller résider; mais si l'une ou l'autre des deux parties reçoit à temps la nouvelle de la venue d'un envoyé, elles ordonneront à leurs sujets de lui donner toute l'assistance dent il aura besoin, afin qu'il puisse continuer

sûrement sa route.

XXI. De la part de sa majesté le roi de Suede, on com prend aussi dans ce traité de paix sa majesté le roi de la Grande-Bretagne, à la réserve des griefs qu'il y a entre sa majesté ezarienne et ledit roi, dont on traitera directement, et l'on lâchera de les terminer amiablement. It sera permis aussi à d'autres puissances, qui seront nommées par les deux parties pacifiantes dans l'espace de trois mois, d'accé der à ce traité de paix.

XXII. En cas qu'il survienne à l'avenir quelques différents entre les états et les sujets de Suède et de Russie, cela ne dérogéra pas à ce traité de paix etechelle, mais il aura et tiendra sa force et son effet; et on nommera incessamment des commissaires de part et d'autre pour examiner et vider équitablement le différent.

XXIII. On rendra aussi, dès à présent, tous ceux qui sont coupables de tralisons, meditres, vols, et autres crimes, et qui passent de la Suède en Russie, et de la Russie en Suède seuls ou avec femmes et enfants, en cas que la partie lésée du pays d'où ils se sont évadés les réclame, de quelque nation qu'ils soient, et dans le même état où ils étaient à leur arrivée, avec femmes et enfants, de méme qu'avec tout ce qu'ils ont enlevé, volé, ou pillé.

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ment à la bataille contre les Turcs, sur la rivière du Pruth où notre armée était réduite à vingt-deux mille hommes, e cefle des Tures composée de deux cent soisante et dix mill homines. Ce fut dans cette circonstance désespérée qu'ell siguala surtout son zèle par un courage supérieur à son sexe ainsi que cela est connu à toute l'armée et dans tout not empire, A ces causes, et en vertu du pouvoir que Dieu no a donné, nous avons résolu d'honorer notre épouse de couronne impériale, en reconnaissance de toutes ses peines ce qui, s'il plaît à Dieu, sera accompli cet hiver à Moscou; et nous donnons avis de cette résolution à tous nos fidèle sujets, en faveur desquels notre affection impériale est inaltérable.

ANECDOTES

SUB

LE CZAR PIERRE-LE-GRAND.

Pierre 1er a été surnommé le Grand, parcequ'il a entre pris et fait de très grandes choses, dont nulle ne s'était pré sentée à l'esprit d'aucun de ses prédécesseurs. Son prople avant lui, se bornait à ces premiers arts enseignes par la nécessité. L'habitude a tant de pouvoir chez les hommes, ils desirent si peu ce qu'ils ne connaisseut pas, le génie se

développe si difficilement, et s'étouffe si aisément sous les ebacles, qu'il y a grande apparence que toutes les nations scat demeurées grossières pendant des milliers de siècles, I jusqu'à ce qu'il soit venu des hommes tels que le czar Pierre, preisement dans le temps qu'il fallait qu'ils vinssent. Le hasard fit qu'un jeune Genevois, nommé Le Fort, était a Mesecu chez un ambassadeur danois vers l'an 1695. Le er Pierre avait alors dis-neuf ans; il vit ce Genevois qui arait appris en peu de temps la langue russe, et qui parlait | presque toutes celles de l'Europe. Le Fort plut beaucoup an prace; il entra dans son service, et bientôt après dans sa famularité. Il lui fit comprendre qu'il y avait une autre mamere de vivre et de régner que celle qui était malheureusement établie de tous les temps dans son vaste empire; t sans ce Genevois la Russie serait peut-être encore bar-nise, ne sortit jamais de sa chambre, pour n'avoir pas à se

bare.

tres moscovites, qui prétendaient que c'était un crime borrible à un chrétien de voyager, par la raison, que dans l'ancien Testament, il avait été défendu aux habitants de la Palestine de prendre les mœurs de leurs voisins plus riches qu'eux et plus adroits.

