Page images
PDF
EPUB

[la piace (fevrier), après la capitulation qui avait été faite Les amis et les domestiques de Kalf l'appelerent toujours la, titla garaison prisonnière de guerre. Il fut indigné le comte du Veau; il soupa chez les princesses, et joua chez que ses allies laissassent au roi de Danemarck une ville la duchesse de Berri: peu d'étrangers furent plus férés. Un 4 devait appartenir au prince auquel il avait donné sa jeune marquis, qui avait été de tous ses plaisirs, lui promit ice; at ce refroidissement, dont le ministre Goertz pro- de l'aller voir à Sardam, et tint parole. Arrivé dans o vilbut, for la première source de la paix qu'il projetalage, il fait demander la maison du comte de Kalf. Il trouva de faire entre le czar et Charles XII.

un atelier de constructeurs de vaisseaux, et le jeune Kalf Geraz dès ce moment, hi entendre au czar que la Suède habillé en matelot hollandais, la hache à la main, conduiez abaissée, qu'il ne fallait pas trop élever le Da- sant les ouvrages de son père Kalf recut son hote avec toute teerd et la Prusse. Le ezar entrait dans ses vues: il n'a-la simplicité antique qu'il avait reprise, et dont il ne s'éjamais fait la guerre qu'en politique. au lieu que carta jamais. Cu lecteur sage peut pardoauer cette petite Charles X11 ne Larait faite qu'en guerrier. Dès lors il n'a- digression, qui n'est que la condamnation des vanités et plas que mollement contre la Suède; et Charles XII, l'éloge des maurs. #herous partout en Allemagne, résolut, par un de ces aps desespéres que le succès seul peut justifier, d'aller porter la puerire ea Norvège.

Le crar resta trois mois en Hollande. Il se passa, pendant son séjour, des choses plus sérieuses que l'aventure de Kalf. La Haye, depuis la paix de Nimèque, de Rysvick, et d'ULe czar cependant voulut faire en Europe un secon 1 roya-trecht, avait conservé la réputation d'être le centre des né fr. Il wait fait le premier en homme qui s'était voulu in-gociations de l'Europe: cette petite villo, ou plutôt ce vil struire des arts; il tit le second en prince qui cherchait à lage, le plus agréable du Nord, était principalement habité Fenetrer le secret de toutes les cours. Il mena sa femme à par des ministres de toutes les cours, et par des voyageurs Goperbague, a Lubeck, à Schwerin, à Neustadt, il vit le roi qui venaient s'instruire à cette école. On jetait alors les de Prusse dans la petite ville d'Aversberg de la ils passé-fondements d'une grande révolution dans l'Europe. Le czar, reas Hambourg, à cette ville d'Alteaa que les Suédois informé des commencements de ces orages, prolongea son aravent bralce, et qu'on rebâtissait. Descendant l'Elbe jus- séjour dans les Pays-Bas, pour être plus à portée de voir ce a Stade, ils passerent par Breme, où le magistrat denna qui se tramait à-la-fois au Midi et au Nord, et pour se pré(décembre) ua feu d'artifice et une illumination dont le parer au parti qu'il devait prendre. dewin format ea cent endroits ces mots: Notre liberateur int mensuar, Enfin il revit Amsterdam, et cette petite chamere de Sardam, où il avait appris l'art de la constration des vaisseaus, il y avait environ dix-huit années: il troura cette chaumiere changée en une maison agréable commode qui subsiste encore, et qu'on nomme la maison la prince.

O pas juger avec quelle idolatrie il fut reçu par un uple de commerçants et de geas de mer dont il avait été compagnon, ils croyaient voir dans le vainqueur de Pulava leur clève, qui avait fondé chez lui le commerce et la rise, et qui avait appris chez eux à gagner des batailles arales: ils le regardaient comme un de leurs concitoyens cou empereur.

CHAPITRE VIII

SUITE DES VOYAGES DE PIERRE-LE-GRAND.

Conspiration de Goertz. Réception de Pierre en France.

Il voyait combien ses alliés étaient jaloux de sa puissance, et qu'on a souvent plus de peine avec ses amis qu'avec ses ennemis.

Le Mecklenbourg était un des principaux sujets de ces divisions presque toujours inévitables entre des princes voisins qui partagent des conquètes. Pierre n'avait point voulu que les Dauois prissent Vismar pour eux, encore moins qu'ils démolissent les fortifications; cependant ils avaient fait l'un et l'autre.

Il parait, dans la vie, daus les voyages, dans les actions Pierre-le-Grand, comme dans celles de Charles XII, se tout est éloigné de nos mours, peut-être un peu trop Teminces; et c'est par cela même que l'histoire de ces bommes célébres excite tant notre curiosité. L'épouse du czar était demeurée à Schwerin, malade, 1 avancée dans sa nouvelle grossesse; cependant, des Telle put se mettre en route, elle voulut aller trouver le ire Hollande les douleurs la surprirent à Vésel, où elle Faca (14 janvier 1717) d'un prince qui ne vécut qu'on li n'est pas dans nos usages qu'une femme malade immédiatement après ses couches: la czarine, au a. de dix jours, arriva dans Amsterdam; elle voulut voir chaumière de Sardam, dans laquelle le czar avait trale de ses mains. Tous deux allèreut sans appareil, sans A la fin de 1716 et au commencement de 1717, Goertz, se, avec deus domestiques, diner chez un riche charper- qui, comme le disent les Memoires de Bassevitz, était las de vaisseaux de Sardam, oominé Kalf, qui avait le pre- de n'avoir que le titre de conseiller de Holstein, et de n'ecommercé à Petersbourg. Le his revenait de France, où tre qu'un plénipotentiaire secret de Charles XII, avait faittre ve alait aller. La czarine et lui écoutèrent avec plai-naitre la plupart de ces intrigues, et il résolut d'en profiter aventure de ce jeune homme, que je ne rapporterais 1st elle ne fesail connaître des mœurs entièrement op

