rir les grands traits de l'Hiftoire de France & de donner aux Héros François le tribut de louanges que leurs actions leur ont méritées. On regarde avec raifon comme un point effentiel de l'éducation des jeunes gens, qu'ils foient inftruits de l'Histoire de France, & on met entre leurs mains des Abrégés de cette Hiftoire. On ne peut que louer ceux qui tiennent une pareille conduite; mais on peut dire que fi on leur faifoit apprendre le morceau fuivant, ce feroit contribuer à perfectionner cette connoiffance dans leur efprit & leur fournir en même tems une voye auffi commode qu'agréable, de graver pour toujours dans leur mémoire les raits les plus éclatans de l'Hiftoire de France. Henri voit ces beaux lieux, & foudain à leur vûe Sent couler dans fon ame une joie inconnue. Les foins, les paffions n'y troublent point les cœurs, La volupté tranquille y répand fes douceurs..... Là régnent les bons Rois qu'ont produit tous les âges, Là font les vrais Héros, là vivent les vrais fa ges. Là fur un Trône d'or Charlemagne & Clovis Veillent du haut des Cieux fur l'Empire des Lys. Les plus grands ennemis, les plus fiers adverfaires Réunis dans ces lieux n'y font plus que des fre res. Le fage Louis douze au milieu de ces Rois S'éleve comme un Cédre, & leur donne des Ce Roi qu'à nos ayeux donna le Ciel propice Ne fouilla point fes mains de rapine & de fang. O jours! ô mœurs! ô tems d'éternelle mémoire! Le Peuple étoit heureux, le Roi couvert de gloire, De fes aimables Loix chacun goûtoit les fruits. Revenez heureux tems fous un autre Louis. Plus loin font les Guerriers prodigues de leur vie, Qu'enflamma leur devoir & non pas leur furie. Approchons-nous, le Ciel te permet de con noître Les Rois & les Héros qui de toi doivent naître. Le premier qui paroît c'est ton augufte fils (b), Il foutiendra long-tems la gloire de nos Lys, Triomphateur heureux du Belge & de l'Ibere, Mais il n'égalera ni fon fils ni fon pere. Henri dans ce moment voit fur des Fleurs de Lys Deux mortels orgueilleux auprès du Trône affis. Ils tiennent fous leurs pieds tout un Peuple à la chaîne ; Tous deux font revétus de la pourpre Romaine, Tous deux font entourés de Gardes, de Soldats. Il les prend pour des Rois. Vous ne vous trompez pas, Ils le font, dit Louis, fans en avoir le titre, Du Prince & de l'Etat l'un & l'autre eft l'arbitre. (a) La Pucelle d'Orléans. (b) Louis XIII. Richelieu, Mazarin, Miniftres immortels, Jufqu'au Trône élevés de l'ombre des Autels; Enfans de la fortune & de la politique Marcheront à grands pas au pouvoir defpoti que. Richelieu grand, fublime, implacable ennemi, Ciel ! quel pompeux amas d'Esclaves à genoux Eft aux pieds de ce Roi qui les fait trembler tous? Quels honneurs ! quels refpects! jamais Roi dans la France N'accoutuma fon Peuple à tant d'obéiffance. Je le vois comme vous par la gloire animé, Mieux obéi, plus craint, peut-être moins aimé. Je le vois éprouvant des fortunes diverses, Trop fier en fes fuccès, mais ferme en ses traverses; De vingt Peuples ligués bravant feul tout l'ef fort; 'Admirable en fa vie & plus grand dans fa mort. Siécle heureux de Louis! fiécle que la nature De fes plus beaux préfens doit combler fans mefure: C'est toi qui dans la France amenes les beaux Arts. Sur toi tout l'avenir va porter fes regards; Mefurent l'Univers & lifent dans les Cieux; Et toi, fille du Ciel, toi, puiffante harmonie, Il n'eft point de lauriers qui ne couvrent vos têtes. Un Peuple de Héros va naître en ces climats. Je vois tous les Bourbons voler dans les combats. A travers mille feux je vois Condé paroître, Tour à tour la terreur, & l'appui de fon Maître, (4) L'Académie des Sciences, |