FORTUNE. Sur les vains desirs des hommes pour la fortune. Qui ne court après la fortune ? Je voudrois être en lieu d'où je půsse aisément Contempler la foule importune De ceux qui cherchent vainement Cette fille du fort de Royaume en Royaume. Fideles courtisans d'un volage fantôme, Quand ils font prêts du bon moment, L'inconstante aussi-tôt à leurs desirs échape. Pauvres gens ! je les plains, car on a pour les foux Plus de pitié que de courroux. Cet homme, disent-ils, étoit planteur de choux Et le voilà devenu Pape. mieux. La fortune a-t-elle des yeux ? Ne cherchez point cette Déesse, Elle vous cherchera : bien des gens sont ains. La Font. Sur Sur le même sujet. que Heureux qui vit chez soi, Il ne sait que par oui dire que la Cour, le monde & ton Em pire, Fortune, qui nous fais passer devant les yeux Des dignités, des biens que jusqu'au bout du monde On suit sans que l'effet aux promesses réponde. Désormais je ne bouge & ferai cent fois mieux, Ibid. Lorsque de quelqu'échec notre faute est suivie Nous disons injures au sort, Chose n'est ici plus commune ; Le bien nous le faisons , le mal c'est la fortunea On a toujours raison, le destin toujours tort, ibid. H A I N E. Effets de la haine entre les Grands. La haine entre les Grands se calme rarement , La paix souvent n'y fert que d'un amusement... J'oublie & pleinement toute mon avanture, Mais une grande offence est de cette nature 1 Que toujours son Auteur impute à l'offense Corn. Rodogune. Ce n'est pas tout d'un coup que tant d'orgueil trébuche, De qui se rend trop tôt on doit craindre une embûche. Et c'est mal démêler le cœur d'avec le frontQue prendre pour fincere un changement fi prompt. Ibid. HISTOIRE. Rousseau définit ingénieusement l'Hiftoire dans les Vers suivans. C'est un Théâtre, un Spe&acle nouveau Leurs actions, leurs discours, leurs pensées, mes , Dans ce sincere & fidele miroir SUR L'HOMME. un Diverses réflexions sur l'homme en général. Qu'est-ce que l'homme ? Aristote répond: C'est animal raisonnable. Je n'en crois rien. S'il faut le définir à fondi C'est un animal fot, superbe & misérable, Chacun de nous fourit à son néant, S'exagere la propre idée. Țel s'imagine être un géant, (a) Hoc illud eft præcipuè, in cognitione rerum, Sa lubre ac frugiferum; omnis te exempli documenta in illustri pofita monumenta intueri ; indè tibi, tuæque Reipublicæ , quod imitere capias , indè fædum incæptu, fædum exitu quod vites. Tit. Liv. Tom. 1. p. i. Qui n'a pas plus d'une coudée. pas notre vrai nom: La Motte. L'élevoit-on sur une table , Le Marmot pensoit être grand. Tout homme eft cet enfant : les dignités, les places, La nobleffe , les biens, le luxe & la splendeur, C'est la table du Nain, ce sont autant d'échaffes Qu'il prend pour sa propre grandeur. Je demande à ce Grand qui me regarde à peine, Et dont l'accueil même eft dédain, Qui peut fonder en lui cette fierté hautaine ? Est ce sa race, ou fon rang, ou son train? Mais quoi ! de tes ayeux la mémoire honnoras ble, L'autorité de ton emploi, Tout cela , pauvre homme, est-ce à toi? Rien moins ; & puisqu'il faut qu'ici je t'apprés cie, |