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CHAP. XXXII. DES BEAUX-ARTS.

de Cicéron: c'était un genre et un mérite tout nouveau. Si quelque chose approche de l'orateur romain, ce sont les trois mémoires que Pellisson composa pour Fouquet. Ils sont dans le même genre que plusieurs oraisons de Cicéron, un mélange d'affaires judiciaires et d'affaires d'état, traité solidement avec un art qui parait peu, et orné d'une éloquence touchante.

Nous avons eu des historiens, mais point de Tite-Live.ges, depuis son Alexandre, est toujours élégant, toujours Le style de la Conspiration de Venise est comparable à ce Ini de Salluste. On voit que l'abbé de Saint-Real l'avait pris pour modéle, et peut-être l'a-t-il surpassé. Tous les autres erits dont on vient de parler semblent être d'une création nouvelle. C'est la surtout re qui distingue cet age illustres car pour des savants et des commentateurs, le seizième et le dix-septième siècle en avaient beaucoup produit; mais le vrai génie en ancua genre n'était encore développé.

Quierroirait que tous ces bons ouvrages en prose n'auraient probablement jamais existé, s'ils n'avaient été précédés par la poésie! C'est pourtant la destinée de l'esprit humain dans toutes les natious: les vers furent partout les premiers enfants du génie, et les premiers maîtres d'éloqarnce.

Les peuples sont ce qu'est chaque homme en particulier. Platon et Cicéron commencèrent par faire des vers. On ne pouvait encore citer un passage noble et sublime de prose française, quand on savait par caur le peu de belles stances que laissa Maiherbe; et il y a grande apparence que, sans Pierre Cerneille, le génie des prosateurs ne se serait pas développé.

Cet homme est d'autant plus admirable, qu'il n'était en ironné que de très mauvais modèles quand il commença à donner des tragédies. Ce qui devait encore lui fermer le bon chemin, c'est que ces mauvais modéles étaient estimés et, pour comble de découragement, ils étaient favorisés par le cardinal de Richelieu, le protecteur des gens de lettres et on pas du bon goût, 1 récompensait de méprisables écrivains qui d'ordinaire sont rampants; et, par une hauteur d'esprit si bien placée ailleurs, il voulait abaisser ceux en qui il sentait avec quelque dépit un vrai génie, qui rarement se plie à la dépendance. Il est bien rare qu'un homme puissiot, quand il est lui-même artiste, protège sincère ment les bous artistes.

Corneille eut combattre son siècle, ses rivaux, et le car dinal de Richelieu. Je ne répéterai point icice qui a été écrit sur le Cid. Je remarquerai seulement que l'académie, dans ses judicieuses décisions entre Corneille et Studéri, eat trop de complaisance pour le cardinal de Richelieu, en condamnant l'amour de Chimène. Aimer le meurtrier de son péré, et poursuivre la vengeance de ce meurtre, était une chose admirable. Vaincre son amour ent été un défaut captal dans l'art tragique, qui consiste principalement dans les combats du cour; mais l'art était inconnu alors à tout le monde, hors à l'auteur.

Le Cid ne fut pas le seul ouvrage de Corneille que le cardinal de Richelieu voulut rabaisser. L'abbé d'Aubignac nous apprend que ce ministre désapprouva Polyeucte.

Le Cid, après tout, était une imitation très embellie de
Guillem de Castro (1), et en plusieurs endroits une traduc
tion. Cinna, qui le suivit, était unique. J'ai connu un an-
cien domestique de la maison de Condé, qui disait que le
grand Condé, à l'âge de vingt ans, étant à la première re-
présentation de Cinna, versa des larmes à ces paroles d'Au-
Guste:

Je suis maitre de moi comme de l'univers;
Je le suis, je veux l'être. O siècles! & mémoire?
Conservez à jamais ma dernière victoire.
Je triomphe aujourd'hui du plus juste courroux
De qui le souvenir puisse aller jusqu'à vous:
Soyons amis, Cinna; c'est moi qui t'en convie.
C'étaient là des larmes de héros. Le grand Corneille fe-
sant plearer le grand Condé d'admiration est une époque
bien célèbre dans l'histoire de l'esprit humain.

La quantité de pièces indignes de lui qu'il fit plusieurs
années après n'empêcha pas la nation de le regarder comme
un grand homme, ainsi que les fautes considérables d'Ho-
mère n'ont jamais empêché qu'il ne fût sublime. C'est le
privilège du trai génie, et surtout du génie qui ouvre une
carrière, de faire impunément de grandes fautes.

() Il y avait deux tragédies espagnoles sur ce sujet: le Cid de Guillem de Castro, et el Honrador de su padre de Jean-Baptiste Diamante. Corneille imita autant de scènes de Diamante que de Castro.

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de ces artistes illustres; et, à-peu-près vers le temps de la mort de Louis XIV, la nature sembla se reposer.

