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achever de fe mettre au fait de la Scéne fuivante qui attendrira toujours tous les Spectateurs, il n'y a qu'a fe rappeller le fonge d'Athalie, qui eft rapporté à la page 142, & favoir qu'Athalie voulut retourner au Temple pour voir cet enfant dont l'image l'avoit fi fort frappée dans fon fonge.

ATHALIE.

O Ciel! plus j'examine & plus je le regarde, C'eft lui; d'horreur encor tous mes fens font faifis.

Epouse de Joad, eft-ce là votre fils? (a)

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JOZABET.

Le Ciel jufqu'aujourd'hui. • .

ATHALIE à Jozabet.

Pourquoi vous preffez-vous de répondre pour

lui?

C'est à lui de parler.

JOZABET.

Dans un âge fi tendre

Quel éclairciffement en pouvez-vous attendre?

ATHALIE.

Cet âge eft innocent; fon ingénuité
N'altére point encor la fimple vérité.
Laiffez le s'expliquer fur tout ce qui le touche.

JOZABET bas à part.

Daigne mettre, grand Dieu, ta fageffe en fa

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JOAS.

Je fuis, dit-on, un orphelin

Entre les bras de Dieu jetté dès ma naissance, Et qui de mes parens n'eus jamais connoiffan

ce.

ATHALIE.

Vous êtes fans parens?

JOAS.

Ils m'ont abandonné,

ATHALIE.

Comment? & depuis quand ?

JOAS.

Depuis que je fuis nĉ.

ATHALIE.

Ne fait-on pas au moins quel Pays eft le vótre?

JOAS.

Ce Temple eft mon Pays, je n'en connois point d'autre.

ATHALIE.

Où dit

que le fort vous a fait rencontrer ?

JOAS.

Parmi des loups cruels prêts à me dévorer,

ATHALIE.

Qui vous mit dans ce Temple?

JOAS.

Une femme inconnue

Qui ne dit point fon nom, & qu'on n'a point

revûe.

ATHALIE.

Mais de vos premiers ans quelles mains ont pris

foin?

JOAS.

Dieu laiffa-t-il jamais fes enfans au befoin?
Aux petits des oiseaux il donne leur pâture,
Et fa bonté s'étend fur toute la nature.
Tous les jours je l'invoque, & d'un soin pater-

nel

Il me nourrit des dons offerts fur fon Autel.

ATHALIE.

Quel prodige nouveau me trouble & m'emba raffe?

La douceur de fa voix, fon enfance, fa grace Font infenfiblement à mon inimitié

Succéder.... Je ferois fenfible à la pitié!

ABNER.

Madame, voilà donc cet ennemi terrible,

De vos fonges menteurs l'impofture est visible; A moins que la pitié qui semble vous troubler Ne foit ce coup fatal qui vous faifoit trembler.

ATHALIE à Joas & à Jozabet

Vous fortez.

JOZABET.

Vous avez entendu fa fortune,

Sa présence à la fin pourroit être importune.

ATHALIE.

Non. Revenez. Quel eft tous les jours votre

emploi ?

JOAS.

J'adore le Seigneur, on m'explique fa Loi; Dans fon Livre divin on m'apprend à la lire, Et déjà de ma main je commence à l'écrire.

ATHALIE.

Que vous dit cette Loi?

JOAS.

Que Dieu veut être aimé,

Qu'il venge tôt ou tard fon faint Nom blafphé

mé,

Qu'il eft le deffenfeur de l'orphelin timide, Qu'il réfifte au fuperbe & punit l'homicide.

ATHALIE

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