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maître, défendue à la vérité par une garnison dont le fonds devait être de seize mille hommes, mais dont l'effectif a'e. tait pas plus de huit mille. On touchait au moment de la plus terrible révolution.

ardent à tout ce qu'il entreprenait, et mêlant les plaisirs aux affaires sans qu'elles en souffrissent. Le vieux Duquesne commandait les vaisseaux, le duc de Mortemar les galères; mais tous deux étient les courtisaus du secrétaire d'état. On arrive devant Gênes; les dix galiotes y jettent quatorze mille bombes (17 mars 1684), et réduisent en cenner à la ville le nom de Génes la superbe. Quatre mille soldats débarqués s'avancent jusqu'aux portes, et brûlent le faubourg de Saint-Pierre d'Areue. Alors il fallut s'humilier pour prévenir une raine totale. (22 février 1685) Le roi exigea que le doge de Gênes et quaire principaux sénateurs inssent implorer sa clémence dans son palais de Versailles; et, de peur que les Génois n'élodassent la satisfaction, et ne dérobassent quelque chose à sa gloire, il voulut que le doge qui viendrait lui demander pardon fü continué dans sa principauté, malgré la loi perpétuelle de Gênes, qui éte cette dignité à tout doge absent un moment de la ville.

que celle d'Alger. Gênes avait vendu de la poudre et des bombes aux Algériens. Elle construisait quatre galères pour le service de l'Espagne. Le roi lui défendit par son envoyé Saint-Olon, l'un de ses gentilshommes ordinaires, de lancer Louis XIV espéra, avec beaucoup de vraisemblance, que à l'eau les galères, et la menara d'un chatiment prompt si l'Allemagne, désolée par les Tures, et n'ayant contre eux elle ne se soumettait à ses volontés. Les Genois, irrités de qu'un chef dont la fuite augmentait la terreur commune. cette entreprise sur leur liberté, et comptant trop sur le serait obligée de recourir à la protection de la France. Il secours de l'Espagne, ne firent aucune satisfaction. Aussiavait une armée sur les frontieres de l'Empire, prête à le tot quatorze gros vaisseaux, vingt galères, dix galiotes à défendre contre ces mêmes Tures que ses précédentes né- bombes, plusieurs fregates, sortent du port de Toulon. Segociations y avaient amenés. Il pouvait ainsi devenir le pro-gnelai, nouveau secrétaire de la marine, et à qui le fameux tecteur de l'Empire, et faire son fils roi des Romains. Colbert, son père, avait déja fait exercer cet emploi avant Il avait joint d'abord les démarches généreuses à ses dessa mort, était lui-même sur la flotte. Ce jeune homme, plein seins politiques, dès que les Tures avaient menacé l'Autri- d'ambition, de courage, d'esprit, d'activité, voulait étre àche; non qu'il eût envoyé une seconde fois des secours àla-fois guerrier et ministre, avide de toute espèce de gloire, l'empereur, mais il avait déclaré qu'il n'attaquerait point les Bays-Bays, et qu'il laisserait ainsi à la branche d'Autriche espagnole le pouvoir d'aider la branche allemande, prête à succomber: il voulait pour prix de son inaction qu'on le satisfit sur plusieurs points équivoques du traité de Nimègue, et principalement sur ce bailliage d'Alost, qu'on avait ou blié d'insérer dans le traité. Il ht lever le blocus de Luxem-dres une partie de ces édifices de marbre, qui ont fait donbourg, en 1682, sans attendre qu'on le satisfit, et il s'abstint de toute hostilité une année entière. Cette générosité se démentit eatin pendant le siége de Vienne. Le conseil d'Espagne, au lieu de lapaiser, l'aigrit; et Louis XIV reprit les armes dans les Pays-Bas, précisément lorsque Vienne était près de succomber; c'était au commencement de septembre; nais, contre toute attente, Viene fut délivrée. Laprésomption du grand-visir, sa mollesse, son mépris brupour les chrétiens, son ignorance, sa lenteur, le perdirent: il fallait l'excès de toutes ces fautes pour que Vienne ne fat pas prise. Le roi de Pologne, Jean Sobieski, eut le temps d'arriver; et avec le secours du duc de Lorraine, il n'eut qu'à se présenter devant la multitude ottomane pour la mettre en déroute (12 septembre 1683). L'empereur revint dans sa capitale avec la douleur de l'avoir quittée. Il y rentra lorsque son libérateur sortait de l'église, où l'on avait chanté le Te Deum, et où le prédicateur avait pris pour son texte: Il fut un homme envoyé de Dien, nommé Jean. Vous avez déja va (1) que le pape Pie V avait appliqué ces paroles a don Juan d'Autriche, après la victoire de Lépante (octobre 1571). Vous savez que ce qui paraît neuf n'est souvent qu'une redite. (Auguste 168) L'empereur Léopold fut à-la-fois triomphant et humilié. Le roi de France, n'ayant plus rien à ménager, fit bonbarder Luxemhourg. Il se saisit de Courtrai, de Dixmude en Flandre. II s'empara de Tréves, et en démolit les fortifications; tout cela pour remplir, disait-on, l'esprit des traités de Nimègue. Les Impériaux et les Espagnols négoriaient avec lui à Ratisbonac, pendant qu'il prenait leurs villes; et la paix de Nimigue enfreinte fut changée en une trève de vingt ans, par laquelle le roi garda la ville de Luxembourg et sa priecipauté, qu'il venait de prendre.

tal

(Avril 168) Il était encore plus redonté sur les côtes de l'Afrique, où les Français n'étaient connus, avant lui, que par les esclaves que fesaient les barbares.

Impériale Lescaro, doge de Gênes, avec les sénateurs 1.0mellino, Garibaldi, Durazzo, et Salvago, vinrent à Versailles faire tout ce que le roi exigeait d'eux. Le doge, en habit de cérémonie, parla, convert d'un bonnet de velours rouge qu'il était souvent: son discours et ses marques de soumission étaient dictés par Seignelai. Le roi l'écouta, assis et couvert; mais, conime dans toutes les actions de sa vie il jo gnait la politesse à la dignité, il traita Lescaro et les sénateurs avec autant de bouté que de faste. Les ministres Louvois, Croissi, et Seignelai, fui firent sentir plus de fierté. Aussi le doge disait : Le roi ôte à nos cœurs la liberté, par la manière dont il nous reçoit; mais ses rinistres nous la rendent. Ce doge était un homme de beaucoup d'esprit. Tout le monde sait que le marquis de Scignelai lui ayant demandé ce qu'il trouvait de plus singulier à Versailles, il répondit: C'est de m'y voir.