c'est le privilège de tous les arts de rendre les hommes plus traitables. Il allait souvent chez un géographe, avec lequel il fesait des cartes marines. Il passait des journées entières chez le célébre Ruysch, qui, le premier, trouva l'art de faire ces belles injections qui ont perfectionné l'anatomie, et qui lui tent son dégoût. Ce prince se donnait lui-même, à l'âge de vingt-deux ans, l'éducation qu'un artisan hollandais donnerait à un fils dans lequel il trouverait du génie cette espèce d'éducation était au-dessus de celle qu'on avait jamais recue sur le trône de Russie. Dans le même temps, il envoyait de jeunes moscovites voyager et s'instruire dans tous les pays de l'Europe. Ces premières tentatives ne furent pas heureuses. Ses nouveaux disciples n'imitaient point leur maître. Il y en cut même un qui, étant envoyé à Vereprocher d'avoir vu un autre pays que la Russie. Cette horIl fallait être né avec une ame bien grande, pour écou-reur pour les pays étrangers leur était inspirée par des préer tear d'un coup un étranger, et pour se dépouiller des prejages du trône et de la patrie. Le czar sentit qu'il avait La former une nation et un empire; mais il n'avait aucun securs autour de lui. Il concut des-lors le dessein de sortir de ses états. et d'aller, comme Prométhée, emprunter le feu céleste pour animer ses compatriotes. Ce feu divin, il fala chercher chez les Hollandais, qui étaient, il y a trois sircles aussi dépourvus d'une telle famine que les Moscovies. Il ne put exécuter son dessein aussitôt qu'il l'aurait 5 troula. Il fallat soutenir une guerre contre les Tures, ou plutot contre les Tartares, en 1696; et ce ne fut qu'après les aveur vaincus qu il sortit de ses états pour aller s'instruire lui-même de tous les arts qui étaient absolument inconnus Le roi Guillaume lui avait fait préparer une maison loRosie. Le maitre de l'empire le plus étendu de la terregeable: c'est beaucoup à Londres; les palais ne sont pas asiere près de deux ans à Amsterdam, et dans le village communs dans cette ville immense, où l'on ne voit guère de Sardam, sous le nom de Pierre Michaeloff. On l'appe- que des maisons basses, sans cour et sans jardin, avec de tocamunément maitre Pierre (Peterbas). Il se fit in- petites portes telles que celles de nos boutiques. Le czar ire dans le catalogue des charpentiers de ce fameux vil- trouva sa maison encore trop belle; il alla foger dans le lege, qui fournit de vaisseaux presque toute l'Europe. 11 quartier des matelots, pour être plus à portée de se perfecmait la bache et le compas; et quand il avait travaillé tionner dans la marine. Il s'habillait même souvent en madass sen atelier à la construction des vaisseaux, il étudiait telot, et il se servait de ce déguisement pour engager plula geographie, la géométrie, et l'histoire. Dans les premiers sieurs gens de mer à son service. temps, le peuple s'attroupait autour de lui, Il écartait quel- Ce fut à Londres qu'il dessina lui-même le projet de la earfois les importuas d'une manière un peu rude, que ce communication du Volga et du Tanais. Il voulait même ¡ people, souffrait, lui qui souffre si peu de chose. La pre-Leur joindre la Duina par un canal, et réunir ainsi l'Océan, miere langue qu'il apprit fat le hollandais; il s'adonna de- la mer Noire, et la mer Caspienne. Des Anglais qu'il empais a l'allemand, qui lui parut une langue douce, et qu'il mena avec lui le servirent mal dans ce grand dessein; et les lat qu'on parlat à la cour. Turcs, qui lui prirent Azof en 1717, s'opposèrent encore plus à cette vaste entreprise.

Dapprit aussi un peu d'anglais dans son voyage à Londres, mais d'ne sut jamais le français, qui est devenu depuis la la langue de Pétersbourg sous l'impératrice Elisabeth, à meAure que ce pays s'est civilisé.