éloge d'un poëte, c'est qu'on retienne ses vers. On sait par cœur des scènes entières de Quinault; c'est un avantage qu'aucun opéra d'Italie ne pourrait obtenir. La musique La route était difficile au commencement du siècle, parfrançaise est demeurée dans une simplicité qui n'est plus du ceque personne n'y avait marché; elle l'est aujourd'hui goût d'aucune nation; mais la simple et belle nature, qui parcequ'elle a été battue. Les grands hommes du siècle montre souvent dans Quinault avec tant de charmes, passé ont enseigné à penser et à parler; ils ont dit ce qu'on plait encore dans toute l'Europe à ceux qui possèdent notre ne savait pas. Geux qui leur succédent ne peuvent guère langue, et qui ont le goût cultivé. Si l'on trouvait dans l'an-dire que ce qu'on sait. Enfin une espèce de dégoût est retiquité un poeme comme Armide ou comme Atys, avec nue de la multitude des chefs-d'œuvre. quelle idolatrie il serait reçu! mais Quinault était moderne. Tous ces grands hommes furent counus et protégés de Louis XIV, excepté La Fontaine. Son extreme simplicité, poussée jusqu'à l'oubli de soi-même, l'écartait d'une cour qu'il ne cherchait pas; mais le duc de Bourgogne l'accueilfit, et il reçut dans sa vieillesse quelques bienfaits de ce prince. Il était, malgré son génie, presque aussi simple que les héros de ses fables. Un prètre de l'Oratoire, nommé Pouget, se fit un grand mérite d'avoir traité cet homme, de mours si innocentes, comme s'il eût parlé à la Brinvilliers et à la Voisin. Ses contes ne sont que ceux du Pogge, de l'Arioste, et de la reine de Navarre, Si la volupté est dan-les talents. Chaque artiste saisit en son genre les beautés gereuse, ce ne sont pas des plaisanteries qui inspirent cette volupté. On pourrait appliquer à La Fontaine son admirable fable des Animaux malades de la peste, qui s'accusent de leurs fautes: on y pardonne tout aus lions, aux loups, et aux ours, et un animal innocent est dévoué pour avoir mange un peu d'herbe.

Dans l'école de ces génies, qui seront les délices et l'instruction des siècles à venir, il se forma une foule d'esprits agreables, dont on a une infinité de petits ouvrages délicats qui font l'amusement des honnétes gens, ainsi que nous avons eu beaucoup de peintres gracieux, qu'on ne met pas à côté des Poussia, des Lesueur, des Lebrun, des Lemoine, et des Vanloo.

Cependant, vers la fin du règne de Louis XIV, deux hommes percéreut la foule des génies médiocres, et eurent beaucoup de réputation. L'un était Lamotte-Boudard (1), homme d'un esprit plus sage et plus étendu que subline, écrivain délicat et méthodique en prose, mais manquant souvent de feu et d'élégance dans sa poésie, et méine de cette exactitude qu'il n'est permis de négliger qu'en faveur du sublime. Il donna d abord de belles stances plutôt que de belles odes. Son talent déclina bientôt après; mais beaucoup de beaux morceaux qui nous restent de lui en plus d'un geure, empêcheront toujours qu'on ne le mette au rang des auteurs méprisables. Il prouva que, dans l'art d'écrire, on peut être encore quelque chose au second rang.

L'autre était Rou-seau, qui, avec moins d'esprit, moins de finesse, et de facilité que Lamotte, eut beaucoup plus de talent pour l'art des vers. Il ne fit des odes qu'après La motte; mais il les fit plus belles, plus variées, plus remplies d'images. Il égala dans ses psaumes l'onction et l'harmonie qu'on remarque dans les cantiques de Racine. Ses épigrammes sont mieux travaillées que celles de Marot. Il réussit bien meins dans les opéra qui demandent de la sensibilité, dans les comédies qui veulent de la gaieté, et dans les épitres morales qui veulent de la vérité; tout cela lui manquait. Ainsi il échoua dans ces genres, qui lui étaient étrangers.

Le siècle de Louis XIV a done en tout la destinée des siècies de Léon X, d'Auguste, d'Alexandre. Les terres qui firent naître dans ces temps illustres tant de fruits du génie avaient été long-temps préparées auparavant. On a cherché en vain dans les causes morales et dans les causes physiques la raison de cette tardive fécondité, suivie d'une longue stérilité. La véritable raison est que chez les peuples qui cultivent les beaux-arts, il faut beaucoup d'années pour épurer la langue et le goût. Quand les premiers pas sont faits, alors les génies se développent, l'émulation, la faveur publique prodiguée à ces nouveaux efforts, excitent tous naturelles que ce genre comporte. Quiconque approfondit la théorie des arts purement de génie, doit, s'il a quelque génie lui-même, savoir que ces premières beautés, ces grands traits naturels qui appartiennent à ces arts, et qui conviennent à la nation pour laquelle on travaille, sont en petit nombre. Les sujets et les embellissements propres aux sujets ont des bornes bien plus resserrées qu'on ne pense. L'abbé Dubos, homme d'un très grand sens, qui écrivait son traité sur la poésie et sur la peinture, vers l'an 1714, trouva que dans toute l'histoire de France il n'y avait de vrai sujet de poëme épique que la destruction de la ligue par Henri-le-Grand. Il devait ajouter que les embellissements de l'épopér, convenables aux Grecs, aux Romains, aux Italiens du quinzième et du seizième siècle, étant proscrits parmi les Français, les dieux de la fable, les oracies, les héros invulnérables, les monstres, les sortilèges, les métamorphoses, les aventures romanesques n'étant plus de saison, les beautés propres au poeme épique sont renfermées dans un cercle très étroit. Si donc il se trouve jamais quelque artiste qui s'empare des seuls ornements convenables au temps, au sujet, à la nation, et qui exécute ce qu'on a tenté, ceux qui viendront après lui trouveront la carrière remplie.