(1584) L'extreme goût que Louis XIV avait pour les choses d'éclat fut encore bien plus flatté par l'ambassa-le qu'il recut de Siam, pays où l'on avait ignoré jusqu'alors que la France existat. Il était arrivé, par une de ces singularités qui prouvent la supériorité des Europeans sur les autres nations, qu'un Grec, fils d'un cabaretier de Céphalonie, nommé Phalk Constance, était devenu barcalon,

Alger, deux fois bombardée, envoya des députés lui de-c'est-à-dire premier ministre ou grand-sisir du royaume de mander pardon, et recevoir la paix; ils rendirent tous les esclaves chrétiens, et payèrent encore de l'argent, ce qui est la plus grande punition des corsaires.

Tunis, Tripoli, firent les mêmes soumissions. Il n'est pas inutile de dire que lorsque Damfreville, rapitaine de vaisseau, vint délivrer dans Alger tous les esclaves chrétiens au nom du roi de France, il se trouva parmi eux beaucoup d'Analais qui, étant déja à bord, soutinrent à Damfresille que C'était en considération du roi d'Angleterre qu'ils étaient nis en liberté. Alors le capitaine francais fit appeler les Algiriens, et remettant les Anglais à terre: a Ces gens-ci, dit-il, prétendent n'être délivrés qu'au nom de leur roi, le mien ne prend pas la liberté de leur offrir sa protection: je vous les remeis; c'est à vous à montrer ce que vous devez au roi d'Angleterre. Tous les Anglais furent remis aux fers. La fierté anglaise, la faiblesse du gouvernement de Charles II, et le respect des nations pour Louis XIV, se fout connaitre par ce trait.

Siam. Cet homme, dans le dessein de s'affermir et de s'élever encore, et dans le besoin qu'il avait de secours étran gers, n'avait osé se contier ni aux Anglais ni aux Hollandais; ce sont des voisins trop dingereux dans les Indes, Les Fran- | cais venaient d'établir des comptoirs sur les côtes de Coromandel, et avaient porté dans ces extrémités de l'Asie la réputation de leur roi. Constance crut Louis XIV propre à être flatté par un hommage qui viendrait de si loin sans être at tendu. La religion, dont les ressorts font jouer la politique du monde depuis Siam jusqu'à Paris, servit encore à ses desseins. Il envoya, au nom du roi de Siam son maître, une solennelle ambassade avec de grands présents à Louis XIV, pour lui faire entendre que ce roi indien, charmé de sa gloire, ne voulait faire de traité de commerce qu'avec la nation française, et qu'il n'était pas même éloigné de se i faire chrétien. La grandeur du roi flattée, et sa religion trompée, l'engagèrent à envoyer au roi de Siam deux ambassadeurs et six jésuites; et depuis il y joignit des officiers avec buit cents soldats: mais l'éclat de cette ambassade siamoise fut le seul fruit qu'on en retira. Constance périt quatre ans après, victime de son ambition: quelque peu des Francais qui resterent auprès de lui farent massacrés, d'autres obli

Tel était ce respect universel, qu'on accordait de nouveaux honneurs à son ambassadeur à la Porte ottomane. tel que celui du sopha; tandis qu'il humiliait les peuples d'Afrique qui sont sous la protection du grand-seigneur. La république de Gènes s'abaissa encore plus devant lutges de fair; et sa veuve, après avoir été sur le point d'étre

(1) Dans l'Essai sur les mœurs, ch. cur.

reine, fut condamnée, par le successeur du roi de Siam, à servir dans la cuisine, emploi pour lequel elle était néo. Cette soif de gloire, qui portait Louis XIV à se distin

CHAP. XIV. LE PAPE BRAVÉ DANS ROME.

guer en tout des autres rois, paraiss.it encore dans la bauteur qu'il affectait avec la cour de Rome. Odescalchi, InBocent XI, tls d'un banquier du Milanais, était sur le troue de l'Eglise. C'était un homme vertueux, un poutife sage, pen theologien, prince courageux, ferme, et magnifique. I courut cuatre les Turcs l'Empire et la Pologne de son argent, et les Vénitiens de ses galères. Il condamnait avec hauteur la conduite de Louis XIV, uni contre des chrétiens arec les Turcs. On s'étonnait qu'un pape prit si vivement le parti des empereurs qui se disent rois de Romains, et qui, sis le pouvaient, regneraient dans Rome; mais Odescalchi était me sous la domination autrichienne. Il avait fait deus campagnes dans les troupes du Milanats. L'habitude et i humeur gouvernent les hommes. Sa fierté s'irrit.it contre celle du roi qui, de son coté, lui donnait toutes les mortifications qu'un roi de France peut donner à un pape, saus rompre de communion avec lui. Il y avait depuis long-temps dans Rome un abus difficile à déraciner, parcequ'il était fondé sur un point d honneur dont se piquaient tous les rois catholiques. Leurs ambassadeurs à Rome etendaient le droit de franchise et d'asile, affecté à leur maison, jusqu'à une très grande distance qu'on nomme quartier. Ces prétentions, toujours soutenues, rendaient la moitié de Rome un asile sur à tous les crimes. Par un autre abus, ce qui entrait dans Rome sous le nom des ambassadeurs ne Payait jamais d'entrée. Le commerce en souffrait, et le hac en était appauvri