Le duc de Mecklenbourg, mari de sa nièce, et qu'il traitait comme son geudre, était ouvertement protégé par lui contre la noblesse du pays; et le roi d'Angleterre protégeait la noblesse. Entin il commençait à être très mécontent du roi de Pologne, ou plutôt de son premier ministre, le comte. Flemming, qui voulait secouer le joug de la dépendance, imposé par les bienfaits et par la force.

ers aux notres.

etlo da charpentier Kalf avait été envoyé à Paris par 1 père pour y apprendre le francais, et son père avait la qui y recul honorablement. Il ordonna que le jeune me quittiti'habit plus que simple que tous les citoyens ardam portent, el qu'il fit à Paris une dépense plus svecable à sa furtune qu'à son éducation, counaissant asIsca Els pour croire que ce changement ne corromprait so frugalité et la bouté de son caractère. Kalf give peau dans toutes les langurs du Nord; le gear prit à Paris le nom de Du Vean it vécut avec que magaiscence; il fit des liaisons. Rien n'est plus amana Paris que de prodiguer les titres de marquis et ceux qui n'ont pas même une terre seigneule, et qui sont à peine gentilshommes. Ce ridicule a tous to telere par le gouverucment, afiu que les rangs plas cofradus, et la noblesse plus abaissée, on füt ormain à l'abri des guerres civiles, autrefois si fréquentes, titre de haut et puissant seigneur a été pris par des and par des roturiers qui avaient acheté chèrement des of. Eatin les noms de marquis, de comte, sans marquisat, kang comté, comme de chevalier sans ordre, et d'abbé is abbaye, sont sans aucune conquence dans la nation.

[ocr errors]

Les cours d'Angleterre, de Pologne, de Danemarck, de Holstein, de Mecklenbourg, de Brandebourg, étaient agitées d'intrigues et de cabales.

pour ébranler l'Europe. Son dessein était de rapprocher Charles XII du czar, non seulement de finir leur guerre, mais de les unir, de remettre Stanislas sur le trône de Pologne, et d'ôter au roi d'Angleterre, George 1, Brème et Verden, et même le trône d'Angleterre, afin de le mettre hors d'état de s'approprier les dépouilles de Charles.

Il se trouvait dans le même temps un ministre de son caractère, dont le projet était de bouleverser l'Angleterre et la France: c'était le cardinal Albéroni plus maître alors en Espagne que Goertz ne l'était en Suède, homme auesi audacieux et aussi entreprenant que lui, mais beaucoup plus puissant, parcequ'il était à la tête d'un royaume plus riche, et qu'il ne pavait pas ses créatures en monnaies de cuivre. Goertz, des bords de la mer Baltique, se lia bientôt avec la cour de Madrid. Albéroni et lui furent également d'intelligence avec tous les Anglais errants qui tenaient pour la maison Stuart. Goertz courut dans tous les états où il pouvalt trouver des ennemis du roi George, en Allemagne, en Hollande, en Flandre, en Lorraine, et enfin à Paris, sur la fin de l'annce 1716. Le cardinal Alberoni commença par lui envoyer, daus Paris même, un million de livres de France, pour commencer à mettre le feu aux poudres: cétait l'expression d'Albéroni,

Goertz voulait que Charles cédat beaucoup à Pierre pour reprendre tout le reste sur ses ennemis, et qu'il pût en li

sente.

Il faut que l'historien Norberg ait été bien mal informé, qu'il ait bien mal connu les hommes et les affaires, ou qu'il ait été bien aveuglé par la partialité, ou du moins bien gêné par sa cour, pour essayer de faire entendre que le roi de Suede n'était Pas entré très avant dans le complot.

berté faire une descente en Ecosse, tandis que les partisans | n'avait interrogé des ministres étrangers comme des sujets des Stuart se déclareraient efficacement en Angleterre, du pays. La cour de Londres et les états passèrent paraprès s'être tant de fois montrés inutilement. Pour remplir dessus toutes les règles à la vue du péril qui menaçait la ces vues, il était nécessaire d'ôter au roi régnant d'Angle- maison d'Hanovre; mais enfin, ce danger étant découvert, terre son plus grand appai; et cet appui était le régent de cessait d'être danger, du moins dans la conjoncture preFrance. Il était extraordinaire qu'on vit la France unie avec un roi d'Angleterre contre le petit-fils de Louis XIV, que cette même France avait mis sur le trône d'Espagne au prix de ses trésors et de son sang, malgré tant d'ennemis conjurés; mais tout était sorti alors de sa route naturelle; les intérêts du régent n'étaient pas les intérêts du royaume. Albéroni ménages dès-lors une conspiration en France contre ce même régent. Les fondements de toute cette vaste entreprise furent jetés presque aussitôt que le plan en eut été formé. Goertz fut le premier dans ce secret, et devait alors aller déguisé en Italie, pour s'aboucher avec le prétendant auprès de Rome, et de là reveler à La Haye, y voir le czar, et terminer tout auprès du roi de Suède.

Celui qui écrit cette histoire est très instruit de ce qu'il avance, puisque Goertz lui proposa de l'accompagner dans ses voyages, et que, tout jeune qu'il était alors, il fut un des premiers témoins d'une grande partie de ces intrigues. Goertz était revenu en Hollaude à la fin de 1716, muni des lettres-de-change d'Albéroni et du plein-pouvoir de Charles. Il est très certain que le parti du prétendant devait éclater, tandis que Charles descendrait de la Norvège dans le nord d'Ecosse. Ce prince, qui n'avait pu conserver ses états dans le continent, allait envahir et bouleverser ceux d'un autre ; et de la prison de Demirtash, en Turquie, et des cendres de Stralsund, on eût pu le voir couronner le fils de Jacques II à Londres, comme il avait couronné Stanislas à Varsovie.

