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La fortune fouvent a des retours fâcheux;
Et tel a vû long-tems fa grandeur infinie
Que le fort à la fin couvre d'ignominie.
Ce n'eft pas que frappé d'une indigne terreur
Je craigne de ces Rois l'envie & la fureur ;
Mais s'il faut avec eux recommencer la guerre
Juftifions nos droits au refte de la Terre,
Otons un vain prétexte à leur inimitié,
Et des Parthes laffés prenons quelque pitié.
Je fais qu'en triomphant les Etats s'affoibliffent,
Le Monarque eft vainqueur & les Peuples gé-
miffent;

Dans le rapide cours de fes vaftes projets »
La gloire dont il brille accable fes sujets ;
Il faut donc détourner une guerre odieufe
Peut-être également funefte & glorieuse.

Tiridate de Campiftron.

Prufias Roi de Bithynie Prince foible, parle ainfi de fon fils Nicomede.

Il n'eft plus mon sujet qu'autant qu'il le veut être,

Et qui me fait régner en effet eft mon Maître : Pour paroître à mes yeux fon mérite est trop grand;

On n'aime point à voir ceux à qui l'on doit tant, Nicomede de Corn.

Sur le même fujet.

Qu'un Monarque eft heureux quand parmi fes fujets

Ses yeux n'ont point à voir de plus nobles objets,

Qu'au-deffus de fa gloire il ne connoît person

ne,

Et qu'il eft le plus digne enfin de fa Couronne,

Même fuje.

Surena de Corn.

Tous les Rois font jaloux du fouverain pouvoir, Ils aiment qu'on leur doive & ne peuvent devoir,

L'on n'a jamais de droit fur leurreconnoiffance, Et rien àleurs fujets n'acquiert l'indépendance, Ils ont pour qui les fert des graces, des faveurs. Et reglent à leur choix l'emploi des plus grands

cœurs

Même fujet.

Agefilas de Corn

Un Confident parle ainfi à un Roi. Soutenez votre Sceptre avec l'autorité Qu'imprime au front des Rois leur propre Ma

jefté,

Un Roi doit pouvoir tout & ne fait pas bien:

l'être,

Quand au fonds de fon cœur il fouffre un autre

Maître.

PerthariteCorn

Même fujet.

On parle à un Roi.

Ne hafardez, Seigneur, que dans l'extrémité, Le redoutable effet de votre autorité ;

Alors qu'il réuffit, tout fait jour, tout lui céde>> Mais auffi quand il manque, il n'eft plus de reméde;

Il faut pour déployer le fouverain pouvoir
Sureté toute entiere ou profond défespoir.

Othon de Corn.

Un Prince quoique rempli d'ambition ne doit jamais la fatisfaire par une lâcheté ou par un crime. Le Poëte met les paroles fuiyantes dans la bouche de la célé bre Cléopatre Reine d'Égypte.

J'ai de l'ambition, & foit vice ou vertu, 7 Mon cœur fous fon fardeau veut bien être ab

batu;

J'en aime la chaleur & la nomme fans ceffè

La feule paffion digne d'une Princeffe.

Mais je veux que la gloire anime fes ardeurs,
Qu'elle mene fans honte au faîte des grandeurs,
Et je les défavoue alors que fa manie
Nous préfente le Trône avec ignominie,

Mort de Pompée, Corn

Les fentimens de gloire que donne aux. Prince le haut rang où ils font élevés, font un grand frein pour réprimer leurs paffions. C'eft cette même Cléopatre qui répond à ces paroles: L'amour certes fur vous a bien peu de puissance.

Les Princes ont cela de leur haute naiffance,
Leur ame dans leur fang prend des impreffionsi
Qui deffous leur vertu rangent leurs paffions.
Leur générofité foumet tout à leur gloire,
Tout eft illuftre en eux quand ils daignent fe
croire ;

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Et fi le Peuple y voit quelques déréglemens C'eft quand l'avis d'autrui corrompt leurs fentimens..

Ibid.

Camille Dame Romaine, du tems de f'ullius un des premiers Rois de l'ancien e Rome, & qui permit le combat des

trois Horaces & des trois Curiaces, s'exprime ainfi.

Les Dieux à notre Prince ont infpiré ce choix, Et la voix du Public n'eft pas toujours leur voix.

Ils defcendent bien moins dans de fi bas étages
Que dans l'ame des Rois leurs vivantes images,
De qui l'indépendante & fainte autorité
Eft un rayon fecret de leur Divinité.

Horaces, de Corn.

Sentimens de grandeur d'ame.

Je fuis Reine fans Sceptre & n'en ai que le titre Le pouvoir m'en eft dû, le tems en eft l'arbi

tre;

Si vous m'avez fervie en généreux amant,
Quand j'ai reçu du Ciel le plus dur traitement
J'ai tâché d'y répondre avec toute l'estime
Que pouvoit en attendre un cœur fi magnani-

me.

Pouvois-je en cet exil davantage fur moi ?
Je ne veux point d'époux que je n'en faffe un
Roi,

Et je n'ai pas une ame affez baffe & commune
Pour en faire l'appui de ma trifte fortune.

Dom Sanche d'Arrag. de Corn

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