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Le pape Innocent XI obtint enfin de l'empereur, du roi d'Espagne, de celui de Pologne, et du nouveau roi d'Angleterre, Jacques II, prince catholique, qu'ils renoncassent a ces droits odieux. Le nonce Ranucci proposa à Louis XIV de concourir, comme les autres rois, a la tranquillité et au bon ordre de Rome. Louis, très mécontent du pape, répondit qu'il ne serait jamais réglé sur l'exemple d'autrui, et ⚫ que c'était à lui de servir d'exemple. Il envoya à Rome le marquis de Lavardin en ambassade pour braver le pape. (16 novembre 1687) Lavardin entra dans Rome, malgré les defeases du pontife, escorte de quatre cents gardes de la marine, de quaire cents ofaciers volontaires, et de deux cents hommes de livrée, tous armés. Il prit possession de son palais, de ses quartiers, et de l'église de Saint-Louis, autour desquels il bi poster des sentinelles, et faire la ronde comme dans une place de guerre. Le pape est le seul souveratu a qui on pai envoyer une telle ambasade: car la supenorite qu'il affecte sur les têtes courousées leur donne toujours envie de l'humilier; et la faiblesse de son état fait qu'a l'outrage toujours impunément. Tout ce qu'lanocent XI put faire, fut de se servir, contre le marquis de Lavardin, des arines usées de l'excommunication; armes dont en ne fait pas même plus de cas à Rome qu'ailleurs, mais qu'on ne laisse pas d'employer comme une ancienne formule, ainsi que les soldats du pape sont armes seulement pour la forme.

Le cardinal d'Estrées, homme d'esprit, mais négociateur souvent malheureus, était alors charge des affaires de France) Rome. D'Estrees, ayant ete obligé de voir souvent le marquis de Lavardia, ne put être ensuite admis a l'audience du pape sans recevoir labsolution: en vain il s'en defendit, la nocent s'obstina à la lus douner, pour conserver toujours cette autorite imaginaire par les usages sur lesquels elle est

fondée.

Louis, avec la mème hauteur, mais toujours soutena par les souterrains de la politique, vouiu: donner un électeur à Cologne. Occupe du sora de diviser ou de combattre l'Empare, il pretendait deveracet électorat le cardinal de Furstenberg, é que de Strasbourg, sa creature et la victime de enacmi irréconciliable de l'empereur, qui l'avait fait emprisonne dans la dernière guerre, comme un

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Allemand vendu à la France.

dinand d

du

2927

pape

en lui étant Avignon, et prépara la guerre à l'empereur. Il
du dernier mort. (Octobre 1688) Le roi se vengea
inquiétait en même temps l'électeur palatin, au sujet des
droits de la princesse palatine, Madame, seconde femme
contrat de mariage. La guerre faite à l'Espagne, en 1667,
de Monsieur; droits auxquels elle avait renoncé par son
pour les droits de Marie-Thérèse, malgré une pareille re-
nonciation, prouve bien que les contrats sont faits pour les
particuliers. Voilà comme le roi, au comble de sa grandeur,
ces; mais aussi presque tous se réunissaient contre lui.
indisposa, ou dépouilla, ou humilia, presque tous les prin-

CHAPITRE XV.

par son gendre Guillaume III,
Le roi Jacques détrône,
et protege par Louis XIV.

Le prince d'Orange, plus ambitieux que Louis XIV, avait
conçu des projets vastes qui pouvaient paraitre chimériques
dans un stathouder de Hollande, mais qu'il justifia par son
habileté et par son courage. Il voulait abaisser le roi de
peine à liguer petit à petit l'Europe contre la Frauce. L'em-
France, et détrôner le roi d'Angleterre. Il n'est pas de
pereur, une partie de l'Empire, la Hollande, le duc de Lor-
raine, s'étaient d'abord secrètement ligués à Augsbourg
sances. Le pape, sans être expressément un des confédérés,
(1687), ensuite l'Espagne et la Savoie s'unirent à ces puis-
sans se declarer ouvertement. Tous les princes d'Italie
les animait tous par ses intrigues, Venise les favorisait,
étaient pour eux. Dans le Nord. la Suède était alors du
de la France. Plus de cinq cent mille protes:auts, fuyant la
parti des Impériaux, et le Danemarck était un allié inutile
lear industrie et leur haine contre le roi, étaient de nou-
persécution de Louis, et emportant avec eux hors de France
veaux ennemis qui allaient dans toute l'Europe exciter les
puissances déja animées à la guerre. (On parlera de cette
côtés entouré d'ennemis, et n'avait d'ami que le roi Jacques.
fuite dans le chapitre de la religion.) Le roi était de tous
Jacques, roi d'Angleterre, successeur de Charles II, son
voulu souffrir qu'on le fit catholique, sur la fin de sa vie,
frère, était catholique comme lui; mais Charles n'avait bien
que par complaisance pour ses maitresses et pour son frère :
extréme indifférence sur toutes les disputes qui partagent
il n'avait en effet d'autre religion qu'un pur deisme. Son
sblement en Angleterre. Jacques, au contraire, attaché de-
les hommes n'avait pas peu contribué a le faire régner pai-
joignait à sa créance l'esprit de parti et de zèle. S'il eût été
puis sa jeunesse a la communion romaine par persuasion,
m.bomiéran, ou de la religion de Confucius, les Anglais
dessein de rétablir dans son royaume (1) le catholicisme,
n'eussent jamais trouble son régne; mais il avait formé le

(1) On trouve dans la compilation des Mémoires de Maintenon, au tome III, chap. IV, intitulé Du roi et de la reine a-t-il le dres, de se révolter contre l'autorité qui veut le d'Angleterre, un tissu étrange de faussetes. Il y est dit que les jurisconsultes proposerent cette question: Un peuple • forcer à croire ? Ce fui précisément le contraire. Ou s'opnion romaine. On agita cette question: Si le roi pouvait posa en Angleterre à la tolérance du roi pour la commudispenser du serment du test ceux qu'il admettait aux em•plois !

Le même auteur dit que le pape Innocent XI donna au prince d'Orange deux cent mille ducats pour aller détruire la religion catholique en Angleterre.