Le czar, qui sarait une partie des entreprises de Goertz, en attendait le développement, sans entrer dans aucun de ses plans, et saus les connaitre tous; il aimait le grand et l'extraordinaire autant que Charles XII, Goertz, et Albéroni; mais il l'aimait en fondateur d'un état, en législateur, en vrai politique; et peut-être Albéroni, Goertz, et Charles même, étaient-ils plutôt des hommes inquiets qui tentaient de grandes aventures, que des hommes profonds qui prissent des mesures justes: peut-être, après tout, leurs mauvais succès les ont-ils fait accuser de témérité.

Quand Goertz fut à La Haye, le czar ne le vit point; il aurait donné trop d'ombrage aux états-généraux, ses amis. attachés au roi d'Angleterre. Ses ministres ne virent Goertz qu'en secret, avec les plus grandes précautions, avec ordre d'écouter tout et de donner des espérances, sans prendre aucun engagement, et sans le compromettre. Cependant les clairvoyants s'apercevaient bien à son inaction, pendant qu'il eût pu descendre en Scanie avec sa flotte et celle de Danemarck, à son refroidissement envers ses alliés, aux plaintes qui échappaient à leurs cours, et enfin à son voyage meme, qu'il y avait dans les affaires un grand changement qui ne tarderait pas à éclater.

Au mois de janvier de 1717, un paquebot suédois, qui portait des lettres en Hollande, ayant été forcé par la tempête de relâcher en Norvège, les lettres furent prises, On trouva dans celles de Goertz et de quelques ministres de quoi ouvrir les yeux sur la révolution qui se tramait La cour de Danemarck communiqua les lettres à celle d'Angleterre. Aussitôt on fait arrêter à Londres le ministre suédois Gyllembourg; on saisit ses papiers, et on y trouve une partie de sa correspondance avec les jacobites.

L'affront fait à ses ministres affermit en lui la résolution de tout tenter pour détrôner le roi d'Angleterre. Cependant il fallut qu'une fois en sa vie il usât de dissimulation, qu'il désavouat ses ministres auprès du régent de France, qui lui donnait un subside, et auprès des états-généraux, qu'il voulait ménager: il fit moins de satisfaction au roi George. Goertz et Gyllembourg, ses ministres, furent retenus près de six mois, et ce long outrage confirma en lui tous ses desseins de vengeance,

Pierre, au milieu de tant d'alarmes et de tant de jalousies, ne se commettant en rien, attendant tout du temps, et ayant mis un assez bon ordre dans ses vastes etats pour n'avoir rien à craindre du dedans ni du dehors, résolut enfin d'aller en France: il n'entendait pas la langue du pays, et par-là perdait le plus grand fruit de son voyage; mais il pensait qu'il y avait beaucoup à voir, et il voulut apprendre de près en quels termes était le régent de France avec l'Angleterre, et si ce prince était affermi.

Pierre-le-Grand fut reçu en France comme il devait l'être. On envoya d'abord le inaréchal de Tessé avec un grand nombre de seigneurs, un escadron des gardes, et les carrosses du roi à sa rencontre. Il avait fait, selon sa coutume, une si grande diligence, qu'il était déja à Gournai lorsque les équipages arrivèrent à Elbeuf. On lui donna sur la route toutes les fêtes qu'il voulut bien recevoir. On le reçut d'abord au Louvre, où le grand appartement était préparé pour lui, et d'autres pour toute sa suite, pour les princes Kourakin et Dolkorouki, pour le vice-chancelier baron Schaffirof, pour l'ambassadeur Tolstoy, le même qui avail essayé tant de violations du droit des gens en Turquie. Toute cette cour devait être magnifiquement logée et servie; mais Pierre étant venu pour voir ce qui pouvait lui être utile, et non pour essuyer de vaines cérémonies qui génaient sa simplicité, et qui consumaient un temps precieux, alla se loger le soir même à l'autre bout de la ville, au palais ou hôtel de Lesdiguières, appartenant au maréchal de Villeroi, où il fut traité et défrayé comme au Louvre. (8 mai) Le lendemain, le régent de France vint le saluer a cet hôtel: le surlendemain on lui amena le roi encore enfant, conduit par le maréchal de Villeroi, son gouverneur, de qui le père avait été gouverneur de Louis XIV. Ou épargna adroitement au czar la gène de rendre la visite immédiatement après l'avoir reçue; il y eut deux jours d'intervalle; il recut les respects du corps de ville, et alla le soir voir le roi la maison du roi était sous les armes: on mena ce jeune prince jusqu'au carrosse du czar. Pierre, étonné et inquiété de la foule qui se pressait autour de ce momarque enfant, le prit et le porta quelque temps dans ses bras.

(Février) Le roi George écrit incontinent en Hollande; il requiert que, suivant les traités qui lient l'Angleterre et les états-généraux à leur sûreté commune, le baron de Goertz soit arrêté. Ce ministre, qui se fesait partout des créatures, fut averti de l'ordre; il part incontinent: il était dėja dans Arnheim, sur les frontières, lorsque les officiers et les gardes qui couraient après lui ayant fait une diligence peu commune en ce pays-la, il fut pris, ses papiers saisis, sa personne traitée durement; le secrétaire Stamke, celui-les IV, Sigismond, et Charles V, en France, aient eu une là même qui avait contrefait le seing du duc de Holstein dans l'affaire de Tonninge, plus maltraité encore. Enfia le comte de Gyllembourg, envoyé de Suède en Angleterre, et le baron de Goertz, avec des lettres de ministre plénipotentiaire de Charles XII, furent interrogés, l'un à Londres, l'autre à Arobeim, comme des criminels. Tous les ministres des souverains crièrent à la violation du droit des gens.

