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Et fuis marri que le poivre affaifonne
Un peu trop fort fes petits Madrigaux.
Tibulle enfin, fur patins inégaux
Faifant marcher la boiteufe Elegie,
De Cupidon traite à fond la magie.
Voilà les chefs qu'il vous faut confulter,
Lire, relire, apprendre & méditer..

Rouleau.

Sentimens de Boileau fur Juvenal.

Juvenal, élevé dans les cris de l'école,
Pouffa jufqu'à l'excès fa mordante hyperbole.
Ses ouvrages, tous pleins d'affreufes vérités,
Etincellent pourtant de fublimes beautés,
Soit que fur un écrit arrivé de Caprée
Il brise de Sejan la statue adorée,

Soit qu'il faffe au Confeil courir les Sénateurs,
D'un Tyran foupçonneux pâles adulateurs.

Boileau, Art Poët. Chant II.

Et dans la feptiéme Satyre il avoit parlé ainfi du même Poëte, comme auffi d'Ho

race.

Hé quoi! lorfqu'autrefois Horace après Lucile Exhaloit en bons mots les vapeurs de fa bile, Et vengeant la vertu par des traits éclattans, Alloit êter le mafque aux vices de fon tems;

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Ou bien quand Juvenal de sa mordante plume,
Faifant couler des flots de fiel & d'amertume,
Gourmandoit en courroux tout le peuple La-
tin, &c.

PROCE Z.

Réflexions fur l'abus des Procès & la
maniere de plaider.

Plût à Dieu que des Turcs on fuivît la méthode!
Le fimple fens commun nous tiendroit lieu de
Code.

Il ne faudroit point tant de frais ;

Au lieu qu'on nous mange, on nous gruge,
On nous mine par des longueurs;

On fait tant à la fin que l'huitre eft pour le Juge,
Les écailles pour les Plaideurs.

La Font.

Mettez ce qu'il en coûte à plaider aujourd'hui:
Comptez ce qu'il en refte à beaucoup de famil-
les;

Vous verrez que Perrin tire l'argent à lui,
Et ne laisse aux Plaideurs que le fac & les quil-

les.

Ibid.

ROIS.

M. de la Motte, dans la morale d'une de fes Fables, parle ainfi aux Rois en général.

Si Dieu fur votre front grava fa reffemblance, C'est moins en égalant votre pouvoir au fien, Qu'en vous faifant pour notre bien

Subftituts de fa providence.

Veillez donc à ce bien, qu'il veut vous confier; Mettez là votre gloire, & n'en cherchez point

d'autre.

Craindre, aimer, obéir, voilà notre métier; Et nous rendre heureux, c'eft le votre.

Qu'un Roy & fes Sujets se prêtent un fecours mutuel; vérité que le célébre la Fontaine a défignée fous l'allégorie des membres & de l'eftomac.

Les membres, l'Eftomac, c'eft la Grandeur Royale :

Elle reçoit & donne, & la chose est égale.
Tout travaille pour elle, & reciproquement
Tout tire d'elle l'aliment.

Elle fait fubfifter l'Artifan de ses peines,
Enrichit le Marchand, gage le Magiftrat,

Maintient le Laboureur, donne payejau Soldat, Distribue en cent lieux fes graces fouveraines,, Entretient feule tout l'Etat.

SAGE

Définition du vrai Sage.

La Font

Le plus fage est celui qui ne pense point l'être, Qui toujours pour un autre enclin vers la dou❤

ceur,

Se regarde soi-même en fêvere cenfeur,
Rend à tous les défauts une exacte justice,
Et fait, fans fe flatter, le procès à fon vice.

SATYRE.

Boil

Avantages de la Satyre, ou, pour parler plus jufte, d'une Critique fage & raisonnable.

La Satyre, en leçons, en nouveautés fertile, Sait feule afsaisonner le plaifant & l'utile;

Er d'un vers qu'elle épure aux rayons du bon

fens,

Détrompe les efprits des erreurs de leur tems, Elle seule bravant l'orgueil & l'injustice,

Va jufques fous le dais faire pâlir le vice;
Et fouvent fans rien craindre, à l'aide d'un bom

mot,

Va venger la raifon des attentats d'un sot.

SERVICES.

Boil

Que les grands fervices font fouvent
des ingrats.

Un fervice au-deffus de toute récompenfe,
A force d'obliger, tient prefque lieu d'offenfe.
Il reproche en fecret tout ce qu'il a d'éclat,
Et livre tout un cœur au dépit d'être ingrat,

Corn. dans Surena.

Plus on fert des ingrats, plus on s'en fait haïr = Tout ce qu'on fait pour eux ne fait que nous tra

hir.

Ibid.

Les bienfaits ne font pas toujours ce que l'on

penfe.

D'une main odieufe, ils tiennent lieu d'offense. Plus nous en prodiguons à qui peut nous hair, Plus d'armes nous donnons à qui nous veut tra

hir.

"

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