Il en est de même dans l'art de la tragédie. Il ne faut pas croire que les grandes passions tragiques et les grands sentiments puissent se varier à l'intini d'une manière neuve et frappante. Tout a ses bornes.

La haute comédie a les siennes. Il n'y a dans la nature humaine qu'une douzaine, tout au plus, de caractères vraiment comiques et marqués de grands traits. L'abbé Dubos, faute de génie, croit que les hommes de génie peuvent encore trouver une foule de nouveaux caractères; mais il faudrait que la nature en fit. Il s'imagine que ces petites differences qui sont dans les caractères des hommes peuvent être maniées aussi heureusement que les grands sujets. Les nuances, à la vérité, sont innombrables; mais les couleurs éclatantes sont en petit nombre; et ce sont ces couleurs primitives qu'un grand artiste ne manque pas d'employer.

Il aurait corrompu la langue française, si le style maro- L'eloquence de la chaire, et surtout celle des oraisons tique, qu'il employa dans des ouvrages sérieux, avait été funèbres, sout dans ce cas. Les vérités morales une fois anim té. Mais heur usement ce mélange de la pureté de notre noncées avec éloquence, les tableaux des misères et des failangue avec la difformité de celle qu'on parlait il y a deux blesses bumaines, des vanités de la grandeur, des ravages de cents ans n'a été qu'une mode passagère. Quelques unes la mort, étant faits par des mains habiles, tout cela devient de ses épitres sont des imitations un peu forcées de Des-lieu commun. On est réduit ou à imiter ou à s'égarer. Un préaux, et ne sont pas fondées sur des idées aussi claires, et sur des vérités reconnues: le vrai seul est aimable.

Il dégénéra beaucoup dans les pays étrangers; soit que l'âge et les malheurs eussent affaibli son génie; soit que, son principal mérite consistant dans le choix des mots et dans les tours heureux, mérite plus nécessaire et plus rare qu'on ne pense, il ne fût plus à portée des mêmes secours, II pouvait, loin de sa patrie, compter parmi ses malheurs celui de n'avoir plus de critiques sévères.

Ses longues infortunes curent leur source dans un amourpropre indomptable, et trop mělé de jalousie et d'animosité. Son exemple doit être une leçon frappante pour tout homme à talents; mais on ne le considere ici que comme un écrivain qui n'a pas peu contribué à l'honneur des lei

tres,

nombre suffisant de fables étant composé par un La Fontaine, tout ce qu'on y ajoute rentre dans la même morale et presque dans les mêmes aventures. Ainsi donc le génie n'a qu un siècle, après quoi il faut qu'il dégénère.

Les genres dont les sujets se renouvellent sans cesse, comme l'hi-toire, les observations physiques; et qui ne demandent que du travail, da jugement, et un esprit commun, peuvent plus aisément se soutenir; ct les arts de la main, comme la peinture, la sculpture, peuvent ne pas dégénérer quand ceux qui gouvernent ont, à l'exemple de Louis XIV, l'attention de n'employer que les meilleurs artistes. Car on peut en peinture et en sculpture traiter cent fois les mêmes sujets: on peint encore la Sainte Famille, quoique Raphael ait déployé dans ce sujet toute la supériorité de son art; mais on ne serait pas reçu à traiter Cinna, Andromaque, l'Art portique, le Tartufe.

Il ne s'éleva guère de grands génies depuis les beaux jours Il faut encore observer que le siècle passé ayant instruit (1) Voyez le Catalogue des écrivains, à l'article LA-Ie siècle présent, il est devenu si facile d'écrire des choses médiocres, qu'on a été inondé de livres frivoles, et, ce qui

MOTTE,

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CHAP. XXXII. DES BEAUX-ARTS.

est encore pis, de livres sérieux inutiles; mais parmi cette multitude de mediocres écrits, mal deveau nécessaire dans uae ville immense, opulente, et oisire, où une parsie des citoyens s'occupe sans cesse à amuser l'autre, il se trotse de temps en temps d'excellents ouvrages, ou d'histoire, ou de reflexions, ou de cette littérature legere qui délasse toutes sortes d'esprits.

Il ne faut point compter les peintres médiocres qui l'ont
tres, non pas dans cette profusion qui fait une des richesses
précédé. Nous avons eu toujours depuis lui de grands pein
de l'Italie; mais sans nous arrêter à un Lesueur, qui n'ent
d'autre maître que lui-même ; à un Lebron, qui égala les
Italiens dans le dessin et dans la composition, nous avons
eu plus de trente peintres qui ont laissé des morceaux très
enlover. J'ai vu chez un grand roi des galeries et des appar-
dignes de recherche. Les étrangers commencent à nous les
tements qui ne sont ornes que de nos tableux, dont pent-
être nous ne voulions pas connaitre assez le mérite. J'ai
sa en France refuser douze mille livres d'un tableau de
Santerre. Il n'y a guère dans l'Europe de plus vaste on-
vrage de peinture que le plafond de Lemoine à Versailles;
je ne sais s'il y en a de plus beaux. Nous avons eu depuis
Vanloo, qui, chez les étrangers mêmes, passait pour le pre-
mier de son temps.

