VERITE. Quelle est la force de la Vérité. Qu'il faut être vrai en tout. Du menfonge toujours le vrai demeure maître. Pour paroître honnête homme, en un mot, il faut l'être. Et jamais, quoiqu'il faffe, un mortel ici bas peut aux yeux du monde être ce qu'il n'eft Ne pas. En vain ce Misantrope, aux yeux tristes & fom bres, Veut par fon air riant en éclaircir les ombres, Le ris fur fon vifage eft en mauvaise humeur, L'agrément fuit fes traits, fes careffes font peur. Boil. Sur le même fujet. Rien n'eft beau que le vrai : le vrai feul eft ai mable. Il doit regner par-tout, & même dans la fable. De toute fiction l'adroite fauffeté Ne tend qu'à faire aux yeux briller la vérité. C'eft par elle qu'on plaît, & qu'on peut longtems plaire. L'efprit laffe aifément fi le cœur n'eft fincere. Envain par fa grimace un bouffon odieux Son vifage effuyé n'a plus rien que d'affreux." VERTU. Eloge de la Vertu. La vertu qui n'admet que de fages plaifirs, Semble d'un ton trop dur gourmander nos defirs; Mais quoique pour la fuivre il coûte quelques larmes, Tout auftére qu'elle eft, nous admirons fes char mes. Jaloux de fes appas dont il eft le témoin, Sous fes nobles couleurs fouvent il se déguise, Dans un cœur qui te perd laiffent de longs regrets! De celui qui te hait ta vûe eft le fupplice. Parois que le méchant te regarde & frémiffe. : La richeffe, il eft vrai, la fortune te fuit; Mais la paix t'accompagne, & la gloire te fuit, Et perdant tout pour toi, l'heureux mortel qui t'aime, Sans biens, fans dignités, fe fuffit à lui-même. Racine, Poëme de la Relig. Vers à chanter, fur la Vertu. O vertu charmante, Avec vous tout nous contente: La grandeur brillante, Qui fait tant de bruit, N'a rien qui nous tente; Vous ne donnez jamais Qu'un pompeux efclavage. Tous vos biens n'ont que de faux attraits ... La vertu couronne Ses amans conftans. Heureux qui lui donne Ses vœux feront contens. Fortune volage, &c. Prologue de Perfée, Tragedie en mufique. VŒUX. Que l'homme ne tient guere les Voeux qu'il a faits dans la crainte. O combien le péril enrichiroit les Dieux, Mais le péril paffé, l'on ne fe fouvient guere On Et qu'eft-ce donc que le Tonnerre ? FIN. La Font. |