En 1698, il alla d'Amsterdam en Angleterre, non plus en qualité de charpentier de vaisseau, non pas aussi en celle de souverain, mais sous le nom d'un boiard russe, qui voyageait pour s'instruire. Il vit tout, et même il alla à la comédie anglaise, où il n'entendait rien; mais il y trouva une actrice, nommée mademoiselle Groft, dont il cut les faveurs, et dont il ne fit pas la fortune.

Il manqua d'argent à Londres: des marchands vinrent lui offrir cent mille écus pour avoir la permission de porter du tabac en Russie. C'était une grande nouveauté en ce Sa afle était haute, sa physionomie fière et majestueuse, pays, et la religion même y était intéressée. Le patriarche Masdéngurée quelquefois par des convulsions qui altéraient avait excommunié quiconque famerait du tabac, parceque es traits de son visage. On attribuait ce vice d'organes à les Tures, leurs ennemis, fumaient; et le clergé regardait fi effet d'un poison qu'on disait que sa sœur Sophie lui avait comme un de ses grands priviléges d'empêcher la nation denne; mais le véritable poison était le vin et l'eau-de-vie, russe de fumer. Le czar prit les cent mille écus, et se char dont il fit souvent des excès, se fiant trop à son tempéra-gea de faire fumer le clergé lui-même. Il lui préparait bien

mrat robaste.

d'autres innovations.

en

It coaversait également avec un artisan et avec un géné- Les rois font des présents à de tels voyageurs; le présent ral d'armée. Ce n'était ni comine un barbare qui ne met de Guillaume à Pierre fut une galanterie digne de tous print de distinction entre les hommes, ni comme un prince deux. Il lui donna un yacht de vingt-cinq pièces de canon, pesulaire qui veut plaire à tout le monde: c'était en homme le meilleur voilier de la mer, doré comme un autel de Rome, qui voulait s'instruire Il aimait les femmes autant que le avec des provisions de toute espèce; et tous les gens de l'éfroi de suède, sen rival, les craignait; et tout lui était éga-quipage voulurent bien se laisser donner aussi. Pierre, sur lenent bon en amour comme à table. Il se piquait de boire son yatcht, dont il se fit le premier pilote, retourna beaucoup, plutôt que de goûter des vins délicats. Hollande revoir ses charpentiers, et de là il alla à Vienne, vers le milieu de l'an 1698, où il devait rester moins de temps qu'à Londres, parcequ'à la cour du grave Léopold il y avait beaucoup plus de cérémonies à essuyer, et moins de choses à apprendre. Après avoir vu Vienne, il devait aller à Venise, et ensuite à Rome; mais il fut obligé de revenir en hâte à Moscou, sur la nouvelle d'une guerre civile, causée par son absence et par la permission de fumer. Les strelitz, ancienne milice des czars, pareille à celle des janissai res, aussi turbulente, aussi indisciplinée, moins courageuse et non moins barbare, fut excitée à la révolte par quelques abbés et moines, moitié grecs, moitié russes, qui représentèrent combien Dieu était irrité qu'on prit du tabac en Moscovie, et qui mirent l'état en combustion pour cette grande querelle. Pierre, qui avait prévu ce que pourraient des moines et des strélitz, avait pris ses mesures. Il avait une armée disciplinée, composée presque toute d'étrangers bien payés, bien armés, et qui fumaient, sous les ordres du général Gordon, lequel entendait bien la guerre, et qui n'aimait pas les moines. C'était à quoi avait manqué le sultan Osman, qui, voulant comme Pierre réformer ses janissaires,

On dit que les législateurs et les rois ne doivent point se meure en colère; mais il n'y ea eut jamais de plus emporté que Pierre-le-Grand, ai de plus impitoyable. Ce défaut, Jans an roi, n'est pas de ceux qu'on répare en les avonaut; mais enfin il ea convenait, et il dit même à un magistrat de Hollande, à son second voyage: J'ai réformé ma nation, et je n'ai pu me réformer moi-même. Il est vrai que les cruautés qu'on lui reproche étaient un usage de la cour de Moscou comme de celle de Maroc. Il n'était point extraor diaire de voir de czar appliquer de sa main royale cent espa de perf de bœuf sur les épaules nues d'un premier efurier de la couronne, ou d'une dame du palais, pour avoir marqué à leurs services étant ivres, ou d'essayer son sabre fesant voler la tête d'un criminel. Pierre avait fait quel ques unes de ces cérémonies de son pays; Le Fort eur asd'autorité sur lai pour l'arrêter quelquefois sur le peiat de frapper; mais il n'eut pas toujours Le Fort auprès

de lui.