Le même auteu), avec la même témérité, prétend qu'Ionocent XI fit dire des milliers de messes pour l'heureux succès du prince d'Orange. Il est reconnu que ce pape favosi ridicules et si contraires aux bienseantes de sa dignité. risa la ligue d'Augsbourg; mais il ne fit jamais de démarches pour l'heureux succes de la flotte hollandaise. M. d'Avaux le manda au roi. L'envoyé d'Espagne a La Haye fit des prières publiques

Le chapitre de Cologne, comme tous les autres chapitres J'Allemagne, a le droit de nommer son eveque, qui par-la devient elec.eur. Com qui remplissait ce siège étail FerBavière, autrefois l'allie, et depuis l'ennemi da ros, comme tant d'autres princes. Il était malade à l'extrémité. L'argent du roi, repandu à propos parmi les chanoiInes, les intrigues et les promesses, freut élire le cardinal Furstenberg comme coadjuteur; et, après la mort du prisce, il fut elu une seconic fois par la pluralité des sufimages. Le pape, par le concordat germanique, a le droit de confer l'eveche à l'élu, es l'empereur a celui de confirmer leles torat. L'empereur et le pape lanocent X1, persua-M. de Lyonne, du 17 septembre 1665. dès que d'etait presque la mèms chose, de laisser Furstenberg sure trone electoral et d'y mettre Louis XIV, 'unireut pour donner cette principaute au jeune Bavière, frère

I de

a

Le meine auteur fait entendre que le comte d'Avaux corrempait des membres de l'état: il se trompe, e est le comte quatre ans auparavant. Foyez la lettre de M. d'Estrades à d' Extrades. Il se trompe encore sur le temps; c'était vingt

Le même aut ur ose citer l'évêque Burnet, et lui fait dire, pour exprimer un vice du prince d'Orange, que ce prince n'aimait que les portes de derrière. Il n'y a pas un

favori de Jacques, sa créature, le frère de sa maîtresse, son lieutenant-général dans l'armée; cependant il le quitta, et passa dans le camp du prince d'Orange. Le prince de Danemarck, gendre de Jacques, enfin sa propre fille, la princesse Anne, l'abandonnèrent.

regardé avec horreur par ces royalistes républicains comme et si illustre sous le nom de duc de Marlborough. Il était la religion de l'esclavage. C'est une entreprise quelquefois très aisée de rendre une religion dominante dans un pays. Constantin, Clovis, Gustave Vasa, la reine Elisabeth, firent recevoir sans danger, chacun par des moyens differents, une religion nouvelle; mais pour de pareils changements, deux choses sont absolument nécessaires, une profunde politique et des circonstances heureuses: l'une et l'autre manquaient à Jacques.

į Alors, se voyant attaqué et poursuivi par un de ses gendres, quitté par l'autre; ayant contre lui ses deux filles, ses propres amis; haï des sujets mêmes qui étaient encore dans son parti, il désespéra de sa fortune. la fuite, dernière ressource d'un prince vaincu, fut le parti qu'il prit sans combattre. Enfin, après avoir été arrêté dans sa fuite par la poreçu paisiblement les ordres du prince d'Orange dans son propre palais; après avoir vu sa garde relevée, sans coup férir, par celle du prince, chassé de sa maison, prisonnier à Rochester, il profita de la liberté qu'on lui donnait d'abandonner son royaume; il alla chercher un asile en France. Ce fut là l'époque de la vraie liberté de l'Angleterre. La nation, représentée par son parlement, fixa les bornes, si long-temps contestées, des droits du roi et de ceux du peuple ; et ayant prescrit au prince d'Orange les conditions auxquelles il devait régner, elle le choisit pour son roi, conjointement avec sa femme Marie, fille du roi Jacques. Dès-lors ce prince ne fut plus connu, dans la plus gran le partie de l'Europe, que sous le nom de Guillaume 111, roi légitime d'Angleterre et libérateur de la nation. Mais eu France il ne fut regardé que comme le prince d'Orange, usurpateur des états de son beau-père.

Il était indigné de voir que tant de rois dans l'Europe étaient despotiques; que ceux de Suède et de Danemarck le devensient alors; qu'enfin il ne restait plus dans le monde que la Pologne et l'Angleterre où la liberté des peuples sub-pulace, maltraité par elle, reconduit à Londres; après avoir sistat avec la royauté. Louis XIV l'encourageait à devenir absolu chez lui, et les jésuites le pressaient de rétablir leur religion avec leur crédit. Il s'y prit si malheureusement, qu'il ne fit que révolter tous les esprits. Il agit d'abord comme s'il für venu à bout de ce qu'il avait envie de faire; ayant publiquement à sa cour un nonce du pape, des jésuites des capucins, mettant en prison sept évêques anglicans, qu'il eût pu gagner; ôtant les privilèges à la ville de Londres, à laquelle il devait plutôt en accorder de nouveaux, reaversant avec hauteur des lois qu'il fallait saper en silence, enfin, se conduisant avec si peu de ménagement. que les cardinaux de Rome dissient en plaisantant, qu'il fallait l'excommunier, comme un homme qui allait perdre le peu de catholicisme qui restait en Angleterre. Le pape Innocent XI u'esp-rait rien des entreprises de Jacques, et refusait constamment un ch peau de cardinal, que ce roi de mandait pour con confesseur le jésuite Péters. Ce jésuite était un intrigant impétueux qui, dévoré de l'ambition d'etre cardinal et primat d'Angleterre, poussait son maître au précipice. Les principales tètes de l'état se réunirent en secret contre les desseins du roi. Ils députèrent vers le prince d'Orange. Leur conspiration fut tranée avec une prudence et un secret qui endormirent la confiance de la

cour.

plus grands et de ples heureux. Ce furent ses propres paroles. Il la conduisit au château de Saint-Germain, où elle trouva le même service qu'aurait eu la reine de France: tout ce qui sert à la commodité et au luxe, des présents de toute espèce, en argent, en or, en vaisselle, en bijoux, ea

étoffes.