Ce droit, qui est plus souvent réclamé que bien connu, et dout jamais l'étendue et les limites n'ont été fixées, a reçu dans tous les temps bien des atteintes. On a chassé plusieurs ministres des cours où ils résidaient; on a plus d'une fois arrêté leurs personnes; mais jamais encore on

Des ministres plus raffinés que judicieux ont écrit que le maréchal de Villeroi voulant faire prendre au roi de France la main et le pas, l'empereur de Russie se servit de ce stratagême pour déranger ce cérémonial par un air d'affection et de sensibilité : c'est une idée absolument fausse: la po litesse française, et ce qu'on devait à Pierre-le-Grand, ne permettaient pas qu'on changeât en dégoût les honneurs qu'on lui rendait. Le cérémonial consistait à faire pour un grand monarque et pour un grand homme tout ce qu'il eût desiré lui-même, s'il avait fait attention à ces détails. J s'en faut beaucoup que les voyages des empereurs Charcélébrité comparable à celle du séjour qu'y fit Pierre-leGrand: ces empereurs n'y vinrent que par des intérêts de politique, et n'y parurent pas dans un temps où les arts perfectionnés pussent faire de leur voyage une époque mé morable; mais quand Pierre-le-Grand alla diner chez le duc | d'Antin, dans le palais de Petitbourg, à trois lieues de Paris, et qu'a la fin du repas, il vit son portrait qu'on venait de peindre, placé tout d'un coup dans la salle, il sentit que les Français savaient mieux qu'aucun peuple du monde recevoir un hôte si digne.

Il fut encore plus surpris lorsque allant voir frapper des médailles dans cette longue galerie du Louvre où tous les

[ocr errors]
[ocr errors]

artist du rei sout honorablement fogés, une médaille qu'on frappait étant tembee, et le czar s'empressant de la ramasser, se nit gravé sur cette médaille, avec une renommée Il y avait dans ce plan de réunion des objets de politique le revers, posant un pied sur le globe, et ces mots de qu'ils n'entendaient pas, et des points de controverse qu'ils Viile, convenables à Pierre-le-Grand, vires acquirit disaient entendre, et que chaque parti explique comme il dallasion également fine et noble, et également con- lui plait. Il s'agissait du Saint-Esprit qui procède du Père venable à ses voyages et à sa gloire: on lui présenta de ces et du Fils selon les Latins, et qui procède aujourd'hui du médailles d'or, à lui et à tous ceux qui l'accompagnaient. Père par le Fils selon les Grees, après n'avoir long-temps Allait-il chez des artistes, en mettait à ses pieds tous les procédé que du Père: ils citaient saint Epiphane, qui dit dere, et on le suppliait de daigner les recevoir:que le Saint-Esprit n'est pas frère du fils, ni petit-fils du - voir les hautes-lisses des Gobelins, les tapis de la Serie, les ateliers des sculpteurs, des peintres, des orres du roi, des fabricateurs d'instruments de mathémaque tout ce qui sen.blait mériter son approbation lui était effert de la part du roi.

beaucoup à la cour de Rome par leur écrit, sans plaire à l'empereur de Russie ni à l'Eglise russe.

. Père..

Mais le czar, en partant de Paris, avait d'autres affaires qu'à vérifier des Jassages de saint Epiphane. Il reçut avee bonté le mémoire des docteurs. Ils écrivirent à quelques évèques russes, qui firent une réponse polie; mais le plus grand nombre fut indigné de la proposition.

Pierre était mecanicien, artiste, géomètre. Il alla à l'académie des sciences, qui se para pour lui de tout ce qu'elle rait de plas rare; mais il n'y eut rien d'aussi rare que luimimes il carriga de sa main plusieurs fautes de géographie dans les cartes qu'on avait de ses états, et surtout dans Il y avait à sa cour un vieux fou, nommé Sotof, qui Ini celle de la mer Caspienne. Enfin il daigna être un des mem- avait appris à écrire, et qui s'imaginait avoir mérité par ce bres de cette academie, et entretiot depuis une correspon-service les plus importantes dignités. Pierre, qui adoucissait dance suivie d'expériences et de découvertes avec ceux dont quelquefois les chagrins du gouvernement par des plaisanil voulait bien étre le simple confrère. Il faut remonter teries convenables à un peuple non encore entièrement réaux Pyrbagere et aux Anacharsis pour trouver de tels voya-formé par lui, promit à son maître à écrire de lui donner gears, et ils n'avaient pas quitté un empire pour s'instruire. une des premières dignités du monde; il le créa knès papa On ne peut s'empêcher de remettre ici sous les yeux du avec deux mille roubles d'appointement, et lui assigna nne lecteur ce transport dont il fut saisi en voyant le tombeau maison à Pétersbourg dans le quartier des Tartares; des da cardinal de Richelieu: peu frappé de la beauté de ce bouffons l'installèrent en cérémonie; il fut harangué par thef-deuvre de sculpture, il ne le fut que de l'image d'un quatre bègues ; il créa des cardinaux, et marcha en procesministre qui s'était rendu célèbre dans l'Europe en l'agi- sion à leur tête. Tout ce sacré collège était ivre d'eau-deat, et qui avait rendu à la France sa gloire perdue après vie. Après la mort de ce Sotof, un officier, nommé Buturmort de Henri IV. On sait qu'il embrassa cette statue, et lin, fut créé pape. Moscou et Pétersbourg ont vu trois fois 'il s'écria: Grand homme, je t'aurais donné la moitié renouveler cette cérémonie, dont le ridicule semblait être demes états, pour apprendre de toi à gouverner l'autre ! sans conséquence, mais qui en effet confirmait les peuples En, avant de partir, il voulut voir cette célèbre madame dans leur aversion pour une église qui prétendait un poude Maintenon, qu'il savait être veuve en effet de Louis XIV. voir suprême, et dont le chef avait anathématisé tant de qui touchait à sa fin. Cette espèce de conformité entre le rois. Le czar vengeait en riant vingt empereurs d'Allemagne, riage de Louis XIV et le sien excitait vivement sa curio- dix rois de France, et une foule de souverains. C'est là tout te; mais il y avait entre le roi de France et lui cette dif- le fruit que la Sorbonne recueillit de l'idée peu politique reece, qu'il avait épousé publiquement une héroine, et de réunir les Eglises grecque et latine. e Louis XIV n'avait eu en secret qu'une femme aimable. Larine n'était pas de ce voyage: Pierre avait trop craint embarras du cérémonial, et la curiosité d'une cour peu faite pour sentir le mérite d'une femme qui, des bords du Pratha ceux de Finlande, avait affronté la mort à côté de son époux, sur mer et sur terre.