Soa voyage en Hollande, et surtout son goût pour les ar, qui se développait, adourirent un peu ses moeurs; car

et n'ayant pa leur rien opposer, ne les réforma point, et fut étranglé par eux.

des habits à l'allemande, et à manier le rasoir? On en vist
à bout, en placant aux portes des villes des tailleurs et des
barbiers; les uns coupaient les robes de ceux qui entraient, p
les antres les barbes: les obstinés payaient quarante sous
de notre monnaie. Bientôt on aima mieux perdre sa barbej
que son argent. Les femmes servirent utilement le czar dans
cette réforme; elles préféraient les mentons rasés; elles lui
eurent l'obligation de n'être plus fouettées, de vivre en so-
ciété avec les hommes, et d'avoir à baiser des visages plus
honnêtes.

Alors ses armées furent mises sur le pied de celles des princes europeans. Il fit bâtir des vaisseaux par ses Anglais et ses Hollandais à Véronise, sur le Tanais, à quatre cents lieues de Moscou. Il embellit les villes, pourvut à leur sureté, fit des grands chemins de cinq cents lieues, établit des manufactures de toute espèce; et, ce qui prouve la profonde ignorance où vivaient les Russes, la première manufacture fut d'épingles. On fait actuellement des velours ciselés, des étoffes d'or et d'argent à Moscou tant est puis- Au milieu de ces réformes, grandes et petites, qui fesaient sante l'influence d'un seul homme, quand il est maître et les amusements du czar, et de la guerre terrible qui l'oc qu'il sait vouloir. cupait contre Charles XII, il jeta les fondements de l'im La guerre qu'il fit à Charles XII pour recouvrer les pro-portante ville et du port de Pétersbourg, en 1704, dans un vinces que les Suédois avaient autrefois conquises sur les marais où il n'y avait pas une cabane. Pierre travailla de ses Russes ne l'empécha pas, toute malheureuse qu'elle fut d'a-mains à la première maison; rien ne le rebuta: des ourriers bord, de continner ses réformes dans l'état et dans l'Eglise: furent forcés de venir sur ce bord de la mer Baltique, des il déclara, à la fin de 1699, que l'année suivante commen- frontières d'Astracan, des bords de la mer Noire, et de la cerait au mois de janvier, et non pas au mois de septembre. mer Caspienne. I périt plus de cent mille hommes dans Les Russes, qui pensaient que Dieu avait créé le monde les travaux qu'il fallut faire, et dans les fatigues et la dien septembre, furent étonnés que leur czar fût assez puis- sette qu'on essuya; mais enfin la ville existe. Les ports: sant pour changer co que Dieu avait fait. Cette réforme d'Archangel, d'Astracan, d'Azof, de Véronise, furent concommenca avec le siècle, en 1700, par un grand jubilé que struits. le czar indiqua lui-même. Il avait supprimé la dignité de Pour faire tant de grands établissements, pour avoir des| patriarche, et il en fesait les fonctions. Il n'est pas vrai flottes dans la mer Baltique, et cent mille hommes de trea qu'il eût, comme on l'a dit, mis son patriarche aux Peti-pes réglées, l'état ne possédait alors qu'environ vingt de nos Les-Maisons de Moscou. Il avait coutume, quand il voulait millions de revenu. J'en ai vu le compte entre les mains se réjouir en punissant, de dire à celui qu'il châtiait ainsi d'un homme qui avait été ambassadeur à Pétersbourg, Mais Je te fais fou; et celui à qui il donnait ce beau titre était la paie des ouvriers était proportionnée à l'argent du royauobligé, fut-il le plus grand seigneur du royaume, de porter me. Il faut se souvenir qu'il n'en coûta que des oignons ans une marotte, une jaquette, des grelots, et de divertir la rois d'Egypte pour bâtir les pyramides. Je le répète, on n'a cour en qualité de fou de sa majesté czarienne. Il ne donna qu'à vouloir; on ne veut pas assez. point cette charge au patriarche; il se contenta de supprimer un emploi dont ceux qui en avaient été revêtus avaient abusé au point qu'ils avaient obligé les czars de marcher devant eux une fois l'an, en tenant la bride du cheval patriarcal, cérémonie dont un homme tel que Pierre-le-Grand s'était d'abord dispensé.