(Janvier 1689) Le roi fugitif vint avec sa femme, fille d'un duc de Modène, et le prince de Galles encore enfant, implorer la protection de Louis XIV. La reine d'Angleterre, arrivée avant son mari, fut étonnée de la splendeur qui environnait le roi de France, de cette profusion de magnificence qu'on voyait à Versailles, et surtout de la manière dont elle fut reçue. Le roi alla au-devant d'elle jusqu'à Chatou. (1) Je vous rends, madame, lui dit-il, un (1) Le prince d'Orange équippa une flotte qui devait por-triste service : mais j'espère vous en rendre bientôt de ter quatorze à quinze mille hommes. Ce prince n'était rien autre chose qu'un particulier illustre, qui jouissait à peine de cinq cent mille florins de rente; mais telle était sa politique heureuse, que l'argent, la flotte, les cœurs des élits generaux, étaient a lui. Il était roi véritablement en HolLande par sa conduite habile, et Jacques cessait de l'étre on Angleterre par sa précipitation. On publia d'abord que cet armement était destiné contre la France. Le secret fut gardé par plus de deux cents personnes, Barillon, ambassadeur de France à Londres, homme de plaisir, plus instruit des intrigues des maitresses de Jacques que de celles de l'Europe, fut trompé le premier. Louis XIV ne le fut pas; il offrit des secours à son allié, qui les refusa d'abord avec sécurité, et qui les demanda ensuite, lorsqu'il n'était plus temps, et que la flotte du prince, son gendre, était à la voile. Tout lui manqua à-la-fois comme il se manqua à lui-même. (Octobre 1688) Il écrivit en vain à l'empereur Léopold, qui lui répondit: Il ne vous est arrivé que ce que nous vous avions prédit. Il comptait sur sa flotte; mais ses vais seaux laissèrent passer crux de son ennemi. Il pouvait au moins se défendre sur terre: il avait une armée de vingt mille hommes; et s'il les avait menés au combat sans leur donner le temps de la réflexion, il est à croire qu'ils eussent combattu; mais il leur laissa le loisir de se déterminer. Plusieurs officier -généraux l'abandonnèrent; entre autres, ce fameux Churchill, aussi fatal depuis à Loais qu'à Jacques,

Il y avait parmi tous ces présents une bourse de dix mille, louis d'or sur sa toilette. Les mêmes attentions furent observées pour son mari, qui arriva un jour après elle. On lui régla six cent mille francs par an pour l'entretien de sa maison, outre les présents sans nombre qu'on lui fit. Il eut les officiers du roi et ses gardes. Toute cette réception était bien peu de chose, auprès des préparatifs qu'on fesait pour le rétablir sur son trene. Jamais le roi ne parut si grand; mais Jacques parut petit, Ceux qui, à la cour et à la ville. décident de la réputation des hommes, concurent pour lui peu d'estime. Il ne voyait guère que des jésuites. Il alla descendre chez eux à Paris, dans la rue Saint-Antoine. I leur dit qu'il était jésuite lui-même; et ce qui est de plus singulier, c'est que la chose était vraie. Il s'était fait associer à cet ordre, avec de certaines cérémonies, par quatre jésuites anglais, étant encore duc d'Yorck. Cette pusillanimite dans un prince, jointe à la manière dont il avait perdu sa couronne, l'avilit au point que les courtisans s'égayaient tous les jours à faire des chansons sur lui. Chassé d'Angleterre, on s'en moquait en France. On ne lui savait nul gré d'être catholique. L'archevêque de Reims, frère de Louvois, dit tout haut à Saint-Germain dans son anti-chambre : Voi

mot dans toute l'histoire de Burnet qui ait le moindre rap-là un bonhomme qui a quitté trois royaumes pour une port à cette expression si basse et si indigne de l'histoire. Et si quelque feseur d'anecdotes avait jamais prétendu que l'évêque Burnet eût laissé échapper dans la conversation un mot aussi indécent, ce témoignage obscur ne pourrait prévaloir contre une histoire authentique.

() L'auteur des Memoires de Maintenon avance que le prince d'Orange, voyant que les états-généraux refusaient des fonds, entra dans l'assemblée, et dit ces mots: Messieurs, il y aura guerre au printemps prochain, et je demande qu'on enregistre cette prédiction, Il cite le comte

d'Araux.

Il dit que ce ministre pénétrait toutes les mesures du prince d'Orange. Il est difficile d'entasser plus mal plus de faussetés. Les neuf mille matelots étaient prêts dès l'an 1687. Le comte d'Avaux ne dit pas un inot du prétendu discours du prince d'Orange. Il ne soupçonna le dessein de ce prince que le 20 mai 1688. Voyez sa lettre au roi, du zo mai.

messe. Il ne recevait de Rome que des indulgences et des pasquinades, Entin, dans toute cette révolution, sa religion lui rendit si peu de services, que, lorsque le prince d'Orange, le chef du calvinisme, avait mis à la voile pour aller détrôner le roi son beau-père, le ministre du roi catholique à La Haye avait fait dire des messes pour l'heureux succès de ce voyage.

Au milien des humiliations de ce roi fugitif, et des libéralités de Louis XIV envers lui, c'était un spectacle digne de quelque attention de voir Jacques toucher les écrouelles an petit couvent des Anglaises; soit que les rois anglais se soient attribué ce singulier privilège, comme prétendants à la couronne de la France, soit que cette cérémonie soit établie chez eux depuis le temps du premier Edouard.

(1) Voyez les Lettres de madame de Sévigné, et les Mémoires de madame de La Fayette, etc.

CHAP. XV. LE ROI JACQUES DÉTRONÉ PAR GUILLAUME III.

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Le roi le fit bientôt conduire en Irlande, où les catholiques, n'ayant para, dans l'engagement, ni à la tête des avait toujours cependant montré beaue up de valeur, mais ques formaient encore un parti qui paraissait considérable. Français ni à la tête des Irlandais, se retira le premier. Il Une escadre de treize vaisseaux du premier rang etait à la rade de Brest pour le transport. Tous les officiers, les cour- il y a des occasions où l'abattement d'esprit l'emporte sur tisans, les prètres mème, qui étaient veau- trouver Jacques le courage. Le roi Gu llaume, qui avait en l'épaule effleurée à Saint-Germain, furent defrayés jusqu à Brest aux dépens d'un coup de canon avant la bataille, passa pour moit en du roi de France, Le jésuite lanes, recteur du collège des France. Cette fausse nouvelle fut reçue à Paris avec une Ecossais à Paris, était son se retaire d'état. Un ambassa-joie indécente et honteuse. Quelques mag strats subalter