Ce fut pour dissiper les craintes de cette réunion, qu'il institua quelques temps après la fête comique du conclave, lorsqu'il eut chassé fes jésuites de ses états en 1718.

CHAPITRE IX.

RETOUR DU CZAR DANS SES ÉTATS.

Sa politique, ses occupations.

Le voyage du czar en France fut plus utile par son union avec ce royaume commercant, et peuplé d'hommes industrieux, que par la prétendue réunion de deux Eglises rivales, dont l'une maintiendra toujours son antique indépendance, et l'autre sa nouvelle supériorité.

Pierre ramena à sa suite plusieurs artisans français, ainsi qu'il en avait amené d'Angleterre; car toutes les nations chez lesquelles il voyagea se firent un honneur de le seconder dans son dessein de porter tous les arts dans une patric nouvelle, et de concourir à cette espèce de création.

Il minuta dès-lors un traité de commerce avec la France, et le remit entre les mains de ses ministres en Hollande, dès qu'il y fut de retour. Il ne put être signé par l'ambassadeur de France Châteauneuf, que le 15 auguste 1717, à La Haye. Ce traité ne concernait pas seulement le commerce, il regardait la paix du Nord. Le roi de France, l'électeur de Brandebourg, acceptèrent le titre de médiateurs qu'il leur donna. C'était assez faire sentir au roi d'Angleterre qu'il n'était pas content de lui, et c'était combler les espérances de Goertz, qui mit dès-lors tout en oeuvre pour réunir Pierre et Charles, pour susciter à George de nouveaux ennemis, et pour prêter la main au cardinal Albéroni d'un bout de l'Europe à l'autre. Le baron de Goertz vit alors publiquement à La Haye les ministres du ezar; il leur déclara qu'il avait un plein-pouvoir de conclure la paix de la Suède.

Le czar laissait Goertz préparer toutes leurs batteries sans y toucher, prêt à faire la paix avec le roi de Suède, mais aussi à continuer la guerre; toujours lié avec le Danemarck, la Pologne, la Prusse, et même en apparence avec l'élec teur d'Hanovre.

La démarche que la Sorbonne fit auprès de lui, quand il la voir le mausolée du cardinal de Richelieu, mérite d'être raitée à part. Quelques docteurs de Sorbonne voulurent avoir la gloire le réunir l'Eglise grecque avec l'Eglise latine. Ceux qui naissent l'antiquité savent assez que le christianisme est en Occident par les Grees d'Asie; que c'est en Orient 'il est né, que les premiers Pères, les premiers conciles, premières liturgies, les premiers rites, tout est de l'Olent; qu'il n'y a pas même un seul terme de dignité et effe qui ne soit gree, et qui n'atteste encore aujourd'hui source dont tout nous est vena. L'empire romain ayant té divisé, il était impossible qu'il n'y eût tôt ou tard deux eligions, comme deux empires, et qu'on ne vit entre les hrétiens d'Orient et d'Occident le même schisme qu'entre Is Oamanlis et les Persans. Il paraît évidemment qu'il n'avait d'autre dessein arrêté que celui de profiter des conjonctures. Son principal objet C'est ce schisme que quelques docteurs de l'université de était de perfectionner tous ses nouveaux établissements. I a crurent éteindre tout d'un coup en donnant un mé-savait que les négociations, les intérêts des princes, leurs ire Pierre-le-Grand. Le pape Léon IX et ses succes- lignes, leurs amitiés, leurs défiances, leurs inimitiés, éprouars s'avaient pu en venir à bout avec des legats, des con- vent presque tous les ans des vicissitudes, et que souvent il les, et mème de l'argent. Ces docteurs auraient dù savoir ne reste aucune trace de tant d'efforts de politique. Une Pierre-le-Grand, qui gouvernait son Eglise, n'était pas seule manufacture bien établie fait quelquefois plus de mme à reconnaitre de pape; en vain ils parlèrent dans bien à un état que vingt traités. e mémoire des libertés de l'Eglise gallicane, dont le czar Pierre ayant rejoint sa femme, qui l'attendait en Holese souciait guère; en vain ils dirent que les papes doias être soumis aux conciles, et que le jugement d'un pape fest point une règle de for: ils ne réussirent qu'à déplaire

lande, continua ses voyages avec elle. Ils traversèrent ensemble la Vestphalie, et arrivèrent à Berlin sans aucun appareil. Le nouveau roi de Prusse n'était pas moins ennemi

[ocr errors]

des vanités du cérémonial et de la magnificence que le monarque de Russie. C'était un spectacle instructif pour l'étiquette de Vienne et d'Espagne, pour le puntiglio d'Italie et pour le goût du luxe qui regne en France, qu'un roi qui ne se servait jamais que d'un fauteuil de bois, qui n'était vetu qu'en simple soldat, et qui s'était interdit toutes les délicatesses de la table, et toutes les commo fites de la vie. Le czar et la czarine menaient une vie aussi simple et aussi dure, et si Charles XII s'était trouvé avec eux, on eût vu ensemble quatre tétes couronnées accompagnées de moins de faste qu'un évéque allemand ou qu'an cardinal de Rome. Jamais le luxe et la mollesse n'ont été combattus par de si nobles exemples.

princesse de Volfenbuttel, ainsi que nous l'avons rapporté. Ce mariage fut très malheureux. Alexis, agé de vingt-deux ans, se livra à toutes les débauches de la jeunesse, et à toute la grossièreté des anciennes mœurs qui lui étaient si chères. Ces déréglements l'abrutirent. Sa femme, mépri sée, maltraitée, manquant du nécessaire, privée de toute consolation, languit dans le chagrin, et mourut eafia de douleur en 1715, le 1er de novembre.