Quand il eut créé sa nation, it crut qu'il lui était bien permis de satisfaire son goût en épousant sa maitresse, et une maîtresse qui méritait d'être sa femme. Il fit ce mariage publiquement en 1712. Cette célèbre Catherine, orpheline, née dans le village de Ringen en Estonie, nourrie par cha rité chez un ministre luthérien, nommé Gluck, mariée à us

Pour avoir plus de sujets, il voulut avoir moins de moi-soldat livonieu, prise par un parti deux jours après ce ma nes, et ordonna que dorénavant on ne pourrait entrer dans riage, avait passé du service des généraux Bauer et Shere ua cloître qu'à cinquante ans; ce qui fit que, dès son temps, metof à celui de Menzikoff, garcon pâtissier, qui devint son pays fut, de tous ceux qui ont des moines, celui où il prince et le premier homme de l'empire; enfin fut l'épouse y en eut le moins. Mais après lui, cette graine qu'il déra-de Pierre-le-Grand, en ensuite impératrice souveraine après cinait a repousé, par cette faiblesse naturelle qu'ont tous les religieux de vouloir augmenter leur nombre, et par cette autre faiblesse qu'ont les gouvernements de le souffrir.

la mort du czar, et digne de l'être. Elle adoucit beaucoup les moeurs de son mari, et sauva beaucoup plus de dos di knout, et beaucoup plus de têtes de la hache, que n'avai Il fit d'ailleurs des lois fort sages pour les desservants fait le général Le Fort. On l'aima, on la révéra. Un barot des églises, et pour la réforme de leurs mœurs, quoique les allemand, un écuyer d'un abbé de Fulde n'eût point époust siennes fussent assez déréglées; sachant très bien que ce qui Catherine; mais Pierre-le-Grand ne pensait pas que le mé est permis à un souverain ne doit pas l'être à un curé. Avant rite eût, auprès de lui, besoin de trente-deux quartiers. Le lui, les femmes vivaient toujours séparées des hommes; il souverains pensent volontiers qu'il n'y a d'autre grandeu était inouï qu'un mari eût jamais vu la fille qu'il épousait. que celle qu'ils donnent, et que tout est igal devant eur Hne ferait connaissance avec elle qu'à l'église. Parmi les 11 est bien certain que la naissance ne met pas plus de dif présents de noces était une grosse poignée de verges que le férence entre les hommes qu'entre un ànon dont le pèn futur envoyait à la future, pour l'avertir qu'à la première portait du fumier, et un anen dont le père portait des re occasion elle devait s'attendre à une petite correction ma-liques. L'éducation fait la grande différence, les talents h ritale; les maris même pouvaient tuer leurs femmes impunément, et on enterrait vives celles qui usurpaient ce même droit sur leurs maris.

gouverner un royaume; cela peut paraître un paradoxe, mais certainement c'est avec le même esprit d'ordre, de sa gesse, et de fermeté, qu'on commande à cent personnes et à plusieurs milliers.