La nation francaise est de toutes les nations relle qui a produit le plus de ces ouvrages. Sa langue est devenue la langue de l'Europe: tout y a contribué; les grands auteurs du vele de Lonis XIV, ceux qui les ont suivis; les pasteurs calvinistes refuges, qui ont porté l'éloquence, la méthode Bayle surtout, qui, écrivant en dans les pays étrangers; un Hallande, s'est fait lire de toutes les nations: an Rapin de Thoyras, qui a donné en français la seule bonne histoiret d'Angleterre; un Saint-Evremond, doar toute la cour de Londres recherchait le commerce; la duchesse de Mazarin, qui l'on ambitiounait de plaire; madame d'Olbreuse, devenue duchesse de Zell, qui porta en Allemagne toutes les gra es de sa patrie. L'esprit de société est le partage naturel des Français: c'est a mérite et un plaisir deut les autres peuples ont sent le besoin. La langue francaise est de toutes les langues celle qui exprime avec le plus de facilité, de netteté, et de délicatesse tous les objets de la conversation des honnêtes geas; et par-la elle contribue dans toute l'Europe à up des plus grands agréments de la vie,

CHAPITRE XXXIII.

Suite des arts.

A l'égard des arts qui ne dépendent pas uniquement de Psprit, comme la musique, la peinture, la sculpture, l'architecture, ils n'avaient fait que de faibles progrés en France araut le temps qu'on nomme le siècle de Louis XIV. La musique était au berceau quelques chansons languissantes, quelques airs de violon, de guitare, et de téorbe, la plupart Meme composes en Espagne, étaient tout ce qu'on connais sait. Lulle étonna par on goût et par sa science. Il fut le premier en France qui fit des basses, des milieux, et des Tugues. On avait d'abord quelque peine à exécuter ses vompostions, qui paraiss at aujourd'hui si simples et si aisées. 11 y a de nos jours mille personnes qui savent la musique, pour une qui la savait du temps de Louis XIII; et l'art s'est perfetionné dans cette progression. Il n'y a point de grande ville qui a ait des concerts publics; et Paris même ars n'en avait pas: vingt-quatre violons du roi étaient toute la musique de la France.

Les connaissances qui appartiennent à la musique et aux aris qui en dépendent ont fait tant de progrès que sur la fan du règne de Louis XIV on a inventé l'art de neter la danse; de sorte qu'aujourd'hui il est vrai de dire qu'on deuse à livre ouvert.

avons le

Nous avions en de très grands architectes du temps de la régence de Mar e de Medicis. Elle fit élever le palais du | Luxembourg dans le gout toscan, pour honorer a patrie et pour embellir la nôtre. Le meme de Bresse, dont nous por ail de Saint-Gervam, harit le palais de cette reine, qui n'en jouit jamais. Il s'en fallut besucoup que le cardinal de Richelies, avec autant de grandeur dans l'esprit, eat antant de goût qu'elle. Le palais Cardinal, qui est aujourd'hui le Palais-Royal, en est la preuve. Nous concumes les plus grandes espérances quand nous vimes élever ette belle farade du Louvre qui fait tant desirer l'achèvement de ce palais. Beaucoup de citoycus ont construit des édifices maguchiques, mais plus recherches pour l'intérieur que recomon indables par des dehors dans le grand goût, et qui mari-font le luxe des particuliers encore plus qu'ils n'embel

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Cloert, le Mécène de tous les arts, forma une académie d'architecture en 1671. C'est peu d'avoir des Vitruves, il faut que les Augustes les emploient.

Non seulement Colbert donna à l'académie de peinture
Louis MV à en établir une à Rome. On acheta dans cette
la forme qu'elle a aujourd'hui, mais en 1667 il engigea
métropole un palais, où loge le directeur. On y envore les
élèves qui ont remporté des prix à l'académie de Paris. Il
nent les antiques; ils étudient Raphael et Michel-Ange.
y sont conduits et entretenus aux frais du roi : ils y dessi-
C'est un noble hommage que rendit à Rome ancienne et
nouvelle le desir de l'imiter; et on n'a pas même cessé de
rendre cet hommage, depuis, que les immenses collectious
de tableaux d'Italie amassées par le roi et par le duc d'Or
léans, et les chefs-d'ouvre de sculpture que la France a
produits, nous ont mis en état de ne point chercher ailleurs
des maitres.

C'est principalement dans la sculpture que nous avons
excelé, et dans l'art de jeter en fonte d'un seul jet des
figures équestres coltssales.

Si l'on trouvait un jour, sons des ruines, des morceaux dans les bosquets de Vrsailles; le tombeau du cardinal de tels que les bains d'Apollon, exposés aux injures de l'air Richelieu, trop peu montré au public, dans la chapelle de Sorboune: la statue équestre de Louis XIV, faite à Paris pour décorer Bordeaux, le Mercure dont Louis XV a fait à ceux que je cite; il est à croire que ers productions de nos présent au roi de Prusse, et tant d'autres ouvrages égaux jours seraient mises à côté de la plus belle antiquité grecque,

Nous avons égalé les anciens dans les médailles, Warin da regn de Louis XII. C'est maintenant une chose adfut le premier qui tira cet art de la médiocrité sur la fin mirable que ces poincons et ces carrés qu'on voit raugés par ordre historique dans l'endroit de la galerie du Louvre plupa t sont des chefs-d'œuvre. occupé par les artistes. Il y en a pour deux millions, et la