Elle laissait au priace Alexis un fils dont elle venait d'ae coucher, et ce fils devait être un jour l'héritier de l'empire, suivant l'ordre naturel. Pierre sentait avec douleur qu'après lui tous ses travaux seraient détruits par son propre sang. Il écrivit à son tits après la mort de la princesse, und lettre également pathétique et menarante; elle finissait par ces mots : J'attendrai encore un peu de temps pour voir si vous voulez vous corriger; sinon, sachez que je vous priverai do la succession, comme on retranche un membre inutile. N'imaginez pas que je ne veuille que vous latimider; ne vous reposez pas sur le titre de mon fils unique: car si je n'épargue pas ma propre vie pour ma patrie et pour le salut de mes peuples, comment pourrai-je vous épargner? Je préfèrerai de les transmettre plutôt à un étranger qui le mérite qu'à mon propre fills qui s'en rend indigne..

Il faut avouer qu'un de nos citoyens s'attirerait parmi nous de la considération, et serait regardé comme un homme extraordinaire, s'il avait fait une fois en sa vie, par curiosité, la cinquième partie des voyages que fit Pierre pour le bien de ses états. De Berlin il va à Dantzick avec sa femme: il protége à Mittau la duchesse de Courlande, sa nièce devenue veuve: il visite toutes ses conquêtes, donne de nouveaux règlements dans Pétersbourg, va dans Moscou, y fait rebatir des maisons de particuliers tombées en raine: de là il se transporte à Czaritzin, sur le Volga, pour arrêter les incursions des Tartares de Cuban; il construit des lignes du Volga au Tanais, et fait élever des forts de distance en dis- Cette lettre est d'un père, mais encore plus d'un législa tance d'un fleuve à l'autre. Pendant ce temps-la même, il teur; elle fait voir d'ailleurs que l'ordre de la succession fait imprimer le code militaire qu'il a compose; une chambre n'était point invariablement établi en Russie comme daas de justice ost établie pour examiner la conduite de ses mi- d'autres royaumes, par ces lois fondamentales qui òtent sax nistres, et pour remettre de l'ordre dans les finances; il par-pères le droit de déshériter leurs fils; et le czar croyait sur donne à quelques coupables, il en punit d'autres ; le prince Menzikoff meme fat un de ceux qui eurent besoin de sa clémence; mais un jugement plus sévère, qu'il se crut obligé de rendre contre son propre fils, remplit d'amertume une vie si glorieuse.

CHAPITRE X.

Condamnation du prince Alexis Petrovitz.

Pierre-le-Grand avait, en 1689, à l'âge de dix-sept ans. épousé Eudoxie Théodore, ou Theodorowna Lapoukin, élevée dans tous les préjugés de son pays, et incapable de se mettre au-dessus d'eux comme son époux. Les plus grandes contradictions qu'il éprouva, quand il voulut créer un empire et former des hommes, vinrent de sa femme; elle était dominée par la superstition, si souvent attachée à son sexe. Toutes les nouveautés utiles lui semblaient des sacrileges. et tous les étrangers dont le czar se servait pour exécuter ses grands desseins lui paraissaient des corrupteurs.

Ses plaintes publiques encourageaient les fartieux et les partisans des anciens usages. Sa conduite d'ailleurs ne réparait pas des fautes si graves. Enfin le czar fut obligé de la répudier en 1696, et de l'enfermer dans un couvent, à Susdal, où on lui fit prendre le voile sous le nom d'Hélène.

Le tils qu'elle lui avait donné en 1690 naquit malheureusement avec le caractère de la mère, et ce caractère se fortifia par la première éducation qu'il reçut. Mes Mémoires discut qu'elle fut confiée à des superstitieux qui lui gàtèrent l'esprit pour jamais. Ce fut envain qu'on crut corriger ces premières impresions, en lui donnant des précepteurs étrangers; cette qualité même d'étrangers le revolta. Il n'é

tout avoir la prérogative de disposer d'un empire qu'il avait

fondé.

Dans ce temps-là même, l'impératrice Catherine accouchs d'un prince, qui mourut depuis en 1719. Soit que cette nouvelle abattit le courage d'Alexis, soit imprudence, sou mauvais conseil, il écrivit à son père qu'il renonçait à l couronne et à toute espérance de régner. Je prends Diet - à témoin, dit-il, et je jare sur mon ame, que je ne préten drai jamais à la succession. Je mets mes enfants entr - vos mains, et je ne demande que mon entretien pendan ma vie..

D

[ocr errors]

Son père lui écrivit une seconde fois: Je remarque dit-il, que vous ne parlez dans votre lettre que de la suc cession, comme si j'avais besoin de votre consentement. J. vous ai remontré quelle douleur votre conduite m'a causa. sée pendant tant d'années, et vous ne m'en parler pas - Les exhortations paternelles ne vous touchent point Je me suis déterminé à vous écrire encore pour la dernièr fois. Si vous méprisez mes avis de mon vivant, quel en feriez-vous après ma mort ? Quand vous auriez présen tement la volonté d'être fidèle à vos promesses, ces grad des barbes pourront vous tourner à leur fantaisie, et vou - forceront à les violer.... Ces gens-là ne s'appuient qu ■ sur vous. Vous n'avez aucune reconnaissance pour cela qui vous a donné la vie. L'assistez-vous dans ses travau depuis que vous êtes parvenu à un age mur? ne blamez a vous pas, ne détestez-vous pas tout ce que je peux fair pour le bien de mes peuples? J'ai sujet de croire que, s vous me survivez, vous détruirez mon ouvrage. Corriges vous, rendez-vous digne de la succession, ou faites-vou moine. Répondez, soit par écrit, soit de vive voix; sinon, j'agirai avec vous comme avec un malfaiteur,