font prodigieuse, la fortune encore plus. Catherine avait e une éducation tout aussi bonne, pour le moins, chez ser ministre d'Estonie, que toutes les hoïardes de Moscon et Pierre abolit les poignées de verges, défendit aux maris d'Archangel, et était née avec plus de talents et une de tuer leurs femmes; et pour rendre les mariages moins plus grande; elle avait réglé la maison du général Bauer, malheureux et mieux assortis, il introduisit l'usage de faire et celle du prince Menzikoff, sans savoir ni lire ni écrire, manger les hommes avec elles, et de présenter les préten-Quiconque sait très bien gouverner une grande maison pest dants aux filles avant la célébration; en un mot, il établit et fit naître tout dans ses états, jusqu'à la société. On connaît le réglement qu'il fit lui-même pour obliger ses boards et ses boiardes à tenir des assemblées, où les fautes qu'on commettait contre la civilité russe étaient punies d'un grand verre d'eau-de-vie qu'on fesait boire au délinquant, de facon que toute l'honorable compagnie s'en retournait fort ivre et peu corrigée. Mais c'était beaucoup d'introduire une espèce de société chez un peuple qui n'en connaissait point, On alla même jusqu'à donner quelquefois des spectacles dramatiques. La princesse Natalie, une de ses sœurs, fit des tragedies en langue russe, qui ressemblaient assez aux pièces de Shakespeare, dans lesquelles des tyrans et des arlequins fesaient les premiers rôles. L'orchestre était composé de violons russes qu'on fesait jouer à coups de nerf de bœuf. A présent, on a dans Pétersbourg des comédiens francais et des opéra italiens. La magnificence et le goût même ont en tout succédé à la barbarie. Une des plus difficiles entreprises du fondateur fut d'accourcir le robes, et de faire raser les barbes de son peuple. Ce fut là l'objet des plus grands murmures. Comment apprendre à toute une nation à faire

Le czarovitz Alexis, fils du czar, qui épousa, dit-on, comme lui, une esclare, et qui, comme lui, quitta secrètement la Russie, n'eut pas un succès pareil dans ses deux entreprises; et il en coûta la vie au fils pour avoir imité mal à propos le père: ce fut un des plus terribles exemples de sévérité qar jamais on ait donnés du haut d'un trone; mais ce qui est bien honorable pour la mémoire de l'impératrice Catherine, c'est qu'elle n'eut point de part au malheur de ct prince, né d'un autre lit, et qui n'aimait rien de ce que son père aimait; on n'accusa point Catherine d'avoir ́agi es marâtre cruelle: le grand crime du malheureux Alexis étai d'être trop russe, de désapprouver tout ce que son père for sait de grand et d'immortel pour la gloire de sa nation. Us jour, entendant des Moscovites qui se plaignaient des travaux insupportables qu'il fallait endurer pour batir Pétersbourg: Consolez-vous, dit-il, cette ville ne durera pas long-temps. Quand il fallait suivre son père dans ces

Forges de cinq à six cents lieues que le czar entreprenait Kurent, le prince feignait d'être malade; on le purgeait radement pour la maladie qu'il n'avait pas; tant de médeces, jointes à beaucoup d'eau-de-vie, altérèrent sa santé et son esprit. Il avait eu d'abord de l'inclination pour s'instruire; il avait la géométrie, l'histoire, avait appris l'allemand; mais il n'aimait point la guerre, ne voulait point T'apprendre; et c'est ce que son père lui reprochait le plus. Oa Tarat marié à la princesse de Volffenbuttel, sœur de imperatrice, femme de Charles VI, en 1711. Ce mariage fot malheureux. La princesse était souvent abandonnée post des debauches d'eau-de-vie, et pour Afrosine, fille finaadaise, grande, bien faite, et fort douce. On prétend que La princesse mourut de chagrin, si le chagrin peut donner la mort, et que le czarovitz épousa ensuite secrétenient Aficeine en 1713, lorsque l'impératrice Catherine venait de ini donner un frère dont il se serait bien passé.

Les mécontentements entre le père et le fils deviurent de jour en jour plus sérieux, jusque-là que Pierre, dès l'an 1716, mea le prince de le déshériter, et le prince lui dit qu'il voulait se faire moine.

