peut dire que cette image est d'autant plus belle qu'elle eft prise sur les propres notions que les Prophetes nous donnent de la Majesté divine. Les faisons en désordre & les vents en courroux regret, Se cache à nos regards, & soupire en secret. Oui, tout nous est voilé jusqu'au moment ter: rible, l'obscurité Conduit ceux qu'autrefois perdit la vanité. De quoi le plaindre ? Il peut nous ravir la lu miere, Par grace il ne veut pas la couvrir toute entiere; Qui la cherche est bien-tôt pénétré de ses traits, Qui ne la cherche pas ne la trouve jamaisa . (2) Scimus quod omnis creatura ingemifcit e para turitaque ad huc. Rom. 8. Expectatio creatura ren velationem filiorum Dei expectat. Ibid. C. Qu'ici sans murmurer la raison s'humilie deur, Des Aftres devant lui s'éclipse la splendeur. gnes, voir. Cependant quel honneur en peut-il recevoir ? Quel bien lui revient-il de nos foibles homma ges? Lui feul il est fa fin, il s'aime en ses ouvrages. Qu'a-t-il besoin de nous ? D'un vil indiferent Il regarde tranquille & l'être & le néant...... Ce qu'il veut, il l'ordonne , & fon ordre supre me Na pour d'autre raison que la volonté mêmes Poëme de la Religion. Idée de la puissance de Dieu. Voici ce que dit Mardochée à Esther pour l'engager à parler au Roi Assuerus, en faveur du Peuple Juif. Que peuvent contre lui tous les Rois de la terre ? En vain ils s'uniroient pour lui faire la guerre, Pour disliper leur ligue il n'a qu'à se montrer ; Il parle , & dans la poudre il les fait tous ren trer. Au seul son de sa voix la mer fuit , le Ciel tremble, Il voit comme un néant tout l'univers ensem. ble; Et les foibles mortels, vains jouets du trépas, Joad ou Joiada, Grand Prêtre des Juifs, parle ainsi à Abner un des principaux Officiers du Roi de Juda. C'étoit pour lui faire comprendre qu'il ne devoit pas craindre les mauvais desseins de la cruelle Athalie. 3 Celui qui met un frein à la fureur des flots Racine, Athalie. Nous ne pouvons placer plus à propos qu'à la suite de ce sujet, ce que dit Mr. Rousseau contre les prétendus esprits forts dans une Épître à Mr. Racine, l'illustre Auteur du Poëme sur la Religion. On verra avec quelle énergie il jette un ridicule fur leurs discours audacieux. Mais dans ce siécle à la révolte ouvert, n'a point d'appui plas intrépide qu'elle. Mr. Racine déplore pareillement l'abus que les prétendus esprits forts font de leur raison, & il fait voir dans les Vers suivans par quels degrés l'impiété vient à son comble. C'est après avoir dit que le désir de briller par l'affectation du bel esprit, a alréré le bon goût qui doit régner dans les Ouvrages. Un excès plus fatal emporta la raison Qui lasse de chérir son heureuse prison, |