Cette lettre était dure; il était aisé au prince de répons dre qu'il changerait de conduite; mais il se contenta de re pondre en quatre ligues à son père qu'il voulait se faire

tait pas né sans ouverture d'esprit; il parlais et écrivait bien l'allemand; il dessinait; il apprit un peu de mathéma-moine. tiques; mais ces mêmes Mémoires qu'on m'a confiés assu- Cette résolution ne paraissait pas naturelle; et il paraît rent que la lecture des livres ecclésiastiques fut co qui le étrange que le czar voulût voyager en laissant dans ses perdit. Le jeune Alexis crut voir dans ces livres la réproba-etats un fils si mécontent et si obstiné mais aussi ce voyage tion de tout ce que fesait son père. Il y avait des prètres à même prouve que le czar ne voyait pas de conspiration à la tête des mécontents, et il se laissa gouverner par les craindre de la part de son fils. prètres.

Ils lui persuadaient que toute la nation avait les entreprises de Pierre en horreur; que les fréquentes maladies du czar ne lui promettaient pas une longue vie, que son ils ne pouvait espérer de plaire à la nation qu'en marquant son aversion pour les nouveautés. Ces murmures et ces conseils ne formaient pas une faction ouverte, une conspiration; mais tout semblait y tendre et les esprits étaient

échauffés.

Le mariage de Pierre avec Catherine, en1707, et les enfants qu'il eut d'elle, achevèrent d'aigrir l'esprit du jeune prince. Pierre tenta tous les moyens de le ramener; il le mit même à la tête de la régence pendant une année; il le fit voyager; il le maria en 1711, à la fin de la campagne du Pruth, avec la

Il alla le voir avant de partir pour l'Allemagne et pour la France; le prince, malade, ou feignant de l'être, le reput au lit, et lui confirma, par les plus grands serments, qui voulait se retirer dans un cloître. Le czar lui donna six mois

pour se consulter, et partit avec son épouse.

A peine fut-il à Copenhague, qu'il apprit (ce qu'il pou vait présumer) qu'Alexis ne voyait que des mécontents qui flattaient ses chagrins. Il lui écrivit qu'il eût à choisir da couvent ou du trône, et que s'il voulait un jour lui succé. der, il fallait qu'il vint le trouver à Copenhague,

Les confidents du prince lui persuadèrent qu'il serait dangereux pour lui de se trouver loin de tout conseil estre un père irrité et une marátre. Il feignit done d'aller trouver son père à Copenhague; mais il prit le chemin de Vienne, et

la se mettre entre les mains de l'empereur Charles VI, son -frère, comptant y demeurer jusqu'à la mort du ezar, Crum i-pro-près la même aventure que celle de Louis XI, 'étant earore dauphin, il quitta la cour du roi CharVII. son père, et se retira chez le duc de Bourgogne. Le opeu était bien plus coupable que le czarovitz, puisqu'il mat marié malgré son père, qu'il avait levé des troupes, retirant chez un prince naturellement ennemi de Cary VII, et qu'il ne revint jamais à sa cour, quelque a que son père påt lui faire.

Ari, 8 contraire, ne s'était marié que par ordre du it as etait point révolté, n'avait point levé de troupes, se retirait peint chez un prines eun mi, et retourna aux rits de son père sur la première lettre qu'il reçut de lui. rees que Fierre sut que son fils avait été a Vienne, qu'il rrre dans le Tyrol, et ensuite à Naples, qui apparBet alles à l'empereur Charles VI, il dépêcha le capize any priss Remiozoff, et le conseiller privé Tolstoy, ares d une lettre écrite de sa main, datée de Spa, du 21 let pip me. lis trouvèrent le prince à Naples, dans bittan Sust-Elme, et lui remirent la lettre; elle était

[ocr errors]

Je vous écris pour la dernière fois, pour vous dire Te that ata a exécuter ma volonté, que Tolstoy et RoBaz♬ vous annoncercut de ma part. Si vous m'obéissez, sawura et je promets à Dieu que je ne vous punifet que ti vous revenez, je vous aimerai plus que jamas; man que si vous ne le faites pas, je vous donne, me père, en vertu du pouvoir que j'ai recu de Dien, maledi tien éternele; et, comme votre souverain, je foukaskure que je trouverai bien les moyens de vous pue qui j'espère que Dieu m'assistera, et qu'il prenmajuste cause cu main.

téte. Ensuite on ramena le prince dans la salle où le conseil était assemble; là on lut publiquement la déclaration du czar déja dressée.

[ocr errors]

Le père, dans cette pièce, reproche à son fils tout ce que nous avons détaillé, son peu d'application à s'instruire, Res liaisons avec les partisans des anciennes mœurs, sa mauvaise conduite avee sa femme. Il a violé, dit-il, la foi conjugale en s'attachant à une fille de la plus basse extraction, du vivant de son épouse. Il est vrai que Pierre avait répudié sa femme en faveur d'une captive; mais cette captive était d'un mérite supérieur, et il était justement mécontent de sa femme, qui était sa sujette. Alexis, au contraire, avait négligé sa femme pour une jeune inconnue, qui n'avait de merite que sa beauté. Jusque-là on ne voit que des fautes de jeune homme qu'un père doit reprendre, et qu'il peut pardonner.

Da lui reproche ensuite d'être allé à Vienne se mettre sous la protection de l'empereur. Il dit qu'Alexis a calʊmnie son père, en fesant entendre à l'empereur Charles VI qu'il était persécuté, qu'on le forçait à renoncer à son héritage; qu'entin il a priè l'empereur de le protéger à main

armée.

Ou ne voit pas d'abord comment l'empereur aurait pu faire la guerre au czar pour un tel sujet, et comment il eût pu interposer autre chose que des bons offices entre le père irrité et le fils desobeissant. Aussi Charles VI s'était contenté de donner une retraite au prince, et on l'avait renvoyé quand le czar, instruit de sa retraite, I avait redemandé.