nes encouragèrent les bourgeois et le peuple à faire des il| dear (C'était M. d'Asaux) était rommé auprès du roi detróné, et le suivit avec pompe. Des armes, des munitions laminations. On songa les cloches. On brûla dans plusieurs range, comme on brüte le pape dans Londres. On tira le de toute espèce, furent eiabarquées sur la flotte; on y porta quartiers des figures d'osier qui représentaient le prince d'Ocanon de la Bastille, non point par ordre du roi, mais par le jusqu'aux multes les plus viis et ju-qu'aux plus recherzèle inconsidéré d'un commandant. On croirait, sur ces ches. Le roi alla lui dire adieu à Saint-Germain. Là, pour marques d'alegresse et sur la foi de tant d'écrivains, que qui dernier prisent, il lui doua sa entrasse, et lui dit en l'embrassant: Tout ce que je peux vous souhaiter de mieux est de ne nous jamais revoir (12 mai 1689) A peine cette joie efree, à la mort prétendue d'un ennemi, était ont écrit, et Français et étrangers, ont dit que ces réjouisle rai Jaques ét t-il débarqué en Irlande avec cet appa- l'effet de la crainte extrême qu'il inspirait. Tous ceux sauces étaient le plus grand éloge du roi Guillaume. Cereil, que vingt-trois autres grands vaisseaux de guerre, sous les ordres de Chateau-Renaud, et une innaité de navires de transport le suivirent. Cette flotte ayant mis en faite et dis- pendant, si on veut faire attention aux circonstances du pesse la flotte anglaise qui s'opposait à son passage, dé-temps et à l'esprit qui régnait alors, on verra bien que la barqua heureusement; et avant pris dans son retour sept vaisieux marchands hollandais, revint à Brest, victorieuse de l'Angleterre, et chargée des dépouilles de la Hollande. (Mars 1690) Bientôt après un troisième secours partit eneor de Brest, de Toulon, de Rochefort. Les ports d Irlande et la mer de la Manche étaient couverts de vaisseaux

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crainte ne produisit pas ces transports de joie. Les bour-
grois et le peuple ne savent guère craindre un ennemi que
quand il menace leur ville. Loin d'avoir de la terreur au nom
de Guillaume, le commun des Francais avait alors l'injustice
de le mépriser. Il avait presque toujours été battu par les
avait acquis de véritable gloire même dans ses défaites, Guil-
généraux français. Le vulgaire ignorait combien ce prince
encore aux yeux des Francais un ennemi digne de Louis XIV.
laume, vainqueur de Jacques en Irlande, ne parausait pas
Paris, idolatre de son roi, le croyait réellement invincible.
mais de la haine. La plupart des Parisiens, nés sous le règne
Les réjouissances ne furent done point le fruit de la crainte,
un roi comme une divinité, et un usurpateur comme un sa-
de Louis, et façonnés au jong despotique, regardaient alors

Eaha Tourville, vice-amiral de France, avec soixante et douze grands vaisseaus, rencontra une forte anglaise et hollandaise d'environ so xante voiles. On se battit pendant dix brures: Tourville, Chateau-Rcuaud, d Fatrées, Nemond, signalèrent leur courage et uue habileté qui donnèrent à la France on bonneur auquel elle n'était pas accoutumée. Les Anglais et les Hollandais, jusqu'alors m'a tres de l'Océan, et de qui les Francais avaient appris depus si peu de temps àcrilege. Le petit peuple, qui avait vu Jacques aller tous les Gonner des batailles rangées, furent entièrement vaincus, Dit-sept de leurs vaisseaux brisés et dématés allèrent

echouer et se brûler sur leurs côtes. Le reste alla se cacher vers la Tomise, on entre les bancs de la Hollande (juillet ago). Il n'en conta pas une seule chaloupe sux Français, Alors ce que Louis XIV souhaitait depuis vingt années, et ce qui avait para si pen vraisemblabie, arriva; il eut I emaire de la mer, empire qui fut à la vérité de peu de durée. Les vaivaraux de guerre ennemis se cachaient devant se4 Bottes. Seignelai, qui osait tout, fit veair les galères de Marseille sur l'Ocean. Les côtes d'Angleterre vireut des gaLes pour la première fois. On fit, par leur moyen, une desirate ai-ée à Tingmouth.

On brûla dans cette baie plus de treute vaisseaux marhands. Les armateurs de Saint-Malo et du nouveau port de Dankerque, s'enrichissaient, cus et l'état, de prises continacles. Enfin, pendant près de deux années, on ne conmaissait plus sur les mers que les vaisseaux français.

jours à la messe, détestait Guillaume hérétique. L'image
testant regnant à la place d'un catholique, eufin d'un en-
d'un gendre et d'une fille ayant chassé leur père, d'un pro-
uemi de Louis XIV, transportait les Parisiens d'une espèce
Jacques revint en France, laissant son rival gagner en Ir
lande de nouvelles batailles, et s'affermir sur le trône. Les
de fureur; mais les gens sages peusaient modérément.
Bottes françaises furent occupées alors à ramener les Fran-
cais qui avaient inutilement combattu, et les familles irlan
daises catholiques qui, étant très pauvres dans leur patrie,
Il est à croire que la fortune eut peu de part à toute cette
voulurent aller subsister en France des libéralités du roi.
révolution depuis son commencement jusqu'à sa fin. Les
caractères de Guillaume et de Jacques firent tout. Ceux qui
aiment à voir dans la conduite des hommes les causes des
évènements remarqueront que le roi Guillaume, après sa
ques vaincu, en passant par une petite ville, nommée Gal-
victoire, fit publier un pardon général; et que le roi Jac-
lui fermer les portes. De deux hommes qui se conduisaient
loway, fit pendre quelques citoyens qui avaient été d'avis de
ainsi, était bien aisé de voir qui devait l'emporter.
Il restait à Jacques quelques villes en Irlande; entre au-
il y avait plus de douze mille soldats. Le
tres Limerick, ou
roi de France, soutenant toujours la fortune de Jacques, fit
passer encore trois mille hommes de troupes réglées dans
Limerick. Pour surcroît de libéralité, il envoya tout ce qui
vaisseaux de guerre, apportèrent tous les secours possibles
peut servir aux besoins d'un grand peuple et à ceux des sol-
en hommes, en ustensiles, en équipages; des ingénieurs, des
canonuiers, des bombardiers, de ix cents macons; des selles,
des brides, des housses, pour plus de vingt mille chevaux;
des canons avec leurs affùis, des fusils, des pistolers, des
épées, pour armer vingt-six mille hommes; des vivres, des
son roi con battre pour sa défense. Jacques ne sint point.
habits, et jusqu'à vingt-six mille paires de souliers. Limerick
Limerik se rendit. les vaisseaux francais retournèrent en-
assi gee, mais munie de tant de secours, espérait de voir
core vers les côtes d'Irlande, et rameuèrent en France en-
Ce qu'il y a peut-êtrede plus étonnant, e'est que Louis XIV
viron vingt mill. Irlandais, tant soldats que citoyens fugitifs.
ne se rebuta pas. Il soutenait alors une guerre difficile con-
tre presque toute l'Europe. (27 juillet 1692) Cependant il
tenta encore de changer la fortune de Jacques par une en-
avec vingt mille hommes. Il comptait sur le parti que Jac-
treprise décisive, et de faire une descente en Angleterre
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quen avait conservé en Angleterre. Les troupes étaient as-
semblées entre Cherbourg et La Hogue. Plus de trois cents

