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Voici le Roi de l'Univers

Qui vient faire éclater fon triomphe & fa gloire

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La justice & la vérité

Servent de fondement à fon Trône terrible; Une profonde obscurité

Aux regards des humains le rend inaccessible. t

Les éclairs, les feux dévorans

Font luire devant lui la flamme étincellante, Et fes ennemis expirans

Tombent de toutes parts fous fa foudre brûlante. t

Pleine d'horreur & de refpe&t,

La Terre a treffailli fur fes voûtes brisées,
Les Monts fondus à fon aspect,

S'écoulent dans le fein des Ondes embrâfées. *

De fes Jugemens redoutés

La trompette Céleste a porté le meffage,
Et dans les airs épouvantés

En ces terribles mots fa voix s'ouvre un paffage;

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Soyez à jamais confondus,

Adorateurs impurs des profanes Idoles,
Vous qui par des vœux deffendus

Invoquez de vos mains les ouvrages frivoles.

Miniftres

Miniftres de mes volontés,

'Anges fervez contr'eux ma fureur vengereffe ;

Vous Mortels que j'ai rachetés

Redoublez à ma voix vos concerts d'allégreffe.

C'est moi qui du plus haut des Cieux
Du Monde que j'ai fait régle les destinées;
C'est moi qui brife ces faux Dieux,
Miférables jouets des vents & des années.

Par ma présence raffermis,

Méprifez du méchant la haine & l'artifice;

L'ennemi de vos ennemis

A détourné fur eux les traits de leur malice.

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Venez donc, venez en ce jour

Signaler de vos cœurs l'humble reconnoiffance,
Et par un refpec plein d'amour
Sanctifiez en moi votre réjouiffance.

Rouleau.

Gémiffemens des Filles de Jérufalem pendant la captivité de Babylone.

Déplorable Sion! Qu'as-tu fait de ta gloire? Tout l'Univers admiroit ta fplendeur,

Tu n'es plus que pouffiere, & de cette gran

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D

Il ne nous reft plus que la trifte mémoire,
Sion jufques au Ciel élevée autrefois,
Jufqu'aux Enfers maintenant abaiffée,
Puiffai je demeurer fans voix,

Si dans mes chants ta douleur retracée
Jufqu'au dernier foupir n'occupe ma pensée.
O rives du Jourdain ! O champs aimés des

Cieux!

Sacrés Monts, fertiles Vallées !
Par cent Miracles fignalées,
Du doux Pays de nos Ayeux
Serons-nous toujours exilées ?

Racine, Efther.

Le même Poëte, dans les Vers fuivans, a rendu le fens de la Prophétie d'Ifaïe fur la grandeur future de l'Églife & la propagation du Chriftianifme.

Quelle Jérufalem nouvelle

Sort du fonds du défert brillante de clartés (a)
Et
porte fur le front une marque immortelle ?
Peuples de la Terre chantez.

(a) Surge, illuminare Jerufalem quia venit lumen tuum gloria Domini fuper te orta eft.... Leva in circuitu oculos tuos vide.... Filii tui de longè venient.... Ambulabunt Gentes in lumine tuo, & Reges in fplendore ortûs tui. I. Chap. 60.... Et inimisi ejus terram lingent. Pf. 71... Rorate Cali defwper & nubes pluant justum. If. 45.

...

Jérufalem renaît plus charmante & plus belle,
D'où lui viennent de tous côtés

Ces Enfans qu'en fon fein elle n'a point portés;
Leve, Jérufalem, leve ta tête altiere,
Regarde tous ces Rois de ta gloire étonnés,
Les Rois des Nations devant toi profternés,
De tes pieds baifent la pouffiere,

Les Peuples à l'envi marchent à ta lumiere.
Heureux qui pour Sion, d'une fainte ferveur
Sentira fon ame embrasée.

Cieux, répandez votre rofée,
Et que la Terre enfante fon Sauveur.

SUR LA FOI CATHOLIQUE,

A l'occafion de l'abjuration que fit Henri IV, Roi de France, lorfqu'il embraffa la Foi de l'Eglife Catholique. Mr. de Voltaire parle en ces termes dans un`

·Poeme où il raconte cet événement.

HENRI dont le grand cœur étoit formé pour elle, (a)

Voit, connoît, aime enfin fa lumiere immortelle,

Il abjure avec Foi ces Dogmes féducteurs, Ingénieux enfans de cent nouveaux Docteurs. (a) L'Eglife. ·

Il reconnoît l'Eglife ici bas combattue;
L'Eglife toujours une & par-tout étendue,
Libre, mais fous un Chef adorant en tout lieu
Dans le bonheur des Saints la grandeur de son
Dieu.

Le Christ de nos péchés victime renaissante
De fes Elus chéris nourriture vivante,
Descend fur les Autels à fes yeux éperdus
Et lui découvre un Dieu fous un pain qui n'eft
plus.

Son cœur obéiffant fe foumet, s'abandonne...
Les remparts ébranlés s'entr'ouvrent à fa voix,
Il entre au nom du Dieu qui fait régner les Rois.
H.nriade de Voltaire.

REMARQUES.

On peut dire que cette définition de P'Églife eft exacte, & que ce qui en fait le prix, c'eft de renfermer beaucoup de chofes dans l'efpace de huit Vers. On voit que l'Églife ici bas effuye des combats; on y apprend fon unité & la réunion de fes membres fous un feul Chef. Peut-on mieux exprimer l'adorable Sacrifice de nos Autels? Le Christ de nos péchés victime renaissante; & le Sacrement de l'Euchariftie, De fes Elus ché

.

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