On n'a pas moins réussi dans l'art de graver les pierres par le moyen des planches en cuisre, de transmettre faciprécieuses. Celui de multiplier les tableaux, de les eterniser tement à la postérite toutes les représentations de la nature et de l'art, était encore très informe en France avant ce

On le doit aux Florentins, qui l'inventèrent vers le milieu
siècle. C'est un des arts les plus agréables et les plus utiles.
du quinzien e siècle; et il a été poussé plus loin en France
que dans le beu mème de sa naissance, parce qu'on y a fait
un plus grand nombre d'ouvrages en ce genre. Les recueils
des estampes du roi ont été souvent un des plus magniti-
en or et en argent, qui dépend du dessin et du goût, a été
ques présents qu'il ait fait aux ambassadeurs. La cisclure
soit capable.
portée a la plus grande perfection dont la main de l'homme

Après avoir ainsi parcouru tous ces arts, qui contribuent aux délices des particuliers et à la gloire de l'état, ne pas sons pas sous silence le plus utile de tous les arts, dans, lequel les Francais surpassent toutes les nations du monde : rapides et si célebres dans co siécle, qu'on venait à Paris des je reux parler de la hirugie, dont les progrès farent si bouts de l'Europe pour toutes les cures et pour toutes les Non seulement il n'y avait guère d'excellents chirurgiens opérations qui demandaient une dextérité non commune. parfaitement les instruments nécessaires; il en fournissait 1ur aussi que les magistras municipaux soient animés qu'en France, mais c'etait dans ce seul pays qu'on fabriquait tous ses voisins; et je tins du célèbre Cheselden, le plus Le zète et éclairés par le goût. S'il y avait en deux ou presors des marchands comme le présilent Tu got, on à faire fabriquer à Londres, en 1715, les instruments de ne reprocherait pas à la ville de Paris cet hôtel-de-ville malgrand chirurgien de Londres, que ce fut lui qui commença son art. La médecine, qui servait à perfectionner la chorar construit et mal situé; cette place si petite et sicr gulière, ea Angleterre et sous le fameux Boerhaave (1) en Hollande; qui n'es célebre que par des gibets et de petits feux de es rues étroites dans les quartiers les plus fréquentes, gie, ne s'éleva pas en France au-dessus de ce qu'elle était (1) Chez les Hollandais, la diphtongue oe so prononce ou. et ealin un reste de barbarie au milieu de la grandeur er dans le sein de tous les arts,

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La feature commença sous Louis XIII avec le Poussin.

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mais il arriva à la médecine, comme à la philosophie, d'atteindre à la perfection dont elle est capable, en profitant des lumières de nos voisins.

Voilà en général un tableau fidéle des progrès de l'esprit humain chez les Français dans ce siècle, qui commença su temps du cardinal de Richelieu, et qui finit de nos jours. Il sera difficile qu'il soit surpasse; et s'il l'est en quelques genres, il restera le modèle des ages encore plus fortunes qu'il aura fait naître.

CHAPITRE XXXIV.

Des beaux-arts en Europe du temps de Louis XIV. Nous avons assez însinué dans tout le cours de cette histoire que les désastres publics dont elle est composée, et qui se succèdent les uns aux autres presque sans relâche, sont à la longue cffacés des registres des temps. Les détails et les ressorts de la politique tombent dans l'oubli: les bonnes lois, les institute, les monuments produits par les sciences et par les arts, subsistent à jamais.

La foule des étrangers qui voyagent aujourd'hui à Rome, non en pèlerins, mais en hommes de goût, s'informent peu de Grégoire VII et de Boniface VIII; ils admirent les temples que les Bramaute et les Michel-Ange ont élevés, les tableaux des Raphael, les sculptures des Bernini; s'ils ont de l'esprit, ils lisent l'Arioste et le Tasse, et ils respectent la cendre de Galilée. En Angleterre on parle un moment de Cromwell; on ne s'entretient plus des guerres de la rose blanche, mais on étudie Newton des années entières; on n'est point étonné de lire dans son épitaphe qu'il a ete la gloire du genre humain, et on le serait beaucoup, si on voyait en ce pays les cendres d'aucun homine d'état honorées d'un pareil titre.

Je voudrais ici pouvoir rendre justice à tous les grands hommes qui ont comme lui illustré leur pairie dans le dernier siècle. J ai appelé ce siècle celui de Louis XIV, non seulement parceque ce monarque a protégé les arts beaucoup plus que tous les rois ses contemporains ensemble, mais encore parcequ'il a vu renouveler trois fois toutes les gaérations des princes de l'Europe, J'ai fixé cette époque à quelques années avant Louis XIV, et à quelques années après lui; c'est en effet dans cet espace de temps que T'esprit humain a fait les plus grands progrès.

sionnés, mérite qu'aucun porte de sa nation n'égale, et qu'aucun ancien n'a surpassé. Si Pope, qui est venu après lui, n'avait pas, sur la fin de sa vie, fait son Essai sur l'homme, il ne serait pas comparable à Dryden.