Le czar, en 1717, renouvela ses voyages par politique et par curiosité; il alla enfia en France. Si son fils avait voulu se résiter, il y avait eu en effet un parti formé en sa fareur, c'était la le temps de se déclarer; mais au lieu de rester en Rassie et de s'y faire des créatures, il alla royager de son côté, ayant eu bien de la peine à rassembler quelques milliers de ducats, qu'il avait secrètement emproates. Il se jeta entre les bras de l'empereur Charles VI. beau-frère de sa défunte femme. On le garda quelque temps tres incognito à Vienne; de là on le fit passer à Naples, où il resta près d'un an, sans que ni le czar, ui personne en Easi, sût le lieu de sa retraite.

maudit son père; il ne s'était point révolté comme Absalon; il n'avait point couché publiquement avec les concubines du roi il avait voyagé sans la permission paternelle, et il avait écrit des lettres à ses amis, par lesquelles il marquait seulement qu'il espérait qu'on se souviendrait un jour de lui en Russie. Cependant de cent vingt-quatre juges séculiers qu'on lui donna, il ne s'en trouva pas un qui ue conclût à la mort; et ceux qui ne savaient pas écrire firent sigaer les autres pour eux. On a dit dans l'Europe, on a souvent imprimé, que le czar s'était fait traduire d'espagnol en russe le procès criminel de don Carlos, ce prince infortuné, que Philippe II son père avait fait mettre dans une prison, où mourut cet héritier d'une grande monarchie; mais jamais il n'y eût de procès fait à den Carlos, et jamais on n'a su la manière, soit violente, soit naturelle, dont ce prince mourut. Pierre, le plus despotique des princes, n'avait pas besoin d'exemples. Ce qui est certain, c'est que son fils mourut dans son lit, le lendemain de l'arrêt, et que le czar avait à Moscou une des plus belles apothicaireries de l'Europe. Cependant il est probable que le prince Alexis, héritier de la plus vaste monarchie du monde, condamné unanimement par les sujets de son père, qui devaient être. un jour les siens, put mourir de la révolution que fit dans son corps un arrêt si étrange et si funeste. Le père alla voir son fils expirant, et on dit qu'il versa des larmes.

Infelix! utcunque ferent ea facta minores!

VIRG., Eneid., VI, 823. Mais malgré ses larmes, les roues furent couvertes des inembres rompus des amis de son fils. Il fit couper la tête à son propre beau-frère, le comte Lapuchin, frère de sa femme Ottokesa Lapuchin qu'il avait répudiée, et oncle du prince Alexis. Le confesseur du prince eut aussi la tête coupée. Si la Mostovie a été civilisée, il faut avouer que cette politesse lui a coûté cher.

Pendant que le fils était ainsi caché, le père était à Paris, ail fut reçu avec les mêmes respects qu'ailleurs, mais avec galanterie qu'il ne pouvait trouver qu'en France. S'il Lauvoir une manufacture, et qu'un ouvrage attirat plus regards qu'un autre, on lai en fesait présent le lendeall diner à Petitbourg, chez M. le duc d'Antin, et premiere chose qu'il vit fut son portrait en grand avec se meme babit qu'il portait. Quand il alla voir la Monnaie rale des médailles, on en frappa devant lui de toute es- Après la paix glorieuse qu'il conclut enfin avec la Suède pere, et on les lui présentait : enn on en frappa une qu'on en 1721, par laquelle on lui céda la Livonie, l'Estonie, lans expres tomber à ses pieds, et qu'on lui laissa ramas- l'Ingermanie, la moitié de la Carelie et du Vibourg, les art,livy vit gravé d une manière parfaite, avec ces mots: états de Russie lui déférèrent le nom de grand, de père de Pierre-le-Grand, Le revers était une Renommée, et la lé- la patrie, et d'empereur. Ces états étaient représentés par fend. Fires acquirit eundo, allégorie aussi juste que flat-le sénat, qui lui donna solennellement ces titres en préspear as prince qui augmentait en effet son merite par En royant le tombeau du cardinal de Richelieu et la stade ce ministre, ouvrage digne de celui qu'il représente, car la sa paraitre un de ces transports, et dit une de choses qui ne peuvent partir que de ceux qui sont nés sire de grands hommes. li monta sur le tombeau, em. sa la statue: Grand manistre, dit-il, que n'es-tu né de temaps? je to donnerais la moitié de mon empire per m'apprendre à gouverner l'autre. Un homme qui asias d'cathousiasme que le czar, s'étant fait expliquer paroles prononcées en langue russe, répondit: S'il avait ane cette moitte, il n'aurait pas long-temps gardé Le car, après avoir ainsi parcouru la France, où tout pose les mœurs a la douceur et à l'indulgence, retourna asa patrie, et y reprit sa sévérité. Il avait enfin engagé is a revenir de Naples à Pétersbourg: ce jeune prince at de la conduit à Moscou devant le czar son père, qui compar le priver de la succession au trône, et lui fit siser un acte solennel de renonciation à la fin du mois de janvier 1710; es, en considération de cet acte, le père promit à son fis de los laisser la vie.