1. e roi Jacques ne seconda pas en Irlande ces secours de Louis XIV. Il avait avec lui près de six mille Français et quare mille Irlandais. Les trois quarts de ce royaume se déclaraient en sa faveur. Son concurrent Guillaume était absent; cependant il ne profita d'aucun de ses avantages. Sa fortune échoua d'abord devant la petite ville de Londonderry: il la presse par un siège opinistre, mais mal dirigé, pendant quatre mois. Cette ville ne fut defendue que par a prêtre presbyterien, nomme Walker. Ce prédicant s'était mis à la tête de la milice bourgeoise. 111. menait au pré-dats. Quarante vaisseaux de transport, escortés de douze et au combat. Il fesait braver anx habitants la famipe et la mort. Eulia le prêtre contraignit le roi de lever le siège. Cette première disgrace en Irlande fat bientôt suivie d'un plus grand malheur. Guillaume arriva, et ma cha à lui. La rivière de Boyne était entre eux. (11 juillet 1690) Guillaume entreprend de la franchir à la vue de l'ennemi. Elle était à peine quéalde en trois endroits. La cavalerie passa a le age, l'infanterie était dans l'eau jusqu'aux épaules; mais à l'autre bord il fallait encore traverser un marais; ensmile on trouvait un terrain escarpé qui formait un retran. chement naturel. Le roi Guillaume fit passer son armée en

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endroits, et engagea la bataille. Les Irlandais, que von ras de bous soldats en France et en Espagne. TouTours mal combattu chez eux. Il y a des nations dont l'ame semble faite pour être soumise à Fautie. Les Anglais ont toujours ea sur les Irlandais la supériorité du génie, des richesses, et des armes. Jamais l'Irlande n'a pu secouer le joug de l'Angleterre, depuis qu'un simple seiEneur anglais la subjugua. Les Francais combattirent à la journée de la Boyne, les Irlandais s'enfuirent. Leur roi Jae

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navires de transport étaient prêts à Brest. Tourville, avec quarante-quatre grauds vaisseaux de guerre, les attendait aux côtes de Normandie. D'Estrées arrivait du port de Toulon avec trente autres vaisseaux. S'il y a des malheurs causes par la mauvaise conduite, il en est qu'on ne peat imputeri qu'à la fortune. Le vent, d'abord favorable à l'escadre de d'Estrées, changea; il ne put joindre Tourville, dont les quarante-quatre vaisseaux furent attaqués par les flottes d'Angleterre et de Hollande, fortes de près de cent voiles. La superiorité du nombre l'emporta. Les Français céderent après un combat de dix heures. Russel, amiral auglais, les poursuivit deux jours. Quatorze grands vaisseaux, dont deux portaient cent quatre pièces de canon, échouerent sur la cote, et les capitaines y lirent mettre le feu, pour ne les pas laisser brûler par les ennemis. Le roi Jaciffies, qui du rivage avait vu ce désastre, perdit toutes ses espaces,

Ce fut le premier échec que recut sur la mer la puissance de Louis XIV. Seiguelai, qui après Colbert, son père, avait perfectionné la marine, était mort à la fin de 1690. Ponchartrain, élevé de la première présidence de Bretagne à l'emploi de secrétaire d'état de la marine, ne la laissa point périr. Le même esprit régnait toujours dans le gouveruement. La France cut, dès l'aunée qui suivit la disgrace de La Hogue, des flottes aussi nombreuses qu'elle en avait eu deja; car Tourville se trouva à la tête de soixante vaisseaux de ligne, et d'Estrées en avait treat, sans compter ceux qui et même quatre ans après, étaient dans les ports; (1696) le roi fit encore un arinement plus considérable que tous les précédents, pour conduire Jacques en Angleterie à la tête de vingt mille Français; mais cette flotte ne fit que se montrer, les mesures du parti de Jacques ayant été aussi mal concertées à Londres que celles de son protecteur avaient été bien prises en France.

Il ne resta de ressource au parti du roi détrôné que dans quelques conspirations contre la vie de son rival. Ceux qui les tramèrent perirent presque tous du dernier supplice; et il est à croire que, quand même elles eussent reussi, il n'eut jamais recouvré son 10yaume. Il passa le reste de ses jours à Saint-Germain, où il vécut des bienfaits de Louis et d'une pension de soixante et dix mille francs, qu'il eut la faiblesse de recevoir en secret de sa fille Matie, par laquelle il avait été détrôné. Il mourut en 1700, a Saint-Germain. Quelques jesuites irlandais prétendirent qu'il se fosait des miracles à son tombeau (1). On parla même de faire canoniser à Rome, après sa mort, ce roi que Rome avait abaudonné pendant sa vie.

CHAPITRE XVI.

Guilque De ce qui se passait dans le continent, tandis laume III envahissait l'Angleterre, l'Ecosse, et l'Irlande. jusqu'en 1697. Nouvel embrasement du Palatinat. Victoires des maréchaux de Catinat et de Luxembourg, etc.