Nulle nation n'a traité la morale en vers avec plus d'énergie et de profondeur que la nation anglaise; c'est la, ce me semble, le plus grand mérite de ses poetes,

une

Il y a une autre sorte de litterature variée, qui demande un esprit encore plus cultivé et plus universel; c'est celle qu'Addison a possédée; non seulement il s'est immortalisé par son Caton, la seule tragédie anglaise écrite avec élégance et une noblesse continue, mais ses autres ouvrages de morale et de critique respirent le goût: on y voit partout le bon sens paré des fleurs de l'imagination; sa manière d'écrire est un excellent modèle en tout pays. Il y a du doyen Swift plusieurs merceaux dont on ne trouve aucun exemple dans l'antiquité : c'est Rabelais perfectionné.

Les Anglais n'oat guère connu les oraisons funèbres; ce n'est pas la coutume chez eux de louer des rois et des reines dans les églises; mais l'éloquence de la chatre, qui était très grossière à Londres avant Charles II, se forma tout d'un coup. L'évèque Burnet avoue dans ses mémoires que ce fut en imitant les Français. Peut-être ont-ils surpassé leurs maltres: leurs sermons sont moios compassés, moins affec tes, moins déclamateurs qu'en France.

Il est encore remarquable que ces insulaires, séparés da reste du monde, et instruits si tard, aient acquis pour le moins autant de connaissances de l'antiquité qu'on en a pa rassembler dans Rome, qui a été si long-temps le centre des nations. Marsham a percé dans les téuèbres de l'ancienne Egypte. Il n'y a point de Persan qui ait connu la religion de Zoroastre comme le savant Hyde. L'histoire de Mahomet et des temps qui le précèdent était ignorée des Turcs, et a été développée par l'Anglais Sale, qui a voyage si utilement en Arab e.

Il n'y a point de pays au monde où la religion chrétienne ait été si fortement combattue, et défendue si savaniment qu'en Angleterre. Depuis Heuri VIII jusqu'à Cromwell, on avait disputé et combattu comme cette ancienne espèce de gladiateurs qui descendaient dans l'avène un cimeteire à la main et un bandeau sur les yeux. Quelques légères differences dans le culte et dans le degne avaient produit des guertes horribles; et quand, depuis la restauration jusqu'à nos jours, on a attaqué tout le christianisme presque chaque | année, ces disputes n'ont pas excité le moindre trouble; on n'a répondu qu'avec la science ; autrefois c'était avec le fer et la flamme.

C'est surtout en philosophie que les Anglais ont été les maîtres des autres nations. Il ne s'agissait plus de systèmes ingénieux. Les fables des Grecs devaient disparaitre depuis long-temps, et les fables des modernes ne devaient jamais praitre. Le chancelier Bacon avait commencé par dire qu'on devait interroger la nature d'une manière nouvelle, qu'il fallait faire des expériences: Boyle passa sa vie a en faire. Ce n'est pas ici le lieu d'une dissertation physique; il suffit de dire qu'après trois mille ans de vaines recherches, Newton est le premier qui ait découvert et démontré la grande loi de la nature par laquelle tous les éléments de la matière s'attirent réciproquement, loi par laquelle tous les astres sont retenus dans leur cours. It est le premier qui at vu en effet la lumière; avant lui, on ne la counaissait pas.

Les Anglais ont plus avancé vers la perfection presque on tous les genres depuis 1660 jusqu'à nos jours, que dans tous les siècles précédents. Je us répèterai point ici ce que j'ai dit ailleurs de Milton. Il est vrai que plusieurs critiques lui reprochent de la bizarrerie dans ses peintures, son paradis des sota, ses murailles d'albatre qui entoureut le paradis terrestre; ses diables qui de géants qu'ils étaient se transforment en pygmées pour tenir moins de place au conseil, dans une grande salle toure d'or batie en enfer, les canons qu'on tire dans le ciel, les montagues qu'on s'y jette à la tète; des anges à cheval, des anges qu'on coupe en deux, et dont les parties se rejoignent soudain, On se plint de ses longueurs, de ses répétitions; on dit qu'il n'a égalé nî Oride ni Hesiode dans sa longue description de la manière dont la terre, les animaux, et l'homme furent formés. On censure ses dissertations sur l'astronomie qu'on croit trop seches, et ses inventions qu'on croit plus ex.ravagantes que merveilleuses, plus dégoûtantes que fortes: elles sont une longue chaussée sur le chaos: le Péché et la Mort amoureux l'un de l'autre, qui out des enfants de leur inceste; et la Mort qui lève le uez pour renifler à travers l'immensité du chaos le changement arrivé à la terre, comme un corbeau qui sent les cadavres, cette Mort qui faire l'odeur du Péché, qui frappe de sa massue perifique sur le Une foule de bons géomètres, de bons physiciens, fut froid et sur le sec; ce froid et ce sec avec le chaud et l'hu- é lairée par ses découvelles, et animée par lui. Bradley mide qui, devenus quatre braves généraux d'armée, con- trouva enfin l'aberration de la lumière des étoiles hxos, pladuisent en bataille des embryous d'atomes armés à la lé-cées au moins à douze millions de millions de leurs luin gere. Entia on s'est épuisé sur les critiques, mais on ne s'épuise pas sur les louanges. Milion reste la gloire et l'admiration de l'Angleterie: on le compare à Homère, dont les defauts sont aussi grands; et on le met au-dessus du Dante, dont les imaginations sont encore plus bizarres.