Pierre ajoute, dans cette pièce terrible, qu'Alexis avait persuadé à l'empereur qu'il n'etait pas en sûreté de sa vie s'il revenait en Russie. C'était en quelque façon justifier les plaintes d'Alexis, que de le faire condanner à mort aprèsson retour, et surtout après avoir promis de lui pardonner. mais nous verrons pour quelle case le czar fit ensuite porter ce jugement mémorable. Entin on voyait dans cette grande assemblée un souverain absolu plaider contre son fils. Voilà, dit-il, de quelle manière notre fils est revenu; et quoiqu'il ait mérité la mort par son évasion et par ses te sieros de Naples persuada aisément Alexis de re-calomnies, cependant notre tendresse paternelle lui parer auprès de son père. C'était une preuve incontes

Au reste, segredez-vous que je ne vous ai violenté en Aranje besoin de vous laisser le libre choix du kit que veux voudriez prendre? Si j'avais voulu vous wer, 'aras-je pas en main la puissance? Je n'avais romander, j'aurais été obéi..

l'empereur d'Allemagne ne voulait prendre avee

fise prime aucun engagement dont le crar eût à se de Alexis avait soyagé avec sa maitresse Afrosine;

[ocr errors]
[ocr errors]

Os rouvat le considérer comme un jeune homme mal e qui était allé à Vienne et à Naples au lieu d'aller gue. S'il n'avait fait que cette seule faute, comlant de jeunes gens, elle était bien pardonnable. e prenait Dieu à témoin que non seulement il lui serait, mais qu'il l'aimerait plus que jamais, Alexis far celte assurance; mais par l'instruction des deux

q le ramenèrent, et par la lettre même du czar, Cerait que le père exigea que le fils declarât ceux qui l'at comelle, et qu'il exécutât son serment de renoncer

[ocr errors]

re

donne ses crimes: mais, considérant son indignité et sa conduite déréglée, nous ne pouvons en conscience lui laisser la succession au trône, prévoyant trop qu'après nous sa conduite dépravée détruirait la gloire de la nation, et ferait perdre tant d'états reconquis par nos armes. Nous plaindrions surtout nos sujets, si nous les rejctions par un tel successeur dans un état beaucoup plus mauvais qu'ils n'ont été.

Ainsi, par le pouvoir paternel, en vertu duquel, selon les droits de notre empire, chacun mème de nos sujets ⚫ peut déshériter un fils, comme il lui plait, et en vertu de la qualité de prince souverain, et en considération du salut de nos états, nous privons notredit fils Alexis de la succession après nous à notre trône de Russie, à cause de ses crimes et de son indignité, quand même il ne subsis. terait pas une seule personne de notre famille après nous. Ft nous constituons et déclarons successeur audit trône après nous notre second fils Pierre (1), quoique encore jeune, n'ayant pas de successeur plus àgé.

semblatt difficile de concilier cette exhérédation avec serment que le czar avait fait dans sa lettre d'aimer plus que jamais. Peut-être que le père, combattu meur paternel et la raison du souverain, se boraimer son fils retiré dans un cloitre: peut-être esel recare le ramener à son devoir, et le rendre digne rette sucression même, en lui fesant sentir la perte d'une Desirons aussi de nos fidèles sujets de l'état ecclésiasDins des conjonctures si rares, si difficiles, siatique et séculier et de tout autre état, et de la nation endearenses il est sise de croire que ni le cœur du pèretière, que, selon cette constitution et suivant notre voan du bis, égal ment agités, n'étaient d'abord bien

Donnons à notre susdit fils Alexis notre malédiction pa aternelle, si jamais, en quelque tenips que ce soit, il prétend à ladite succession, ou la recherche.

krord avec e-mèmes,

Le priore arrive le 13 février 1918, n. st. à Moscou, ou
Tar etat alone. Il se jette le jour même aux genoux de
pere; da un très long entretien avce Ini: le bruit se
fand ametit dans la ville que le père et le fils sont re-
lies, que rest est oublié; mais le lendemain on fait
endre les armes aux régiments des gardes, à la pointe du
; en fait sonner la grosse cloche de Moscon. Les
4s, les consedlers prives, sont mandés dans le château:
Leveques, les archimandrites, et deux religieux de Saint-
le professeurs en théologie, s'assemblent dans l'église
edrale. Alexs est conduit sans épée et comme prison-
* dans le chatean, devant son père. Il se prosterne en
presence, et lui remet en pleurant un écrit par lequel il
see fautes, se déclare indigne de las succeder, et pour
tegrace lui demande la vie.

Le ear, après l'avoir relevé, le conduisit dans un cabi-
il lui fit plusieurs questions. Il lui déclara que s'il
da's quelque chose touchant son évasion, il y allait de sa

[ocr errors]

lonté, ils reconnaissent et considèrent notredit fils Pierre, désigné par nous à la succession pour légitime successeur, et qu'en conformité de cette présente constitution, ils confirment le tout par serment devant le saint autel, sur les saints Evangiles, en baisant la croix.

Et tous ceux qui s'opposeront jamais, en quelque temps que ce soit, à notre volonté, et qui dès aujourd'hui oseront considérer notre fils Alexis comme successeur, ou l'assister à cet effet, nous les déclarons traitres envers nous et la patrie; et avons ordonné que la présente soit partout publiée, afin que personne n'en prétende cause d'ignorance. Fait à Moscou, le 14 février 1718, n, st. Signé ■ de notre main, et scellé de notre sceau.

Il parait que ces actes étaient préparés, on qu'ils furent dressés avec une extrême célérité, puisque le prince Alexis était revenu le 13, et que son exhérédation en faveur du fils de Catherine est du 14.

(1) C'est ce même fils de l'impératrice Catherine, qui mourut en 1719 le 15 avril.

« PreviousContinue »