N'ayant pas voulu rompre le fil des affaires d'Angleterre, Le roi, en formant ainsi une puissance maritime, telle je me ramène à ce qui se passait dans le continent. qu'aucun état n'en a jamais eu de supérieure, avait à comces maritimes, l'Angleterre et la Hollande, devenues toutes battre l'empereur et l'Empire, l'Espagne, les deux puissantoute l'Italie. En seul de ces ennemis, tel que l'Anglais et deux plus terribles sous un seul chef; la Savoie et presque l'Espagnol, avait suffi autrefois pour désoler la France; et tous ensemble ne purent alors l'entamer. Louis XIV eut presque toujours cinq corps d'armée dans le cours de cette guerre, quelque fois six, jamais moins de quatre. Les armées en Allemagne et en Flandre se monterent plus d'une fois à cent mille combattants. Les places frontières ne furent pas cependant dégarnies, Le roi avait quatre cent cinquante mille! hommes en armes, en comptant les troupes de la marine. L'empire turc, si puissant en Europe, en Asie, et en Afrique, n'en à jamais eu autant, et l'empire romain n'en eut jamais davantage, et n'eut en aucun temps autant de guerres à soutenir à-la-fois. Ceux qui blamaieut Louis XIV de s'être fait tant d'ennemis, l'admiraient d'avoir pris tant de mesures pour s'en défendre, et même pour les prévenir.

Ils n'étaient encore ni entièrement déclarés, ni tous réunis: le prince d'Orange n'était pas encore sorti du Texel pour aller chasser le roi son beau-père, et déja la France avait des armées sur les frontières de la Hollande et sur le Khin. (22 septembre 1688) Le roi avait envoyé en Allemagne, à la tête d'une armée de cent mille hommes, son als ses murs, modeste dans sa conduite, qui paraissait tenir le dauphin, qu'on nommait Monseigneur : prince doux dans en tout de sa mère. Il était âgé de vingt-sept ans. C'était pour la première fois qu'on lui confisit un commandement, après s'être bien assuré, par son caractère, qu'il n'en abuserait pas. Le roi lui dit publiquement à son départ : Mon donne les occasions de faire connaître votre mérite: allez fils, en vous envoyant commander mes armées, je vous le montrer à toute l'Europe, afin que, quand je viendrai ■à mourir, on ne s'aperçoive pas que le roi soit mort. »

Ce prince eut une commission spéciale pour commander, comme s'il eût été simplement l'un des généraux que le roi eût choisi. Son père lui écrivait: A mon fils le dauphin, mon lieutenant-général, commandant mes armées en Allemagne..

Peu de princes furent plus malheureux que lui; et il n'y long-temps a aucun exemple dans l'histoire d'une maison si infortunée. Le premier des rois d'Ecosse ses ateus, qui eut le nom de Jacques, après avoir été dix-huit ans prisonnier en Angleterre, mourut assassiné avec sa femme par la main On avait tout prévu et tout disposé pour que le fils de de ses sujets. Jacques II, son fils, fut tué à vingt-neuf ans, en combattant contre les Anglais. Jacques III, mis en prison Louis XIV, contribuant à cette expedition de son nom et de par son peuple, fnt tué ensuite par les révoltés dans une ba- sa présence, ne recu: pas un affront. Le maréchal de Duras taille. Jacques IV périt dans un combat qu'il perdit. Marie commandait réellement l'armée. Boufflers avait un corps Stuart, sa petite-fille, chassée de son trone, fugitive en An- de troupes en-deçà du Rhin, le maréchal d'flumières, un gleterre, ayant langai dix-huit ans en prison se vit condam- autre vers Cologne, pour observer les ennemis, Heidelberg, née à mort par des juges anglais, et eut la tête tranchée. Mayence, étaient pris. Le siège de Philipsbourg, préalable Charles I, petit-fils de Marie, roi d'Ecosse et d'Angleterre, toujours nécessaire quand la France fait la guerre à l'Allevendu par les Ecossais, et jugé à mort par les Anglais, mou-magne, était commencé. Vauban conduisait le siége. Tous rut sur un échafaud dans la place publique. Jacques son his, les détails qui n'étaient point de son ressort roulaient sur septième du nom et deuxième en Angleterre, dont il est ici Catinat, alors lieutenant-général, homme capable de tout et question, fut chassé de ses trois royaumes; et, pour comble fait pour tous les emplois. Monseigneur arriva après six de malheur, on contesta à son fils jusqu'à sa naissance. Ce jours de tranchée ouverte. Il imitait la conduite de son fils ne tenta de remonter sur le trône de ses pères que pour pére, s'exposant autant qu'il le fallait, jamais en téméraire. faire périr ses amis par des bourreaux; et nous avons vu le affable à tout le monde. libéral envers les soldats. Le roi prince Charles Edouard, réunissant en vain les vertus de goûtait une joie pure, d'avoir un fils qui l'imitait sans l'efses pères et le courage du roi Jean Sobieski, son aicul ma- facer, et qui se fesait aimer de tout le monde sans se faire teruel, exécuter les exploits et essuyer les malheurs les plus craindre de son père. incroyables. Si quelque chose justine ceux qui croient une fatalité à laquelle rien ne peut se soustraire, c'est cette suite continuelle de malheurs qui a persécuté la maison de Stuart pendant plus de trois cents années.

on dix-neuf

(11 novembre 1688) Philipsbourg fut pris jours: on prit Manheim en trois jours; Franckendal en deux; Spire, Trèves, Vorms, et Oppenheim, se rendirent dès que les Français furent à leurs portes (15 novembre 1688).

Le roi avait résolu de faire un désert du Palatinat des que ces villes seraient prises. Il avait la vue d'empêcher les

(1) Oa a poussé le ridicule jusqu'à dire que ses reliques canemis d'y subsister, plus que ceile de se venger de l'eavaient guéri un évêque d'Autun de la fistule.

lectour palatin, qui n'avait d'autre crime que d'avoir fait
son devoir, en s'unissant au reste de l'Allemagne contre la !
France. (Février 1689) Il vint à l'armée un ordre de Louis,
signé Louvois, de tout réduire en cendres. Les généraux
français, qui ne pouvaient qu'obeir, firent dene sigailier,
dans le cœur de l'hiver, aux citoyens de toutes ces villes si
aux habitants des villages,
florissantes et si bien réparées,
anx maîtres de plus de cinquante châteaux, qu'il fallait

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