Le reste de la vie du czar ne fut qu'une suite de ses grands desseins, de ses travaux, et de ses exploits, qui semblaient effacer l'excès de ses sévérités, peut-être nécessaires. II fesait souvent des barangues à sa cour et à son conseil. Dans une de ses barangues, il leur dit qu'il avait sacrifié son fils au salut de ses états.

l'a tre."

li n'était pas bars de vraisemblance qu'un tel acte serait un jour angule. Le czar, pour lui donner plus de force, ou blant qu'il était père, et se souvenant seulement qu'il était fondateur d'un empire que son fils pouvait replonger daus barbarie, fit instruire publiquement le procès de ce prince afonaé, sur quelques reticences qu'on lui reprochait dans Lares qu'on avait d'abord exige de lui.

Da assembla des évêques, des abbés, et des professeurs, Fui trouvèrent dans l'ancien Testament que ceux qui manfast leur père et leur mère doivent être mis à mort; qu'à a resite David avait pardonné à son fils Absalon révolté rare lui, mais que Dica u'avait pas pardonné à Absalon. Tel fat lear avis sans rien conclure; mais c'était en effet gner un arrès de mort. Alexis n'avait à la vérité jamais

sence du comte de Kiaski, ministre de l'empereur, de M. de Campredon, envoyé de France, des ambassadeurs de Prusse et de Hollande. Pea-a-pen les princes de l'Europe se sont accoutumés à donner aux souverains de Russie ce titre d'empereur; mais cette dignité n'empêche pas que les ambassa deurs de France n'aient partout le pas sur ceux de Russie. Les Russes doivent certainement regarder le czar comme le plus grand des hommes. De la mer Baltique aux frontières de la Chine, c'est un héros; mais doit-il l'être parmi nous? était-il comparable pour la valeur à nos Condé, à nos Villars, et pour les connaissances, pour l'esprit, pour les mours, à une foule d'hommes avec qui nous vivons? Non; mais il était roi, et roi mal clevé; et il a fait ce que peutêtre mille souveraius à sa place n'eussent pas fait. Il a eu cette force dans l'ame qui met un homme au-dessus des préjugés de tout ce qui l'environne et de tout ce qui l'a précédé : c'est un architecte qui a bati en brique, et qui ailleurs eût bati en marbre. S'il eut régné en France, il eût pris les arts au point où ils sont pour les élever au comble: oa l'admirait d'avoir vingt-cinq grunds vaisseaux sur la mer Baltique, il en eût eu deux cents dans nos ports.

A voir ce qu'il a fait de Pétersbourg, qu'on juge ce qu'il eût fait de Paris. Ce qui m'étonne le plas, c'est le peu d'espérance que devait avoir le genre humain, qu'il dut naltre à Moscou un homme tel que le czar Pierre. Il y avait à parier un nombre égal à celui de tous les hommes qui ont peuplé de tous les temps la Russie, contre l'unité, que ce génie si contraire au génie de sa nation, ne serait donné à aucun Russe: et il y avait encore à parier environ seize millions, qui fesaient le nombre des Russes d'alors, contre un, que ce lot de la nature ne tomberait pas au czar. Cependant la chose est arrivée. Il a fallu un nombre prodigieux de combinaisons et de siècles, avant que la nature fit naitre celui qui devait inventer la charrue, et cetui à qui nous devons l'art de la navette. Aujourd'hui les Russes ne sont plus surpris de leurs progrès: ils se sont, en moins de cinquanta ans, familiarisés avec tous les arts. On dirait que ces arts

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