Dans le grand nombre des poètes agréables qui décorérent le règne de Charles 11, comme les Waller, les coste de Dorset et de Rochester, le duc de Buckinghani, etc., on distingue le célèbre Dryden, qui s'est signalé dans tous les genres de poésie ses ouvrages sont pleins de détails naturels à-la-fois et brillants, animės, vigoureux, hardis, pas-,

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Ses principes mathématiques, où règne une physique toute nouvelle et toute vraie, sout fondés sur la découverte du calcul qu'on appelle mal-a-propos de l'infini, dernier elfort de la géométrie, et effort qu'il avait fait à vingt-quatre ans. C'est ce qui a fait dire à un grand philosophe, au savart Hailey, qu'il n'est pas permis à un mortel d'atteindre de plus près à la divinité,

.

notre petit globe.

Go miêine Halley que je viens de citer eut, quoique simple astronome, le commandement d'un vaisseau du roi, en 1698. C'est sur ce vaisseau qu'il détermina la position des étoiles du pôle antaretique, et qu'il marqua toutes les rariations de la boussole dans toutes les parties du globe ronnu. Le voyage des Argonautes n'etait, en comparison, que le passage d'une barque d'un bord de la rivière à l'autre. A peine a-t-on parlé dans l'Europe du voyage de Halley.

Cette indifference que nous avons pour les grandes choses, devenues trop familières, et cette admiration des an

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CHAP. XXXIV. DES BEAUX-ARTS EN EUROPE.

ciens Grecs pour les petites, est encore une preuve de la prodigieuse supériorité de notre siècle sur les anciens. Boilesa en France, le chevalier Temple en Angleterre, s'obstaient à ne pas reconnaitre cette supériorité: ils voulaient depriser leur siecle pour se mettre eux-me es au-dessus de loi. Ce dispute entre les anciens et les modernes est enin decidée, du moins en philosophie. It n'y a pas un ancien philosophe qui serve aujourd hui a l'instruction de la jeunesse chez les nations éclairées.

Locke seul serait un grand exemple de cet avantage que notre siècle a eu sur les plus beaux ages de la Grèce. Depuis Piatoa jusqa a lui, il n'y a rien: personne, dans cet intertalle, n'a développé les opérations de notre ame, et un homme qui saurait tout Platon, et qui ne saurait que Flaton, saurait peu, et saurait mal.

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L'Italie, dans ce siècle, a conservé son ancienne gloire,
quoiqu'elle n'ait eu, ni de nouveaux Tasses, ni de nou-
veaux Raphaels: c'est assez de les avoir prodaits une fois.
Le Chiabrera, et ensuite les Zappi, les Filicaia, ont fait
tion. La Merope de Maffei, et les ouvrages dramatiques de
voir que la délicatesse est toujours le partage de cette na-
Metastasio, sont de beaux monuments du siècle.

L'étude de la vraie physique, établie par Galilée, s'est
toujours soutenue, magre les contradictions d'une ancienne
philosophie trop consacrée. Les Cassini, les Viviani, les
Manfredi, les Bianchini, les Zanotti, et tant d'autres, ont
pays; et quoique les principaux rayons de cette lumière
répandu sur l'Italie la mêine lumière qui éclairait les autres
eatin détourné les veux.
vissent de l'Angleterre, les écoles italiennes n'en ont point

Tous les genres de littérature ont été cultivés dans cette
ancienne patrie des arts, autant qu'ailleurs, excepté dans
les matières où la liberté de penser donne plus d'essor à
l'esprit chez d'autres nations. Ce siècle surtout à mieux connu
numents que toute l'Europe ensemble; et plus on a déterré
l'antiquité que les précédents. L'Italie fournit plus de mo-
de ces monuments, plus la science s'est étendre.

C'était à la vérité un Grec eloqnent; son apologie de Socrate est un service rendu aux sages de toutes les nations; il est juste de lo respecter, puisqu'il a rendu si respectable la vertu malheureuse, et les persécuteurs si odieux. Ou crut long-temps que sa belle morale ne pouvait être accompaguée d'une mauvaise métaphysique; oa en bit presque un On doit ces progrès à quelques sages, à quelques génies père de l'Eglise, à cause de son Ternaire, que personne n'a jamais compris. Mais que penserait-on aujourd'hui d'un philosophe qui nous dirait qu'une matière est l'autre, que répandus en petit nombre dans quelques parties de l'Eule monde est une tigare de donze peatagones, que le feu, rope, presque tous long-temps obscurs, et souvent perséqui est une pyramide, est lié à la terre par des nombres? Se- cutes: ils ont éclairé et consolé la terre pendant que les tous ceux qui ont illustré l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie. rait-on bien reeu à prouver l'immortalité et les métempsy-guerres la désolaient. On peut trouver ailleurs des listes de Un étranger serait peut-être trop peu propre à apprécier le coses de l'ame, en disant que le sommeil nait de la veille, la veille du sommeil, le vivant du mort, et le mort du vivant? roir que dans le siècle passé, les hommes ont acquis plus Ce sont là les raisonnements qu'on a admirés pendant tant mérite de tous ces hommes illustres. Il suffit ici d'avoir fait de Inmières, d'un bout de l'Europe à l'autre, que dans tous de siècles, et des idées plus extravagantes encore ont été les âges précédents. employees denois à l'éducation des hommes.

Locke seul a développé l'entendement humain, dans un livre où il n'y a que des vérités; et, ce qui rend l'ouvrage parfait, toutes res vérités sont claires.

