Vous la verrez brillante au bord des précipices Se couronner de gloire en bravant les fupplices. S'il faut fubir le coup d'un deftin rigoureux Je mourrai tout ensemble heureux & malheu reux. Heureux pour vous fervir de perdre ainfi la vie, Malheureux de mourir fans vous avoir fervie. Cinna de Corn. La conjuration contre Augufte, dont les Chefs étoient Cinna & Maxime, ayant été découverte, Maxime qui aimoit Æmilie en faveur de laquelle cette conjuration avoit été formée, lui confeilloit de fuir avec lui, & lui parle en ces termes : Prenons notre avantage avant qu'on nous pourfuive, Nous avons pour partir un Vaiffeau fur la rive.. Avec la même ardeur je faurai vous chérir Que.... ÆMILIE. Tu m'ofes aimer & tu n'ofes mourir? Tu prétens un peu trop, mais quoique tu pré tendes, Rends-toi digne du moins de ce que tu demandes.... Montre d'un vrai Romain la derniere vigueur, Et mérite mes pleurs au deffaut de mon cœur. Cinna de Corn. Pulcherie parle ainfi à Héraclius fon frere que l'Empereur Phocas vouloit faire mourir; dans ce moment elle n'étoit pas entiérement convaincue qu'Héraclius fut fon frere, & on ne favoit pas encore qui étoit le véritable Héraclius. Ah Prince! il ne faut point d'affurance plus claire, Si vous craignez la mort vous n'êtes point mon frere; Ces indignes frayeurs vous ont trop découvert. Heraclius de Corn. Cette Princeffe témoigne la même grandeur de fentimens par la fierté avec laquelle elle dit à Phocas qu'Héraclius voit le jour & qu'il fe vengera fur lui de la mort de fon pere l'Empereur Maurice. Au feul nom de Maurice il te fera trembler, Puifqu'il fe dit fon fils, il veut lui reffembler. Qui fe laiffe outrager, mérite qu'on l'outrage, Et l'audace impunie enfle trop un courage. Ibid. Le Le Comte de Gormas menacé de la colere de fon Prince s'il refufoit de faire une fatisfaction à Dom Diégue à qui il avoit donné un foufflet; l'Officier envoyé de la part du Roi, lui parle ainfi : Mais fongez que les Rois veulent être abfolus. LE COMTE. Le fort en eft jetté, Monfieur, n'en parlons plus. D. ARIAS. Adieu donc, puifqu'en vain je tâche à vous réfoudre, Avec tous vos lauriers craignez encor la foudre. Qui ne craint point la mort ne craint point les menaces: J'ai le cœur au-deffus des plus fieres difgraces; Et l'on peut me réduire à vivre fans bonheur, Mais non pas me réfoudre à vivre fans honneur. Honorie fœur de l'Empereur Valentinien, parle ainsi à Attila Roi des Huns. Quand je voudrai l'aimer, je le pourrai fans honte ; Il (a) eft Roi comme vous. ATTILA. En effet, il eft Roi, J'en demeure d'accord, mais non pas comme moi. Même fplendeur de fang, même titre nous pare, Mais de quelques degrés le pouvoir nous sépa re..... A fes propres fujets il dispense mes loix; Et j'ai de quoi le mettre au-deffus de ta tête, Sur des Peuples furpris & des Princes trompés; Attila de Corn. (4) Elle parle de Valamir Roi des Oftrogoths. Attila avoit eu la cruauté d'offrir pour époux à Ildione fœur de Mérouée Roi des Francs, Ardaric Roi des Gépides fous la condition qu'il tueroit Valamir Roi des Oftrogoths, & il avoit menacé Ardaric de le faire périr s'il refufoit de commettre cette action noire. Voici ce qu'Ardaric & Ildione fe difent à cette occafion. ARDARIC. Il me fait fon Bourreau pour perdre un autre Roi A qui fa fureur fait la même offre qu'à moi. Aux dépens de fa tête il veut qu'on vous obtienne; On lui donne Honorie aux dépens de la mien ne: Sa cruelle faveur m'en a laiffé le choix. ILDIONE. Quel crime voit fa rage à punir en deux Rois? ARDARIC. Le crime de tous deux, c'eft d'aimer deux Princeffes, C'eft d'avoir mieux que lui mérité leurs tendreffes. De vos bontés pour nous il nous fait un mal heur, |