ma l'un & détefta l'autre. C'eft dans ces circonftances que Rhadamifte eft envoyé en qualité d'Ambaffadeur de la part des Romainschez Pharafmane. Là il a occafion d'entretenir Zénobie en particulier, & ils viennent à fe reconnoître. ZENOBIE. Seigneur, eft-il permis à des infortunées, nées, D'ofer avoir recours dans la honte des fers de, Que le foin d'adoucir ma mifere profonde. RHADAMISTE. Que vois-je ? ah malheureux ! quels traits! quel' Juftes Dieux ! quel objet offrez-vous à ma vûe? D'où vient à mon aspect que votre ame eft és mue Seigneur ? RHADAMISTE. Ah! fi ma main n'eut pas privé du jour... 7. E'NOBIE. Qu'entends-je ? quels regrets! & que vois-je à mon tour? Trifte reffouvenir! je frémis, je frissonne ; reur, Tout mon fang eft glacé jusqu'au fonds de mon cœur. RHADAMISTE. Ah! je n'en doute plus au tranfport qui m'ani me; Ma main n'as-tu commis que la moitié du cri me! Victime d'un cruel contre vous conjuré, Ttriste objet d'un amour jaloux, désespéré, Que ma rage a pouffé jufqu'à la barbarie. Après tant de fureurs, eft-ce vous Zénobie? ZE'NOBIE. Zénobie! ah grands Dieux! cruel, mais cher époux ! Après tant de malheurs, Rhadamifte eft-ce RHADAMISTE. Se peut-il que vos yeux le puiffent méconnoître? Vous euffiez oublié fes crimes avec lui! re, Je trouve dans les fers une époufe fi chere! Quoi! vous verfez des pleurs? ZE'NOBIE. Malheureuse! & comment N'en répandrois-je pas dans ce fatal moment? Dans tes bras avec joye eut remis ton épouse. Ne crois pas cependant que pour toi fans pitié Je puiffe te revoir avec inimitié. RHADAMISTE. Quoi, loin de m'accabler, grands Dieux ! c'eft Qui craint de me hair & qui s'en justifie ! Même en me pardonnant, tient de ma cruauté. dore, Prive moi du bonheur de te revoir encore. Faut-il pour t'en preffer embraffertes genoux? (a) Songe au prix de quel fang je devins ton époux. Jufques à mon amour tout veut que je périffe, Laiffer le crime en paix, c'eft s'en rendre complice. Frappe, mais fouviens-toi que malgré ma fu reur, Tu ne fortis jamais un moment de mon cœur ; ZENOBIE. Leve-toi, c'en eft trop puisque je te pardonne ; (a) 11 fe jette à les genoux. Que Que fervent les regrets où ton cœur s'abandonne? Va, ce n'eft pas à nous que les Dieux ont re mis Le pouvoir de punir de fi chers ennemis. Nomme moi les climats où tu fouhaites vivre Parle, dès ce moment je suis prête à te fuivre. Sure que les remords qui faffiffent ton cœur Naiffent de ta vertu plus que de ton malheur. Heureufe fi pour toi les foins de Zénobie Pouvoient un jour fervir d'exemple à l'Armé nie X La rendre comme moi foumise à ton pouvoir, Et l'inftruire du moins à fuivre ton devoir. RHADAMISTE Jufte Ciel! fe peut-il que des nœuds légitimes Sans que mes cruautés, ni l'amour de mon fre re, Ce Prince, cer amant fi grand, fi généreux, Ee |