Si l'on veut achever de voir en quoi ce dernier siècle l'emporte sur tous les autres, on peut jeter les yeux sur i Allemagne et sur le Nord. Un Hevelins, à Dantzick, est le premier astronome qui ait bien connu la planète de la lune; aucun homme, avant lui, n'avait mieux examiné le ciel, Parmi les grands hommes que cet àge a produits, nul ne fait mieux voir que ce siècle peut être appelé celui de Louis XIV. Heselias perdit, par un incendie, une immense bibliotheque le monarque de France gratifia l'astronome de Dant zick d aa present fort au-dessus de sa perte.

Mercator, dans le Holstein, fut, en géométrie, le précurseur de Newton; les Beruosilli, en Suisse, ont été les dignes disciples de ce grand homme. Leibnitz passa quelque temps

pour son rival.

Ce fameux Leibnitz naquit à Leipsick, il mourut en sage à Hanovre, adorant un diu comme Newton, sans consulter les hommes C'était peut-être le savant le plus universel de Europe: historien infatigable dans ses recherches, jurisconsulte profund, éclairant i etude du droit par la philosophie, tool strangère qu'ello parait à certe étude : métaphysicien assez délié pour vouloir réconcilier la théologie avec la metaphysique; peete lat n même, et enn mathématicien assez bon pour disputer au grand Newton l'invention du calcul de linfini, ei pour faire douter quelque temps entre

Newion et lui.

CHAPITRE XXXV.

Affaires ecclésiastiques. Disputes mémorables.

Des trois ordres de l'état, le moins nombreux est l'Eglise; et ce n'est que dans le royaume de France que le clergé est devenu un ordre de l'état. C'est une chose aussi vraie pouvoir de la coutume. Le clergé donc, reconnu pour ordre qu'étonnante: on l'a déja dit, et rien ne démontre plus le de l'état, est celui qui a toujours exige du souverain la conduite la plus delicate et la plus ménagée. Conserver à-la-fois Eglise gallicane, qui sont les droits de l'ancienne Felise; l'union avec le siège de Rome, et soutenir les libertés de aux droits de l'épiscopat, les soumettre en beaucoup de savoir faire obéir les évêques comme sujets, sans toucher choses à la juridiction séculière, et les laisser juges ea d'autres; les faire contribuer aux besoins de l'état, et ne pas chequer leurs priviléges, tout cela demande un mélange de dexterité et de fermeté que Louis XIV eut presque tou jours.

Le clergé en France fut remis peu à peu dans un ordre et dans une décence dont les guerres civiles et la licence que les séculiers possédassent des bénélices sous le nom de des temps l'avaient érarte. Le roi ue souffrit plus enfin ni C'était alors le bel âge de la géométrie : les mathémati- confidentiares, ni que ceux qui n'étaient pas prêtres eusciens s'envoyaient souvent des détis, c'est-à-dire des proble-sent des évéchés, comme le cardinal Mazarin qui avait posCe que payait au roi le clergé de Fran e et des villes conmes à résoudre, à-peu-près comme on dit que les anciens sédé l'évêché de Metz n'étant pis inème sous-diacre, et le rois de l'Egypte et de l'Asie s'envoyaient réciproquement dur de Verneuil qui en avait aussi joui étant séculier. cent mille livres; et depuis, la valeur des espèces ayant aug des énigmes à deviner. Les problèmes que se proposaient les géoméires étaient plus difficiles que ces énigmes; il n'y quises allait, année commune, à environ deux millions cinq tre millions par année sous le nom de décimes, de shenen eut aucun qui demeurat sans solution en Allemagne, en Angleterre, en Italie, en France. Jamais la correspondance, menté numériquement, ils ont secouru l'état d environ qua. entre les philosophes ne fut plus universelle; Leibnitz sercien usage où étaient tous les seigneurs do fiels d'accorder vait à l'animer. On a vu ane république littéraire établie tion extraordinaire, de don gratuit. Ce mot et re privilège issensiblement dins l'Europe, malgré les guerres, et malgré de don gratuit se sont conservés comme une trace de Fanles religions differentes. Toutes les sciences, tous les arts, ont recu ainsi des secours mutuels, les academies ont formé des dons gratuits aux rois dans les besoins de l'éra.. Les cette république. L'Italie et la Hussie ont été unies par les évêques et les ablés étaut seigneurs de hiefs par un ancien fettres. L'Anglais, l'Allemand, le Franesia, allaient étudier ahus, ne devaient que des soldats dans le temps de l'anarLyde. Le célèbre médecin Boerhaave était consulté a-la-chie feodale. Les rois alors n'avaient que leurs domaines fois par le pape et par le czar. Ses plus grands élèves ont attiré ainsi les étrangers, et soal devenus en quelque sorte les médecins des cations; les rentables savants dans chaque geace out resserré les liens de cette grande soriété des esprits, répandus partout, et partout indépendante. Cette correspondance dure encore; elle est une des consolations maux que l'ambition et la politique répandent sur la

Jes

Lerre.

comme les autres seigneurs. Lorsque tout changes depuis, le clergé ne chongea pas; il conserva l'usage d'aider l'état par des dons gratuits.

A cette aucienue coutume qu'un corps qui s'assemble souvent conserve, et qu'un corps qui ne s'assemble point pauvres, non qu'elle prétende ne devoir rien à l'état dont perd nécessairement, se joint l'immunité toujours réclaméo par l'Eglise, et cette maxime, que son bien est le bien des

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